En effet, ton rapport avec le café semble dépasser l'entendement commun. Personnellement, j'y accorde pas grande importance. Une tasse reste une tasse. Café vanille, caramel, sans sucre ou corsé, ça change que dalle à ma vie. Mais puisque tu invites, puisque t'as une relation particulière avec la boisson, j'accepte d'y prêter une certaine attention. On va dire que j'le savoure, peut-être plus qu'en temps normal, même si au fond, à mon sens, ça reste foutrement banal. " Faudrait surtout pas sous-estimer l'café, visiblement. " une remarque pertinente peut-être, mais pas vraiment sérieuse. J'trouve ça assez comique, mais qui suis-je pour juger après tout ? Le type qui fume aussi bien qu'il respire; alors chacun son addiction, pour faire simple.

J'attendais une confession gênante, et j'dois dire qu'une nouvelle fois, t'es plutôt surprenante. J'en fronce les sourcils, à chercher l'détail que j'aurais manqué, une phrase mal interprétée, n'importe quoi pour m'faire comprendre à quel moment j'suis censé me marrer. Perdre ton premier patient, ça implique un rôle particulier, logiquement. Je t'imagine interne, infirmière, médecin; quoi qu'il en soit, une personne censée ramener la vie sur l'droit chemin, comme ça, par un talent détenu entre tes mains. Et j'comprends ton sentiment, parce que j'partage ce même poids sur les épaules; tu sais, celui des âmes perdues, celles qui y sont restées. Les fantômes disparaissent pas, on apprend seulement à vivre avec. Resté silencieux, attentif à cette suite presque palpitante, j'en viens à m'passer une main dans les cheveux, à m'demander à quel moment c'est possible d'en coller une à un psy'. Tu remarqueras sans mal qu'j'ai pas vraiment l'habitude de rire, c'est tout juste si j'pousse un soupir amusé; pour autant, j'dois reconnaitre que ton récit est pour l'moins atypique, avec un côté assez touchant au final. " J'ai déjà cogné un collègue, pour faire pire qu'les canards. " par frustration et non par plaisir. Mais j'crois que c'est simplement normal, dans n'importe quel travail. " Docteur Foster, le plaisir était pour moi. " et j'en relève ma tasse, conscient qu'ce moment touche à sa fin. J'vais rester là, quelques minutes de plus, avant d'songer à rentrer. Avant d'retrouver mon fils. Maintenant qu'les présentations sont faites, j'veux croire qu'on se reverra. Un jour, ici ou là-bas.