I don't need the sun to help me shine.

@Haiwee Wind River & @Gaspard H. Wertheimer

Comment ne pas entendre, comment ne pas savoir, comment ne pas deviner que ton âme est en train d'émettre un rugissement d'alerte. Et tu as honte à l'idée de te faire surprendre ? Cela dépasse la simple pudeur. Tes mains ne camouflent rien. Mais de quoi as-tu peur ? Qu'est-ce qui te rends si triste ? Une bien triste cadence. Je ne sais que faire que si c’est d’être naturel. Ton coeur semble éclater, bondir, que dis-je ? Une vraie grenade. Tu suffoques si fort et pourtant si silencieusement à la fois. J'éponge, j'éponge le tout, mais tout s'inonde. S'inonde de tes peines. Trempée jusqu'à l'os de tes misères, de tes angoisses, de tes chagrins, de tes tracas, de tes malheurs, de tes dégoûts, de ta haine. Tu es entrain de te recroqueviller alors que je tente de t'ouvrir, de te débarrasser d'une partie de ce poids que tu portes seule à bout de force, à bout de bras. Plus fusent les questions, plus je devine qu'il va me falloir un peu de potion magique. Redressé dans un élan digne du marsupilami, je te propose ma main pour te tirer d'une position qui ne me semble pas si confortable. Mais tu ne l'attrapes pas, tu stoppes même ta rééducation physique pour prononcer un adverbe qui n'est jamais de bon présage « Ho si ce n'est que ça. » la condition pour m'accompagner. Ma patte tendue se transforme en une proposition d'une poignée de main pour se saluer « Moi c'est Gaspard, enchanté. » Et parce que je ne peux pas m'en empêcher, je poursuis après un geste de tête pour dégager une boucle rebelle du front « J'ai vingt-six ans et je viens de Paris. » sans me désemparer de ce sourire mutin « C'est suffisant ou je passe au curriculum vitae? » Franchement je ne serai pas dérangé parce qu'il est ma plus grande fierté. A l'exception que là, c'est de toi que nous sommes entrain de parler. C'est ton instrument vital qu'il est urgent de soulager. Celui qui a mine d'avoir été un vulgaire jouet. Il n'est pas seulement endommagé, on dirait qu'il est complètement dévasté. Lui ou ton esprit? Donc marcher est une bonne option pour s'aérer le tout  « Par quoi tu veux commencer? Peut-être me dire d'où tu viens pour qu'on puisse visualiser par où tu peux aller. » Même si pour nous, c'est un chemin tout tracé vers le Starbucks. Ils ne font pas le meilleur café de la ville, ni du pays, mais je vais savoir m'en contenter.  

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Mon monde est un voyage, un chemin de rencontres en rencontres où mon coeur apprend tous les jours de la diversité. J'aime me perdre dans ce qu'est l'autre, pour le découvrir et en tirer de nouvelles vues. Mon regard s’élargit, il diverge sur l'immensité de la différence et fait mûrir mon âme pour en tirer l'essence sage. Je pars sans certitudes, sans savoir, avec tous les efforts possibles pour oublier ce que je connais. Je me suis déjà inquiété. J'aime pas m'inquiéter. J'ai toujours peur qu'on me prenne pour un taré qui est mal à l'aise à votre place. Mon sale cerveau est toujours en bataille, entre l'envie d'aller vers les gens et la peur de leur animosité. Mais la peur nous fait vivre, elle nous pousse à l'action, bouffe notre patience, chasse l'hésitation, oriente nos choix. Celui de faire une rencontre, une rencontre qui va rythmer ma vie, je le sens. J'en suis persuadé quand nos mains s'accrochent, comme si un bout de ficelle nous liait maintenant. Chaque fil est pour moi un possible cordon ombilical qui propose des solutions à une union perdue. La vie ne tient pas qu'à un fil, mais bien à des milliers de fils, devenus le réseau rassurant de nos existences frustrées. Les ficelles resserrent le vide et les incertitudes. On croit avoir besoin de libertés, mais je crois qu'avant tout, c'est la fidélité qui nous rend fort. Il faut que ça lie. Il faut que ça tienne. Et soudain on accorde toute notre foi à un minuscule bout de cordelette statique, qui donne l'air très sûr de son rôle. Mais ce que l'on cherche derrière les discours religieux ou dans les Pensées des anciens, m'apparait très clair quand je contemple un fil : être capable de s'attacher aux autres et s'effacer. Être solidaire, pour éprouver le monde « Joli prénom. » Sincèrement pensé, t'es la première que je rencontre à le porter et tu le portes bien. Oui je suis de ceux qui trouve qu'on a le physique et le caractère de son nom. Si nos doigts se lâchent, nos coeurs sont comme aimantés « Je t'écoute. Je te regarde aussi, mais je vais de temps en temps zieuter où je mets les pieds. » Parce que je suis aussi du genre à me prendre un poteau. Aucun doute que je vais être captivé par le récit que t'es entrain de commencer. « Nan c'est vrai? J'viens d'en revenir... Mais continue. » Le sourire pincé, toujours trop enjoué moi. Dans ce sujet qui en plus, n'a rien de gai. Parce que ta façon de souffler que tu viens d'un monde qu'on ne quitte pas, alors que t'es là devant moi... « Et pourtant t'es là.. Dans mon univers. » Il va me l'expliquer, avant que je questionne sur vos façons de vivre dans un endroit que je ne connais pas.  

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La vie est un enfant rebelle. Qu'on l'aime ou pas, qu'on la veuille ou non, qu'on l'insulte ou qu'on la méprise, elle se tient fièrement là. Le menton levé, les bras croisés, avec cet air de dire "viens je t'attends, vas-y, essaie". Tente de lui mettre une claque, de l'étouffer ou au contraire, d'aller au-delà de ses barrières. Elle s'en sortira toujours gagnante, il n'y a qu'une chose qui peut la faire tomber en combat ; la mort. Mais la mort on en veut pas nan? Il faut juste que tu arrêtes de courir après ceux qui t'emprisonne et commencer à marcher près de ceux qui te libère. J'espère en être un, pour cet instant, ses minutes que je te vole. « Oué je sais, je sais. » pour ce que j'en ai vu. Ce n'était clairement pas un voyage pour visiter, seulement un déplacement pour m'assurer du bien être de ma meilleure amie. Et rencontrer ce qui est sorti d'elle sans prévenir. Encore un coup de la vie t'as vu. Exister est un jeu parfois cruel ou dans son contraire, une belle caresse. Comme celle offerte d'avoir mes yeux sur toi, sur ton visage qui donne un bout de ton âme aussi bousillée soit-elle. J'assimile chacune des informations, dans une tentative d'ordonner ce qui s'emmêle dans mon esprit. Tu me sors des mots étrangers à mes ressources intellectuelles. Les sourcils qui dansent, tantôt haussés, tantôt plissés « Et ton histoire de bourse, c'est le grain de sable dans l'engrenage? » Le contrat non rempli de ton passe-droit qui se transforme en une expulsion de chez toi? Ou est-ce ce garçon, le responsable de tous tes malheurs? Mon grand-père me disait souvent que c'est lorsqu'on est épuisé de ne pas trouver l'amour, qu'on croit le trouver partout. Etre aimé devient une obsession. On veut croire au moindre geste, s'exposant ainsi à tous les abus du coeur. Parce que l'amour trop espéré attire l'amour le plus désespérant. « Tu ne peux pas rentrer? Enfin, tu ne le veux peut-être pas.  » Parce qu'il n'a pas l'air drôle comme endroit. Mais il n'est pas question de dénigrer ta culture, juste de tout comprendre pour assembler ce puzzle encore un peu trop désordonné. En manque de certaines pièces. « T'as choisie quoi comme études? » Je pense pas que ce soit un détail important dans l'histoire, mais je suis intéressé. Peut-être pour mieux te cerner ou pour soulager le sujet qui est si lourd pour tes épaules. Des questions, j'en ai à la pelle dans ma tête mais je me retiens pour ne pas encombrer la tienne. On marche pour se l'aérer, au milieu du campus qui n'est pas vide mais me le parait tant ta compagnie me plait.

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Tout ce que je reçois comme information est actuellement comme une toile d'araignée que je peine à démêler. Tu dois me voir avec mes questions, les mains embarrassées par ces fils de soie invisibles que je manipule autant avec maladresse qu'avec tendresse. Ho c'est sur que tu me vois, tu proposes même d'alléger ma difficulté en m'expliquant plus clairement une fois les cafés achetés « C'est une merveilleuse idée! » Que je souffle presque soulagé, de manière quasi exclamée. Dans le café, nos yeux se quittent le temps de trouver ce que l'on désire. Ou plutôt ce que je désire pour nous deux. Un coup d'oeil en ta direction pour mesurer ton niveau de sérieux, et je m'adresse au barista « Deux doubleshot Vanilla Iced Coffee s'il vous plait. » accompagné de ma carte bancaire pour payer. L'extérieur, nous revoilà! « Vas-y je t'écoute. » Mon index et mon pouce joints qui miment la fermeture éclaire sur mes lèvres pour assurer que je ne vais jamais te couper. Mon exposé de mes pensées se fera à l'intérieur avant de te les donner. Une première gorgée, un clin d'oeil comme pour marquer le top départ et mes oreilles sont toutes à toi. Quelle est dure ta vie à toi, de mon point de vue. Moi, né dans la richesse et la notoriété, comme on dit, la cuillère dorée dans la bouche en guise de tétine. Mais la preuve que l'amour est universel, c'est que peu importe d'où on vient, il est partout. Ton vrai visage, celui qui est désarmé, est beau. Parce que tes habitudes changent, ta façon de parler change, même tes yeux me deviennent étranger. Si tu pouvais être nue à mes yeux, nue de toute cachotterie, de toute déception que tu t'infliges à toi-même, je serais coi par ta volonté. Je suis silencieux, impressionné, admiratif. J'aime bien quand tu as honte. Parce qu'à chaque fois que c'est le cas, j'ai le cœur meurtri, coupé en deux et dégoulinant. Il se roule dans tous les sens et se replie sur lui-même de ne pas pouvoir te soulager. C'est ta honte, ton mystère, ton repaire. C'est ta fierté. C'est ta belle fierté, ta belle force d'âme qui se remet en question, qui regrette, qui ne sais plus comment faire. Tes yeux cherchent, tes yeux dansent entre rien et moi, le regard perdu à la recherche d'un complice. Puis tu fermes les yeux brièvement, comme si tu comprenais que tu n'avais pas besoin de complice. Et je te vois alors serrer les dents, te dresser de toute ta hauteur, la main serrée, prête à faire la guerre, prête à casser les autres. J'aime bien quand tu t'emportes, que tu t'énerves, comme indignée par ce qui se passe, tout ce qui se passe. Ça bouge en toi, ça remue parce que tu n'est pas d'accord, parce que cela ne te paraît pas « normal ». Je le sais très bien, parce que pour moi aussi ça ne me paraît pas normal. Je veux te laisser faire, je veux te laisser te révolter toute seule, c'est là que tu deviens magnifique. Et alors là, à ce moment, ce petit moment en suspense, tu fronces les sourcils. Tu les fronces, et tout ton visage change. Il devient quelqu'un d'autre, il devient sérieux, engagé, indigné. C'est là que je remarque toute la beauté qui t'anime, toute cette force qu'aucun autre ne devine. Je regarde en toi, je regarde tes yeux profondément, et dans mon cœur se passe toutes les blandices du monde. Et dans mon âme aussi, il y vient une tornade chimérique, un changement brusque, une invitation. Celle de rire au lieu de me vexer, parce que ce ne serait pas moi. « Vraiment? » Mes doigts qui s'autorisent à venir sur ton épaule, tendrement « On ne s'est pas trop éloigné, j'peux aller t'en chercher un autre. » Volontiers, sans me sentir dérangé « Nan parce que j'ai tout compris mais j'ai encore des questions... J'veux que tu sois satisfaite de ta boisson pour bien y répondre. » et ne pas tout me renverser sur la tronche « Parce que j'vais être curieux sur ta relation actuelle avec lui. Sur la famille. L'argent dont tu as besoin... » Tout ce qui peut t'irriter.

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Je suis ce curieux qui parfois, par envie d'en savoir plus, frôle la maladresse. Je ne vais pas manquer de m'en excuser avant que sonne le moment de se quitter. Parce que je ne m'en rend pas toujours compte tu sais, que mon indiscrétion peut heurter. Une soif d'apprendre, de comprendre, de me remplir des différences vécues par les autres. T'en as un paquet et je sens que naissent les questions dans mon esprit. Je veux que tu sois dans un mental des plus confortable pour cueillir mon bouquet d'interrogations. Mais fort est de constater que le café n'est pas à ton goût et je crains que cela vienne te gêner pour la suite de la discussion. Mon habituelle gentillesse domine mon attitude et je te propose d'aller te chercher une autre boisson pour rattraper ce couac. Tu viens rapidement balayer la proposition de ta main avant de confirmer que ça ira, que t'es prête à te faire cuisiner à la sauce Gaspard. « Bien. » mais je stoppe la marche dans un geste digne d'une mise en garde à vous « Mais! Tu m'arrêtes si je vais trop loin, si c'est trop sensible pour en parler,... » Nan parce que quand je t'ai vu, j'ai eu envie de te faire sourire pas de te faire pleurer. Le gobelet en honneur, je trinque avec le vent pour marquer que ça va commencer. Une gorgée, l'avantage d'une boisson glacée c'est qu'elle est consommable immédiatement, et je racle ma gorge pour ne pas manquer de voix.« Bon déjà, t'en es où avec lui? et comment il a abimé ton coeur? » De celui qui est venu dans une initiative de kidnapping qui en réalité était une libération de cet endroit où tu semblais enchainée. Est-ce qu'il a fait quelque chose d'impardonnable? « La balle c'est une métaphore ou tu parles d'une vraie balle? » Maladroit mais pas dans le désir de mal comprendre. « Là tu ne peux plus mettre les pieds à la réserve? Plus du tout? C'est quoi les risques si tu le fais? » Le rythme de marche ralentis, pour un peu plus de concentration dans le verbal « C'est quoi la hauteur de tes dettes? Comment tu fais pour tes dépenses de vie sans bourse? » Mon regard sur toi, compatissant mais aucunement dans la pitié. C'est ta force que je suis entrain de mesurer, mon admiration qui est entrain de pousser. Et si je peux continuer d'abattre sur toi ma pluie de questions, je préfère pincer mes lèvres pour le silence, pour te laisser l'opportunité de commencer à nourrir mon intérêt sur ta personne.