un instant. elle s'autorise une seconde de faiblesse, de vulnérabilité, elle s'autorise, surtout, à céder à ce que lui souffle son instinct (( pour ne pas mentionner un autre organe supposé mort )) plutôt que sa raison. poupée en transe, elle se perd dans l'attraction irrésistible qu'exerce seongho sur elle. évidence qu'elle peine de plus en plus à rejeter à l'arrière de ses pensées. et pourtant, alors qu'elle ouvre une porte, qu'elle tend une main et s'offre cette faiblesse envers lui, c'est le corps qui se dérobe, la libère. hébétée. les excuses qui lui parviennent comme un murmure lointain, poupée sonnée. les dents viennent s'accrocher à sa lèvre inférieure. le regard baissé sur ses genoux. ❝ je vois. tu.. ok. t'as raison. — qu'est-ce que tu crois, yiren ? elle passe une main sur son visage, ravale la déception qu'elle-même ne comprend pas. tu t'attendais à quoi ? à céder à l'enfant naïve, elle espérait quoi ? les jambes basculent sur le côté du canapé. à se redresser sur ses deux jambes, le feu aux joues, bouteille de bière qu'elle récupère pour aller à la cuisine la jeter. ❝ de toutes façons il faut que j'y aille. — elle ne prend même pas la peine de chercher une excuse valable. elle a ce sentiment qu'il n'en demandera pas. la gêne est si forte qu'elle pourrait presque être palpable. elle abandonne son assiette dans le lave vaisselle, se dérobe en direction de sa veste et de la porte. sans un mot.

La gorge nouée peine à faire passer le regret dont il est pris désormais. Il serre et desserre le poing, agacé par sa propre imbécillité à toujours vouloir trop bien faire. À croire que se protéger l'aidera à avancer. Et maintenant, elle veut partir sa reine. Il se demande si elle reviendra, si elle lui en veut. Sûrement qu'elle ne comprend pas que l'envie soit réciproque et pourtant avortée. Elle veut partir et il ne se voit pas la retenir. Il fixe l'écran, la fin du film est proche. Tout comme la fin de cette soirée. Il va se retrouver seul, encore. Un mot, peut être qu'elle restera. Un geste, peut être qu'elle ne partira pas. Pourtant, il ne dit rien, la voit passer derrière dans le reflet de l'écran durant une scène sombre. La laisser partir c'est ce qu'il y a de mieux. Pour elle, surtout. « Ne me laisse pas sans nouvelle Yiren... » Qu'il lâche avant qu'elle ne franchisse la porte. Parce qu'il ne supporterait pas de ne plus la voir, ne plus passer du temps avec elle. Il ferme les yeux, soupire légèrement avant de passer une main sur son visage. Il éteint la télé et s'allonge à l'endroit où elle se trouvait. Comme à son habitude, c'est ici qu'il passera la nuit.

la veste glisse sur ses épaules, pourtant elle a froid. n'ose plus lever les yeux vers lui. tourmentée plus que de raison, pourtant elle tente de garder une expression neutre, yiren. enfile son écharpe avant de traverser le salon en direction de ses chaussures et de la porte extérieure. silence de plomb, jusqu'à ce qu'il le brise. lèvres pincées, elle termine de mettre ses chaussures avant de se redresser. tourner les yeux vers lui. ❝ ne t'inquiète pas. — quand bien même le voudrait-elle, elle a ce sentiment que ce sera difficilement faisable. ❝ bonne soirée, seongho. — et sans un mot de plus elle s'évade, ouvre la porte pour prendre le chemin du retour et des draps froids de son appartement. avec une semaine qui s'annonce longue.