SOMEONE TO STAY — scénario funeste derrière ses grands yeux noirs, l'impression soudaine qu'il n'y a pas d'issue à tout ça. comment pourrait-elle retrouver sa soeur ? personne ne sait où sont passés les disparus. personne ne sait pourquoi ils ont disparu. et les pires histoires se racontent derrière la tête brune, poupée qui imagine le corps d'ozalee sans vie, abandonné au milieu de débris. sanglots qui redoublent, secouent les épaules, mordent la peau. elle est seule, adhara. et si ça ne l'a jamais dérangée jusque maintenant, étoile indépendante qui aime briller sans être touchée par les autres, voilà qu'elle craque. cède sous le poids des émotions, s'effondre devant jaehwa. et qu'importe. qu'importe qu'il la voie comme ça. elle est chez elle, ce soir, et elle avait besoin de se laisser emporter par les affres pathétiques de son coeur brisé. poupée cassé. qu'il la laisse là, la prenne pour une folle à lier. non, qu'il reste. elle a besoin de quelqu'un à qui s'accrocher. les pas s'approchent, s'arrêtent. voix qui s'élève dans un ordre qu'il lui intime avec force : arrête. elle peut pas, dee. elle a pas de contrôle sur ça, jae, tu sais pas qu'elle pleure jamais addie. ignore de quelle façade elle se pare depuis l'adolescence, pour ne laisser personne l'atteindre comme lorsqu'elle n'était qu'une petite fille. bras serrés autour de son propre corps, position prostrée, elle secoue la tête, dee. marionnette dénuée de self-control, poupée qui gémit. « je.. » peux pas. les mots meurent, étouffés par une nouvelle crise de larmes. elle manque d'air, adhara. elle suffoque, porte une main à son coeur, à sa gorge. ça fait mal.

et la seconde suivante, le vide.

poupée redressée, les yeux grand ouverts, sanglots étouffés par la bouche écrasée contre la sienne. et jaehwa, qui l'enlace, qui l'embrasse, qui l'apaise. tremblements qui cessent dans un premier temps, quand la paume fragile s'accroche à l'épaule, y plante ses ongles. elle ferme les yeux, addie, elle se laisse aller. s'abandonne au baiser, au goût de leurs larmes entremêlées. myocarde en veille. figé. qu'est-ce que c'est que ça ? la poupée s'accroche, plus fort. ignore la morsure du verre sur sa paume, sur ses jambes, anesthésiée, elle ne voit plus que jaehwa, adhara. et quand il la relâche, il supplie, sirène qui plonge, tout droit au fond de ses opales noires, cristallisées par les larmes. arrête. la cage thoracique s'abaisse et se lève, souffle qu'elle peine à retrouver, poupée figée. déroutée. les pensées sont annihilées, incohérentes, gamine déroutée. porte sa paume à la joue du brun, où des larmes (( les siennes ? celles d'adhara ? )) ont commencé à sécher.

lui aussi, il a mal.
il a mal et elle ne voyait juste pas.

et y a moins d'urgence (( plus de désespoir )) quand elle approche à son tour sa bouche de celle de jaehwa. caresse des lippes, délicate, comme une étreinte silencieuse, une requête soufflée sans un mot. une impression de déjà vu, à l'abri d'un taxi, à l'autre bout du monde. sauf qu'elle recule pas cette fois adhara. « pardonne-moi.. » de n'avoir pensé qu'à elle et sa douleur. de ne pas avoir su voir la tienne. d'être égoïste comme à chaque fois, même là, alors qu'elle revient chercher ta bouche contre la sienne.