Il fut un temps où j'aurais dit que les confidences sont pour les faibles, qu'elles ne règlent aucun problèmes et ne devraient jamais tomber entre certaines mains. Après tout, le savoir c'est le pouvoir. Pourtant, mes précieuses certitudes viennent de se prendre un sérieux coup dans les rotules alors que je m'étends sur ce qui fait actuellement ma vie : ma cécité grandissante. Elsie reste silencieuse durant toute ma confession, se contentant, à la fin, d'être désolée. Pourquoi ? que je lance d'une voix abattue, sans amertume ni reproche. Tu n'y es pour rien... On peut accuser quelqu'un nous ayant blessé de tous les maux de la terre, impossible dire que ma maladie est la faute de qui que ce soit. Pas même de la mienne, d'ailleurs... cette saloperie frappe au hasard, sans crier gare, sans se soucier de qui ou de comment. Je soupire de plus belle, sentant mes yeux me brûler si fort que plusieurs larmes s'en écoulent. Je les efface d'un revers de manche en quatrième vitesse, mettant de côté ce petit accès de faiblesse pour se concentrer sur le sujet essentiel : ma petite sœur. Je ne pouvais pas la laisser seule à Boston, alors je l'ai emmenée ici. Elle a sa chambre, mais je dois être là pour ma poupée... demain c'est l'anniversaire de la mort de notre mère et en ce moment elle est super perturbée. J'en connais un autre, mais je tais l'information. Cette période merdique pèse aussi lourd sur mon moral, mes réactions. Elle me rend mauvais... Je ne sais même pas pourquoi je t'ai dit tout ça... ni pourquoi j'en ai dit autant... Subitement je prends mon visage entre mes mains. C'est trop. Je ne pleure pas, j'évacue la pression qui pèse telle une tonne contre mes épaules pourtant robustes.

@Simba J. Dumbledore Certes que t'y es pour rien, lui non plus d'ailleurs ; personne sauf cette chienne de vie qui l'a aujourd'hui prise pour cible. Pourtant ça ne t'empêche pas d'être désolée, de ressentir la peine et le mal avec lui, ou du moins pour lui. Tu l'exprimes à voix haute, souffles doucement en secouant les épaules lorsqu'il te retorques quelques mots. Et si toi t'as pu te sentir secouée, brutalisée par la vie depuis l'an dernier, tu réalises finalement que c'est différent, mais qu'il a bien plus que bavé que toi. Dans une certaine mesure à cause de toi d'ailleurs, et ça te fait encore affreusement mal, t'as envie de t'enterrer six pieds sous terre alors. Son visage perdu dans les paumes de ses mains, ses quelques derniers mots qui resonnent encore en toi, aux antipodes du ton qu'il adoptait, ne serait-ce qu'il y a quelques instants encore. "t'en avais surement besoin. sur que ce matin en te réveillant, ja-mais t'aurais pensé que ça aurait été avec moi mais…" tu pinces les lèvres, prends une grande inspiration "je sais que… ça n'a rien à voir, on n'a plus rien à voir avec… avant." nouvelle pause pour tenter de poser ta voix encore beaucoup trop fébrile "mais ça veut pas dire que je suis complétement indifférente à ce qu'il t'arrive, ni à toi, ni à Bree d'ailleurs." Doucement tu déposes tes mains sur le lit, de par et d'autre de tes cuisses avant de finalement te redresser. "je veux pas que Bree t'attente trop longtemps toute seule à cause de moi…" Tu fais quelques pas en arrière, t'apprêtes à sortir, à le laisser pour qu'il puisse aller retrouver sa petite merveille et prends une grande inspiration pour finalement terminer "je ne dirais rien à personne que tu ne veux pas, tu peux avoir confiance en moi." et cette fois s'il redresse le visage il le verra. Tes pupilles qui crient vérité, qui crient "crois-moi", qui crient laisse moi être là, juste au moins et peut être pour la toute dernière fois.

fin du rp