Je me mets à rire. Elle est folle cette nana. Je retiens sa main. Je ne couche pas avec une femme complètement alcoolisée. Alors, on va attendre gentiment que tu récupères pour que tu sois suffisamment apte pour rentrer. Je ne sais pas ce que tu as fait mais clairement, t'as fait de la merde là. Bref, je vais chercher tes clés et conduire. Je me les pele là.

Les mots viennent mais ne s'enregistrent pas. « hm, kassim, restes là s'il te plait, on a pas fini tous les deux... » Mes yeux s'ouvrent mais je ne me rends pas compte que je suis sortie de ma somnolence. Je me sens encore dans mon rêve. Je grimpe jusqu'aux épaules, auxquelles je m'aggripe avant de tenter de voler un baiser à Kassim, je le manque et ma tête s'écrase contre le torse. « hmm... t'es trop grand... pourquoi je peux pas ? hein ??? Tu as trouvé quelqu'un d'autre qui baise mieux ? Non, je veux pas... j'aime quand tu es très cochon avec moi, tu es beau quand tu te déchaines, Kassiimm... » dis-je en frottant ma joue contre son torse, le tenant contre moi. L'alcool fait un sacré ravage...

J'éclate littéralement de rire. Ca me faisait rire autant que ça me faisait de la peine, de comprendre qu'elle se sentait en rivalité avec d'autres. Bon, peut-être un mais il n'avait mon coeur comme elle l'avait. Je l'éloigne de moi, la remettant dans son lit. Arrete de bouger Cha, on doit rentrer, on va tomber malade. Et tu ne veux pas me voir malade. Je dois le faire deux fois, avant qu'elle accepte de se coucher. J'en profite pour fouiller partout, jusqu'à trouver ses clés. Je cherche des grosses cordes, dans l'espoir d'y accrocher ma becane. Mais en vain. J'appelle un pote pour qu'il vienne la chercher, hors de questions que j'abandonne mes femmes ici.

Je ne me laisse pas faire, j'ai pas envie... « mais euh... laisses moi te tripoter » je me laisse mettre dans le van sans ménagement, je fais une grimace boudeuse. Je le regarde passer un appel et lorsqu'il finit, je saute pour serrer contre moi. Lorsque le froid me glace, je me rends compte que ce n'est plus un rêve. J'ai l'impression de désaouler soudainement. « C'est... réel ? » je recule et me renverse dans le van. ça commence à tourner dans ma tête et je sors du van à temps, quelques mètres et je me tiens au poteau du parking pour vomir mes tripes. Je me sens minable... et en plus, Kassim est là... j'enrage... envers moi-même.

Retour à la réalité pour la demoiselle. Je grimace et vient lui tenir les cheveux pour qu'elle puisse dégueuler sa soirée sur le bitume. Je détourne le visage pour ne pas trop savoir ce qui s'est passé. Puis, je la laisse le temps de chercher une bouteille d'eau que je lui tends. Je me remercie mon pote quand il arrive quelques temps après. On va vite rentrer et tu vas aller te reposer. Je prends le volant quand tout le monde est prêt. Et je fais quand même un détour pour acheter de quoi faire à manger. Avec une recette que je savais faire. Puis on rentre enfin à mon appartement. Je te revaudrais ça. Dis-je à mon ami, le remerciant chaudement. J'attrape ma demoiselle pour la porter et rentrer rapidement. Pieds au sol, pour ouvrir ma porte et on rentre. Je n'ai pas de baignoire mais une douche, te fera le plus grand bien. Et je vais commencer à cuisiner également. Je vais te chercher un pull et un short.

Je me laisse guider par Kassim, je n'ai pas la tête à réfléchir. Et puis, un sentiment de honte m'envahit depuis que j'ai refait surface. Je n'ose pas regarder Kassim même si je lui obéis au doigt et à l'oeil. J'acquiesce lorsqu'il me parle de la douche et me dépêche d'aller à l'intérieur de la salle de bain. Sous le jet d'eau, je sais que les larmes ont coulés mais j'espère qu'elles seront cachées. je déteste ne rien comprendre aux relations. j'ai tellement couru après ma recherche d'identité que j'en ai négligé ma relation avec les autres... et avec Kassim, je ne sais pas quoi faire... et en même temps, je n'ai pas la force d'en parler... En sortant de la douche, je m'enferme dans les serviettes de Kassim avant de m'asseoir dans un coin de la salle de bain. J'ai pas la force de l'affronter...

Pendant qu'elle se lave, je m'attelle à confectionner un petit potage, histoire de la rechauffer et lui remplir le ventre. Je fais aussi des frites et des entrecotes au cas, elle aurait la foi de manger davantage. Je m'attele consciencieusement à la confection du premier plat, pour savoir comment on allait aboder ce qui s'etait passé. Avec Quinn, ça ne m'aurait pas surpris mais Charlotte, je sais pas du tout quoi en passer. Après tout, c'est une femme libre, qu'avais-je à dire ?

J'attrape mon pantalon pour en sortir mon téléphone. Il ne reste pas beaucoup de batterie mais suffisamment pour envoyer un SMS à Kassim : " Je vais rester dans la salle de bain ". Puis je vais enfiler le pull et le short qu'il m'a donné. j'essaie ensuite de retirer cette odeur de vomi dans ma bouche en passant successivement du bain de bouche. Je me regarde dans le miroir et lâche un profond soupir...

Je lis son message. Elle se fout de ma gueule ? Je suis partagée entre l'engueuler, parce que je cuisine jamais et qu'elle vient de niquer mes efforts et la laisser faire pour emerger tranquillement. Je relache la cuillère en bois dans l'évier, j'éteins le feu et echoue dans le canapé.

J'inspire et j'expire. Je vais devoir l'affronter, même si le coeur n'y est pas. Je fais un pas en dehors de la salle de bain, regardant autour de moi. Sur la pointe de pieds, je tente une sortie mais l'odeur de la nourriture m'attire. Je me rapproche de la marmite où il y a une soupe et constate qu'il s'est lancé dans un festin, qu'il m'attendait. Je fais une petite moue avant de me dire que je pourrais manger quelque chose. Je vole une cuillère et tente une lampée de soupe. « Aie c'est chauuuuud » dis-je en lâchant la cuillère. Grillée.