@Katalia Borgia C'est presque effrayant de vivre. T'es jamais à l'abri de quelque chose et quand tu crois avoir touché le bonheur du bout des doigts, il t'échappe en un rien de temps. T'as pas le temps de t'y préparer, ça te tombe dessus et tu dois faire avec. J'ai jamais signé pour ça. Je refuse que les gens s'inquiètent pour moi, s'empêchent de vivre pour ma personne. Je veux juste m'effacer, devenir un meuble auquel ils ne feront plus attention, ça évitera de la casse. Je l'ai vu, le regard de ma mère et de mon père quand je suis retourné en Florence pour leur annoncer la nouvelle. Je voulais pas, je voulais en parler à personne mais Danae m'a au moins convaincu de le dire à ma famille. Ma soeur s'est écroulée, et tout le monde a pleuré le week-end, même moi. J'ai eu l'impression de me retrouver étant gosse, choyé et aimé, entouré de ma famille et ça m'a fait un bien fou. Moi qui n'avais aucun espoir de guérir, ils m'ont convaincu de rencontrer un bon spécialiste. Malgré que mon année à Harvard soit en jeu avec ma maladie, j'ai préféré ne pas abandonner Boston. S'il y a bien une chose que ce cancer ne me retirera pas, c'est Harvard, ma maison. Oui, car il y a certaines choses dont je dois me séparer. Les préserver hors de ma portée pour ne pas les affecter plus longtemps. Lorsqu'on frappe à la porte, j'attends un moment, espérant que Danae ou sa soeur sorte de sa chambre pour aller ouvrir mais personne ne bouge. Je dépose la notice du médicament que j'étais en train de lire et je marche d'un pas lent jusqu'à la porte. Elle est là, ma première chose dont je dois couper les liens. Mon coeur me fait un mal de chien et je me décale pour la laisser entrer. Je le sais, ça va crier, ça va hurler, et je suis tellement pas prêt psychologiquement, mais je n'ai pas le choix. J'ouvre la bouche, cherche les mots mais rien ne sort. C'est dur, beaucoup trop dur. Je déglutis et attends qu'elle ouvre le bal des reproches. Je suis plus doué pour me défendre, qu'attaquer. Je retardais ce moment, tellement longtemps car je le redoutais. Mais il est là et je ne peux plus me cacher. Je ne suis pas prêt de la perdre, évidemment que non. Je l'aime tellement. Mais elle doit arrêter de m'aimer. Fuir et ne pas donner de mes nouvelles est un bon prétexte pour qu'elle me déteste.

@Katalia Borgia C'est tellement plus facile de fuir. Chose que je ne fais jamais mais ça m'a semblé l'option la plus facile. Tu me détestes Kat, je le vois et ça me tue de te blesser. Mais tu verras, lorsque tu ne seras plus forcée de m'aimer, la douleur va se dissiper. Je préfère que tu souffres maintenant plutôt que de te voir malheureuse avec moi par la suite. Je peux rien t'apporter, plus maintenant. Mes plans avec toi sont voués à l'échec et je refuse de te punir à cause de moi. J'espère que lorsque tu apprendras toute la vérité, tu me remercieras. Ou pas. J'en sais rien. Moi-même je suis encore presque indécis sur mon choix. Ecouter le coeur ou la raison. Je crois que la raison prend le dessus étant donné que je suis tellement mal que je n'arrive plus à utiliser intelligemment mon battant. A l'heure actuelle, l'heure où tu es ici devant moi, le temps fil. Le compte a rebours a sonné et ni toi ni moi ne peut l'arrêter. Je me pince les lèvres et je ferme les yeux en attendant ses reproches. S'il y a bien quelque chose qu'on s'était toujours promis de faire c'est d'être honnête l'un envers l'autre. Sauf que dans cette situation, mentir me semble ma seule roue de secours. Lorsque je rouvre les yeux, je peux lire la colère et la tristesse dans son regard. Voilà, énerve-toi, il faut que j'te dégoûte, que j'te blesse pour que tu comprennes. « je devais partir. » je souffle, d'une voix basse alors que la sienne est plus forte. Je viens de réaliser que la douleur dans ma poitrine arrive à surpasser celle que je ressens physiquement avec les symptômes. Encore ce matin, j'ai vidé mes tripes. J'me balade comme un lézard dans l'appartement, tel un robot qui déraille et qui est bon à foutre à la ferraille. « j'veux que t'arrête de venir me voir. » arrête de me chercher, arrête d'essayer de m'appeler. Arrête, tout simplement. J'ai l'impression que mon monde s'écroule une nouvelle fois autour de nous. J'ai tellement versé de larmes que mes yeux sont à secs, pourtant, j'ai juste envie de chialer. Je me frotte les yeux et je soupire une nouvelle fois. « s'il te plait, ne m'aime plus. » tu l'entends ce bruit ? C'est mon battant qui se fend en mille morceaux. Il agonise, il crie à l'aide. Je suis incapable de la regarder plus longtemps dans les yeux donc je lui tourne le dos et passe mes mains sur mon visage, les mains légèrement tremblantes.

@Katalia Borgia Voir Katalia se torturer à essayer de chercher des réponses me torture également. Essaye de lui dire au pire Ottis ? Mais comment ? Par quoi commencer ? Que je lui dise la vérité ou pas ne changera pas le fait qu'il faut que je me sépare d'elle. Alors moins elle en sait, mieux ce sera. J'imagine... J'étais déjà pas doué pour être en couple alors être celui qui largue sa copine, encore moins. J'ai pas les mots, je ne sais pas quoi dire. M'éloigner d'elle était un bon plan. Ce devrait être elle qui me quitte car j'agis comme un con. Je baisse la tête une nouvelle fois. Je fais tout ce que j'avais juré de ne pas lui faire. Lui mentir, ne pas la respecter, me moquer d'elle. Que quelqu'un vienne m'aider à me sortir de là. Que quelqu'un vienne consoler Kat car j'en suis incapable. Mon visage change d'expression quand elle insinue que je la trompe. Je lui lance un regard aussi mauvais que le sien. Tu penses vraiment que je suis capable de ça ? Je peux comprendre que niveau confiance, je ne suis pas en train de montrer un bon exemple mais tromper, ça non, je ne peux pas. Et je ne peux pas inventer cette excuse pour que ça soit fini. Car je n'ose pas imaginer ô combien ça peut détruire l'estime de quelqu'un de savoir qu'on est cocu. Si je peux limiter les dégâts... « non kat, il n'y a personne. juste... moi. » tu le vois quand même que je dis la vérité dans mes pupilles ? T'es la seule femme de ma vie, la seule et l'unique. Il n'y a plus que moi. Moi et moi seul, sans toi. Quand je lui demande de ne plus m'aimer, je me demande comment ça se fait que je tiens toujours debout. J'ai l'impression de perdre ma gravité au fil du temps qui s'écoule entre nous. Mes yeux deviennent rouges, peinés, tristes, en colère. Ils croisent ceux de la brune qui sont aussi brillants que les miens. Si seulement c'était si simple. Envole-toi Kat, tu mérites toutes les belles choses du monde et je n'en fais pas partie. « c'est mieux comme ça. » ma gorge se noue et je renifle. Garde ton sérieux Ottis, ne te trahis pas. N'en dis pas trop non plus. Fais-lui juste comprendre que tu romps. Elle comprendra tôt ou tard que cette liberté en vaut la peine. Je dois arrêter l'hémorragie tant qu'il est encore temps, couper les vannes, et la pousser hors de mon champ de mines.

@Katalia Borgia Si tu savais comme t'es la plus belle chose qui me soit arrivée. Comme je me maudis de ne pas être assez fort. Y'a tellement de mots que je voudrais te dire mais le moment est mal choisi. Je veux en aucun cas que tu penses que c'est ta faute. Mais comment le faire comprendre ? Je me sens horrible de l'intérieur, je suis pourri, de partout. Je n'en vaux pas la peine. Elle mérite tellement mieux. Je pense à elle, à son bonheur qu'elle pourra avoir avec quelqu'un d'autre. Je l'aime et je l'aimerais sans doute encore longtemps. Je ne veux plus faire partie de son bonheur, je veux être spectateur de sa nouvelle vie. Ne pas l'empêcher d'atteindre ses rêves. C'est mon plus grand souhait. Tu mérites de briller tellement haut Kat mais ce n'est pas moi qui arriverait à te surélever. Quelqu'un d'autre le fera et même si ça me brisera la coeur de voir quelqu'un prendre ma place, je le remercierai de prendre ce relais, de veiller sur toi, à ma place. Je me mords la lèvre et peste en silence. Bien sûr qu'elle ne me croit pas. Cela aurait pu fonctionner, si je l'avais vraiment trompée. A quoi pense-t-elle ? Une amie d'enfance de Florence qui m'a subitement recontacté ? C'est un peu gros, tout de même. Mais je comprends qu'elle puisse se faire tous les films inimaginables vu que je ne dis rien. Alors, okay, mets-toi ça en tête si tu y tiens tant Borgia. Si ça peut t'aider à t'éloigner de moi. « crois ce que tu veux. » mes bras tombent le long de mon corps. Je lui tourne le dos, puis je pivote de nouveau vers elle. Je ne peux pas rester statique. J'aimerais juste que le sol m'avale ou que je disparaisse dans les murs. L'italienne au sang chaud hausse le ton, crie pour montrer sa peine et me déchire le coeur par la même occasion. T'as rien fait, tu mérites pas ça. « t'as rien fait de travers. t'es... parfaite. » ma voix tremble et je me rends compte que c'est de plus en plus difficile de lui parler. Je l'aime comme elle est, avec ses défauts et ses qualités. Elle est la définition même de la perfection. Mais le problème Kat, c'est que tu m'aimes. Beaucoup trop. Et ça va te tuer si tu restes avec moi. « t'as raison, tu ne mérites pas que je te laisse. tu mérites quelqu'un de mieux. » pas un cancéreux désespéré qui abandonne tout ce qu'il aime et qui brûle tout ce qu'il touche. Vis ta vie pleinement de jeune étudiante, sors, rencontre des gens, va voir tes amis. Pendant que ton ex se plonge dans des lourds traitements en espérant garder le souffle, en comptant les rechutes qui finiront toujours pas retomber. C'est mon histoire, mon chemin, pas le tien. Ton chemin doit t'être propre et plus beau que ça.

@Katalia Borgia Ca doit être tellement agaçant, de ne pas avoir les réponses qu'elle attend. Mais je peux pas, je suis tétanisé. Elle apprendra surement la vérité tôt ou tard mais ça ne veut pas sortir de ma bouche. J'ai imaginé pleins de scénarios si jamais je lui expliquais tout. Soit elle accepterait, soit elle n'accepterait pas. Et même si elle accepterait, ce serait quand même un cauchemar et une perte de temps pour elle. J'aurais pu aussi ne rien lui dire et rester avec elle. Mais quel monstre je ferais de la regarder en face tous les matins à lui dire que je vais bien alors que je meurs à petit feu. J'ai un voile devant mes yeux, quelque chose qui m'empêche de me dire que tout ira bien. Non, ça n'ira pas bien. Je ne vois pas comment. J'ai peur de sa réaction, peur de ce qu'elle va penser lorsqu'elle apprendra que son copain est malade. Alors plutôt que d'assumer tout ça, je préfère tout détruire. Tu t'en remettras Kat, car t'es forte. Car tu t'en es bien remise de ta rupture avec Toni. T'es une forte tête et tu arriveras comme toujours à obtenir ce que tu veux avec brio. Les mots blessants arrivent enfin. Elle me déteste. Si tu savais comme je me déteste aussi. Elle a mal, pour le moment, mais ça lui passera. J'en suis persuadé. Je me mords la joue tellement fort que ça me provoque une grimace. Non, ne pleure pas. Tout mais pas ça. Je préfère encore que tu me frappes, que tu me craches au visage, mais ne verse pas des larmes pour moi. J'ouvre la bouche pour répondre quelque chose spontanément mais elle me coupe, utilise l'italien pour embellir les mots qui saignent un peu plus. La culpabilité se lit sur mon visage. J'arrive à un point où je peux tellement pas supporter de la voir si mal que j'ai envie que cette maladie m'achève maintenant, sur le champ. « je... je suis désolé. mais crois-moi, c'est mieux que tu souffres maintenant. » pas plus tard, pas après. Tu me comprendras peut-être... ou peut-être pas. Je fais tout ça pour ton bien. Je veux t'éviter le pire. « kat... ne remets jamais en question tout ce que je t'ai dit, tout ce qui s'est passé entre nous. c'était sincère. j'veux que tu gardes confiance en toi, je veux que tu profites de la vie, que tu sois heureuse. » j'ai tellement envie de lui souffler ces mots au creux de son oreille en la serrant fort contre moi. Mais y'a ce putain de fossé qui s'est créé entre nous et j'ai peur de perdre l'équilibre et de tomber au fond si je fais un pas vers elle. « je peux plus... je peux plus rien t'apporter. » mes ressources sont épuisées. Je dois me concentrer sur autre chose. Je t'en prie, dis-moi que tu ne me détesteras pas pour toujours.