vendredi neuf septembre, dans la nuit Pas trop fan de la soirée de ma maison, j'avais surtout bu et parlé avec mes copines, avant d'avoir échangé avec une de mes sœurs. Et voilà qu'il fallait que je la rejoigne chez elle. Connaissant Kahe, je savais que la soirée serait surement meilleure chez elle. Je quittais donc mes confrères, sans oublier les bières et les merguez que ma soeur m'avait demandé. Pas de boissons pour moi, j'avais assez bu. Uber enfin là, j'allais la retrouver.
Une fois en face d'elle, je lui souris et lui présentais directement sa petite commande. Votre commande est là madame. Puis grand sourire, j'entrais chez elle. En titubant un peu, je trouvais place dans son canapé. Nulle ma soirée. Je lui montrais la place à mes côtés. Allez assis toi et dis moi que t'as des choses à me raconter. Je posais ma tête contre le canapé et fermais les yeux le temps de quelques secondes, pour ensuite les ouvrir directement. Ca tournait un peu trop là-dedans.

@Kahena Malacki

L'esprit encore choqué de la réalité qui s'est plantée devant toi quelques jours auparavant. Le besoin d'en parler et pourtant, cette incapacité et cette fierté qui t'en empêchent. Besoin d'alcool qui se fait ressentir mais loin de toi l'envie de vouloir t'enivrer seule. Unique de la fratrie répondant à ton appel à l'aide discret. La petite soeur est déjà en soirée mais te promet de te rejoindre. Veiller à sa sécurité avant tout en lui demandant de ne pas prendre la route sous l'emprise d'alcool. Cadette qui se veut rassurante à ce sujet et qui vient enfin pointer sa trogne avec ce que tu as réclamé de sa soirée. L'ivresse a pris possession de son être depuis longtemps, visiblement, mais tu te garderas d'en parler à l'aîné. « De quoi bien me remplir la panse et anesthésier mes pensées, t'as géré. » Grand sourire rendu en la laissant entrer, tu la regardes tituber jusqu'à ton canapé en levant les yeux au ciel. Heureusement qu'elle conduit pas; penses-tu dans l'immédiat. Tu prends place à ses côtés, t'échouant de tout ton poids sur la banquette. « Soirée de confrérie ? » que tu demandes en ouvrant ta bière à l'aide d'un briquet. Tu soupires, elle veut entrer directement dans les détails. « Tu veux un résumé du début de l'histoire avant que j'me lance dans les nouveautés ? » Première gorgée assez conséquente. Il te fallait au moins cette dose de courage.

L'esprit embué d'alcool j'avais tout de même réussi à arriver chez ma soeur. Il faut croire que même complètement bourrée j'arrive à être un temps soit peu lucide. Il me suffisait simplement d'arrêter de boire à partir de maintenant. Surtout si je voulais être là pour ma soeur, à ma façon. Toute fière de moi et de ce que je lui avais ramené, c'était avec un grand sourire que j'entrais chez elle, direction son canapé, car la terre tournait un peu trop vite à mon goût. Ouais mais nulle celle-ci. En vrai, je comprends pourquoi je les rate toutes. Je préfère largement utiliser mon temps pour étudier plutôt que pour ce genre de soirées. Surtout si celles-ci étaient nulles. Mais cette fois-ci, j'étais plutôt contente d'avoir décidé d'y aller. Ainsi, je me retrouvais auprès de ma soeur. Chose très rare. Vas-y, dis moi tout, je suis prête. Et pour le lui montrer, je m'assis proprement dans son canapé. La fixant, tentant de recentrer mon cerveau et ne pas perdre un mot de ce qu'elle me dirait. Focus Kiana.

@Kahena Malacki

hrp : désolée pour l'attente

Les confréries, ça n'a jamais été ton truc. T'as pas envie de faire partie d'un groupe et surtout, tu n'en ressens pas le besoin. Tu apprécies la tranquilité et ne pas être remarquée, louve solitaire toujours entourée de sa meute. « Personne te force à te rendre à ce genre de soirées. Mais visiblement, elle était assez bien pour picoler, j'me trompe ? » Léger rire qui prouve bien que t'es pas là pour juger ses actions, elle a bien le droit d'expérimenter ce qu'elle veut tant qu'elle le fait consciemment. Tu soupires, cherche comment débuter tout ce qui te passe par la tête pour qu'elle puisse comprendre la totalité de tes mots. « Y a quatre ans de ça, j'étais avec une nana. On faisait les 400 coups ensemble, c'était une belle histoire d'amour qui s'est terminée.. tragiquement. Elle était supposée être morte.. c'est ce que j'croyais parce qu'elle a fermé les yeux dans mes bras. Sauf que j'me suis pointée au Nirvana l'autre soir. Et j'l'ai vue. On s'est vues. Elle est en vie. » Alcool qui finit d'une traite dans ton gosier. « J'ai jamais fait le deuil de cette fille, de cette relation. J'croyais que j'avais pas besoin de le faire, que ça ferait toujours partie de moi et c'est pour ça que j'me suis jamais posée jusqu'à aujourd'hui. Et là.. ça m'a fait un truc. Genre tous les sentiments enfouis sont revenus dans ma gueule. Le manque, tout ça. Et j'sais pas comment gérer. J'suis nulle, pas vrai ? »

J'aurais pu aller dans une autre maison, mais en lisant les valeurs de la pfo, je m'y étais tout de suite reconnue. J'aurais pu aussi être une simple étudiante, comme ma soeur. Mais j'imagine que je ne voulais pas m'isoler totalement. Etre dans une maison m'oblige un peu à aller à quelques soirées, quelques évènements et ça me fait sortir. Même si je ne participe pas à tous les évènements. C'est déjà un peu ça. Pas besoin de passer une bonne soirée pour boire. On peut aussi boire quand on est triste par exemple. Enfin, on boit pour n'importe quelle occasion en fin de compte. Il semblerait que la boisson soit une réponse à tout. Je l'écoutais, et plus son récit se faisait, plus je me redressais. L'histoire devenait intéressante bien que légèrement complexe. T'as peut-être affaire à un zombie. Fut la première chose que je réussis à lui dire. Mais c'était l'alcool qui parlait. Excuse moi, je vais essayer d'être sérieuse. Elle n'avait pas besoin que je lui dise des conneries. T'es pas nulle. Je la regardais et lui donnais une petite tape. T'es juste amoureuse Bien que je ne sois pas bien placée pour parler d'amour, n'étant jamais tombée amoureuse. Mais au vu de ce qu'elle me disait, c'est ce à quoi je pensais. C'est peut-être ton âme-soeur, et tu sentais qu'elle était encore de ce monde... d'où le fait que tu n'aies jamais réussi à faire ton deuil ? Je la regardais, légèrement mal à l'aise parce que je n'ai jamais été bonne pour donner des conseils aux gens. Encore moins bourrée. Ou peut-être que justement ça aidait. Vous vous êtes parlés du coup ?

La petite n'a pas totalement tord. Toi-même tu t'es déjà enivrée d'alcool pour un tas de raisons. Tristesse, désillusions, peur, fêtes.. tous les prétextes sont valables pour boire ces liquides qui transforment la perception. « Pas faux. » Un zombie. Tu y as cru. Tu as cru à un tas de choses quand tu l'as revue. Un sosie, une hallucination, une mauvaise blague. Mais le fait qu'elle le dise avec autant de facilité t'arrache un rire. T'avais bien besoin de rire un peu. Rire qui s'estompe pour laisser tes yeux se baisser sur le contenant vide d'alcool. Heureusement, t'as laissé ce saint liquide à tes pieds pour ne pas avoir à te lever trop souvent. Tu écoutes son raisonnement qui n'est pas inintéressant, d'ailleurs. « Oui, je l'aime toujours.. sinon ça m'ferait aucun effet, j'aurai pas eu la réaction que j'ai eue, j'aurai pas envie de la chercher dans toute la ville pour la retrouver sans savoir où chercher. Mais non, j'pouvais pas croire qu'elle etait encore en vie.. parce que les évènements m'ont jamais laissé ce doute. Et peut-être que j'voulais pas faire mon deuil parce qu'elle est mon premier amour et... » tu soupires pour ne pas laisser les larmes s'échapper de tes yeux humides. « Ouais, on a parlé.. dans une salle privée d'un putain de club de strip. » Cigarette que tu roules rapidement en riant nerveusement.

La situation était plutôt inattendue. Je ne crois pas m'être déjà retrouvée ainsi avec ma soeur. Etant pas mal à l'écart dans la famille, mais seulement parce que j'ai moi-même posé des barrière entre eux et moi. Comme une façon de me protéger, de ne pas être distraite par les drames familiaux que l'on pouvait connaitre. Une façon d'être totalement dans mes études. Mais j'avais bien compris que ce n'était pas la meilleure chose à faire. Ils avaient besoin de moi. Tout comme je pouvais avoir besoin de moi. Seulement, je ne pouvais pas revenir l'air de rien et leur sauter dans les bras. Alors je reprenais ma place, petit à petit. C'était même avec plaisir que je retrouvais une de mes sœurs ce soir. Petit moment d'intimité, de révélations haute en couleur. Encore du drama. Cela ne s'arrêtera donc jamais ? Je me demandais bien ce que la famille Malacki avait bien pu faire pour vivre tout cela. Et quoi ? Demandais-je impatiente et curieuse de savoir ce qu'elle voulait dire. Au fil de sa narration, je m'étais assise davantage sur le canapé, dos bien droit, j'étais "fascinée" par ce qu'elle me racontait. C'était pas cool, pas du tout, mais c'était une histoire d'amour, et je n'arrivais pas à trouver ça mignon, d'un côté. Un strip club ? Original... Et n'ayant pas capté directement, je tournais la tête, fis les gros yeux et demandais. Hein ? Quoi ? Mais tu faisais quoi là-bas ?

Tu n'étais pas de ceux qui parlent vraiment de ce qui se passe dans ton quotidien, t'es cette créature farouche et secrète qui garde tout au fond de son coeur jusqu'à l'explosion. Mais cette fois, t'avais besoin de quelqu'un pour y voir plus clair, pour éclairer un peu plus ce chemin chaotique sur lequel tu semblais t'engager sans vraiment y croire. C'était trop étrange pour y croire totalement, et pourtant, c'était bel et bien le cas, c'était ton ex, ta femme, l'autre moitié de ton coeur, que tu avais retrouvée par le plus grand des hasards, et tu ne savais pas si ça te faisait plus de bien ou plus de mal. Kiana était la seule libre à qui livrer tout ce que tu n'as jamais dit. La seule à qui tu oses finalement parler d'amour, même si tu avais déjà avancé le sujet avec Kassim, avant tout ça, avant ces retrouvailles inédites. L'ours avait été moins sensible, te disant que tu pouvais passer à autre chose après tout ce temps, et quand tu osais enfin sortir de cette torpeur, la revoilà dans ta vie. Tu soupires à la question de ta petite soeur. « Alors j'en sais rien.. J'ai jamais voulu laisser de place aux signes du destin, mais là, c'est trop gros pour être ignoré. » Tu ris doucement quand elle commente le fait que le strip-club soit un lieu original avant de capter réellement l'endroit où tout s'est produit. Là, tu ris franchement. « Bah j'voulais mater des culs, tu voulais que j'foute quoi dans un club de strip ? J'danserai pas le hula en porte-jarretelle sur un podium. » Tu passerais ton temps à cogner les clients cons aux mains baladeuses. « Elle, par contre, elle dansait. » que tu ajoutes en baissant les yeux.

J'étais plutôt contente de partager ce petit moment avec ma soeur. Ce n'était pas forcément très joyeux, mais ça allait peut-être nous aider à nous rapprocher, à nous retrouver. Je l'avais donc écouté attentivement, tentant d'être là au mieux pour elle. Je ne cherchais pas à lui dire ce qu'elle voulait entendre. Mais lui dire ce que je pensais moi. C'est surement l'amour de ta vie. Dis-je tout en haussant les épaules. Pas forcément la mieux placée pour parler coeurs, relation amoureuse. Fuyant un peu tout cela. Préférant ma liberté et ne pas m'accrocher à quique ce soit. Pour surement justement ne pas avoir à vivre une telle chose ? Je savais pas que tu fréquentais des strip club moi. Et il y avait tellement de choses que je ne connaissais pas sur elle d'ailleurs. Il faut tout simplement que l'on apprenne à se découvrire. Du coup t'as demandé un petit show privé j'imagine ? Le contraire m'étonnerait.

Kiana était celle qui n'était pas spécialement proche de vous autres, et ça t'a jamais vraiment heurtée, t'as toujours pensé que c'était juste dans sa nature. pourtant, ce soir marque peut-être un tournant dans votre relation. peut-être que c'est comme ça que vos liens devaient se resserrer. un évènement étrange pour l'une et beaucoup d'alcool dans le sang pour l'autre. peu importe finalement comment les liens se font, tant qu'ils se font, finalement. sourire en coin qui se dessine sur tes lèvres à ce qu'elle dit. « c'est ce que j'ai envie de croire, parfois. » et d'autres fois, tu veux juste qu'on te dise que c'est juste ton premier amour, que tu en connaîtras d'autres, des amours si forts. et tu t'en veux de vouloir croire l'un comme l'autre. tu hausses les épaules, finissant par rire. « crois moi, y a pas mal de choses que tu ignores sur moi, tout comme j'ignore un tas de trucs sur toi. mais qui sait, peut-être que ça se fera. » les liens du sang ne font pas tout, et votre sororité en est la preuve. deux inconnues au même patrimoine génétique et ayant grandi dans le même foyer. « en quelques sortes, ouais. mais pas pour la voir danser. pour parler. j'avais pas envie de la voir danser pour moi comme elle peut danser pour d'autres. j'voulais des explications et j'les ai eues. j'étais sonnée. mon corps voulait s'en rapprocher mais mon esprit me retenait. c'était vraiment spécial, pour des retrouvailles. puis j'me suis tirée parce que j'manquais d'air. c'était tellement agréable et douloureux à la fois d'être près d'elle que.. que j'paniquais, j'crois. » corps qui s'écrase dans le canapé, dans un soupir.