Nuit du 20 au 21 Octobre.

Échoué seul dans mon lit, je ne parvenais guère à trouver le sommeil. Encore une fois. Comme tous ces derniers jours. Je n’étais pas foutu de fermer les yeux et de profiter de quelques heures d’absence. Je n’étais pas fichu de trouver le répit dans ces nuits sombres. Non… Ces nuits trop noires venaient me bouffer un peu plus l’âme comblant ma tête d’images désastreuses et mordant un peu trop au sein de mon cœur si déchiqueté. Ce soir encore, j’étais allongé dans mon lit et je fixais le plafond sans être capable de me laisser aller. Je n’en avais pas très envie de toute manière. Les cauchemars étaient beaucoup trop effrayants. Je me doutais qu’ils le seraient encore plus ce soir après tout ce qu’il s’était passé. Il y avait eu cette battue au sein de la forêt. Cette battue qui ne m’avait pas permis de retrouver Mio Amore ou les autres disparus. Dix-huit personnes semblaient s’être envolées. Dix-huit personnes et j’en connaissais trop. Bien évidemment il y avait Lukas. Mais, il y avait aussi Nixon, Alexander et Calliopé. Comment étais-je censé tenir le coup en apprenant que quatre de mes proches – bon même si Calli’ n’était que la colocataire de Summer et que je ne l’avais croisée que quelques fois – n’étaient plus là ? Ce n’était humainement pas faisable. Certainement pas pour moi. Je savais aussi qu’Hugo et Rosalia avaient disparus. Je ne les connaissais pas plus que ça. Je les avais simplement croisé, mais c’était suffisant pour tordre un peu plus désagréablement mon ventre. Levant ma main droite devant moi, j’agitais doucement les doigts grognant sous la douleur qui se réveillait. J’avais craqué ce soir. Mon poing avait fini par s’abattre sur le miroir de ma salle de bain. L’envie de me faire du mal avait fini par prendre le dessus de façon trop incontrôlable et si forte. Elle s’était invitée suite à ce moment passé avec Ulrik. Ce moment qui me poussait à me sentir comme un monstre. Soupirant, je tournais encore une fois dans mon lit sans pour autant fermer les yeux. Non. Je ne voulais pas prendre le risque de partir dans l’Enfer. Je ne voulais plus dormir. Je voulais simplement que tout change. Je voulais juste que les choses redeviennent belles.

Aujourd’hui nous étions le vingt-quatre Décembre et une tradition s’était instaurée chez nous depuis quelques années déjà. Chaque veille de Noël, mon petit-ami Lukas m’embarquait au sein de son rituel de réveillon direction l’orchestre symphonique. Il avait toujours fait ça. Il désirait continuer à faire ça. Et moi… Moi je le suivais avec le plus grand des plaisirs au sein de cette soirée magique. Je me souvenais encore de la première fois qu’il m’avait emmené avec lui. L’émerveillement avait été le maître mot de cette soirée de découverte. Je m’étais senti si bien de passer cette soirée magique aux côtés de l’homme que j’aimais. Voir son sourire heureux… N’être qu’avec lui… Profiter de cette musique enchanteresse… Passer le reste de la soirée juste tous les deux à flâner avant de rentrer pour s’offrir nos cadeaux et passer des heures à faire l’amour… Ouais, c’était toujours comme ça. Alors, j’acceptais d’y retourner avec plaisir à chaque fois comme un rendez-vous immanquable qu’on attendait impatiemment chaque année. Dans mon agenda, le soir du vingt-quatre Décembre était bloqué et réservé à Lukas jusqu’à la fin de mes jours. C’était son soir. C’était notre soir. C’était notre moment à nous. Perdu dans mes pensées, je sursautais soudainement lorsque la voix de Mio Amore parvenait à mes oreilles. Il cherchait à savoir si j’étais prêt parce qu’on allait être en retard. Automatiquement, mon regard se relevait sur l’horloge dans ma chambre… Dans notre chambre en fait parce que je vivais avec Lukas maintenant. Soupirant en remarquant l’heure et notre retard, je m’empressais de baragouiner un « J’arrive… J’arrive… » quand bien même je n’étais pas encore prêt. Laissant tomber les pilules dans ma main, je lâchais la serviette accrochée à mes hanches pour gagner du temps et je me dirigeais vers la bouteille d’eau trônant sur ma table de nuit. Enfournant les médicaments dans ma bouche, je les avalais sans rechigner. J’en avais besoin. Il y avait de quoi m’aider à gérer mon trouble bien évidemment parce que j’avais fini par consulter un psychologue et par être diagnostiqué avec un traitement correct à suivre chaque jour. Mais, ce soir, il y avait aussi de quoi effacer la douleur. Une douleur que je cachais à mon copain depuis la veille. Je ne voulais pas l’inquiéter. Je ne voulais pas gâcher cette soirée. Cependant, hier, en sortant du boulot, il s’était passé quelque chose. Je ne me souvenais plus très bien de comment les choses s’étaient déroulées. Je ne parvenais plus à y voir clair comme si un voile flou s’imposait dans ma tête. Il y avait eu une bagarre… C’était tout ce dont je me souvenais. Est-ce que je l’avais commencé ? Est-ce que j’avais essayé de l’arrêter ? Est-ce que j’étais la victime ? Est-ce que j’étais l’agresseur ? Je n’avais pas le moindres souvenirs. En revanche, mon corps en avait lui. Rien sur le visage fort heureusement. Rien que Lukas n’avait vu puisque j’avais fait attention ces dernières vingt-quatre heures trouvant toujours une façon de le distraire et de l’empêcher de voir l’horreur. Quelques bleus parsemaient mes jambes et ça ce n’était pas grave qu’il le voit étant donné ma maladresse qu’il connaissait si bien. Cependant, deux gros hématomes se trouvaient sur le haut de mon corps : un sur mes côtes à gauche, l’autre sur mon ventre à droite. Et putain que c’était douloureux. Soufflant un coup pour calmer la douleur, je finissais par attraper le boxer posé sur le lit prêt de mon costume. Tandis que je l’enfilais, j’entendais mon copain débarquer dans la chambre. Je me tendais aussitôt alors que la question tombait de la bouche si pressée de Mio Amore. Haussant simplement les épaules, je me retournais à peine vers lui en soufflant un « Je m’habille mon cœur » Ouais c’était plutôt logique et c’était bel et bien ce que je faisais. Sourire amusé aux lèvres, je me tournais de nouveau vers mes vêtements attrapant la chemise que je m’empressais de boutonner de mes doigts tremblants. Une fois qu’elle fut boutonnée jusqu’en haut, je m’approchais de Mio Amore pour piquer sa cigarette. Tirant dessus une fois, je fis un pas supplémentaire qui me rapprochait un peu trop de mon copain et me permettait de ravir ses lèvres pour un doux baiser. Un baiser qui, malgré moi, s’enflammait bien vite faisant augmenter la température de la pièce. Ma main libre se posait sur la hanche de mon petit-ami avant de glisser vers ses fesses pour le rapprocher plus de moi. Ma langue jouait avec la sienne comme la toute première fois. Mais, soudainement, je m’éloignais à bout de souffle avec un sourire heureux et amusé. Tout contre les lèvres de Mio Amore, je soufflais « File démarrer la moto ou attraper un taxi si tu préfères, j’suis prêt dans cinq minutes. » C’était la vérité. Il ne me restait qu’à enfile le reste de mon costume et donner un rapide coup de peigne dans mes cheveux un peu trop longs. Sans Lukas, cinq minutes suffisaient. Avec lui, ça risquait de devenir des heures parce que j’allais avoir envie de le déshabiller et de lui faire l’amour tant il était renversant dans son costume. Comme toujours. Replaçant la cigarette entre les lèvres de mon copain, je déposais mes lèvres sur sa joue avant de rejoindre son oreille pour murmurer « Au fait... Tu es magnifique Mio Amore ! »  Sourire aux lèvres, je m’éloignais finalement de cet homme que j’aimais tant pour terminer ma préparation. Lui tournant le dos, j’attrapais le pantalon que je devais enfiler et je fermais les yeux un bref instant pour me donner le courage de supporter la douleur.

Saviez-vous ce que ça faisait de nager dans le flou le plus total ? Saviez-vous ce que ça faisait de chuter au sein d’un océan glacial ? Sans doute pas non. Mais moi… Moi je le savais. Cela faisait des putains de jours que le flou s’était installé partout autour de moi. Je ne savais pas où se trouvait mon petit-ami et les autres personnes disparues. Je ne savais rien de cette histoire. Je ne savais même pas comment je devais faire pour retrouver l’homme que j’avais choisi et qui faisait battre mon cœur. Non, je ne savais rien. Le voile flou me bloquait et m’empêchait d’avancer dans ce cauchemar ambulant qui me pourrissait la vie. Et, bien sûr, les choses ne s’arrêtaient pas là. Je chutais. Encore et toujours. Incessamment. Ça n’avait pas de fin. C’était presque comme s’il n’y avait jamais de fin. Ça me faisait si mal. Les horribles images s’agitaient encore et encore à l’intérieur de mon esprit. Elles ne me foutaient jamais la paix me poussant à imaginer le pire. Je n’étais clairement pas en mesure d’encaisser cette réalité horrifique que ma tête me foutait sous les yeux. Cette réalité cauchemardesque qui risquait de me pousser trop loin. D’ailleurs, il y avait la voix dans ma tête qui agissait de plus en plus. Elle cognait si fort. Elle voulait me pousser au pire. Plus loin. Toujours plus loin. Après cette battue qui n’avait rien donné, après ce moment avec Ulrik, après cette absence toujours réelle de mon copain, je ne pouvais plus survivre. Je ne savais plus survivre. Mon cœur se déchirait en mille morceaux. J’avais du mal à me sentir vivant. J’avais du mal à être en vie. Alors, j’avais cogné dans ce miroir en espérant ressentir quelque chose. N’importe quoi. La douleur était là. Je la sentais. Elle me poussait à grogner. Malheureusement, je me sentais encore trop comme un cadavre ambulant qui était en train de se faire enterrer par la terre de la vie. Peut-être que je devais laisser faire. Peut-être que je devais cesser de chercher à sortir de ce trou noir qui m’étouffait. Tournant à nouveau entre mes draps, je jurais à haute voix tandis qu’à l’intérieur de moi une petite voix priait. Prier pour que tout rentre dans l’ordre. Prier pour que les choses s’arrangent. Prier parce que c’était tout ce que j’étais capable de faire maintenant.

Je n’étais guère assez rapide en ce soir de réveillon et Mio Amore me le faisait comprendre. Pour n’importe quelle personne, nous n’étions pas réellement en retard. Nous allions arriver amplement à l’heure pour l’orchestre symphonique de ce vingt-quatre Décembre. Cependant, sur l’horloge de Mio Amore, nous commencions à être réellement en retard ou, en tout cas, notre avance s’amenuisait au fil des secondes. Je savais que mon petit-ami voulait qu’on ait le temps de s’installer tranquillement sans avoir à ressentir le stress qui poussait à accélérer le pas. Ce n’était pas bon pour ma jambe gauche un peu trop foutue. Je savais que Lukas voulait qu’on soit en avance simplement pour pouvoir profiter pleinement de cette soirée. Juste lui et moi. Simplement nous dans ce monde magique. Mio Amore me pressait et j’agissais alors baragouinant que j’arrivais tandis que je faisais tomber les médicaments dans la paume de ma main pour les prendre en vitesse. Alors que je commençais à m’habiller rapidement, mon copain débarquait au sein de notre chambre. Je m’empressais de boutonner ma chemise afin de masquer les hématomes sur mes côtes et sur mon ventre qui lui avaient échappé et qui, avec un peu de chance, lui échapperaient jusqu’à notre folle nuit d’amour dans quelques heures. Me tournant finalement vers le garçon qui faisait chavirer mon cœur, je m’approchais de lui avec lenteur afin de lui piquer sa cigarette avant de quémander ses lèvres. Comme à chaque fois, le baiser était délicieux. Comme à chaque instant, les lèvres de mon copain sur les miennes étaient enivrantes. Ma main libre glissait sur le corps si tentant de mon copain que je rapprochais du mien. Ses mains fraîches se glissaient sous ma chemise et je me tendais légèrement malgré moi. Ses doigts se trouvaient au niveau de mes reins, mais j’avais peur qu’il bouge et qu’il touche le mauvais endroit. J’avais peur de gémir de douleur et de foutre en l’air notre soirée. Aussi, je m’éloignais soudainement avec un sourire amusé qui me permettait de garder les apparences. Mio Amore gémissait de frustration et, putain, si je n’avais pas eu cette peur, je n’aurai pas hésité un seul instant à venir capturer de nouveau les lèvres de mon petit-ami me foutant de nous mettre réellement en retard pour notre soirée. Mais, je ne le faisais pas. Je me comportais sagement lui soufflant d’aller démarrer la moto ou d’aller arrêter un taxi puisque j’étais prêt à partir dans cinq petites minutes. Cinq minutes pour enfiler le reste de mon costume et me coiffer. Je souriais aux mots de mon copain répliquant presque aussitôt en plantant mon regard dans le sien « N’apprends pas à me résister Amore, j’sais que tu n’en as pas envie. » Sourire amusé aux lèvres, je me contentais d’acquiescer lorsqu’il m’annonça qu’il allait démarrer la moto. Ça me convenait parfaitement. Replaçant la cigarette entre les lèvres de Lukas, mes lèvres glissaient sur sa joue pour y poser un baiser avant de glisser à son oreille pour y laisser un compliment. Un compliment auquel mon copain répondait et qui me poussait à rire. Secouant la tête, je commençais à m’éloigner tout en soufflant « Tu seras toujours le gagnant Amore. » Ouais, il le serait toujours à mes yeux. Il serait toujours le plus magnifique. La main de Mio Amore glissait sur mes fesses pour me pincer délicatement et je lui tirais la langue joueur avant de lui tourner le dos et de m’éloigner de lui afin de me préparer. Après tout, il fallait se bouger, l’horloge tournait. Fermant les yeux, j’attrapais mon pantalon et je soufflais pour me donner le courage de l’enfiler. Mon copain quittait la chambre et je m’habillais sans faire attention aux grimaces sur mon visage. Pantalon enfilé, nœud papillon en place, je me rendais dans le salon pour enfiler ma veste difficilement. Alors que j’étais en train de la mettre, la porte s’ouvrait de façon inattendue. Lukas était là de nouveau. Que faisait-il là ? N’était-il pas censé être en bas aux côtés de la moto démarrée ? Et, merde, avait-il vu mon visage tordu de douleur ? Sans doute ouais. Je n’avais guère eu le temps de me recomposer un joli visage. La grimace de douleur était trop ancrée sur mes traits. Terminant d’enfiler ma veste comme si de rien n’était, je fronçais les sourcils face à mon copain essoufflé qui me questionnais sur ma moto. Je me figeais aussitôt ne comprenant pas. D’ailleurs, comme un idiot je répétais « Ce qu’il s’est passé avec la moto ? » Je ne faisais pas semblant de ne pas savoir et je savais que Mio Amore le verrait. Cependant, avant même d’obtenir une explication sur l’état de mon engin, mon copain me questionnait sur mon état m’interdisant clairement de lui mentir. Soupirant, je mordillas ma lèvre hésitant un instant. Baissant les yeux au sol, je marmonnais « Est-ce qu’on peut en parler après notre soirée mon cœur ? » Je tentais le tout pour le tout peu désireux de foutre en l’air notre instant magique. Je ne voulais pas ruiner cette soirée habituelle que j’adorais tellement. Relevant les yeux, mes prunelles croisèrent celles de mon petit-ami et je savais que c’était foutu. Il n’allait pas lâcher l’affaire. Il voulait une réponse dès à présent. Glissant une main nerveuse dans mes cheveux, je cédais tellement incapable de lui résister et de lui mentir. Je soulevais ma veste et ma chemise pour laisser voir les hématomes qui se dessinaient sur mon torse tandis que je babillais « J’me suis blessé après le boulot hier, mais j’vais bien et je… Pas la peine de me demander ce qu’il s’est passé parce que je n’en ai aucune foutue idée… » Non, je n’en savais rien et ce n’était pas un mensonge. Mais… Attendez… Laissant retomber mes vêtements sur ma peau pour cacher la vue désastreuse à Lukas, mes sourcils se fronçaient. Mon cerveau fonctionnait à mille à l’heure. Si ma moto était en mauvais état, était-il possible qu’il n’y ait eu aucune bagarre ? Était-il possible que j’ai simplement eu un accident avec ma bécane ? Un accident suffisamment violent pour me marquer comme ça et me faire oublier les choses. Un accident qui aurait pu me pousser à m’évanouir quelques minutes ou quelques heures sur la route. Ma langue passa sur mes lèvres et, anxieux, je demandais « Je… J’suis rentré à quelle heure cette nuit Amore ? » Il devait bien le savoir non ? Il fallait qu’il le sache.

Lukas… Lukas… Lukas… Le prénom du jeune homme tournait en boucle à l’intérieur de mon esprit. Où était-il ? Quand allait-il être retrouvé ? Dans quel état serait-il ? Dans quel était serais-je ? Serais-je seulement toujours vivant ? Fermant les yeux, un sanglot franchissait mes lèvres brisant le silence de mon appartement si vide. Je n’aurai jamais dû accepter de le laisser partir à ce foutu concours de talent. J’aurai dû le supplier de rester avec moi parce que ça n’allait pas trop bien entre nous et que nous devions prendre du temps pour nous. Prendre du temps pour faire fonctionner notre Neakas devenu exclusif. Prendre du temps pour construire une vraie relation. J’aurai dû lui demander de partir quelques jours avec moi et de laisser passer cette chance. Merde, il n’avait pas besoin de concours pour réussir dans le monde musical. Son talent était au-dessus de tout. J’aurai dû le retenir. Putain ouais, j’aurai tellement dû parce qu’alors je n’aurai pas eu à vivre cet Enfer. L’Enfer de l’inconnu. L’Enfer de son absence. L’Enfer de la destruction. Repoussant rageusement les draps, je me levais de mon lit et je me mettais à faire les cent pas dans cette chambre qui avait connu nos ébats. Cette chambre que j’avais envie de fuir si souvent tant elle me rappelait Mio Amore. Je marchais de long en large priant pour ne pas me faire happer dans l’horreur. Je marchais parce que rien d’autre ne fonctionnait. Tout faisait si mal. Je marchais pour tenter d’oublier à quel point je m’en voulais. Je marchais pour essayer peut-être de me blesser et me faire payer ce qui arrivait à ce garçon qui me faisait chavirer.

Je ne pouvais pas être plus heureux qu’en ce soir de veille de Noël. Je ne pouvais pas être plus heureux qu’à cet instant précis sachant que la soirée allait être magique comme toujours. J’appréciais chaque seconde passée en compagnie de Lukas comme si c’était un véritable cadeau de la vie – et, dans le fond, c’en était bel et bien un. J’avais trouvé ma perle rare. J’avais trouvé celui qui me faisait chavirer et qui m’acceptait tel que j’étais malgré tous mes défauts et toutes les difficultés. Mon âme-sœur. Alors ouais, ce soir, j’étais heureux d’aller à l’orchestre symphonique avec mon petit-ami comme nous le faisions depuis des années. Ce soir, j’étais sur mon petit nuage jusqu’à ce que mon copain ne me presse pour me faire savoir que l’horloge tournait. Trop perdu dans mes pensées, je n’avais pas fait attention à ça et je m’empressais de commencer à me préparer. Mio Amore débarquait dans la chambre tandis que j’enfilais ma chemise la boutonnant rapidement afin de masquer les hématomes ornant mon torse. Nous aurions le temps d’en parler plus tard… Dans plusieurs heures. Me dirigeant vers l’homme de ma vie, je lui piquais sa cigarette et un baiser profitant un peu trop de notre proximité. Ses lèvres… Ses mains… Son corps… Tout avait le pouvoir de me rendre fou. Tout aurait pu me faire craquer sur l’instant et me pousser à vouloir lui faire l’amour avant de partir. Cependant, les blessures de mon torse risquaient de gâcher notre soirée et je ne le voulais pas. Je m’éloignais donc souriant devant la frustration éveillée chez mon petit-ami. Une frustration que je partageais, mais dont je ne laissais rien paraître lui demandant d’aller choisir le véhicule pendant que je terminais de me préparer. Les mots qu’il soufflait me faisaient presque rire et je rétorquais sans réfléchir. Lorsque Lukas lança ce ‘démon’ en plissant des yeux comme pour tenter de me lancer un sort, un éclat de rire franchissait mes lèvres et je secouais négativement la tête comme pour dire que ça ne fonctionnerait pas. Comme moi, il était bien trop épris. J’acquiesçais lorsqu’il choisissait la moto totalement prêt à cette contrainte malgré mon état et je m’empressais d’agir pour masquer mon trouble. La cigarette replacée aux lèvres de mon copain, je le complimentais. Il avait du mal à accepter ces compliments et cette victoire qu’il aurait toujours. Secouant la tête aux mots qu’il prononçait, j’haussais les épaules avant de dire « On est à égalité alors… » comme pour conclure ce débat qui aurait pu être sans fin. La taquinerie s’invitait un instant entre nous. Main baladeuse. Langue apparente. Mais, nous finissions par retourner à nos tâches tous les deux. Mio Amore s’éloignait et je m’empressais de m’habiller sans faire attention aux grimaces sur mon visage. Pantalon et nœud papillon en place, je me rendais dans le salon pour enfiler ma veste sous une montagne de grimaces de douleur. La porte s’ouvrait sur Lukas trop soudainement et je paniquais. Incapable de masquer la douleur, je terminais d’enfiler ma veste avant de froncer les sourcils à son interrogation que je ne comprenais pas. Ma moto ? Dans quel état était ma moto ? Mon ventre se tordait et je n’avais même pas le droit à une réponse puisqu’il me questionnait sur mon état. L’hésitation passait dans l’air. Je tentais une porte de sortie proposant de profiter de la soirée et d’en parler après. Mais, je savais que cela ne pouvait guère arriver. Ce n’était pas comme ça que les choses fonctionnaient avec Lukas. Nerveusement, je finissais par soulever ma veste pour montrer les hématomes tout en babillant sur hier soir. Cette soirée trop floue à l’intérieur de mon esprit. Je ne mentais pas et je savais qu’il le verrait rapidement. Laissant retomber mes vêtements, j’observais mon copain s’approcher en me questionnant sur mon silence et je marmonnais un simple « T’sais très bien pourquoi… » parce que, bien sûr, il savait. Je ne voulais pas gâcher notre tradition du réveillon de Noël. Je ne voulais pas qu’il annule tout simplement à cause de moi. Je ne voulais pas qu’on se prenne la tête toute la journée à cause de souvenirs un peu trop effacés. D’ailleurs… Ma moto était abîmée apparemment. Suffisamment pour inquiéter Mio Amore et le faire remonter ici à toute vitesse. Alors… Était-il possible que j’ai eu un accident ? Anxieux, je tentais de savoir à quelle heure j’étais rentré cette nuit et mon copain me disait qu’il ne savait pas. Il s’était réveillé à une heure et j’étais là. Un soupir glissait entre mes lèvres parce que je ne m’en souvenais guère. Je ne savais plus du tout ce qui s’était passé. Je me voyais quitter le Lord Hobo et après c’était le noir complet. Je me souvenais que j’étais parti tôt cependant espérant partager un repas et un instant charnel avec mon copain que je ne voyais pas trop ces derniers jours. Mais… Si mon petit-ami ne se souvenait pas de mon retour, cela signifiait que j’étais rentré alors qu’il dormait déjà. Je n’étais donc pas rentré tôt. Mes sourcils se fronçaient de plus en plus tandis que Mio Amore s’agitait à côté de moi. Il retirait sa veste pour la poser sur une chaise avant de me prendre la main. J’ouvrais la bouche prêt à lui souffler de reprendre sa veste au plus vite parce qu’on allait être en retard. Néanmoins, la question tombait. Où était mon casque ? Mes prunelles balayaient la pièce et j’ouvrais la bouche « Je… » Mordillant ma lèvre, j’essayais réellement de forcer mes pensées pour fournir une réponse à l’interrogation de mon copain. Néanmoins, rien ne me venait. Alors, secouant négativement la tête, je murmurais « J’en sais rien Amore… Je… S’tu demandes c’est qu’il n’est pas sur la moto et je… S’il n’y est pas, il devrait être là sur la table parce que, quand je rentre après le boulot, j’suis trop crevé pour le ranger et je le pose toujours là… Mais je… Il n’est pas là non plus alors je… J’sais pas… » Les larmes me montaient aux yeux parce que je détestais ça. Je détestais ne pas savoir. Je haïssais ce sentiment qui me poussait à me sentir si perdu, si minable. Bordel, j’étais en train de foutre en l’air notre soirée et je n’étais même pas fichu de répondre aux questions de mon petit-ami. D’ailleurs, il y avait une autre question. Une question à propos de changements que j’aurai remarqué ces derniers temps. Je tentais de lister dans ma tête ce qui pouvait être différent et je babillais « Je… Peut-être… J’sais pas… Je… J’ai oublié plusieurs choses cette semaine… Importantes ou non, mais j’ai oublié… Et je… J’ai eu du mal à gérer certaines crises… J’me suis pris la tête avec un client en début de semaine et je… J’ai fais une crise d’angoisse aussi il y a quelques jours… Puis tu… T’as bien remarqué que j’ai eu besoin de plus de corps à corps… Mais je… Avec Noël qui approche, je suis plus tendu alors j’pas cherché plus loin… » Ouais, j’avais mis tous ces symptômes sur le compte du stress des fêtes qui me prenaient toujours aux tripes. Trop de monde. Trop de bruit. Trop de travail. Trop de tout. Cependant, maintenant que j’en parlais, je me disais qu’il y avait peut-être quelque chose derrière tout ça. Je n’eus pas le temps de me perdre dans ma tête puisque Mio Amore me tirait délicatement contre lui déposant ses mains sur mes joues pour me pousser à le regarder dans les yeux et m’éviter de baisser la tête comme j’avais tendance à le faire dans ces cas-là. J’acquiesçais doucement aux mots qu’il soufflait rétorquant « Ti Amo Mio Amore… Et je… J’comptais vraiment t’en parler… Mais je… Pas ce soir… Demain… Après-demain… Pas maintenant… » Non, pas maintenant parce que je refusais de gâcher notre soirée en amoureux. D’ailleurs, si nous ne nous bougions pas les fesses, nous allions être en retard. Je venais déposer mes lèvres sur celles de mon copain un bref instant avant de m’éloigner pour lui souffler « Mon cœur… Je… Il… Faudrait que tu remettes ta veste… On va être en retard… » Des mots pour tenter de sauver notre soirée et noyer l’angoisse de l’inconnu qui se jouait en moi. Des mots pour tenter de repousser tout ça au loin et plonger dans le programme prévu. Des mots pour essayer d’oublier que, peut-être hier soir j’avais eu un accident de moto et que je ne m’en souvenais pas. Comme pour tenter de me convaincre que ce n’était pas le cas, je passais une main lentement sur ma tête dans mes cheveux. Et… Oh bordel… C’était quoi cette douleur à l’arrière de mon crâne qui poussait mon visage à se tordre sous la vague douloureuse ? Je n’osais pas appuyer plus. Je n’osais même plus bouger la respiration coupée, le cœur battant à cent à l’heure.

Finalement, marcher n’aidait pas réellement à faire taire ma tête. Marcher ne m’aidait aucunement à occulter tout ce qui se passait à l’intérieur de mon crâne. J’avais eu le fol et stupide espoir de me fatiguer tout seul en marchant de long en large dans ma chambre. C’était vraiment idiot parce que, même après des journées passées dehors à tenter de retrouver la trace de l’homme de ma vie, je n’avais pas été foutu de ressentir la fatigue. Alors, franchement, ce n’était pas en marchant sagement dans ma chambre que j’allais pouvoir m’épuiser et me mettre sur pause. Mettre tout ça sur pause… C’était impossible. Les yeux rivés au sol, je tentais alors une autre tactique. Un, deux, trois, quatre… Lukas… Putain. Un, deux… Nixon… Merde ! Mon cerveau refusait de me laisser me concentrer sur mes pas. Je n’étais pas capable de tenir un décompte sans laisser les prénoms des deux garçons s’inviter dans ma tête. Je n’étais pas fichu d’arrêter d’y penser. Trop bouffé par l’angoisse. Trop dévoré par l’horrible réalité. Soupirant rageusement, je quittais ma chambre pour me rendre dans la cuisine. Je fouillais dans les placards en quête de l’alcool miracle qui pourrait peut-être faire taire ma tête quelques minutes. J’attrapais une bouteille de whisky qui se trouvait là. La mienne ? Celle de Lukas ? Je m’en foutais. Je voulais juste que tout s’arrête. Je voulais une pause dans cette réalité effrénée. Sans même prendre de verre, je portais la bouteille à mes lèvres tout en allant m’échouer dans le canapé. Bordel… Ce n’était plus une vie. Ce n’était qu’un Enfer constant. Il fallait qu’on les retrouve. Et vite. Parce qu’il était sûr et certain que je n’allais pas tenir longtemps comme ça. Il était sûr et certain que j’allais finir par commettre des conneries.

Mio Amore venait souffler ce toujours qui me poussait à sourire comme un gosse un peu trop heureux de la stabilité qui avait su s’inviter au sein de notre Neakas. Je ne m’en plaignais guère. Ça faisait tellement de bien de retrouver un monde stable. C’était un refuge des plus délicieux contre la vie un peu trop instable et douloureuse par moment. Je ne disais pas que tout était facile. Je ne disais pas que notre Neakas était totalement épargné des péripéties qui avaient déjà rythmés notre passé. Je disais simplement que les choses étaient plus calmes et apaisés. Nous avions su construire notre bateau au milieu de la tempête et nous savions nous y réfugier dès que le besoin se faisait sentir. Ce soir, nous étions dans notre monde stable. Cette soirée à l’orchestre symphonique était devenue une constante magique dans notre histoire. Nos taquineries étaient stables aussi. Elles étaient devenues habituelles entre nous. Et, finalement, nous retournions chacun à nos tâches afin d’avancer le plus rapidement possible et ainsi éviter de perdre notre avance pour la soirée. Mon copain partait démarrer ma moto tandis que je terminais d’enfiler le costume prévu pour cette soirée. Le pantalon et le nœud papillon venait compléter ma tenue et je me rendais au salon pour enfiler ma veste le plus vite possible avant de descendre rejoindre mon petit-ami. Mais, bordel, que c’était difficile. Visage tordu par la douleur, j’enfilais ce dernier vêtement un peu trop lentement tant et si bien que lorsque mon petit-ami débarqua de façon imprévue dans le salon, je n’étais pas capable de changer d’expression. Lukas me questionnait sur ma moto et je tentais bien vite de savoir ce que mon engin pouvait avoir. Malheureusement pour moi, Mio Amore se préoccupait de mon état et me questionnait sans me répondre. Son interrogation flottait dans l’air un bref instant et j’hésitais mordillant ma lèvre. Je tentais brièvement la porte de sortie parlant de la soirée magique qui nous attendait. Néanmoins, je savais que c’était un peu trop inutile et je finissais par céder montrant les hématomes sur mon ventre et mes côtes tout en babillant sur le flou de ma soirée. Ces souvenirs que je n’avais pas. Ces réponses que je ne pouvais pas offrir à l’homme que j’aimais. Laissant retomber mes vêtements, je marmonnais à Mio Amore qu’il savait parfaitement pourquoi j’avais gardé le silence. Je ne voulais juste pas gâcher notre réveillon, mais il l’était à présent. Non ? Je cherchais à savoir l’heure de mon retour dans notre appartement la veille et mon copain ne savait pas être exact. Les mots qu’il soufflait me faisaient peur tout de même parce que je me souvenais être parti tôt du travail afin de passer du temps avec lui. Je me souvenais avoir posé des heures pour profiter de Mio Amore avant qu’il ne s’endorme. Mais, apparemment, j’étais rentré alors qu’il dormait déjà. Que s’était-il donc passé ? Sourcils froncés, je tentais de me souvenir. Mon copain retirait déjà sa veste comme prêt à se concentrer sur cette affaire difficile à résoudre. Il attrapait ma main et j’aurai aimé le couper sur le champ. J’aurai aimé lui dire de reprendre sa veste pour partir à l’orchestre, mais voilà qu’il me questionnait sur mon casque. Un casque introuvable. Un casque dont j’avais du mal à me rappeler. Mio Amore venait confirmer l’absence de mon casque sur ma moto avant de balancer deux solutions à son absence. Non… En fait, une seule solution puisque la première qu’il soufflait, je m’empressais de la réfuter. Secouant la tête, je soufflais « Il n’est pas au L.H. » Ça j’en étais persuadé. Je ne sortais jamais du bar sans l’avoir à la main. Je me souvenais être sorti en l’ayant à la main. Ouais, je m’en souvenais. Tout le reste était flou cependant. Les larmes me montaient aux yeux tant je m’en voulais. Je me détestais d’être si minable et si perdu. Je me haïssais de foutre en l’air notre soirée parce que les choses ne s’arrêtait pas là. Oh non… Mon copain me questionnait sur d’éventuels changements que j’avais remarqué ces derniers temps et je lançais une liste que j’avais tenu inconsciemment. Une liste à laquelle je n’avais pas prêté attention avant ce soir. J’oubliais des choses. J’avais du mal à gérer les crises par moment entre prise de bec avec un client et crise d’angoisse quelques jours plus tôt. J’avais besoin de plus de moments intimes avec mon copain. Cependant, avec Noël qui cognait à nos portes, j’étais tendu et je n’avais pas cherché plus loin. Mio Amore avait d’ailleurs remarqué pour mon besoin de sexe et mes oublis. Lorsqu’il me disait que j’aurai dû lui dire pour les crises, je baissais les yeux me sentant un peu trop coupable. Cet homme que j’aimais tant et qui m’acceptait comme j’étais finissait par proposer d’appeler tout de suite pour avoir un rendez-vous rapidement. Après tout, si c’était mon traitement qui s’était mis à déconner, il suffisait de le réguler pour que ça aille mieux après. J’acquiesçais sagement avant de marmonner « Je… Oui on peut appeler et avoir un rendez-vous rapidement… Mais je… J’pas fait exprès Amore… J’ai juste pas fait attention aux crises… C’était pas violent et je… J’pensais que c’était juste à cause de la période de Noël… J’avais pas fait la liste de tout avant là alors je… Désolé… J’ai pas percuté avant… » Ouais, je n’avais pas pris le temps de faire un point et d’imaginer une telle situation avant ce soir. Je n’avais pas eu de raisons de le faire avant cet instant. Cet instant où la peur s’invitait dans mon être. La panique commençait à monter et je savais que mon copain l’avait senti puisqu’il réagissait en un quart de secondes à peine. Il me tirait à lui déposant ses mains sur mes joues pour me pousser à le regarder. Ses doigts s’arrêtaient au coin de mes yeux pour effacer les perles salées avant même qu’elles ne coulent. Mio Amore soufflait alors des mots qui allaient droit à mon cœur. Ça ressemblait à l’une de ces déclarations qui me faisait un peu trop chavirer et qui accélérait mon cœur de façon délicieuse. Sous le charme, j’acquiesçais sagement à sa demandant murmurant un « D’accord… Je… Désolé mon cœur… » Désolé de ne pas lui avoir parlé directement comme j’aurai dû le faire. Désolé d’avoir gâché notre soirée… Ou peut-être pas. Posant rapidement mes lèvres sur celles de Lukas, je l’invitais à se reprendre sa veste pour partir le plus vite direction l’orchestre symphonique. Nous allions être tout juste à l’heure en partant maintenant. Mio Amore soupirait avant de babiller des mots que je n’entendais guère. Trop angoissé à l’idée d’un accident que j’avais oublié, je laissais mes doigts glisser sur ma tête et dans mes cheveux. Et, soudainement, j’arrivais à l’arrière de mon crâne… La douleur tordait mon visage et coupait ma respiration. Mon cœur battait beaucoup trop vite. L’inquiétude se peignait dans mes prunelles et, aussitôt, mon petit-ami me disait de le laisser regarder. Sans bouger de ma place, je le laissais agir. Les doigts de Mio Amore glissaient sur mon crâne avec lenteur jusqu’à ce que je siffle soudainement de douleur. Je me raccrochais à la table devant moi pour ne pas tomber. Je fermais les yeux pour oublier les étoiles qui se dessinaient. Ok… J’avais eu un accident et c’était sans doute pire que ce qu’on pouvait imaginer. Mon copain soufflait deux mots. L’hôpital. Maintenant. Ce n’était même pas discutable. Je le savais. Je le laissais attraper ses clés de voiture et reprendre sa veste. Mordillant ma lèvre, je le suivais sagement et lentement parce que le monde s’était mis à tanguer violemment depuis qu’il avait touché ma tête. Notre soirée tombait à l’eau à cause de moi. Mais, je savais que mon copain n’était même pas en colère à mon égard. Non, il devait juste être aussi angoissé que moi. Le rattrapant sur le pas de la porte, je venais lier mes doigts aux siens en recherche d’un courage que je n’avais pas ce soir. En recherche d’un amour qui serait toujours là entre nous. En recherche d’un soutien qu’il savait toujours si bien m’offrir.