Le pire, c'est que je ne le quittais pas pour me jeter dans les bras d'Esteban, ça non. Lui aussi, moins je le verrais, mieux je me porterais. J'avais juste ... Besoin de solitude, de faire le point, et ce n'était pas en mentant à Jude que je serais allée bien loin, pire encore, je me serais enfoncé. « T’as pas à être désolée… c’est la vie… on…on devait juste…pas être fait pour être ensemble… » Je savais qu'il n'en pensait pas un mot. A moins.. Qu'il se résigne? Je décidais de ne pas poser plus de questions, boutonnant ma veste en me préparant à partir. Je voulais juste m'enfermer dans ma chambre et m'y laisser mourir, c'était trop demander ? Jude m'interrompit. « Non… non…prends Aylin s’te plais… j’arriverai pas à m’occuper d’elle là je… prends la… » Je coupais ma respiration, ayant la sensation d'avoir pris un véritable coup de couteau bien placé. Passant ma langue entre mes lèvres, je hochais doucement la tête. « D'accord... » Je me penchais pour prendre la petite dans mes bras, doucement, attrapant son manteau dans lequel je l’emmitouflais. Une fois prête, je la serrais contre moi et récupérais mon sac, sans regarder Jude. « Au revoir ...» Soufflais-je enfin, difficilement, avant d'ouvrir la porte, et de sortir de cette chambre, m'éloignant le plus vite possible vers la Eliot House.

Nous avions tout ratés, et je regrettais presque d’avoir fait Aylin. A quoi ça rimait, d’avoir des parents qui ne s’aiment plus ? Elle allait grandir entre deux familles. Enfin…entre la fille que Roxanna allait construire dans le futur avec quelqu’un d’autre, et moi, qui allait rester l’homme désespérant et paumé que j’avais toujours été. Personne ne mérite cette vie. Et si j’avais su que notre relation était si fragile, jamais j’aurais accepté d’avoir un bébé. Je pensais peut-être cela à cause de la colère, de l’épuisement…de tout, mais c’était la façon que j’avais de voir les choses maintenant. Je savais que c’était mal, dégueulasse et j’aimais notre fille, de tout mon cœur mais là…non, je ne pouvais pas. « D'accord... » Je restais dos à elle, regardant dans le vide en l’entendant prendre la petite pour l’habiller. Une part de moi voulait la retenir et la convaincre de ne pas faire ça. Mais j’étais fatigué de me battre pour une cause perdue. Je m’étais assez battu comme ça. La balle était dans son camp désormais. « Au revoir ...» Je restais totalement silencieux, fermant les yeux lorsque la porte se referma. J’inspirais profondément et je regardais Aaron qui regardait la porte, comme-ci même lui venait de comprendre qu’elle nous avait laissé. « Bon…bah ça sera uniquement toi et moi mon gars… », soufflais-je à Aaron en souriant tristement. Je me tournais pour prendre les broches d’appartements que j’avais posé sur mon bureau pour les balancer à la poubelle. Il fallait que j’aille voir Briony.

Fin