Je crois encore que j'aimerais être ailleurs. J'imagine Brianna m'attendre en serrant son doudou avec angoisse, et cette même peur me vrille les tripes. Voilà que je suis pathétiquement en train de reprocher les erreurs d'Elsie pour la millième fois, alors qu'il n'existe plus aucune trace de confiance entre elle et moi. Laisse béton. Ce sont pas tes excuses que je cherche, là. Et c'est vrai. Je n'ai aucune envie de la voir se tordre ou se mettre à genoux de malaise. Je ne suis pas cruel au point de chercher, une fois encore, à remuer le couteau dans la plaie encore béante. Il faut que j'avance. Pour Bree. Pour moi-même. Je te propose qu'on essaye de s'arranger et toi tout ce que tu trouves à penser, c'est que ça me fait chier ? El, bordel de merde... Y'avait pas de lignes à lire là : je te le proposait, si ça m'emmerdait tant que ça je me serais barré sans même t'adresser la parole ! J'aurais pu ajouter qu'elle me connaissait mieux que ça... mais non. Elsie ne me connaissait plus depuis une paye, et je n'ai plus rien du type que j'étais autrefois, à Denver. J'ai l'air de déconner ? Seuls les cons ne changent jamais d'avis. Harvard c'est mon opportunité à moi, point final. Qu'elle digère ou pas l'information ne pendant que d'elle.

@Simba J. Dumbledore Tes excuses, il les a entendues plusieurs fois pourtant tu le sais très bien, tu le connais, il ne les a jamais accepté. Il t'en veux énormément, encore aujourd'hui, il n'a pas accepté ni tes excuses ni tes remords ; mais honnêtement, qui pourrait l'en blâmer ? En situation inverse, surement que tu aurais vu les choses de la même manière, même si toi t'aurais vécu la désillusion de la trahison, lui en plus est en train d'en expérimenté la fierté… Il a toujours eu cette fierté, ce caractère de feu, qu'il n'avait pas au début mais qu'il a adopté au fil des années et t'as autant aimé ça à l'époque que tu le détestes maintenant. Car le tien de caractère il n'a pas vraiment bougé, pour ça qu'à cet instant tu te sens chétive comme jamais auparavant et avec qui que ce soit d'autre. "ok c'est bon, j'ai pensé bien faire, maintenant arrête !" ta voix se brise encore, tu soupires longuement, réalisant au fil des secondes l'énorme baffe que t'es en train de te prendre dans la figure "donc je t'ai tanné pendant des mois pour que tu acceptes qu'on y aille ensemble, et au final tu y était à la même rentrée que moi, c'est ça que t'es en train de me dire… ?"

Suis-je désolé de mon propre comportement ? Non. Elsie me connaît suffisamment - ou me connaissait, tout du moins - pour savoir qu'une fois ma confiance brisée, cette dernière est impossible à retrouver. Quels qu'aient été nos problèmes lors de cette dernière année de couple... rien ne pouvait décemment justifier ses photos. A croire que de mon côté aussi, je m'étais leurré dans les grandes largeurs en pensant la connaître. Cette innocence manifeste demeurait en réalité une façade. Une plaisanterie. Un pur mensonge. Mais en signe de rédition, je lève les mains avant de soupirer. Mais c'est qu'elle mordrait ! Voilà quelque chose que je murmure davantage pour moi-même que pour l'assistance, puisque Elsie semble bloquée sur ma présence à Harvard en tant qu'étudiant. Pas franchement un scoop de mon point de vue mais il semblerait que si. Disons que j'ai mes raisons d'être ici. De bonnes raisons, j'entends. Mais je ne vois pas bien en quoi ça te choque... ce n'est pas comme si ma vie actuelle t'intéressait, si ? Donc ouais, scoop de l'année : je suis en médecine à Harvard. C'est bon tu vas te remettre ou faut que je te fasse une tisane ? Je viens de faire tomber mon portefeuille sur le sol sans faire gaffe, et je grommelle. Bien ma veine... je suis incapable de le discerner sur le sol, trop sombre face au cuir de l'objet. Je me baisse... et commence à tâtonner. Fallait bien que ça m'arrive, tiens...

@Simba J. Dumbledore Désormais t'arrives plus à penser à quoi que ce soit d'autre. C'est comme la plus grande désillusion du monde que tu te prends en pleine figure. Et t'as besoin de comprendre. T'as besoin de ses mots pour tenter de calmer tes maux. Alors c'est donc vrai, il est arrivé à Harvard presque en même temps que toi, juste après l'incident photos. Est-ce qu'il t'avais menti lorsqu'il te disait qu'il ne voulait pas s'y inscrire ? Est-ce qu'à ce moment là déjà il avait envoyé son dossier derrière ton dos ? T'as l'impression d'être face à un inconnu. Un inconnu qui prend les traits et la voix de la personne que t'as le plus aimé au monde… Ca te fait froid dans le dos, t'es pas bien et ta lèvre supérieure tremble légèrement lorsque tu réponds "bien sur que ça m'intéresse. tu sais très bien que je rêvais d'harvard pour nous deux… mais depuis beaucoup de choses ont chang…" Piquée au vif par la brutalité de ses mots, tu prends un coup de sang et tes joues se colorent légèrement de rouge "si c'est pour continuer à me parler comme ça, tu peux partir tout de suite !" Tu mets quelques secondes à comprendre et voir qu'il a fait tomber son portefeuille au sol, trop prise par les ressentiments et le choc de cette nouvelle ; pourtant tu fronces doucement les sourcils lorsque tu le vois galérer à le ramasser. Sans contrôler ni même penser à ce que t'es en train de faire, tu lâches un nouveau soupir et approches pour te pencher, ramasser le portefeuille et le lui coller dans les mains. Est-ce qu'il a fumé comme un dingue à peine arrivé au spring break qu'il a les pupilles si dilatées qu'il n'y voit plus très clair ? T'en sais rien et t'imagines que tu ne le saurais jamais car t'es pas foutue de le regarder en face.

A vrai dire, ce n'est même pas la peine que je fasse un effort pour être -presque- aimable. Elsie joue les rebelles, et bien que ça vaille son pesant de cacahuète en plomb, ça ne m'amuse pas des masses. Au contraire, je crois que si j'étais déjà irrité par la situation, je le suis plus encore maintenant. T'en rêvais aussi quand t'as fait tes putain de photos ? Voilà, c'est lancé. Dans le genre mesquin on a rarement fait mieux mais il n'empêche que le mot “nous” dans sa bouche m'horripile. Je ne sais pas si elle est de nouveau avec quelqu'un et pour être totalement honnête je m'en contrefous... je crois que je préfère encore qu'elle laisse le passé où il est. Aussi, comme pour faire preuve de bonne foi, je hausse les épaules. Je ne vais pas m'excuser d'être celui que je suis aujourd'hui ; après tout, ma vie m'a rendu ainsi, mais je n'envenime pas les choses, Elsie devrait donc arrêter de jouer les vierges effarouchées. En revanche, alors que je galère à trouver mon portefeuille, elle se décide à jouer les bons samaritains et me le colle dans les mains. Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir lui faire mon air assassin numéro trente-trois bis... ça me démange ! Pas besoin de ta pitié que je murmure en soupirant de plus belle, avant que mon téléphone ne sonne. L'indication vocale - installée par Bree elle-même - énonce de façon criarde un appel de ma petite sœur. Je décroche aussitôt, évidemment. Tout va bien princesse ?! Aaaah bon tu m'as foutu la trouille ! Ouais, bien sûr que tu peux louer la Reine des Neiges. J'arrive le mater avec toi dans pas long... ouiiii je te promets que je fais attention à bousculer personne. Toi tu bouges pas, d'accord ? A tout de suite. Je raccroche - grâce à la fonction vocale encore une fois - et je cherche dans mes affaires le cadeau que j'ai prévu pour Bree. Je crois que j'ai presque oublié la présence d'Elsie avec tout ça. Sans quoi je n'aurais pas lâché autant d'infos sur ma maladie sans faire gaffe... Pourquoi je l'ai pas emballé putain ? Le bruit du papier aurait été plus simple à...

@Simba J. Dumbledore C'est juste une belle illusion, ce "nous deux". Il le sait, tu le sais, et déjà presque un an avant la rupture vous le saviez tous les deux déjà. Mais personne n'avais jamais osé quitter l'autre, jusque ce que tu ailles beaucoup trop loin. Par habitude ? Par peur de perdre le ou la première et celui qui avait le plus compté ? T'en sais rien et maintenant toutes ces questions devraient être dérisoires pourtant étrangement elles comptent encore pour toi. Tu décides de ne pas répondre lorsqu'il te parle des photos, mords dans ta lèvre inférieure, regardes ailleurs en refoulant un sanglot. Tu récupères son portefeuille et le lui glisse entre les mains, prenant soin inconsciemment de ne pas faire rencontrer vos doigts, mais prends un battement au cœur lorsque tu entends la voix de Bree en haut parleur de l'autre côté du téléphone lorsqu'il décroche. Sur le coup, le fait qu'il utilise la fonction Siri pour décrocher et raccrocher ne te choque pas plus que ça, c'est surtout ses mots après… "pourquoi t'aurais eu besoin du bruit du papier… ?" Tu sais ce que t'es en train de le faire, tu le sais clairement et t'en en train de le faire. Attraper le premier sujet qui passe pour tenter d'oublier le choc et la violence de la nouvelle de sa venue à Boston…

En temps normal je me détesterais d'être ainsi hargneux, mauvais, injuste. Mais nous ne sommes pas en temps normal. Mon esprit est rivé sur ma petite sœur de cinq ans, seule dans une chambre d'hôtel, dans une ville qu'elle ne connaît pas. A l'heure actuelle, seule Bree compte. Tout ce qui m'empêche de prendre soin d'elle est à dégager le plus vite possible, en faisant fi de tout le reste... la bienséance, la gentillesse, l'altruisme, tout. Tout ce qui me caractérisait, il fut un temps. Je crois même que, pendant un dixième de seconde je pense envoyer définitivement Elsie sur les roses au moment où elle pose la question que je redoute plus que tout ; pourquoi. Ce mot, je pensais l'avoir banni à jamais de mon vocabulaire mais il me gonfle encore et encore, à revenir à la charge sans crier gare. Parce que je ne peux pas le voir sinon. Mon aveu sonne comme le dernier mot d'un condamné. Un soupire s'échappe de mes lèvres alors que je délaisse mon sac de voyage un instant. Je te devine là d'où tu es mais je ne suis pas capable de savoir la couleur de tes vêtements, ni comment tu es coiffée. Au nom de je ne sais quel principe à la mords-moi le nœud je suis honnête et prends même une voix plutôt douce. Aux antipodes de celle que j'ai utilisée il n'y a pas cinq minutes. Je déglutis, pas certain d'avoir eu raison sur ce coup-là. Mais autant dire que ce silence me vrille les tempes, me bouleverse dans tout mon être.

@Simba J. Dumbledore Clairement tu t'attendais à tout sauf à ça. A cet aveux qu'au début tu ne comprends pas, avant qu'il ne te submerge comme un raz-de-marée. Comme il y a quelques instants, comme quand il t'a balancé à la figure aussi froidement que lui aussi était à Harvard, et depuis des mois déjà. A tout moment tu aurais pu le croiser au hasard sur le camps ou dans une soirée étudiante… mais bref, ton esprit est désormais bien concentré sur un tout autre sujet. Il laisse finalement son sac tomber sur le sol, et c'est seulement le bruit de ce dernier qui s'écrase sur la moquette que tu sursautes légèrement avant de remonter ton regard vers son visage. Pour la première fois il regarde dans ta direction. Pour la première fois depuis le début de cet échange plus qu'houleux. Tu mords ta lèvre, tiens le silence alors que des explications un peu plus claires arrivent alors. Le silence est lourd, il s'étire et enfin tu trouves la force de faire un pas de plus en avant, même si plusieurs mètres vous s'éparent encore. Ta voix est plus douce, monte plus dans les aigues sous l'émotion qui la prend "qu'est ce qu'il s'est passé ?" quelle maladie a pu touché cet être qui au fond, ne le mérite absolument pas ?

hj : mdrrr faut s'accrocher avec sim

Contrairement à la croyance populaire, je n'ai aucune envie de me pencher sur ma petite personne et me plaindre des heures durant. Non. Je crois que si j'ai avoué la vérité, c'est quelque part pour expliquer ma présence ici, ma façon odieuse de réagir. On ne passe pas d'un type à une tête à claques sur le retour sans raison objective... en tout cas pas dans mon cas. J'entends d'ici Elsie faire un pas, un seul dans ma direction, manifestement désireuse d'en savoir davantage. Je pensais que ma pseudo confession suffirait, mais je me leurrais dans les grandes largeurs... bêtement je lâche un petit rire. Aucune trace de moquerie ou de cynisme, non. Juste l'un de ses rires que l'on lâche afin de laisser retomber la pression, afin de ne pas exploser. Si je croyais au karma, je dirais que dans une autre vie j'ai dû faire des trucs bien dégueulasses pour obtenir ce résultat ! Mais non. Mes deux nerfs optiques sont attaqués par une maladie dont je vais t'épargner le nom ronflant... Curieusement, aucune colère ne transparaît. Je m'asseois sur le lit, abattu, avant de lever des yeux d'un vert brillant à l'attention d'Elsie. D'ici quelques mois je serai aveugle. Je sais que je n'ai rien le droit de demander après m'être comporté comme un parfait enfoiré, mais... je te demande de ne le dire à personne. On me retirerait la garde de Bree instantanément... Ça non plus, Elsie ne le savait pas. La mort de ma mère, la condamnation de mon père, le procès... mais ça, elle n'est pas censé le savoir. Quand bien même tilterait-elle sur le fait que j'ai la garde de ma petite sœur...

@Simba J. Dumbledore Tu sens qu'il regrette d'avoir parlé trop vite, tu le sais même. Car tu le connais encore, et de vieux souvenirs remontent lorsqu'il échappe un petit rire, celui qu'il échappait toujours lorsqu'il s'apprêtait à dire quelque chose qui compte ou qui pouvait le mettre mal à l'aise. La franchise avec laquelle il s'exprime te prend encore de court, même si des deux c'est celui qui a toujours été le plus vite droit au but. Tandis que toi t'étais prise de timidité, de peur et de d'appréhension lorsqu'il s'agissait de sujets plus sérieux. "oh…" tu souffles doucement avant de faire un pas de plus, juste au moment où il s'assoit sur le lit et lève enfin le visage vers toi. Vos regards se croisent, et t'as peine à croire que quelque chose d'aussi affreux est en train de lui arriver… Toi aussi t'as besoin de t'asseoir, beaucoup trop prise du choc de la nouvelle en en silence va sur le lit à côté de lui, prenant soin de ne pas t'approcher non plus afin de ne pas empiéter dans son espace vital. "je suis vraiment désolé…" t'as pas envie de lui demander si les choses vont pouvoir s'arranger car il vient de répondre à ta question sans même s'en rendre compte, tu sens l'émotion monter dans tes yeux, une larme silencieuse rouler sur ta joue alors que par instinct ta main va vers lui comme pour un provoquer un geste de soutien, mais ton avant-bras finis par retomber mollement sur ta cuisse lorsque tu réalises que t'as le droit, t'as plus le droit de faire ça. "où est Bree ?" et c'est quoi cette histoire de garde, alors comme ça il aurait gagné le procès contre son père ? T'as envie de poser la question mais tu ne le fais pas, pas tant qu'il serait encore en mesure d'entendre le sanglot dans ta voix, encore trop complétement sonnée par tout ce raz-de-marée d'émotions contradictoires.