La vie prend de drôle de tournures par moment. Un jour, elle vous fait don d'un bonheur sans nom et, le suivant, elle vous balance une brique sur la tête. Je ne peux pas dire que j'ai connue une vie malheureuse. J'ai eu de bons parents qui certes en ont toujours exigés beaucoup de moi, mais qui se sont montrés présents dans mes périodes les plus difficiles. Puis, j'ai eu James. Ce qu'on a pu en faire des bêtises tous les deux !! On se racontait tout et on pouvait toujours compter l'un sur l'autre en cas de coup dur. Il m'a toujours protégés, que ce soit contre les autres élèves qui se moquaient de moi pour mes habitudes d'intello ou contre les dangers de la vie. Il était mon meilleur ami. Celui que j'espérais garder à mes côtés jusqu'à la fin de mes jours.

Seulement, je m'étais voilée la face pendant beaucoup trop longtemps et, encore une fois, c'est James qui est venu me les ouvrir lors de ce fameux bal de promo où tout a changé. Sans doute étais-je tombée amoureuse de lui depuis des années sans même m'en rendre compte. Tout ce que je sais, c'est que lorsqu'il a fini par m'avouer ses sentiments au milieu de cette piste de danse, j'ai sentie une joie intense m'envahir. C'était comme si ma vie prenait soudainement tout son sens. On s'est embrassé et, dès lors, tout a changé. Avec lui, j'ai découvert des sentiments qui m'étaient jusqu'alors inconnus. J'adorais cette sensation lorsque ses bras m'entouraient. J'adorais cette manière douce qu'il avait de me faire l'amour. Évidemment, au bout d'un moment, on a fini par se marier. Et la vie a suivie son cours. Je me suis mise à bûcher de plus en plus dur pour éventuellement lancer ma propre compagnie de stylisme. James me soutenait toujours et je faisais de même pour lui. Je n'osais pas lui dire que je commençais à ressentir le besoin de fonder une famille avec lui. Je me disais que ça viendrait naturellement le moment venu. Puis, tout a basculé.

L'accident des parents de James. Leur décès et celui de sa jeune soeur. À partir de cet instant, mon mari n'a plus jamais été le même. Il a commencé à faire des cauchemars, se réveillant en panique à toutes les nuits. Je restais éveillée pour veiller sur lui. Je savais qu'il avait besoin de moi et je serais présente pour lui comme il l'avait été pour moi tout au long de ma vie. Puis, il a commencé à boire. De plus en plus. Et tout a déraillé. Il s'est mit à me hurler dessus, me reprochant mille et une choses qui étaient injustes. Évidemment, on se disputait de plus en plus régulièrement. Je savais que je ne pouvais plus supporter son comportement, mais je ne voyais pas comment je pourrais être capable de le quitter. Après tout, je l'aimais comme une folle et j'avais espérance qu'il finisse par redevenir l'homme merveilleux qu'il avait toujours été. Jusqu'à ce fameux soir. Une nouvelle dispute et cette fois, il a dépassé les bornes. Il m'a giflé violemment et ça a été la fin. J'étais prête à supporter bien des choses, mais certainement pas la violence. Alors, j'ai pliée bagages et je suis partie. J'avais une tante qui demeurait à Paris. J'ai donc pris l'avion et je suis partie la rejoindre dès que les papiers du divorce ont été signés. Puis, je me suis jetée dans le travail. Ma tante avait de nombreux contacts dans le domaine de la mode. Ils m'ont donc tous donnés un coup de main et j'ai pu gravir les échelons rapidement. En à peine quelques mois, ma marque de vêtements a grandis et je me suis retrouvée à la tête de ma propre société. Mon rêve le plus fou s'était enfin réalisée. J'aurais dû être la plus heureuse des femmes. D'ailleurs, j'ai même réussie à m'en convaincre.

Il y a deux mois, j'ai décidée de revenir à Boston afin d'y installer une filiale de la compagnie. Après tout, c'est chez moi. C'est l'endroit où j'ai grandis et celui où je me sens le mieux. Dès mon arrivée, je me suis jetée encore plus dans le travail, espérant oublier que je risque de le recroiser. Il y a un an que je n'ai pas revu James. Depuis notre divorce. J'ignore ce qu'il est devenu, s'il continu à boire autant. Tout ce que je sais, c'est que je dois l'oublier. Il vaudrait mieux que j'accorde mon coeur meurtri à mon apparence de femme d'affaires froide et sans scrupules.