J'ai repéré ta chaine youtube y'a quelques semaines. La voyance m'a toujours attiré mais j'ai pas de talents particuliers dans ce domaine. Tout juste quelques tirages de tarot, mais pas vraiment d'intuitions ou de flashs comme le possède certains médiums. Ça m'a toujours fasciné et ta personnalité me charme. T'es à la fois mystérieuse et dynamique. Sympathique aussi. Suffisamment pour que l'envie me pousse à venir te consulter. Ma vie est un vrai bordel, je suis complètement paumée et pour tout avouer, je me demande parfois si je ferai pas mieux de quitter la ville pour recommencer ailleurs. Mais je veux pas quitter Jared et je veux pas céder à cette envie de fuir. Je dois affronter les choses, faire preuve de courage et pas juste me barrer. Je sais que ce que je veux fuir se trouve à l'intérieur de moi finalement. Je suis un peu fébrile mais aussi excitée de me rendre à ton cabinet de consultation. Et en plus de te voir en vrai, je suis pas du style fan tarée mais c'est toujours drôle de voir des personnes qu'on suit en vrai. Finalement, je sonne à l'entrée, attendant que la porte s'ouvre et curieuse de voir ce que l'avenir me réserve.

Les consultations s’enchaînent et ne se ressemblent pas. En cette fin d’après-midi, c’est le nom d’une jeune femme que je caresse sur le papier de mon agenda. Qui est-elle ? Que va-t-elle me demander ? C’est le type de questions habituelles qui font augmenter le trac. Je me suis engagée dans cette voie sans vraiment avoir de dons alors il y a toujours de l’appréhension, la crainte d’être démasquée ou de ne pas satisfaire le client. Le pire dans tout ça, c’est que je commence à me plonger entièrement dans cet univers du paranormal. J’regarde des docu, je cherche de vieux bouquins dans les bibliothèques les plus morbides et j’ressens parfois des courants électriques lorsque je dialogue soit-disant avec les morts. Et si j’étais vraiment faite pour ça ? Et si c’était ma vocation ? Rallumant les bougies éteintes, je tire ensuite les rideaux pour éviter toute lumière naturelle et je repasse une couche de rouge sur mes lèvres. J’remonte aussi mon bustier gothique et me lance un baiser d’encouragement avant de descendre pour aller t’ouvrir. Postée derrière la porte, j’embrasse mon pendentif de la chance avant de découvrir la splendide créature venue me voir pour mes capacités "hors-norme". « Vous êtes Ludo ? » Que je ne fasse pas rentrer une dégénérée, même si la connaissance de ton prénom ne m’avertira pas de ton potentiel destructeur. « Je vous en prie, suivez-moi » Me décalant dans le hall minuscule, je te fais entrer dans ma baraque sur deux niveaux et grimpe les escaliers menant à mon bureau sous les combles. La pièce est décorée de sorte à se sentir dans une autre dimension. Sans tarder, je m’écroule dans mon fauteuil de velours rouge et t’indique ton siège pour te placer face à moi. « Dites moi tout très chère, vous êtes ici par pure curiosité ? »

Un peu fébrile, je réfrène une envie soudaine de tabac lorsque la porte vient s'ouvrir sur ton minois. Tu as des charmes notables en vidéo mais qui ont encore plus révélés dans la vraie vie. Aura mystérieuse et étrange, je suis un peu impressionnée de te faire face. Sourire naturel sur mes lèvres, je rétorque d'un « Oui » presque timide mais enjoué. Je me sens insignifiante mais j'ai cette aura solaire que j'ignore, et qui attire pourtant bon nombre de personnes. Lorsqu'il faut apaiser les victimes, c'est toujours moi qu'on vient appeler. Je peux à la fois être douce et sortir la blague énorme qui détendra l'atmosphère. Comme un rire tendre qu'on parsème. Je te suis à l'intérieur de la bâtisse, fascinée par l'âge des murs, par l'aura singulière qui s'en dégage. Le hall, l'escalier parle des charmes anciens. Ta pièce, c'est autre chose, elle est un peu tout ce qu'on attend de voir chez une sorcière mais elle n'est pas désagréable. Je viens m'asseoir face à toi. « Un peu oui. Je vous ai découvert sur youtube et j'étais plutôt intriguée, j'ai eu envie de vous consulter en vrai. » Mes orbes s'adoucissent, authentiques dans leurs propos. Curieuse de savoir si tu sauras lire mes failles, les épines dissimulées derrières les pétales et les fantômes qui rôdent contre la blancheur de mon échine.

L’encens brûle et dégage une odeur de patchouli. La lumière est tamisée et donne un caractère mystérieux à la pièce. Mon but n’est pas de t’envoûter, même si j’en ai l’envie. Je dois rester professionnelle et ne pas fondre devant ton sourire parfait. T’as les yeux qui parlent énormément. Une âme que l’on aurait envie d’enlacer. Si je me trompe, je voudrai quand même me brûler les ailes en t’approchant, astre lumineux. Installée dans mon fauteuil, les mains caressant le velours des accoudoirs, je ne perds pas mon temps et tire dans le mil pour atteindre la raison de ta venue. Oh, tu as consulté ma chaîne, je ne suis plus une inconnue pour toi. Tu as pu me juger et me coller certains stéréotypes, tout dépend de ta personnalité. Peut-être que tu attends le déroulement de cette séance pour me recouvrir de jugement. Qu’importe, j’ai l’habitude de plaire ou de déplaire. « J’espère ne pas vous avoir terrorisé, il y a de tout sur ma chaîne » De vrais renseignements sur le monde surnaturel, mais aussi des délires particuliers. Les sourcils qui s’élèvent en accent circonflexe, je me munis de mon jeu de tarots pour occuper mes mains atteintes de nervosité. Les cartes mélangées, je me fascine pour ta beauté naturelle et ce, avec la plus grande discrétion. « Vous êtes ici pour un défunt ou pour apercevoir votre avenir ? » À moins que ce soit la curiosité, ma personne ou un article dans le journal. Entraîne-moi dans ton monde, ne soit pas timide. « Tout ce qui sera dit ici restera confidentiel, vous pouvez me faire confiance » Tes secrets seront gardés, enfermés à double tour dans un coffre imaginaire au cadenas indestructible.

Je prends place face à toi et laisse mes prunelles s'accoutumer à la lueur plus sombre de l'endroit. Des senteurs de patchouli caressent mes narines, et mes yeux sont attirés par les cristaux reposant sur ta table, mes paumes reposent calmement contre les accoudoirs de mon assise alors que ta voix résonne dans l'atmosphère tamisée, je souris à mon tour, riant presque. « Oh non du tout au contraire, je me suis surprise à rester trois heures de suite sur votre chaîne la première fois et à enchaîner les vidéos. » Parce que je suis d'une nature curieuse, intéressée par les démarches ésotériques et spirituelles. Je ne crois pas à tout mais je suis ouverte, des faits, des gens surtout et tu avais un quelque chose qui m'avait plu. Je viens mordre mon inférieure sous l'assaut de ta question. A vraie dire, les deux penchants m'intéresse mais il y en a un plus particulièrement pour lequel je n'ai aucun don et qui a toujours attisé ma curiosité. « Contacter un défunt. » Oui. Je risque de mettre à nue là ce chagrin qui me dévaste et en même temps, je ne veux pas trop en dire pour ne pas t'influencer plus que de mesure. « J'ai confiance. » Et je n'ai rien à cacher vraiment en réalité. Mais je te fais confiance oui. J'ai peut-être tord mais c'est ainsi. Lorsque je m'offre c'est entièrement. Et c'est ainsi que mes billes viennent se reposer contre les tiennes, dans ces regards qui parlent vraiment.

La pression m’écrase la cage thoracique. Tu dois avoir des attentes. Tu t’es aussi probablement bâti une image sur moi, mais laquelle ? Est-ce que j’incarne celle d’une sorcière mystérieuse que tu voudrais connaître ou es-tu simplement ici pour un service et puis basta ? Je veux savoir. J’ai envie de savoir. En vrai, j’aimerais déjà pouvoir tout savoir de toi. Dès que je t’ai vu, tout mon être a tremblé. T’es bien pire qu’une secousse sismique. À l’échelle humaine, tu es un putain de tsunami. T’emportes probablement tout le monde sur ton chemin. Ton regard, il me branche directement sur ton canal. Moi, c’est avec toi que j’aimerais entrer en communication, pas un défunt. Je voudrais analyser les lignes de ta main et connaître ta destinée, voir si j’en fais partie ou non. Bordel, j’délire en plein jour. J’devrais sérieusement soigner mon érotomanie. Alors comme ça, tu es ici pour quelqu’un qui n’appartient plus à ce monde. « Et quel était votre lien avec cette personne ? » Je suis intriguée, oscillant entre ton regard d’un bleu glacial et tes lèvres satinées. Et si c’était toi la véritable sorcière ? Celle qui possède le sort de l’envoûtement ? Parce que moi, j’suis captivée par ta beauté si singulière. Tu dégages un truc de malade. Ton aura, elle est puissante et irradie. Et puis tu sembles aussi fragile que solide. Un doux paradoxe. « Avez-vous un objet qui lui appartenait ? Ou bien une photo ? » C’est comme ça que je fonctionne, pour que ça ait l’air vrai. Le problème, c'est que ces derniers jours, j’ai sincèrement eu l’impression d’être connectée à certaines âmes et bon sang, j'crois que je les ai ramené ici. Je les ai coincé entre deux univers, celui des vivants et des morts. Enfin bref, ce n'est probablement que le fruit de mon imagination. « Je dois ensuite vous poser une question qui n’est pas agréable, puis-je ? » Sache que mon but n’est pas de remuer le couteau dans la plaie, mais d’avoir le max d’infos pour éviter de foncer dans le faux. @Ludo Spinelli

C'est nouveau pour moi bien que je sois plutôt branchée ésotérique, je n'ai jamais tenté ce genre de communication mais tu m'inspires confiance et avec toi, je me sens prête à essayer. C'est fou l'aura que tu dégages, clairement tu as un truc. Et lorsque je te regarde, mon intuition simplement me le confirme. Je fouille mon portefeuille alors que tu me demandes une photo, glissant sur la table une petite image d'elle et moi lors de ma formation de pompier. On a quelques années de moins, mais elle a toujours cette lueur sur le visage, ce grand sourire. Tanwen, c'est Celle qui m'au sauvé des enfers, m'a redonné confiance, l'impression que je vaux quelque chose. « Elle était ma meilleure amie. » Le lien s'était tissé avec les années. On s'est accompagnées au gré des joies mais aussi des peines. « Elle était comme une sœur. » dis-je avec un léger sourire, incapable de l'évoquer sans ce mélange de joie et de tristesse, une douceur amère. Je me perds un instant dans mes pensées, quelques souvenirs en écho, incapable de me souvenir le son de sa voix, sinon qu'elle était douce, car malheureusement c'est ce qu'on oublie en premier. « Oui ? » Il est trop tard désormais pour reculer. Je dois tenter l'expérience jusqu'au bout même si mon ventre commence à se nouer.

Je plonge dans mon rôle. Boule de cristal et cartes mystérieuses. Je navigue dans les eaux troubles, à la recherche de tes secrets, ceux qui t’ont amené à me rencontrer. Sans te torturer, tu me livres la nature de ta relation avec la défunte. Elle semble vraiment triste ton histoire, de quoi remplir une bouteille de larmes. Dans ta voix, une corde se brise et transmet un mélange d’émotions assez contagieux. Je suis désolée pour toi, pour cette perte qui t’a terriblement affecté, mais je n’ai pas encore le pouvoir de ramener les morts parmi nous. Pas en chair et en os, seulement par retranscription. Je suis leur médium. Un moyen de dialoguer entre le paradis et cet enfer sur Terre. Ne souhaitant pas ajouter de l’empathie à foison, j’emprunte la voie de la franchise. Je manque de tact, j’suis au courant, ça pourrait me jouer des tours pour cette profession, mais j’ai pas envie de te prendre en pitié, pas toi. Tu sembles capable d’encaisser, combien, je l’ignore, mais je risque de le découvrir assez vite. « Je ne vais pas y aller par quatre chemins, elle est décédée de quelle manière ? » J’ai besoin de connaître ce détail, car il pourrait m’aiguiller sur la marche à suivre. Cela me permettrait aussi de savoir si son âme est partie en paix ou non. J’veux pas ramener une furie parmi nous. Je veux pas non plus réveiller un esprit malin, j’saurais pas comment gérer la chose. Alors je fais du tri dans mes clients, je l’avoue. Je choisis les mémés toute gentille ou le gendre idéal parti trop tôt. « Et toutes mes condoléances Ludo » Parce que je suis pas une pétasse sans coeur, tu es touchante, une pépite d’or au milieu d’un champ de ferraille rouillée. Je sais reconnaître la beauté d'un être, même si je cause plus aux êtres décédés.

J'ai hésité quelques instants avant de venir ici mais quand j'ai une idée en tête, elle part pas aussi facilement qu'elle est entrée dans mon esprit. Tu m'as intrigué d'abord, je me suis demandée si tu étais pas une arnaque comme on en voit tant sur internet mais à force de t'observer, j'ai déduit que tu avais un véritable talent et voilà, j'ai eu envie de franchir le cap, d'essayer. Ce qui explique que je me retrouve dans ton antre, à essayer de me connecter avec Tanwen. Je me sens fébrile, un peu apeurée et à la fois excitée. Je viens te donner quelques détails sur elle et la question que tu as à me poser viendra sans doute tout remuer. Je laisse mon regard se perdre un instant dans ces images qui me hantent bien plus que de raison, une part non négligeable de mes cauchemars. « En exercice à mes côtés, dans un incendie. » Mes yeux s'abaissent vers le bois de la table. Je peux pas croire que c'est vrai, quand j'y repense, j'ai dû mal à me dire que tout ceci est réel et que c'est juste un mauvais rêve. « C'était pourtant la plus expérimentée. » Emprisonnée par les flammes, elle s'était sacrifiée pour nous préserver, elle n'envoyait pas ses troupes pour le repérage et elle l'avait payé au prix de sa vie. Je t'observe de nouveau, une douceur forte de toi émane, t'es fascinante à ta façon et l'énergie que tu envoies m'apaise. « Merci. » Ma tête approuve alors que je garde le silence, suspendue à tes lèvres, espérant sincèrement l'eclosion de ton don dans cette atmosphère close et mystique.

Crois-moi, ce n’est pas de gaieté de coeur que je te demande ces renseignements. Mais si tu es venue ici, tu dois bien te douter que nous allons remuer le couteau dans la plaie. Bien que j’aurais envie de te ménager, je tape dans le mur, tel un bulldozer. La réponse m’apporte indirectement des indices sur la femme que tu es. Une pompier. Un soldat du feu, toi, ce bout de femme que l’on aurait tant envie de cajoler. L’émotion qui s’agrippe à ton si joli minois, je ne cesse de te fixer malgré que ton regard m’ait quitté en faveur de ma table ancienne. Je suis touchée par ton personnage, bien que tu ne sembles jouer aucun jeu. Tu es sincère et bordel, j’ai pas le droit de faiblir devant un client. Je dois maintenir la distance, un exercice terriblement périlleux lorsqu’on est face à une telle détresse. « Je vais essayer d’entrer en contact avec elle, je ne vous promets rien » Cheveux ramenés sur une épaule, je pose le bout de mes doigts sur la photographie et ferme les yeux. Profonde inspiration et je me concentre, priant pour que je puisse enfin sortir quelque chose de vrai. Plus d’une minute de profonde concentration et un flash m’extirpe de ma transe. Le souffle coupé, je te balance une question en lien avec l'image aperçue « Elle était mère ? » J’ai cru voir un enfant, un petit garçon, mais peut-être que je me trompe et qu’il ne s’agit que d’un gamin décédé qui s’est glissé parmi mes visions. « Ou alors c’est le vôtre .. » J’ai besoin de toi Ludo, de précisions, ça me permettra d’éclaircir le message. Parce que je crois que mon don existe, je ne suis pas une arnaqueuse, j'ai des pouvoirs putain.