Quand il glisse sa paume sur l’ovale de son visage, feignant le fait de réfléchir, d’hésiter, elle ne peut retenir ses lèvres, en un sourire encore, de s’étirer. Dans son esprit, elle le jure, elle l’aime sous toutes les coutures… Plus encore si c’est possible lorsqu’il lui donne les droits sur cette aventure. « Je suppose. Tu contrôles le séjour » Il abdique donc, en sa faveur, et vient donc parfaire sa bonne humeur. « C’est ton week-end » Et si ça devrait forcément la ravir, elle s’arrête dans sa marche à l’envers, le laissant s’approcher, et inspire avec douceur quand il se trouve à nouveau à ses côtés, téméraire qui ose reformuler ses dires. « C’est le nôtre. » Consciente qu'elle est sienne. Puis reprendre le bon sens du chemin, en se permettant, quelques fois, d’effleurer de ses doigts, sa main.

Alors elle découvre la merveille, quand ils entrent à l’intérieur, elle en a un énième sourire, résultant de cette fascination qu’elle éprouve en son âme et son cœur. Ses prunelles s’égarent ici et là, c’est simple, elle apprécie le tout, du décor jusqu’à la mélodie qui se veut en train de les bercer, pour qu’ils finissent par arriver à hauteur du comptoir destiné à accueillir les nouvelles arrivées. Rapidement, l’employée commence un discours qu’elle a du prononcer des milliers de fois, et la Haiwee finit par parcourir les dépliants, galvanisée par cet ineffaçable engouement. « Moon, Aztec, Aqua and Sea. » Derechef elle comprend qu’elle annonce le nom des chambres, celles là même l’ayant fait rêver assez fort pour qu’elle en éprouve le besoin de lui proposer de passer ici, avec elle, une nuitée. Seulement, il y avait une chose à laquelle Haiwee n’avait pas songer, trop crédule et peu habituée aux montants, à l’argent, des chiffres qu’elle ne peut plus ignorer à présent, malgré son furtif mouvement. « Pas de barrière. Choisis selon ton envie. » Elle ne peut se retenir de relever les yeux vers ses traits, un soupir s’extirpant de sa bouche, perturbée, car Haiwee et tout sauf quelqu’un d’intéressé. Si elle est tombée amoureuse de lui, ce n’est pas pour son curriculum vitae estampillé du mot héritier. « Tu sais que… » une bride de justification inutile, c’est dans son regard qu’elle cherche et trouve, qu’elle entraperçoit à quel point c’est futile. Oui, bien sûr qu’il sait. Il sait que rien dans son être ne saurait être vénal, qu’elle est à l’encontre de toutes les femmes qui l’entourent, bien loin d’être un cliché banal. Puis décliner sa vision à nouveau sur les papiers, jauger, réfléchir et comparer, avant de proposer comme une question, le nom de celle qui la charme le plus. Celle où en sa compagnie, elle se voit déjà. « Aqua ? » Quémande si ce qu’elle veut se couple à ce que tu désires, toi.

 
L’interrogation en suspend, elle se satisfait de contempler son visage se mouvoir par la positive. L’étudiant approuve son choix, idée transformée à présent en la leur. Si bien qu’elle éprouve toujours cette sensation de bonheur, qui se diffuse en son cœur. « Aqua. » Il répète avec fermeté, actant de ce fait la fin de leurs tergiversions. Nul doute à avoir que sur le facies de l’amérindienne il doit pouvoir y lire toutes ses émotions. Naturelle dans ses réactions, qui se retient pourtant de se mettre à réagir comme une enfant. Si elle a envie d’exploser de joie elle ne le fait qu’intérieurement.

Alors il sort sa carte de crédit, l’appose dans le but de payer, tandis que s’active l’employée. Elle règle les derniers détails avec rapidité, et ce, sous le regard d’une Haiwee silencieuse car charmée à l’excès. Côte à côte ils se placent quand la tierce personne prend la tête de la marche, ils se laissent naturellement guider vers la chambre désirée. « Pourquoi celle-là ? » Parce que ses pensées tournaient en tous sens, elle sourcille surprise faute de sa question. Car il faut être honnête, sur le coup, la Haiwee ne trouve pas de réelle justification. De profonde raison. Elle a eu la sensation qu’elle réunissait tout ce qu’elle aimait. Les détails de chacune, réunis en une. L’eau, le ciel, la Lune et les Mayas, c’était l’évidence, la Aqua. Elle lui plaisait, tout simplement, enfin, elle avait ce truc en plus, n’est-ce pas ?
Mais parce qu’elle est d’une humeur rieuse, elle se fond dans une attitude joueuse. Maligne quand elle l’observe afin de lui souffler, l’air mutin face à l’évidence un brin ridicule qu’elle s’apprête à lui annoncer. « Parce que l’eau c’est la vie. » Et subrepticement, elle sourit.

Cependant toujours dans le rythme de la marche, elle s’approche de lui, dans le but de garder priver ce qu’elle s’apprête à articuler, le motif, le vrai. Ce n’est pas qu’elle soit honteuse, mais elle n’apprécie pas plus que cela, l’étalage d’intimité, « J’ai hésité avec la Moon, » elle confie, elle a envisagé oui, d’observer le ciel toute la nuit, conter les étoiles, les mythes du grand Esprit. Elle en dépose avec délicatesse sa paume sur lui, effleurant le bronzage résultant de ces deux semaines ensoleillées, « mais j’ai eu envie du jacuzzi… » Murmure enclin à la volupté, le pourquoi elle a souhaité le bain à remous, elle estime que c’est inutile de le préciser. Un aveu qu’elle assume malgré qu’elles soient rares les fois où elle se permet d’exprimer ses désirs à haute voix. Car oui, l’amérindienne, elle s’y voit déjà, à se prélasser entre ses bras. Même si entre eux, ce mot est tabou, parfois. Essayant de ne pas s'empoisonner la tête avec les évènements passés. Après tout, n'est-elle pas censée lui avoir pardonné ?

 
Peut-être qu’un jour, elle osera te dire, tout ce que ces instants passés avec toi lui inspirent. Elle s’essaiera à décrire toutes les émotions qui prennent son corps d’assaut. A chaque détail qu’elle admire et qu’elle trouve si beau. D’ailleurs, si se devait de faire preuve de sincérité à haute voix, elle irait jusqu’à murmurer qu’elle a dû mal à réaliser, qu’elle n’est même pas certaine d’être véritablement là. A parcourir cet hôtel avec toi. C’est comme si elle flottait, entre ton corps et le sien. Une spectatrice qui se raccroche à toi. Car il est devenu son point d’ancrage, l’étudiant comme bouée de sauvetage. Il est une part de son monde à présent, de sa réalité. Si ce n’est l’entièreté. C’est avec lui qu’elle flirte le mieux avec la liberté. Et c’est à la faveur de cette dite liberté d’exister qu’elle s’est aventurée à choisir cette chambre-là. Victime de l’adoration de l’intimité qu’elle partage avec le jeune homme, de cette volupté dans laquelle son cœur résonne. Elle désire l’apprivoise à l’abris des regards indiscrets, qu’elle l’apprenne, en secret. Partager ce qu’avec nul autre elle a envisagé. « la Moon, pour la prochaine fois, » ca ravive le feu, dans ses veines. Appréciant que les envies de Sheng se couplent aux siennes. Alors elle approuve d’un mouvement furtif de la tête, tout en effleurant ses doigts, une énième fois. Se surprenant à penser qu’elle est prête à réitérer, autant de fois que tu le voudras. Sans dénoter qu’elle est probablement idiote de réagir comme ça, une amoureuse en silence, bien que dans cette affection, il soit unique, le sens. Rêveuse de découvrir la Terre tout entière en ta présence.

Et lorsqu’ils arrivent enfin à cette porte que l’employée ouvre, elle a une brève appréhension qui prend naissance dans le creux de son ventre. Pourtant, elle garde l’intime conviction que ça va leur plaire, parce qu’ils sont semblables leurs caractères, alors cette villa ne peut que les satisfaire. A l’image de cette sauvageonne qu’elle est et reste, elle se fait craintive quand dans la pièce principale, elle pénètre. Ses premiers pas dans ce havre qu’elle a désiré, elle a la sensation de ne peut-être pas les mériter. Quand on rêve, habituellement, on attend, on décuple l’envie, c’est malade qu’on se rend. Mais avec Sheng, les aspirations, elles ont ce goût de facilité, non pas qu’elle soit jalouse, elle est trop douce pour ça, la Haiwee, elle apprécie seulement de le savoir chanceux de posséder ce droit de profiter. Et se contente de le remercier intérieurement pour ce cadeau synonyme d’enchantement. De fait, elle admire, faible de paroles, puisque tout y est. Transportée dans les photos qu’elle contemplait. Elle ne sait même plus où poser son regard, le mobilier, les boiseries, de côté en catimini, le lit, tourner totalement sur elle-même, ne plus écouter ce que la femme de chambre leur dit, et reposer ses yeux sur lui. C’est au paroxysme, qu’elle sourit. « Y’a un service de restauration jusqu’à 22h. » Et l’amérindienne ne peut se retenir de pouffer. « Affamé ? » maligne quand elle s’amuse à lui demander. « La villa est équipée d’une ligne téléphonique reliée à la réception, si vous désirez commander. » Comme si elle comprenait leur besoin de tranquillité. Malgré le rustique, le côté unique, le manque de technologie évident, il y a donc cette possibilité, elle s’en trouve encore charmée. Cet endroit, c’est le parfait mélange de toi et moi. Les dernières directives sont données, avant qu’elle ne leur souhaite une belle soirée et qu’elle s’éclipse derrière la porte que l’amérindienne va, par automatisme, verrouiller. Pour revenir vers lui, glisser sa paume sur sa peau hâlée, galvanisée par cette euphorie qu’elle éprouve, c’est le chemin de sa bouche qu’elle trouve. Un baiser qu’elle souhaite passionné, un merci muet, une envie qu’elle ne voulait plus réprimer. Se fichant totalement des sacs tombant à leurs pieds. Son appétit traduit par cette force doucereuse avec laquelle elle peut s’accrocher à lui. Et pourtant avorter cette étreinte pour flanquer ses prunelles dans les siennes, voilées de volontés lascives diluviennes. « Alors, tu veux commander ? » Œuvrant d’une nonchalance qu’elle ne sait pas utiliser. Toutes ses pensées, par la perspective de ce weekend, bouleversées.