son chauffage venait de lâcher.
dolly avait tenté par tous les moyens de le réparer mais orson allait arriver incessamment sous peu.
son frigidaire comportait le tiramisu qu'elle avait concocté mais en attendant,
elle n'arrivait pas à faire marcher ce foutu chauffage.
dolly portait une robe pull qui lui arrivait sous les fesses et des collants couleurs chairs,
sans chaussures.
cependant, elle venait de nettoyer tout son appartement et laissait une odeur de brise océanique qui était juste là en fond.
son lecteur vinyle faisait tourner du verdi et elle redressait le tableau italien qu'elle avait dérobé quelques jours auparavant.
bon.
plus qu'à attendre orson désormais.
et qu'elle trouve un moyen de se réchauffer autre qu'avec des plaids.
la température était descendue à 19°C.

Impatient, Orson était impatient. Plusieurs jours qu’il fréquentait Dolly, qu’ils se voyaient dès qu’ils le pouvaient. Relation naissante mais qui allait vite. L’effervescence des moments passés ensemble prenait le pas sur la raison. Peut-être qu’ils allaient trop vite ? Et si leur relation allait s’épuiser aussi vite qu’elle s’était embrasée ? Ces questions terrassaient Orson. Avec Dolly, ils étaient dans leur cocon, et il voulait que ça dure.

En arrivant chez la jeune femme, il amène avec lui de quoi cuisiner, parce que c’était la promesse qu’il lui avait faite. « Bonsoir Dolly » dit-il dès qu’elle ouvrit la porte avant de se jeter à ses lèvres. « Ça fait longtemps … » . Quarante-huit heures, mais en ressentit cela équivalait à une éternité. Il regarde autour de lui, curieux. « C’est sympa chez vous, c’est … froid » constate-t-il lorsqu’il enleva son manteau.

quelques sons musicaux parcouraient les murs de son appartement,
il ressemblait plus à un vieux loft remis à neuf pour donner un côté vintage,
et c'est orson qui sauta à ses lèvres, et cette sensation lui avait manqué.
une éternité sans les sentir, sans se rappeler de leurs goûts,
elle aurait voulu y rester accroché jusqu'à s'endormir.
elle récupérait alors le plat pour aller le mettre un peu plus loin,
sur son ilot central, et dolly récupérait le manteau d'orson pour aller l'accrocher un peu plus loin.
mon chauffage m'a lâché tout à l'heure, et les réparateurs ne sont pas disponibles avant demain !
elle frottait son bras, et le bout de son nez qui était, lui, gelé.
dolly retournait vers le plat pour le regarder et observer la prouesse culinaire d'orson.
ça a l'air incroyablement bon ! même froid, il dégageait des odeurs tout à fait succulentes.
comment doit-on le réchauffer ? au four ? au gaz ?

Si Dolly attendait d’Orson qu’il remplisse le cliché de l’homme moderne, celui capable de réparer une fuite ou un chauffage en rade, elle se trompait. Orson n’était pas un manuel, loin de là. « Et je ne peux pas vous aider navré » , il força un sourire. Tant pis, elle aurait bien un plaid à lui prêter le temps de la soirée. Il s’approcha ensuite du plan de travail pour venir se positionner dans le dos de la rousse. « Canard à l’orange. Vous me direz si vous aimez, c’est une recette de ma mère » continua le musicien en sortant le plat de son sac. « Mieux vaut le réchauffer au four, a thermostat moyen pour qu’il ne chauffe pas trop vite » . Il sorti ensuite une bouteille de vin rouge de son sac, « ça nous laissera le temps de boire un peu. J’ai trouvé ça chez un caviste » , et il n’avait aucune idée de ce que ça valait. Il n’avait fait que suivre les conseils d’un professionnel.

Prenant ses aises, le musicien ouvrit un placard au hasard, celui où il devinait trouver les verres. « Je vous sers Dolly ? » demanda Orson en débouchant la bouteille.

tant pis, ce soir, ils mourraient de froid.
c'était la première fois qu'orson pénétrait dans son appartement, et il ferait le tour du propriétaire bien assez tôt,
pour l'instant, il s'installait dans son dos et elle prit légèrement appui sur lui,
les lèvres d'orson qui parlait dans l'creux d'oreille de dolly, elle aurait pu fondre en l'instant.
puis, sans réellement bouger, en contournant dolly de ses bras, il s'exécutait pour sortir le plat et ainsi donner les instructions,
à contre coeur, elle dut se libérer de cette cuillère verticale pour allumer le four et ainsi y insérer le plat.
elle mit le minuteur sur une vingtaine de minute, le temps qu'il se chauffe même à l'intérieur.
je suis sûre que ça va être succulent. un sourire sincère.

orson proposait alors du vin et dolly, qui s'y connaissait un peu,
prit la bouteille entre ses doigts pour y lire les étiquettes,
elle hochait la tête, assez impressionné du choix qu'orson avait fait.
elle était persuadée qu'il se marierait parfaitement bien avec le canard à l'orange.
oui, je veux bien je vous remercie.
il avait pris le contrôle de la situation, sans se gêner de fouiller ses placards.
de toute façon, ceux qui contenait des objets... problématiques, il n'y aurait pas accès, même s'il essayait.

de ses pas de velours, elle allait récupérer quelques olives vertes et noires pour les poser sur la table, au centre,
vol de baiser,
puis elle prit le verre entre ses doigts.
à quoi trinquons nous ?
à nous serait profondément égocentrique.
elle levait les yeux au ciel, pour réfléchir à une formulation.
je propose que nous trinquions simplement à ce lui qui validera le choix du film.

elle fronçait le nez, le sourire coquin, joueur.

Orson prit place à table, du côté du four pour pouvoir se lever et vérifier la cuisson si nécessaire. Il tendit les doigts pour attraper une olive, avant de tendre son verre vers celui de Dolly. Le musicien la regarda porter un toast, clignant des yeux. Un léger moment d’absence, il dut se répéter la phrase plusieurs fois pour tenter de mettre les mots dans le bon ordre, pourtant il n’avait rien bu encore. « Je préfère qu’on trinque à nous » . De toute façon, tout ce qui comptait ce soir-là, c’était eux et la passion qu’ils entretenaient. « Parce que le reste n’a pas d’importance » .

Il regarda autour de lui. L’appartement était à l’image de sa propriétaire. « J’aime beaucoup chez vous. L’appartement vous ressemble » dit-il ensuite. Et c’était assez remarquable, un appartement avec une personnalité. En y repansant, celui qu’il occupait ressemblait à n’importe quel autre appart fait en série. « Je crois que j’aurai besoin de vos capacités d’aménagement pour chez moi » continua-t-il en souriant. A ces mots, il se leva alors pour vérifier la cuisson de son poulet, revenant quelques instants plus tard. « Si votre problème de chauffage persiste, laissez votre four ouvert. Avec la puissance qu’il a, vous pourrez vous promener en bikini dans la soirée » dit-il joueur, non sans avoir l’image en tête. « c’est bientôt prêt sinon » .

alors ils trinqueraient à eux.
l'égoïsme, ça lui va bien à dolly. elle donnerait l'illusion d'une politicienne démocrate,
elle n'était qu'autocratique.
pour l'instant, c'était la danse douce-amère d'infiltration dans la vie politique du pays.
alors elle lève son verre, cheers, et elle boit une gorgée,
la langue qui glisse sur les lèvres pour en goûter le nectar.

elle suit orson du regard quand il se lève et... elle pourrait y prendre goût,
à ça.
à ce qu'orson lui propose, là.
je serais ravie de vous aider. mais... j'ai engagé une décoratrice d'intérieure pour ça.
celle de feu son mari.
l'argent kennedy utilisé à bon escient, évidemment.
dolly se redressait, vu qu'elle s'était assise sur le table,
et elle retombait sur ses pieds pour tendre la main à orson.

à défaut de me balader en bikin, je vous propose de danser !
un coup d'oeil vers le four.
il nous reste six minutes de cuisson.
direction la plateforme vinyle, ses doigts de fée cherchent alors la chanson parfaite.

est-ce que vous savez valser ? sourire qui s'affiche,
elle tape dans les classiques, espère une réponse positive.

Aimanté par Dolly, Orson s'approcha d'elle. Assise sur la table, la jeune femme était à sa hauteur, alors il pourrait la tenir dans ses bras en attendant le signal sonore du four. « Non, je ne sais pas valser », alors que les premières notes s'échappaient du lecteur vinyle, faisant basculer l'atmosphère de la pièce en quelque chose de plus léger, suspendu dans l'air à la manière d'une note qu'on ferait durer. « Je ne suis pas un bon danseur », euphémisme, Orson ne savait pas danser. Pourtant musicien et homme de rythme, la danse ne l'avait attiré.

Mais il se laissa faire, docile aux idées de Dolly, parce qu'il serait prêt à faire n'importe quoi si cela lui lui permettait d'être aux côtés de la rousse. « Il va falloir que vous m'appreniez... J'espère que vous ne craignez pas trop pour vos pieds», prévient-il, sentent l'accident arriver à grands pas. Face à elle, le musicien tendit le bras pour saisir la jeune femme à la taille. Son autre main attrapa la poigne de Dolly alors que le regard du professeur se plantait dans celui de sa partenaire. « et maintenant ?» À gauche ? À droite ?

la main de dolly se pose sur l'épaule d'orson comme une plume.
un, deux, trois, un, deux, trois...

elle prend le lead de la danse, menant les pas où elle le souhaitait,
en espérant qu'orson suive.
mais il lui marchait sur les pieds, il tournait dans le mauvais sens,
et ça la faisait éclater de rire et elle le laissait chercher ses mots.
ne vous inquiétez pas, si c'est la première fois...
c'est normal !

dolly trainait orson dans la grande pièce, ses pieds nus qui se faisaient écraser de temps en temps.
elle reculait légèrement pour éviter de perdre ses orteils.
ding.
mais j'crois que nous allons manger,
mes orteils ne vous remercie pas, monsieur morrow ! qu'elle pointe un doigt accusateur, mais très rieur.

elle se dirige vers le four et mets un gant.
le plat sorti, elle le pose sur la table en soufflant sur ses mains,
le gant avait un trou et ça lui avait un peu brûlé la main mais elle s'en moquait.
ça la réchauffait.

l'odeur est... mmmh... divine.
j'en salive déjà ! elle louchait presque sur le plat tant elle avait faim,
et elle finit par mettre les assiettes et couverts devant un,
rajoutant une bougie pour le charme de la jolie table.

qui vous a appris à cuisiner comme ça ?

Ces quelques pas de danse – les premiers pour Orson qui ne maîtrisait pas la valse – avaient été catastrophiques. Les pieds du musicien s’étaient aventurés sur ceux de Dolly, et Orson passa son temps à s’excuser. « Oui mangeons » , impatient de faire autre chose. « Eh je vous avais prévenu Dolly, mais j’aurai au moins pu enlever mes chaussures » peut-être qu’elle aurait eu moins mal, bien qu’il ne se soit pas appuyé de tout son poids non plus.

A table, Orson mangeait lentement, plus occupé à parler et à reluquer son hôte. « C’est ma mère qui m’a appris. La meilleure cuisinière que je connaisse » dit-il. « C’est grâce à elle que j’ai prit goût à la cuisine » continua le musicien entre deux bouchées. « Et croyez-moi, ce que vous avez dans votre assiette n’arrive même pas à la cheville de ce qu’elle fait ! » Orson était comme un enfant adulant les prouesses de sa mère.

Repu, le musicien poussa légèrement l’assiette, signe qu’il avait terminé de manger. Il tendit le bras vers la bouteille de rouge, il en restait. Orson servit ensuite deux verres, avant de relever les yeux vers son amante. « Je pense que je vais attendre un peu avant votre tiramisu, j’ai l’impression que si je mange encore, je vais exploser » .