Je ne suis pas comme ça, enfin je l’étais, mais j’ai oublié un peu comment ça fonctionne, comment on fait, puis tu vois, je sais que ça peut faire mal, de déconner. Alors cette danse, je m’en persuade, qu’elle est mal avisée. Parce que si Trent se pointait… J’en perdrais ma capacité à parler. Même s’il n’y a rien de mal à danser, sauf lorsqu’on est engagé, que ce soit faux, ou vrai. Et toi ? Toi là, avec ta belle gueule, ta tristesse, limpide, au cœur d’une nuit d’ivresse. T’as pas besoin de ça, t’as pas besoin de ça. " Hm... C'est à toi de dire ce qu'il me faut ? " Je suis docteur, tu le sais, n’est-ce pas ?

Et l’arrogance dans ses gestes, alors qu’il me rapproche et que je me déteste. " Si j'ai envie de t'embrasser, je le ferais et je m'en fiche que tu aies un certain âge. Ce n'est pas l'âge, ni les origines, ni le genre, ni le statut social qui empêcheraient ça... " J’en crache un sourire, tilte sur la façon dont il a dit ça, mon certain âge, mes origines, c’est bien, il a listé les clichés. Mais qu’il fasse attention, paraît que je sais piquer. Et quand il reprend, il achève en train de rigoler. " J'attends justement ton consentement..." Tout à son honneur, je ne peux pas le nier. Et ça me fait sourire, alors que ça ne le devrait pas. Tu ne comprends pas ? Il y a déjà beaucoup trop de bordel autour de moi. « Riley… » souffle un peu, à peu près.

Mais il y a l’alcool, dans mon esprit ça ne tourne pas rond, ça dégringole et je me retourne guider par tes paumes, " Dansons... " qu’il murmure contre ma peau. De cette bouche qui effleure le cou, qui cherche à reconnaître le goût. Seulement je le vois le scénario, j’arrive à le lire, et ça beaucoup trop. Il a beau faire semblant, il peut jouer les ignorants, il y a déjà trop de barrières qui ont été dépassées, des limites qu’il ne faut pas éradiquer. Pour son bien, mais surtout le mien. Et mes doigts qui viennent sur les siens, qui accrochent pour qu’il ne prenne pas l’emprise, et ça me grise. Tourne sur moi-même pour m’éloigner, une faible distance de sécurité, le regarde, une seconde de trop, je m’égare. « Arrête. » Parce que je ne veux pas, me donner en spectacle comme ça. Parce que les circonstances de notre rencontre ne vont pas. « Je t’ai dit, » je souris, « je ne suis pas une petite étudiante. » une idiote que tu lèveras en étant ce mec charmeur. Tu vois, je fais partie de celles qui préfèrent connaître ce qu’il se trame dans les cœurs. J’ai changé, depuis qu’on a emporté le mien à l’armée, depuis qu’il s’est brisé. « Mais ça aurait pu être une belle soirée. » Avec de si... Un jour, peut-être, qui sait. Paraît qu’il n’est pas conseillé de dire jamais.  

Ce n’est pas aussi simple, ou devrais-je dire ce n’est plus aussi simple. Il y a quelques mois, pourquoi pas, mais aujourd’hui, je ne peux pas. Parce qu’il y a déjà bien trop de bordel en mon intérieur, que je survie malgré le fait que l’on m’a brisé le cœur. Et qu’il y a d’autres personnes impliquées, de celles qui comptent plus qu’elles ne le devraient. Et toi, toi t’es pas en état. Ce n’est pas à tes épaules de supporter ce qui en moi ne tourne pas. Mais si je lui dise en un sens aurevoir, il s’accroche toujours à mes mains, à retourner contre son corps, et je trouve toujours que ce n’est pas la meilleure des idées, je n’en démords. " c'est une belle soirée, je te traite pas comme une étudiante. Je lâche juste prise. J'ai fait ce qui me fait plaisir... " Sauf que moi ça m’enlise, et que ça rendrait mon quotidien pire. Et dans ma vie, il n’y a que très peu de place pour, justement, le plaisir. " Et toi... qu'est-ce qui te ferait vraiment plaisir ? " Lâcher prise, ça semble bien. Il est enivrant ce besoin. Bien que le faire ce serait prendre un risque auquel je ne veux pas me confronter. Et tu vois, j’ai fait des promesses devant lesquelles je ne peux pas flancher. J’ai promis à Trent, oralement, officiellement, et Jasper, à l’inverse silencieusement. Et j’ai déjà assez déconné, je suis loin de la parfaite fiancée.
Alors à lui ? Je ne peux pas lui faire ça. L’équation est déjà assez étriquée comme ça.

Et je reste taciturne, j’en ferme même les yeux, partagée entre tout ce que je fais, que je pourrais faire et ce que je veux. " Je suis désolé de t'avoir touché... On peut continuer danser ? " T’es mignon, tu sais, à toujours demander. Je pourrais même croire que tu te soucies réellement de ce que je peux éprouver. Mais lui et moi, on n’est pas en train de simplement danser, ce n’est pas comme si on pouvait, à ce point, se fourvoyer. Sa paume qui effleure ma mâchoire, je n’ai pas déjà précisé que c’est de la folie cette histoire ? Et moi, la folie, en règle générale, je la fuis. Je suis douée pour m’enfuir, ça oui. « Non. » Et j’espère qu’il entend le désolé qui se trouve dans mon ton. On ne peut pas continuer à danser, parce qu’il y a cette ambiance lascive qui s’est imposée. Que je suis de presque huit ans son ainée, que je le sais triste et brisé, et que je ne suis pas le pansement approprié. Pourtant dieu sait que j’aime les réparer, les personnes abîmées. « Je devrais retourner à ma cabine. » pour une tentative de faire le tri, dans mes émotions, pour ne pas perdre le contrôle de la situation. « On se recroisera. » Un jour peut-être, je sais pas. Je veux puis je ne veux pas. Je ne sais pas me décider. J'ai jamais su tu sais. Mais c'est plus par la positive que je suis, ce soir, inspirée. Si tu restes dans les parages, parce que l’été, il n’est pas fini, n’est-ce pas ?