Bien sûr que c'est pas faux, parce que je suis tout simplement la voix de la raison dans ton bordel, mais tu t'entêtes, c'est une habitude chez toi et je sais que quand c'est comme ça, je peux pas faire grand chose pour te dévier de ta route. Même Tanwen n'y arrivait pas, alors je vais certainement pas avoir cette prétention. Je reprends ma place, en retrait, sur les bancs du fond, tu sais, la fille habituée aux seconds rôles ? Ça me colle à la peau, mais je vais pas m'en apitoyer, je vais me contenter de vivre les choses à fond et de mon mieux tout simplement. Décidant que j'en avais plus que marre de cette atmosphère lourde, remplie d'incompréhensions, je viens bousculer un peu tes remparts, foutre des paillettes sur ta face défaite et ça me fait rire, juste par principe. « Parfaitement. » J'opine avec un grand sourire, toute guillerette. Prenant les rames dans mes paumes, j'attends que tu sois installé pour démarrer en laissant mon buste accompagner le mouvement, heureusement, je suis habituée à tracter des poids plus lourds que moi. « M'oblige pas à t'arroser parce que tu m'enfumes. » Mes paupières se plissent alors que je souris mais mon visage reprend un semblant de sérieux alors que diable Dwayne Rashford tente de s'ouvrir. « Vas-y, je t'écoute. » Toujours et tu le sais. Si le héro se dessine, j'en serai l'ombre du film.

C'est vrai, Tanwen était l'ancre qui m'tenait à bon port, celle qui m'empêchait d'faire les conneries et de dériver jusqu'à c'monde obscur, duquel j'pourrais peut-être pas revenir. Il y a une limite, on l'sait aussi bien l'un que l'autre. Je flirte avec depuis la nuit des temps. Malgré ça, malgré mon caractère à la con, t'arrives à m'traîner de force dans une barque, pour un tour sur le fleuve. La blague. Tu fais chier Ludo, mais j'arrive à apprécier. Ton sourire en vaut l'détour, c'est pas rien d'le dire. J'en secoue la tête, quand même, lève les yeux au ciel pour t'montrer que j'abdique sur ce coup, mais que j'en pense pas moins. " Essaie seulement et tu rentres à la nage. " et j'en affiche finalement, enfin, un sourire amusé, bien plus léger. T'as gagné, satisfaite ? J'pourrais facilement te faire basculer dans l'eau, j'trouverais même ça comique. Quoique, avec les températures, tu pourrais m'en vouloir pour de bon. J'me décide finalement à m'ouvrir, sur un projet personnel dont je n'ai encore parlé à personne, mais qui pourrait réellement m'tenir à coeur. " J'envisage de raccrocher l'uniforme. " et oui, c'est sans doute inattendu, mais tu sais aussi bien qu'moi que ce métier tend à devenir mon plus grand démon. D'une certaine façon, j'envisage d'me sauver, ou d'essayer, ce qui serait déjà pas mal je crois. " J'crois que.. Rester volontaire me suffirait. " pour faire autre chose, tu vois ? Rester avec un pied dans l'camion, parce que malgré tout, j'ai la flamme dans la peau. " J'sais pas encore comment, ou quoi exactement.. Mais j'ai envie d'remettre mon coup de crayon au goût du jour. " parce que j'adore dessiner, et que j'prends plus le temps pour ça, depuis un moment. Parce que j'avais été à Stanford dans cet optique, et que j'ai clairement ça dans l'sang. C'est une idée, peut-être stupide, ou pas; et avoir ton point d'vue sur la question me serait précieux.   

Un peu de légèreté dans nos tourments, ça ne fait pas de mal. Parce que je n'oublie pas que je suis une femme plutôt en prise aux lumières qu'aux ténèbres et qu'avec nos malheurs, les ailes s'étaient vu quelque peu rongées par le sombre, mais je n'abandonne pas. « Il en faut davantage pour me faire peur et tu le sais. » Qu'un petit fleuve dans lequel il faudrait nager. Quand bien même, l'eau est froide. Mon corps est habitué à résister contre les éléments alors je ne m'en formaliserai pas, même si pour le coup, la menace ne passera pas à exécution puisqu'il y a une chose dont tu veux me parler. Tout en actionnant les rames, je donne quelques coups supplémentaires pour donner une sorte de vitesse à la barque et suspendre mon geste pendant quelques secondes. « Ah oui ? » Je suis étonnée par ta décision mais mon intuition vient crier que c'est une bonne chose. Ce métier te ronge. Il nous ronge tous, à petit feu. Sauf que moi j'y suis condamnée. Toi c'est autre chose. « C'est une bonne idée ! » Je te souris. Même si je sais que cela ne fera que renforcer le gouffre entre nos routes, c'est le mieux pour toi. « Fais-le mieux pour toi Dwayne et suis ton envie, t'as du talent et tu mérites d'exploiter ça. » Et finalement, tu souhaites vouloir reprendre pied, reprendre le taureau par les cornes, et être là pour Jared, ce sera bien mieux qu'il risque de perdre tous ses proches dans l'exercice. « Tu comptes le faire bientôt ? » Changer de capitaine, ça me remplissait pas de joie, mais te voir évoluer, ça oui, ça en est une.

Ta lumière m'a toujours fasciné, j'dois l'admettre; mais depuis déjà quelques temps, j'ai la sensation de t'étouffer dans mes noirceurs, ou d'me brûler en étant exposé à tes élans positifs. Tu peux pas sauver quelqu'un qui veut pas d'aide Ludo, et j'ai toujours été cette fameuse personne; enfin, jusqu'à présent. " On s'fera une p'tite baignade hivernale, c'est promis. " j'aime les défis et j'sais qu'on en est capable, toi et moi. T'es une putain d'battante, à affronter les flammes la plupart du temps, et j'sais que t'auras pas peur d'une eau glaciale, tant qu'on y reste pas cent-sept ans. Mais aujourd'hui, j'veux profiter de l'instant particulier pour te confier mon projet. C'est loin d'être fait, loin d'être concret dans ma tête, mais j'sais que c'est la direction à prendre, pour m'sauver des enfers. " J'espère ! " et j'apprécie ton soutien, tu sais comme moi qu'j'ai besoin d'une porte de sortie, pour m'écarter des flammes et du reste. Avant que j'devienne la victime du métier. " Merci Ludo.. J'aimerais enseigner, aussi; j'ai besoin d'me rendre utile. De lier l'agréable à la transmission du savoir. " finalement, j'ai juste besoin d'sortir des sentiers d'mon père; ne pas reproduire ces erreurs, et offrir l'expérience aux plus jeunes. Ton point d'vue m'est forcément important, j'pense que j'aurais abandonné direct si t'avais pas validé; après tout, t'es celle qui m'connait le mieux, en dehors d'Albus. " Non, pas encore. J'dois terminer certaines choses.. Clôturer correctement l'chapitre, avant d'passer à autre chose. " et tu sais qu'j'entends par là, en finir avec le monstre. J'compte pas lâcher du jour au lendemain; j'suis encore attaché à mes fonctions et j'sais que ce serait idiot d'arrêter trop tôt. " Et toi.. T'as des projets ? " non, tu rêves pas; je m'intéresse vraiment et j'me préoccupe de ton avenir. J'ai envie d'te voir aller loin, décrocher les étoiles hors de ma portée; t'es plus forte que tu n'crois Ludo, et même si j'le dis pas.. Je le vois.  

C'est la folie qui nous manque. Dévorée par tes ombres, mais j'ai toujours su être l'étincelle à défaut d'être la flamme. Je ne peux pas nier cette caractéristique tenace qui s'offre à mes traits. Je ne lâche rien. Et je ne lâcherai jamais. « Chiche ? » Sourire envoyé avec provocation. Il ne faut pas me lancer sur ce genre de sujet car une eau trop glacée n'a jamais été le genre de choses à me faire reculer. Concentrée sur le mouvement des rames, je laisse mon regard s'accrocher, se répandre entre le calme du paysage, le tumulte plus urbain et éloigné, ton regard et le son de ta voix. « Tu seras un bon enseignant, tout comme tu es un bon capitaine. » Tu n'as pas à remercier, ce sont tes propres qualités, je suis juste suffisamment objective pour savoir les souligner. Et je suis heureuse de te voir reprendre un peu de l'allant, même si oui, une partie de moi est aussi soulagée de ne pas te voir abandonner les choses de suite. Je reste un peu égoïste dans l'histoire. « Tu veux le retrouver n'est-ce pas ? » Et on sait parfaitement de quoi on parle tous les deux. Clôturer le chapitre Tanwen pour de bon, histoire de pouvoir prendre un nouveau départ. Sans elle. Et sans moi également. Place au reste. Et je vais pas t'en vouloir, de désirer déployer tes propres ailes, parce qu'à mes yeux, c'est aussi ça l'amour. « Trouver un équilibre déjà, ce sera pas mal. Quitter le métier, je pense que ce sera jamais possible avec mes antécédents, même si j'imagine que je pourrai pas faire ça éternellement. » J'aime aider les gens, secourir, l'adrénaline provoquée par les interventions, mais le corps vieillit, le mental s'use à côtoyer la misère humaine. Alors, je ne sais pas ce que je deviendrai par la suite, mais je veux déjà être heureuse avec ce que j'ai.

On a pas terminé, toi et moi. J'ai peut-être imposé certaines limites, mais ça n'empêche pas l'affection que j'te porte d'être réelle. Et profonde. J'ai toujours envie d'te pousser dans des défis stupides et inutiles, quoique assez drôles sur l'instant. S'baigner dans un fleuve en plein hiver ? Pourquoi pas. " Chiche, bien sûr. " aucune gêne à parier là-dessus; on affronte les flammes, on peut aussi gérer l'froid. J'en profite pour te glisser l'ébauche d'un projet, loin d'être finalisé mais en bonne réflexion, une alternative pour peut-être, pour m'défaire des griffes de ce putain d'enfer. " Je l'espère. " j'suis plutôt le connard de service en règle générale; ça m'pose pas de problème en caserne mais les choses sont différentes en école. Enfin, j'quitte pas mes fonctions pour l'heure, mon temps n'est pas encore terminé. Il m'reste des dossiers à boucler, et la sensation que l'heure de laisser la veste au casier n'est pas encore venue. " J'vais le retrouver. Pas seulement pour Tan', mais aussi pour les autres. " les anonymes passés et ceux à venir. Il faut en finir, et la prison n'sera jamais suffisante pour le faire payer. C'est sa vie, que j'dois ôter. Qu'on puisse aller de l'avant, toi et moi. " J'vais voir c'que je peux faire pour la partie antécédents. On va trouver une solution, dans l'cas ou tu voudrais changer de voie. " j'suis qu'un capitaine parmi tant d'autres, mais j'ai une grande gueule et j'hésiterais pas à l'ouvrir pour défendre c'qui est juste. Tu mérites pas d'être punie à vie pour une erreur de jeunesse. " Viens là. " dis-je en ouvrant mes bras. Laisse le courant nous porter, profite de l'instant tel qu'il est. Qu'on soit heureux ensembles et maintenant, parce que l'instant présent est c'qu'il y a de plus précieux.  

Lumière qui vient se glisser dans un sourire, de ceux que j'offre au monde sans arrière-pensée, une joie pure et simple qui vient me transcender. « Evidemment. » tu n'es pas de ceux qui résisteraient pour une petite histoire d'eau glacée. Et le pire c'est qu'on est tous les deux suffisamment stupides pour faire ce genre de trucs. « Sois en sûr. » Ma tête s'affirme alors que mon regard te conforte tandis que mes mains actionnent toujours les tiges boisées dans un mouvement circulaire et régulier. Souffle dosé par l'effort, que j'entreprends sans trop en souffrir, l'avantage de l'exercice, d'accabler le corps à toujours plus de charge. « Je peux pas te dissuader de ça. Fais juste attention de pas te faire prendre. » Parce que tu seras pas utile à Jared derrière des barreaux, il a déjà plus qu'un parent. Mais je te comprends tellement de vouloir empêcher de nuire ce barge. C'est pas l'envie qui me manque, mais c'est aussi pour le petit que je reste à l'écart. Au cas où. L'accord est tacite entre nous. « Je sais pas trop comment tu pourrais faire mais bon... J'aime le métier quand même. Et au pire quand je serai cramée, je vendrai des fleurs... » Mon regard se perd sur la rive, s'attachant à un marchand ambulant au loin, épaules haussées dans un sourire. « Ou de hot-dogs. » Pour une végétarienne ce serait le comble mais au moins, pas de risque je pique dans la marchandise. Mes mains suspendues dans la contemplation, je laisse mon regard se percuter au tien. Ta demande. Je pourrais la refuser, parce qu'elle me brisera toujours un peu. Mais c'est aussi ça aimer. Savoir renoncer. Pour le bonheur de l'autre. Corps qui vient se hisser, presque accroupie, je rejoins ton banc, en me posant avec délicatesse, laissant mes bras entourer ta taille.

J'ai envie d'croire qu'on saura oublier, le temps d'un après-midi, ou même d'une heure, qu'on a encore un paquet d'soucis à régler. J'imagine sans mal l'instant léger, les rires et c'putain de froid qui mord la peau; pour autant, j'suis certain qu'on en sortirait heureux, à l'image de deux gosses insouciants. Moustache blonde épousant la forme de mon sourire, j'me prends à réellement apprécier l'instant, à m'dire que ce tour de barque n'était pas une si mauvaise idée. T'as le truc Ludo, pour égayer l'quotidien des autres; c'est un don inestimable que j'arrive à apprécier, parfois. " J'dois vaincre mes démons, ou les accepter.. Avant d'pouvoir envisager d'offrir un quelconque savoir à autrui. " et j'apprécie ta confiance, sans faille et presque trop bonne pour moi; parce qu'on sait tous deux qu'il faut être en paix avec soi-même pour réellement s'ouvrir aux autres. J'y crois, tu le vois ? Ou du moins, j'veux y croire. Il reste une ombre majeure au tableau. " Promis. " et je mesure mes paroles. J'ai pas envie d'moisir à l'ombre et de te voir débarquer avec Jared, tous les six mois de l'année pour la visite au pénitencier. Mais, dans l'cas où ça devrait arriver, je sais qu'le petit restera entre de bonnes mains. Les meilleures qui existent: les tiennes. " J'ai une grande gueule et de bons arguments. S'il y a bien une personne pour laquelle je sortirais les griffes, c'est toi. Que t'aimes le métier est une chose, mais qu'tu veuilles voir à long-terme est compréhensible aussi. " parfois, il faut savoir s'arrêter. J'le sais, parce que j'm'en rends compte aussi. On a beau aimer ce qu'on fait, ce métier nous impose énormément. Sourire amusé à ta remarque, j'secoue la tête parce qu'on sait toi et moi que ça arrivera pas. Tu finiras pas derrière un stand de hot-dogs. " J'te vois plutôt.. Paraméd. Ou assistante sociale. Avocate pour la défense des jeunes en détention. " parce que t'as les moyens d'être douée dans l'ensemble de ces secteurs. J'suis sincère, et j'crois vraiment que tu pourrais aider le monde, sans mettre ta santé en danger. Propositon mal formulée d'ma part, toujours aussi brute dans la tournure des phrases; qu'importe sur ce coup, puisque tu acceptes d'me rejoindre. J'ai envie qu'on renoue, et si j'suis pas capable d'mettre des mots dessus, je tente maladroitement d'le faire avec les gestes. Lèvres déposées contre ta chevelure, j'me laisse aller à fermer les yeux, appréciant le moment simple, entre clapotis du fleuve et environnement citadin. " Si on renverse la barque, j'en prends la responsabilité. " rien n'pourrait venir ternir cette journée, pas même un détour dans l'eau gelée.