feat. @Niels Rosenhoff — Tablier épousant mes formes, un couteau dans une main, une planche et quelques autres ustensiles en face de moi. Quelques aliments sont dispersés sur le plan de cuisine, le livre saint posé sur un support adéquate, à hauteur d'yeux pour la lecture et éviter toute nouvelle dégradation de ma part. Un fond musical résonne jusqu'à mes oreilles, mon bassin virevoltant légèrement, ma bouche fermée ne laissant faire écho qu'un bourdonnement de mes cordes vocales en harmonie avec la musique. Qui aurait cru que je me sentirai si libre, si bien dans un nouveau chez moi avec quelqu'un partageant ma vie. Niels, toi, l'espoir de mes jours et mes nuits, quelle magie as-tu utilisé pour me transformer en semi fée du logis. Je sens ta présence se faire ressentir alors que je coupe la pâte, tournant mon visage pour t'avoir en visuel. Le rictus s'étend d'un côté, amusé par ta soudaine présence. ❝ Tu m'admirais faire l'homme au foyer alors que j't'attendais pour la suite ? ❞ Tu allais venir me rejoindre, je le savais. Moi, en caleçon long noir, chaussettes hautes blanches, tablier recouvrant entièrement mon tee-shirt. On dirait une scène de film, le genre que je ne regarde pas et qui me donne la gerbe. Le genre de scène que je vis, une romance avec toi. Claque mes fesses et dis une saloperie, nous qui fusionnons divine idylle et vulgaire altercation.

feat. @Adrian Goldberg — Livre saint. Carnet en état dramatique, coutures du dos collées décidant de s’expatrier dans un autre univers. Les pages en vracs, certaines déchirées, certaines même délavées par le temps. Les années sont passées sur ce livre de recette, quelques mots en allemand, en arabe, tâches de sauces trop pimentées prêtes à en déchirer la feuille. Page ouverte sur les msemens, rédigée de la main de ta mère à moitié en arabe. Talent de traducteur, les mots arabes toujours compliqué à extirper d’entre tes lèvres, loin d’être ta langue natale. Pourtant suffisamment pour en déchiffrer la recette, retranscrite sur un post-it. Tes phalanges d’adultes posés sur ce livre devenu ridiculement petit comparé à ces mains d’enfants que tu avais, avant. Quand tu parcourais ses lignes, avec elle. Parfois sans. Cœur retourné quand ta peau à touché à nouveau cette couverture granuleuse, quand l’écriture de ta mère s’est laissée redécouvrir une décennie plus tard. Un instant pour souffler, cacher ce visage d’émotion, simplement refroidir ces pensées qui pourraient tomber dans tes abysses infernaux, broyer du noir dans les souvenirs intacts. Tu l’as laissé la Adrian, s’occuper du reste de la pâte, le temps d’aller prendre une douche. L’eau froide sur le long de ton corps, savonné rapidement. Quelques minutes avant de ressortir, enfiler ce jogging. T-shirt extirpé du sol sans pour autant être passé au-dessus de ta tête. Tissus entre les mains, tu reviens vers la cuisine, torse dénudé, encore humide, à peine séché. Une main dans tes cheveux mouillés quand ton épaule s’est posée sur l’angle du mur, ton regard l’observant, en famine avant de pouvoir manger quoi que ce soit. Sans un bruit d’abord, simplement observer, contempler. Tu ricanes à ses mains, avancer ton pas vers lui, ta main libre venant entouré ses épaules, d’un seul bras. Ton torse contre son dos, le visage proche de son oreille. J’admirais le paradoxe de cette situation : toi en caleçon en train de faire un plat maghrébin avec le livre de ma mère. C’est quand même atypique. Un baiser déposé sur sa tempe. Attends mais t’as pas sortie l’huile d’olive ? Ton bras relâche son emprise, farfouillant dans un placard devant toi. J’espère que t’as prévu d’te mettre à la salle si tu veux cuisiner des recettes du carnet. Tu ricanes, déposant la bouteille devant lui. C’est pas grave, je t’aimerais toujours avec un double menton, liebibi. Sourire insolent.

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feat. @Niels Rosenhoff — La pression de ce bras qui me rappelle que des mouvements secs peuvent briser ma nuque, le frisson de se sentir si protégé là où ce sentiment fut toujours satisfait par moi-même, torse contre dos, gouttes qui perlent et s'écrasent sur moi. Le ton suave de ta voix qui vient à mon oreille, sourire grandissant à mesure que le tambour cardiaque se met en symphonie. ❝ Si t'étais pas là, on pourrait croire à une mauvaise blague, hein ? ❞ Un blanc lambda qui cuisine marocain ou le fétichisme culinaire atteint. Un baiser s'effondre sur ma tempe avant que le bras ne me quitte, fausse panique qui t'amène à sortir l'huile aussi vite que possible comme si la mort nous guettait de près. ❝ Hé, j'te signale que j'vais à la salle, j'suis sec, mate-moi ça. ❞ L'idiotie n'a aucune limite alors que je recule, faisant tomber le tablier sans te quitter des yeux, jetant le vêtement recouvrant mon nu torse en direction de la salle de vie. Contraction des abdominaux exagérée. ❝ Pas de vêtement, pas d'tâches, pas vrai ? ❞ Mine qui se déforme avant que le ricanement ne prenne le pas. Légèreté dans le rire, dans les gestes, me rapprochant de toi en dessinant de mes iris les lignes parfaites de ton corps sculpté. Jamais les bosses d'un bras ne m'ont intrigué de la sorte, mais la vision de tes pectoraux impeccables a de quoi me distraire du diner de ce soir. Je me colle à ton côté, prends une main pour les joindre à la pâte et l'autre pour saisir la bouteille d'huile. Gaminerie habituelle, menton sur cou, visage qui glisse pour que les lèvres touchent la peau humide de cette épaule dénudée. ❝ Alors, la suite ? ❞ demande-je d'une voix presque suave, partagé entre l'envie de dévorer l'homme qui incendie mon âme et la purifie de son essence ou reprendre à deux la cuisine tels des enfants. Je mime de calmer, me redressant en lâchant doucement tes mains, alternant là où tes paumes sont posées et ton faciès. Difficulté à ne pas te scruter, encore abasourdi de ta présence à mes côtés, de la proximité que j'aime tant réduire entre nos corps. Luxure ou non, l'aimant est fort, puissant, me pousse à réclamer ton attention au même titre que tes bras, tes lèvres au même titre que tes fleurs. ❝ Je présume, Musclor, qu'on met de l'huile sur la pâte avant de lui faire prendre la forme qu'on veut. J'ai bon, mein liebibi ? ❞ Yeux grands ouverts, confrontent les tiens, s'immobilisent en une vulnérabilité qui crie que je t'appartiens. Lance moi sur le lit et couvre moi de roses. Ma moindre gestuelle n'est qu'un acte d'amour en prose.

feat. @Adrian Goldberg — Tablier tombé au sol, victime des flex insolents du dieu grec qui te sers d’âme sœur. Vos corps dénudés, sculptés dans le marbre, dessiné par la perfection. Regard qui se laisse tenter par les moindres traits de son corps. Rictus qui tente de déformer ton visage quand ton regard se relève vers son regard. Envie de le manger, maintenant. Croquer dans ce corps qui est le tiens. Déguster chaque centimètre de sa peau de baisers presque un peu trop délicats pour être de toi. Tu te demandes comment c’est possible, quelle fantaisie fait battre ton myocarde aussi fort quand simplement ton regard ébènes se pose sur lui. Il pourrait être dégoulinant de crasse, sortie directement d’une poubelle, dans un état pitoyablement repoussant, ton âme serait automatiquement agrippée à la sienne. Attraction totale, inexplicable. Il se rapproche de toi, ses mains contres les tiennes. Peau contre peau, chaleur vitale qui s’entortillent pour ne faire qu’une. Tu te demandes comment tu as pu vivre, respirer toutes ces années. Il est ton oxygène, ton ultime. Pourtant vous étiez là, proche sans l’être, vulgaire pote de soirée, sans jamais s’en douter. Mystère indompté. Son regard perçant dans le tiens, diable maléfique au pouvoir paradoxale de creuser la moindre parcelle de ton cœur. La suite ? Le mariage, le chat, votre vie en commun. Toi + lui. Trouves-moi un bol et mets-y de l’huile d’olive, j’suis sûr qu’elle faisait comme ça, attends. Le corps qui ose de détacher de lui, briser ce contact que tu voudrais éternel. Comme si tu allais l’oublier, peur instable de ne plus jamais le revivre. Drogue plus agressive que n’importe laquelle. Adrian. Tes mains titanesques attrapent le carnet ridicule petit. Posé sur ce plan de travail, tes coudes qui s’appuient sur le rebord, dos qui se penche en avant, en appuie. Un doigt qui se heurte au papier maltraité, déchiffré un mot, une lettre. Stylo tenu dans les doigts de ton ultime reine qui ont tracés il y a des années, ces codes indéchiffrables. Attends j’comprends pas ce mot là… J’vais regarder si y’a pas écris pareil mais, mieux sur une autre recette. Pages feuilletées, balayées. Jusqu’à s’arrêter nette, volonté de l’univers de laisser tes yeux se poser sur cette page. Voix impénétrables des signes impossibles. Tu te redresses carnet dans les mains. Regard figé sur cette photo à peine scotché. Ruban adhésif troublé par le temps. Quelques secondes sans parole, hors du temps, billes happées par ces silhouettes en qualité merdique. Regarde c’est elle. Et moi, là. Gamin de haut de son début d’adolescence foiré. Selfie aux sourires sur vos visages pour dissimuler la maladie, dévastatrice. Ton visage s’est refermé, cette once de nostalgie, pimenté de tristesse. J’crois que c’était genre.. Quelques mois avant. Avant qu’elle passe l’arme à gauche. Inerte, fixant cette image sans savoir t’en détacher, cette bulle totale. L’inconscience de ton corps qui s’est redressé à côté de lui, proche. Ton avant-bras touchant sa peau. Contact nécessairement prolongé, sans t’en rendre compte.

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feat. @Niels Rosenhoff — Plus le regard sur perd sur toi, plus je réalise la bénédiction qui nous incombe. Quel dessinateur de talent a bien pu te créer, un crayon sur papier s'élançant des heures sans s'arrêter. Les iris tendres et la bouche dure, la sculpture d'un génie comme divinité de marbre devant laquelle je me vois prier chaque soir pour l'implorer davantage. Quelle étrange sorcellerie m'a rendu aveugle, des mois durant, un an presque, alors que tu étais si proche ? D'une simple attention au coup de grâce, le geste pur suffit à me rappeler qu'une nuit avec toi, deux corps en un cocon, en a résulté la naissance d'une chenille à papillon. Les coups ne s'amenuisent pas contre ma cage thoracique, à te regarder, t'humer, te goûter, je continue de me maudire. Amoureux est le mot, il n'est pas mal choisi. Nous faisons les idiots mais derrière se cachent toute une vie ; celle que nous construisons ensemble, passant de songe à existence. Le contact entrepris est rompu, mon coeur manque un battement. Chaque détachement dépose sa peine et nous laisse dans le néant. Sommes-nous devenus si addict ou n'est-ce que moi ? Il n'y a plus de crazy Adri, que le prince à son roi. ❝ Okay pouley ❞ lance-je sérieusement, les mots eux non. Le corps s'active, le bol entre les mains, concentration intense pour y verser dedans l'huile. ❝ Quoi ? ❞ Les épaules opposées se rapprochent, le faciès orienté vers toi alors que ton corps de pierre se gèle sur place. Quelque chose change, se mue à m'en glacer le sang quand je vois tes traits retenir tout un mal. Empathie ressenti, émotion que j'ignorais jusque là. Depuis ce que nous vivons, tu m'as appris cela - à ton insu, certes, mais tu m'as fait grandir. Je suis la plante que tu arroses, une rose en éclosion docile. Les yeux se battent pour ne pas quitter ton visage mais se perdent finalement sur cette photographie d'antan. Plus d'incompréhension possible, l'évidence est telle que je ne peux qu'avoir de la peine, comprendre en partie pourquoi tu aimes regarder le ciel. ❝ Tu es à croquer, liebibi... Et, elle est vraiment belle. Tu lui ressembles. ❞ Ton avant-bras me touche et, instinctivement, je lève les mains vers toi à t'en faire baisser les bras. Mes paumes encore farineuses se collent à tes joues pour pivoter ton cou, que nos yeux s'affrontent pour enterrer la hache de peine. ❝ Elle est là, tu sais. C'est une façon de dire qu'elle est là, avec nous... ❞ Les pleurs se font ressentir, ruisseau du bord des yeux faisant le tour du bas de ces derniers, cherchant échappatoire au rebord où il s'enfuit. ❝ Elle a surement envie que tu sauves ce repas car j'risque de faire une connerie. ❞ Pupilles roulant de côté, ricanement s'étouffant alors que des larmes cherchent à couler. Jamais je ne me suis senti si sensible que depuis que je t'aime. Personne d'autre n'a cet impact, chevalier ayant percé la peau cuirassée du dragon. Je redresse le visage, tente un sourire en coin, rapproche nos faces pour voler tes lèvres au passage. Je ne sais pas si c'est par compassion ou pour cacher ma faiblesse. Si seulement j'étais plus fort comme je l'étais, mais en serions-nous à nous adorer comme on le fait ? Reprise de force dans ce baiser, doigts qui s'accrochent à tes joues, descendent sur ta mâchoire, les visages si proches l'un de l'autre même en se quittant, face gauche du nez contre face droit du tien. Sourire plus franc, fermé, et yeux qui se rouvrent. Je recule mon crâne et te regarde, splendeur se reflétant dans mes mirettes averties. Des couches de beautés que je te découvre sans cesse, me faisant craquer chaque jour à m'en faire oublier que la mort est la finalité. Je soupire avec humour, les yeux te fuyant, mes mains descendant le long de tes membres jusqu'à se percher sur ton bras en partie fléchi. ❝ Pfou, bon, tu as envie de la laisser dedans ou tu veux l'encadrer et qu'on la dépose quelque part ? J'veux bien la seconde option, que j'puisse dire "ouais, ça c'est mon mec petit, t'as vu la bête maintenant ?" ❞ Tentative futile d'amuser, la rapidité de mon débit trahissant ma panique à gérer la peine que je te retire. Certains me diront que tu me fais mourir, mais c'est tout le contraire. Tu me fais vivre, Niels. Tu me fais vivre à en crever.

feat. @Adrian Goldberg — Dix ans. Dix ans qui se sont écumés pour ne laisser que la poussière dans les mémoires. Pourtant toi, tout est intact. Un deuil fait, peut-être, mais jamais comblé. Elle te manque, elle te manquera toujours. Dix ans qu’elle s’est envolée parmi les étoiles sous tes yeux de gamin déjà trop grand. D’abord le déni, ces longues années à te tourmenter, sans comprendre si tu avais toujours l’envie de vivre ou alors l’envie de bien trop t’amuser. Années de décadence entre tout et rien. Corps souillé aux rythmes intenables de cette vie étouffée par la tristesse. Les années tassées, sans jamais oublier, seulement comme un souvenir dont tu ne parlais jamais. Enfouie trop loin sans fouloir y toucher. Ranger dans un carton trop bien emballé, précieux intouchable. Larme qui s’écoule le long de tes joues, sans en bouger le moindre trait de ton visage. Adrian, qui relève ton regard. Plongé dans le sien comme pour te rattraper à l’unique réalité de ton existence. Elle fait de lui un être exceptionnel, tombé dans ta vie. Rouvrir cette capsule temporelle aurait été impossible sans lui, sans sa présence. Tu l’affrontes aujourd’hui, paradoxalement serein. Larmes d’émotions, mais pas de tristesse. Tu esquisses un sourire quand il tente l’humour sur le plancher glissant. Sans un mot, seulement ce regard que tu portes sur lui, livre ouvert de ce cœur racolé en petits morceaux. T’es apaisé, finalement. Le sentiment que c’est elle qui te l’a envoyé. C’est elle qui l’a fait rentrer dans ta vie. C’est probablement pour ça que tu l’aimes autant, Adrian. Il n’est pas quelqu’un de lambda. C’est simplement lui qu’elle a choisi. L’évidence est là, devant toi. Quand il dépose ses lèvres sur les tiennes, laisse circuler ce choc électrique dans tout ton corps, te laisse frémir le long de ta colonne vertébrale. Le temps de quelques secondes, vos visages collés, le temps pour tes pouces de caresser ses joues. Capturer son émotion pour la mélanger à la tienne. Un pieu dans le cœur à l’effet d’une explosion d’amour de le voir réagir comme ça. C’est lui. C’est lui pour toujours. Il se décolle de toi, tu reposes ce carnet tenu d’une main sur le plan de travail. Une main dans tes cheveux, balayés cette bulle qui vous entoure, retomber à la réalité de vos msemens. Sans jamais retomber de votre nuage, pourtant. Impossible. Tu retires le scotch délicatement de tes gros doigts malmenés. De quoi attraper cette image et la renter plus loin, sur la table derrière vous. On va l’encadrer et.. j’suis pas petit, j’ai 14 ans sur cette photo t’es au courant ? Tu ricanes, laissant un soupir s’extirper de tes lèvres. Remise de ton cerveau en état de marche normal. Ok. J’ai compris, regardes. Tes mains qui attrapent un pâton déjà formé par ton sous-chef. J’me souviens qu’elle m’était à balle d’huile en me disant que c’est ce qui réchauffe les cœurs. Ton regard concentré quand tu attrapes de l’huile du bout de tes doigts, directement. Gestes habiles pour réussir à agrandir cette pâte élastique en carré. Il est là, tout près de toi, il te regarde faire. Ton corps le poussant petit à petit, fait exprès pour le taquiner. Tu vois bien que tu gênes le chef étoilé là ? Côté de tes fesses qui le pousse, les mains huileuses. Ok et là.. Faut le replier en 4 pour faire une sorte de feuillage. Pâte imbibée d’huile à s’en étouffer. Vas-y à toi. Tu le laisses passer, gardant tes mains en l’air, tentant de ne rien salir. Baiser simplement déposé sur son épaule une fois qu’il a pris ta place.

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feat. @Niels Rosenhoff — Les doigts qui glissent sur les joues, pas de mots pour pour décrire l'instant ou le briser. Nul besoin d'en dire plus, les gestes ont effet de paroles là où l'alphabet manque à sa grandeur. Que l'émotion vive coulant à flot, de nos deux coeurs s'épousant dans le silence partiellement brisé de nos respirations. Les corps s'animent, ta main isole cette photographie que tu déposes de côté, ramenant le sourire sur nos lèvres en te rajoutant à ma gêne. ❝ 14 ans et pourtant, t'étais pas l'même ❞ tente-je de plaisanter, encore secoué par ce moment. Plus je te regarde, plus je suis perturbé, tant dans ces instances sentimentales, je découvre un être pour lequel je ne peux que m'animer. Les muscles sont épais, la carrure est grande mais bien plus gigantesque est le myocarde qui bat dans toute sa sincérité. Le repas se fait attendre, nos yeux s'attardent sur le plan de cuisine vers lequel tu retournes en reprenant la main. Attentivement, je scrute tes faits et gestes, intrigué et concentré comme un apprenti avec son maître. Jamais je n'aurai parié faire pareille chose avec quelqu'un, m'inscrire autant dans sa vie qu'une naissance reconnue. Le bassin bouge, cogne le mien, et ton humour me dicte la conduite. Je ricane bêtement, me décale en pinçant ma lèvre sans te lâcher de mes iris. Divine beauté qui m'enchante constamment, tentation constante qui me ramène à ce que je suis. Amoureux. ❝ Okay, regarde l'génuie. ❞ Pieds en place, ancrés dans le sol, ton corps derrière le mien, tes bras levés pour éviter de me contaminer. Baiser sur les épaules, nos corps à moitié nu, frisson qui me fait soulever ces dernières avant de me concentrer. Les mains agitent la bouteille, la verse sur la pâte et s'active sur celle-ci. J'en oublie presque le résultat, seul le travail compte. Des mèches tentent de m'obstruer la vue mais je m'accroche quand même. Mission accomplie. ❝ Fait. Maintenant, on termine, rejoins-moi, glandu. ❞ Taquinerie qui en amène une autre, tous deux incapables de ne pas se chamailler. On se pousse, on s'embête mais les mains restent agiles et concentrés sur leur travail. La propreté manque, mais ce qui devait fait a été fait ; et avec cœur. Poêles en route, dépôt des mets en finalité de production, nos sourires satisfaits s'affrontent comme deux gamins coupables. Les bras se tendent vers l'évier, doigts se frottant les uns contre les autres pour enlever toute saleté. Le regard qui remonte vers toi, amusé, une fois la mission terminée. ❝ C'est fun d'cuisiner les plats d'ta mère avec toi... ❞ Rapprochement délicat, le mode félin activé. Je ne sais comment me sentir et comment me décrire, tout ce qui me vient est que je me sens bien. Paumes qui se déposent sur les abdominaux en appui, douceur du regard comme sucrerie offerte à celui qui s'ouvre. Je n'ai plus d'autres choix que d'abdiquer devant toi, homme qui fait mon roi. ❝ On fout autant l'bordel que quand on est au plumard ❞ ricane-je à moitié avant de me pencher pour baiser ton menton. Petite attention surprenante, peut-être l'envie de goûter à autre chose. Les plats ont besoin d'attention et pourtant, c'est la tienne que je quémande entièrement.