Elle est dans ma chambre, à l’aise, comme si elle avait toujours été ici avec nous.. Enfin avec moi. Nuts m’abandonne pour aller sur mon oreiller, il s’y pose, il sait qu’il devra partir si on a besoin, il sait comment ne pas déranger, c’est le truc bien avec mon « coloc ». Mais c’est moi qui dérange, ou plutôt qui bouscule, avec une question, avec de simple mot. Lorsque par message la brune m’avait fait par de son envie, de ce désir… J’avais senti mon corps s’échauffer doucement, ses petits papillons dans mon ventre, mais j’avais eu le courage de poser ma main sur son genou. Mon regard dans le sien, j’aime ce sourire sur son visage, elle est lumineuse, radieuse et c’est ce qui met à l’aise. Je sens un frisson monter quand sa main glisse dans ma nuque, nous nous rapprochons doucement… Petit baiser, doux, ses lèvres sont si chaudes, et elles reviennent déjà, ma main glisse de son genou à sa hanche, mon corps s’approchant du sien… J’aime cette sensation.. Un nuage, c’est ce que je suis en train de découvrir. Je ne me recule qu'à peine pour reprendre mon souffle. "C'est..." Mais j'ouvre mes yeux, mon sourire parle pour moi. J'ai adoré sentir la brune si proche, j'en veux encore...

Excitant... Oui, surprenant, léger, chaud, doux, perturbant, magique, … Il y avait bien des mots qui venaient alors se mélanger dans ma tête, mais c’était visiblement un bien précis qui passait dans l’esprit de la brune. Je me pinçais les lèvres, mon regard se posant sur celles de la belle en face de moi. Elle était la première femme que j’embrassais. C’était ... « Inédit..Mais très plaisant, vraiment bon. » Je dis alors en m’approchant d’elle. Laissant à mon corps le loisir de sentir sa chaleur, sentir son doux parfum.  « On.. peut encore si tu veux. » Une pointe de timidité m’envahissant. C’était pas ce que j’étais habituellement mais là. Elle avait touché ce point sensible, cette naïveté, cette innocence.. Abril me savait vierge, après un baiser comme celui ci, c’était une première… Bien loin des smacks en soirée. Bien loin du reste, car mon coeur était bien plus léger à ses côtés, j’étais à l’aise… "Enfin... Sans aller trop loin, mais... tu vois ?" Ne pas briser cette amitié, mais profiter de ce lien, de cette chose qui passe entre nous, que je ne peux nommer, que je ne peux décrire, une attirance, un désir, une envie, peut être juste un bien-être, elle était un coup de foudre amicale... Plus? Je n'en savais rien, mais je voulais prendre le temps, et ne pas la perdre c'était certain.  

Ses lèvres sont si douces, mon coeur bat dans les miennes , un tambour qui joue une mélodie qui me plaît. Mais c'est trop tôt, trop risqué, je ne peux pas la perdre, ni ... Ni la partager, je le sais, j'en serais incapable. Ce n'était pas conception d'un couple. Peut-être trop carré, trop formaté pour pouvoir être libre moi aussi... Je laisse un O se former sur mes lèvres. Surprise de sa réponse. Ses lèvres attirant déjà, mon envie montant au creux de moi. Mais je la laisse s'éloigner.

Je me recule un peu, tentant de me souvenir de ses douces qui sont déjà si loin de moi. "Je comprends.." Je replace une mèche de mes cheveux, et la regarde pointer du doigt la Demon... Un petit sourire amusé sur mes lippes naît alors. Elle est particulière cette voiture. "Elle est dans le garage. Sous une bâche, en réparation..." Ça c'était la version officielle. "Mon père pense qu'il manque une pièce... Mais j'ai juste pas encore envie de la sortir." La version officieuse était toute autre, mais sortir Devious maintenant à Abril... C'était trop tot, et elle s'inquièterait bien trop. "Mais un jour oui, j'aimerais rouler sur la route 66, parcourir des kilomètres et des kilomètres au volant de ce bijoux...Et surtout voir que mon épave roule enfin." Car remettre ce genre de voiture sur roue était un sacré challenge, le deuxième depuis mes débuts en mécanique. Je viens m'allonger sur le lit et l'invite à faire de même. "Et toi, ton rêve?"

Ce baiser… Mon coeur qui bat sur la peau de mes lippes… Pulsion sous le derme si fin qui prouve que peu de temps avant , celles d’Abril était là, collés contre les miennes… C’était un rêve, une envie, un désir… Mais je savais que je ne pourrais rien donner de plus à la belle brune, je n’avais rien à offrir, je ne pourrais pas lui promettre de ne pas m’attacher, de garder que notre amitié si nous allions plus loin… Mais c’est elle qui est raisonnable en posant des limites. En me parlant de la Demon, en éloignant mon regard de ses lèvres si douces, pour ne pas craquer de nouveau.

« Un jour oui.. Et je t’enverrais des photos de tout les mélanges que je ferais, promis. » Parce que ce voyage pouvait se faire avec des passagers mais pas tout du long, ce serait un moyen de me retrouver. Moi et la route, la musique et la nature… Pour le moment sous la bâche, servant aux courses, mais rien de plus, la Demon était bien gardé.

Et c’est à elle de me confier ses rêves. Entrer un peu plus dans la confidence, savoir qui elle est, ce qui l’inspire, ce qui l’emporte dans des rêves si loin , presque impossible à atteindre, mais en même temps si près… « Une médaille Fields alors… Je vois, je vais te faire signer un autographe maintenant il va vite valoir de l’or. » Je souris et viens poser ma main sur la sienne. « Crois en tes rêves Abril… Toujours. Parce que ma mère disait qu’en visant la lune on atterrit au moins dans les étoiles… » Un peu cliché mais beau et j’avais toujours aimé les ciels étoilés… « Et puis tu es sacrément douée en maths… Rien que le nom me donne de l’urticaire. » Je ris en faisant semblant de gratter mon bras.. « Va falloir trouver un remède à ça.. »

Rien après cette tension qui était monté d’un coup qui aurait pu briser notre amitié, qui aurait pu tout faire vriller et pourtant , ce souvenir déjà, si doux, de ses lèvres sur les miennes n’avait rien fait perdre à l’humour, et ce lien inexplicable entre nous. « Tous ! » Et j’aimais l’idée de faire des plans d’avenir, réalisés ou non, réalisables ou non… Peu importe , je voulais qu’elle sache que notre amitié bien qu’immédiate n’était pas prête à s’éteindre. Jamais.

« Il suffit d’y croire,… Et la passion est souvent en jeu dans une réussite. » La course… Je devrait lui dire. Mais je ne sais pas encore, non je ne peux pas lui imposer de s’inquiéter pour moi. Et si elle parlait à mon père. Ils seraient deux de plus à paniquer quand je partirais au volant de ma Demon. Car je n’arrêterais pas. Même si on devait me l’ordonner, j’avais bien trop besoin de cette dose d’adrénaline. De cette pulsion qui me faisait frémir, qui me faisait vibrer de l’intérieur, ce truc si profond qu’il fait parti de nous. Pour toujours.

« Pas encore de cheveux gris ? Tu es sûre? » Je me met à faire semblant de chercher sur sa tête, mais elle est parfaite, et bien trop jeune pour avoir un cheveu clair ou même une ride. "Alors quand tu auras des rides on en reparlera.. Ne fronce pas les sourcils ça arrivera plus vite que prévu.." Rire... Oublier... Être moi, tout semblait si naturel à ses côtés.