Cela me semble naturel de te demander si l'amour s'est épanoui entre vous. Je ne pense pas Miller capable d'une telle prouesse mais il peut avoir cette folie, cette étincelle qui favorise l'attache. Et je te sais aussi capable de voir le meilleur chez chacun. Après tout, tu es bien parvenue à t'attacher à moi. « Je vois, je comprends oui. » Sourire furtif. Cet homme m'agaçait autant qu'il m'amusait finalement, bien que je me sois gardé de lui dire. Cela me paraît évident. « Pourquoi avait-il besoin d'une chose pareille ? » Sourcil qui se hausse, il y a des choses que je ne comprendrai jamais. Des domaines dans lesquels je reste incompétent, tout simplement. Mon regard s'attarde sur tes traits à la fois doux et forts. Tu ignores ta propre force. « Mais voyons Taylor, tu possèdes toute une armée, pourquoi chercher un bouclier ? » Tu es bien plus puissante que je ne peux l'être ou des abrutis comme Trent. C'est cette confiance en toi, que tu dois aller chercher. Tu viens me questionner sur le pourquoi. Pourquoi je ne suis pas capable de t'aimer, de te donner ce que tu mérites naturellement ? Je suis juste capable de t'aimer à ma manière, mais si la brèche est ouverte, j'ai bien trop peur d'affronter d'autres démons. Je n'ai jamais appris à me reposer sur d'autres et la seule fois que je l'ai fait, j'ai faillit me perdre pour de bon. Je ne m'en suis toujours pas relevé et je ne suis pas certain d'être capable. Je ne veux pas que tu subisses un essai de plus, tout simplement. Mes billes se posent sur les tiennes lorsque tu viens me répondre avec aplomb. « Non tu n'es pas détruite mais tu mérites une personne solide. » Pas qui t'aspireras dans ses abysses. « Je t'aime plus que bien voyons. » Je n'ai même pas besoin de mentir, l'aveu est clair pour moi. Je me rapproche, insidieusement, comme pour répondre à ce besoin de t'observer de plus près de comprendre. Phalanges qui viennent passer sur une tes mèches obsidiennes, paumes qui viennent t'entourer, de cette proximité qu'on s'est toujours refusé, une question me taraude. « Qu'est-ce que tu cherches Taylor? » Orbes qui s'abaissent pour se confronter au miroir. Est-ce la solitude qui te hante au point d'incliner tes mérites pour mes ombres ? Ou bien est-ce autre chose ?

Je n'aurais pas plus d'explications concernant ce choix étrange de fiançailles. J'en suis étonné mais ça vous appartient alors je ne creuserai pas davantage si tu ne veux pas t'étendre sur le sujet. Je n'ai pas pour habitude d'avoir une curiosité mal placée, moi-même je n'aime pas qu'on aille creuser trop loin lorsque cela me concerne. Je m'effare néanmoins de te sentir si peu valable, tu as bien plus de force que tu ne le penses et attendre d'un autre qu'il te la donne, c'est peine perdue quand toi seule possède la ressource. « Je ne t'en blâme pas, ce sont tes choix. » Bien que je ne ferai nullement les mêmes, tu as sans doute tes raisons et mon seul regret est de te voir en souffrir aujourd'hui. A trop vouloir éloigner les prétendants, tu en as sans doute regretté le principal, à savoir lui. Prise dans ton propre jeu.

Et puisque tu viens me demander pourquoi je n'en suis pas, je viens t'expliquer ce que je ressens, en toute transparence car tu la mérites. Je ne veux pas que tu penses que c'est de ta faute, bien au contraire, c'est parce que tu es précieuse à mes yeux que je ne tente pas de me persuader d'être capable pour ces choses là. Je viens provoquer davantage, de ce jeu insidieux que tu fais naître entre nous. Peut-être que l'idée t'effleure, car je suis un homme attrayant c'est une certitude et tu es une femme magnétique également. Mais lorsque les démons approchent, je reste persuadée que ta raison prendra le relais, et je ne vais m'en plaindre. C'est sans doute mieux pour nous deux, surtout pour notre amitié. Je souris à ta réponse, penchant la tête de côté. « C'est vrai. » C'était ta première demande et puis la conversation a quelque peu dérapé. « Au moins un domaine dans lequel on débute tous les deux. » Elèves studieux et appliqués, jamais les cours ne se sont passés de notre présence. « Je ne mérite personne. » dis-je tout simplement, honnête avec toi une fois de plus. « J'ai tout simplement accepté d'être perdu. » La vérité est là, je ne cherche même plus à me trouver, ni même à chercher un quelconque échappatoire. « Pour ça, on est deux également. » Substance qui nous aide à tenir des gardes bien trop longues. Je viens prendre ton bras, en avançant et te glissant un regard de côté. « A nous l'école buissonnière. » Rictus qui vient peindre mon marbre avant que mes yeux se brouillent d'incertitude. « Attends on est censés faire quoi lorsqu'on fait ce genre de choses ? » Je ne sais même pas pourquoi s'enfuyaient les étudiants de certains cours et quel intérêt ils y trouvent.