ta mère est népalaise quand ton père est américain. les deux travaillant dans leur propre domaine ce qui t’obliges à te demander comment ont ils pu se connaitre, mais t’as jamais posé la question. leur histoire est une plateforme de verre craquant un peu plus à chaque pas dangereux sur celle-ci. pas un mot de votre part dessus. le silence permettant l’oubli. au bord du déni. - t’es la dernière myers, avant toi ils sont deux. deux et demi en vérité mais tu ne le comptes pas lui. illégitime à tes yeux. - t’as toujours su qu’il existait. ce garçon au prénom interdit. pour ça que tu ne comprends pas pourquoi tes parents ont décidé de te mettre au monde. accident ? tentative désespérée de recoller les morceaux ? t’allais tout faire pour. - toujours été plus proche de ton père. ta mère la traitresse. pourtant elle partage ton sang. pourtant pour toi, t’as besoin des deux pour t’épanouir. tu ne peux plus les voir en froid. quand des souvenirs du passé remontent, voir ton père dormir sur le canapé. une famille c’est être uni pour toi. autant que possible et y a qu’une chose qui peut tout réparer. les films le démontrent tous. un drame. - tu t’es beaucoup mise à lire à ce sujet. à regarder des témoignages. aller sur des forums, en suivre sur les réseaux sociaux. il ne restait que la dernière étape pour que tout soit parfait, que t’apprennes la langue des signes. alors tu te rendais en cachette à des cours y laissant ton pauvre argent de poche, tu peaufinais le tout avec des vidéos. il t’a bien fallu un an pour décider que tu pouvais laisser la bombe exploser. - t’as préféré réaliser ton premier changement d’alter à l’école. pour que les gens le savent, que les professeurs, une voix d’adulte vienne résonner et déclarer la nouvelle aux parents. le plus dur restait à faire. - tu en as crée deux. klaire, plus vieille de deux ans de plus que toi. plus forte, plus mature, plus grosse gueule. tu te cachais beaucoup derrière elle pour dire les choses. la protectrice. yvana, petite soeur de klaire. plus jeune, plus innocente, rêveuse, artiste et surtout muette. vous étiez trois, c’est vous maintenant et plus toi. - t’as aimé tes fausses alters. tu savais que tu serais une honte si ta simulation s’apprenait. déjà pour tes proches mais aussi pour toutes ces personnes qui se battaient pour faire reconnaitre leur trouble. ils étaient forts mais pas autant que toi lou-ann. - le motif de cette dissociation ? le pourquoi pendant l’enfance, toi, tu n’aurais pas pu lier ta personnalité à ton seul corps ? l’absence d’amour entre tes parents. les voir découcher. voir les mots dépasser leurs pensées. - t’as vu tes parents malheureux. se sentir coupable, commencer à se rendre compte que leur égoïsme avait des conséquences néfastes sur toi. en fait, t’étais la clef pour retrouver une famille unie ann. - quand tout commençait à s’arranger, tu as commencé à tenter de reprendre totalement le contrôle. c’était si simple de se cacher derrière d’autres prénoms, d’autres identités mais tu ne voulais plus, maintenant que tu étais à l’université, que cela soit un frein à tes relations, à ton avenir. - ton piètre psychologue a pu voir toutes ses tentatives d’endormir tes alters enfin fonctionner. car tu le voulais bien. tu disais adieu définitivement à klaire et yvana il y a deux ans. - ton talent en dessin et ton bon niveau au volley t’ont permis d’obtenir une bourse pour harvard. tes parents avaient certes de quoi vivre ils ne pouvait offrir l’université à tous leurs enfants. ils avaient des dettes, des bouches à nourrir. t’aurais pu aller dans une université publique mais toi tu voulais l’excellence. klaire surtout avec qui tu avais tendance à te faire passer pour quelqu’un d’un rang auquel tu n’appartiens pas. toucher ce que tu n’auras peut-être jamais. - t’aurais pu être une artiste ou une sportive de haut niveau. ton instabilité pendant ton adolescence t’a poussé à choisir une voie plus tranquille où tu savais qu’il y aurait de l’emploi. t’as donc choisi management et comptabilité en premier choix et arts plastiques en second.