Lana n'est pas au Summer Camp. Elle est restée à Boston et elle ne semble pas en forme. Elle parle d'avoir vidé le bar et bien que tu espères qu'elle ait le temps de le remplir avant votre retour, tu ne peux t'empêcher de t'inquiéter pour elle. Contrairement à ce qu'elle pense, la seule chose qui pourrait gâcher tes vacances, c'est qu'elle ne te réponde pas et qu'elle te laisse imaginer toutes sortes de scénarios. Tu te laisses tomber sur ta serviette, lunettes de soleil sur le bout du nez et tu pianotes sur l'écran de ton portable jusqu'à tomber sur son numéro. Tu laisses le portable sonné, impatiente de savoir tout ce que tu as manqué dans sa petite vie.

J'aime pas quand l'attention de porte trop sur moi, et pourtant, malgré moi, j'avais alerté Andy sur mon état mental des plus déplorables. J'avais liquidé la quasi-totalité de l'alcool présent à l'appart depuis mon retour à Boston, parce que c'était tellement plus simple comme ça. Le téléphone qui sonne, je pose le briquet qui venait d'allumer la cigarette que j'avais au coin des lèvres. « Rapide comme l'éclair. » plaisantais-je doucement, pour désamorcer les inquiétudes qui pouvaient naître en elle.

De l'autre côté du fil, Lana se met à faire des blagues alors, tu te dis que ça ne doit pas être si terrible que ça. Du moins, tu l'espères. Tu esquives un petit sourire en fermant les yeux pour profiter du beau temps et des rayons du soleil qui réchauffent ta peau. Mon surnom c'est speedy t'inquiètes ! Tu plaisantes rapidement avant de reprendre ton sérieux. Alors comme ça, on a pas le moral ? Qu'est-ce que ce qu'il se passe chaton ? T'espères que c'est quelque chose qui peut se régler rapidement.

Ça fait du bien, de rire un peu. De pas s'enfermer dans la morosité dans laquelle je m'installais un peu trop. « J'vais t'appeler Speedy alors. » m'amusais-je à répliquer, moqueuse, avant qu'elle ne me jette dans le grand bain, direct. J'inspirais un peu de nicotine avant de m'enfoncer un peu dans le canapé du salon. « D'un côté j'ai mon ex qui m'manque malgré qu'elle m'ait trompée, mais ça, c'est vivable. Et de l'autre, j'ai ma meilleure pote qui a des nodules cancéreux, et ça j'le vis grave mal. » avouais-je alors sans détour, en soupirant.

Tu t'empresses de l'appeler pour être au courant des derniers ragots qu'elle aurait à te raconter mais surtout, pour t'assurer qu'elle aille bien. Vous déconnez un petit peu sur la rapidité de ton appel avant que les choses sérieuses ne commencent. Elle te parle de son ex et puis finalement, de sa meilleure amie. Pour l'ex, elle a raison, c'est gérable. Un peu d'alcool, des soirées, des belles filles et le tour est joué. Pour la meilleure amie, c'est plus complexe et tu grimaces derrière le téléphone. Merde, je suis désolée.. Tu viens de l'apprendre ? Tu ne sais pas tellement quoi dire dans ce genre de situation.

Fallait avouer, les choses sont pas si drôles parfois. Et même si j'étais pas la meuf la plus solaire qui soit, j'avais des moments de grâce, qui commençaient sérieusement à me manquer, et leur absence me casse bien les couilles à l'heure qu'il est. L'anesthésie éthylique ne dure qu'un temps, et la solitude, c'est pas ce qu'il y a de mieux pour gérer tout cet afflux d'informations. Anna me manquait, mais j'étais pas prête pour lui parler malgré sa relance par message. Je préférais encore la solitude à son regard de chien battu de meuf désolée qui sait pas se tenir. Mais pour Eris, je savais pas quoi faire de plus. Être présente, l'accompagner pour ses séances de chimio, et après ? « Quelques jours, mais c'était le temps que l'info traverse tout mon corps j'crois. Mais comme y a personne sur Boston, bah j'peux pas vraiment faire abstraction, tu vois. J'pense à un tas d'trucs. » dis-je en decapsulant une bière. « Au fait, tu pourras dire à Alice et Wyn que vos affaires vont bien. Alien a pas joué dedans. » me moquais je.

Lana t'annonce deux nouvelles. Une plus importante que l'autre et c'est sur celle-ci que tu décides de te concentrer sans faire attention au reste. Ouais, je comprends. Mais, pourquoi tu nous rejoins pas au SC du coup ? Ça te permettrait de prendre un peu de temps pour toi et de mieux digérer la nouvelle. Ouais c'est sur que toi, on t'offre du soleil, de la musique, des beaux mecs et de l'alcool et le tour est joué. Tu pourrais même pardonner ton pire ennemi pour passer une nuit de débauche au bord de l'eau ! Tu rigoles quand elle parle de vos affaires qui vont merveilleusement bien. Pas de soucis, je transmettrais. Et tu penses tout de suite à Alice est sa nouvelle situation. Tu ne peux pas t'empêcher de grimacer de nouveau. D'ailleurs en parlant des filles... Je sais pas trop comment on peut soutenir Alice dans tout ce qu'elle traverse...

L'envie de me tirer de nouveau, ça m'a traversé l'esprit, c'est vrai. Mais je ne pouvais pas. J'avais une promesse à tenir envers Eris, et je comptais bien la tenir. « J'voudrais bien, mais mon banquier tire la gueule, et j'dois emmener ma meilleure amie à ses séances de chimio. J'lui ai promis que j'allais pas la lâcher. » Parce que si c'était pas la belle qui était malade, j'aurai eu aucun scrupule à tout lâcher et me tirer. Un léger sourire passait sur mes lèvres quand elle dit transmettre le message aux filles. Puis elle me rappelait la situation que devait vivre Alice avec sa grossesse. « J'sais pas non plus. J'avoue que j'sais pas comment gérer ce genre de trucs en général. Et toutes arrêter de boire, c'est pas une solution vivable pour moi. » plaisantais-je alors.

Tu proposes à Lena de vous rejoindre. Ouais parce qu'ici, elle a ses copines et vous pourrez essayer d'oublier tout ça, lui changer les idées. Alice est enceinte, elle n'est pas d'humeur à faire la fête et Eowyn fréquente un mec, autant dire que toi, t'es vraiment la seule débauchée du groupe étant donné que Lana n'est pas présente sur les lieux. Oui, oui, je comprends... C'est juste que Alice est enceinte, Eowyn en couple... Enfin, tu vois le genre. Tu lèves les yeux au ciel à travers tes lunettes et soupires bruyamment avant de lui demander comment vous alliez gérer cette situation. J'te rassure, c'est pas vivable pour moi non plus. Tu passes une main dans tes cheveux avant de reprendre : La vérité, qu'est-ce qui tourne pas rond chez nous ?

J'étais franchement tourmentée à l'idée de reprendre l'avion et souffler un peu ou bien de rester ici pour prendre soin de miss New-Orleans. Et en vrai, j'avais bien envie de prendre un sac et me sauver, ne serait-ce que quelques jours, tant pis pour mon compte en banque. « Tu sais quoi, j'vais venir quelques jours en Thaïlande. On fera la fête entre célibataires et on va se bourrer la gueule, bat les couilles. » lancais-je alors, déterminée à prendre les billets à la fin de cet appel. Ce qui tourne pas chez nous ? J'en sais foutrement rien, et même si elle le voit pas, j'hausse les épaules. « Chez toi et moi ? On est canadiennes. Ou on aime trop faire la fête, t'as l'choix. »