Tu es né le neuf avril mile neuf cent quatre vingt quinze, ici même, à Boston. Tu n'as jamais quitté cette ville, sauf pour voyager. Tu t'y sens bien, c'est là que tu as tous les repères de ta vie. Et à y réfléchir d'un peu plus près, tu n'as pas envie d'être ailleurs. Tu connais Boston comme ta poche et plus tu vieillis, plus tu lui trouves du charme. C'est ta ville. La tienne à toi. Tu la chéries beaucoup car c'est ici que ta maman est née, elle aussi. Tu voues un culte sans précédent à cette femme qui t'a donné la vie. Cette femme morte peu de temps après t'avoir mis au monde, foudroyée d'une maladie incurable. Le cancer fait des ravages t'a-t-on dit. Tu ne t'es jamais réellement penché sur la question, tu n'as jamais eu le coeur d'en demander plus à ton père. Tu sais que le cancer du foie l'a ravagé en quelques jours. Les médecins s'en sont rendus compte beaucoup trop tard, ils ne pouvaient plus rien faire pour elle. Des dires de ton père, c'était une femme douce, gentille et bienveillante. Tu t'es construit avec cette image là d'elle Tony. Tu as fabriqué et idolâtré une représentation de cette femme que tu ne connaitras jamais. Tu t'es tellement raccroché à cette image que tu as développé les mêmes principes qu'elle. Tu es un homme adorable, qui voit le bon en chacun et qui ne sait pas quoi faire pour rendre service. Bien-sûr, tu dois aussi ce caractère extrêmement généreux à ton père. Tu as grandit dans la demeure des Patterson. Fils unique du majordome, tu as pu goûter au luxe tout en sachant pertinemment que tout ceci ne t'appartenait pas. Tu as vite compris que ton destin était déjà tout tracé. Tu n'était pas spécialement très brillant à l'école puisque ton père te rabâchait sans cesse que les notes n'étaient pas importantes pour ton futur métier. Tu as développé d'autres qualités telles que le dévouement, l'obéissance et la fidélité. Tu n'as jamais songé à intégrer Harvard, ce n'est pas quelque chose qui t'attirait. En fait, tu t'es vite débarrassé des études pour prendre place aux côtés de ton père, en tant que majordome. La relève est assuré qu'il disait à l'époque. Il t'a tout enseigné, tout ce que tu sais faire aujourd'hui c'est grâce à lui. T'es tellement loyal que le maître de maison t'a choisit en tant que majordome il y a cinq ans maintenant. Tu fais la fierté de ton papa. Et très certainement de ta maman aussi. Aujourd'hui tu te dévoues corps et âme pour faire tourner la demeure et répondre présent aux moindres caprices des Patterson. C'est ton boulot, tu ne sais rien faire d'autre de toute façon Tony. Tu brilles dans une seule chose, celle-ci. Et ça te convient parfaitement.