— STELLENBOSCH, AFRIQUE DU SUD

» Le quatorze juillet mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, à Stellenbosch en Afrique du Sud, elle cri pour la première fois, suivie de près par sa sœur jumelle. Azul Ruby Rupert est loin d’imaginer le cadre de vie qu’elle aura. Leur père, Johann Rupert, milliardaire, né dans la même ville que ses filles, fondateur du groupe Richemont dix ans plus tôt, est l’une des plus grosses fortunes d’Afrique. Leur mère, espagnol d’origine, arrête son travail d’orfèvre pour se consacrer pleinement aux jumelles. Très éveillées, les filles apprennent vite, comprennent vite, mais restent innocentes et sages. Elles avaient tout pour grandir sereinement, l’amour, la fortune, le cadre idyllique.

— STELLENBOSCH, AFRIQUE DU SUD

» Le douze janvier deux mille un, elle court à travers les couloirs et les pièces du palace, cri de joie, avant d’être réprimandée par sa mère. Elles ne sont plus seules les filles, dans un petit berceau, bien à l’abri des regards et du bruit, dort son petit frère. Trois jours avant, elle saisit mal la nuance Ruby, elle comprend que la famille s'est agrandi, mais elle ne réalise pas tout à fait qu’elle est devenue grande sœur. Elle est jalouse, de l’attention que ses parents portent au nouveau-né, et embarque avec elle sa jumelle. Elle est fâchée, énervée, constamment, pas contre son frère, puisqu’il est sa merveille, mais elle commence à déployer une sorte de haine à l’encontre de ses géniteurs.

— VILLARS-SUR-OLLON, SUISSE

» La jalousie, grandissante à mesure que Ruby prenait en maturité, avait scindé les relations qu’elle entretenait avec ses parents. Ingérable, sa voix scindait le silence en deux à chacune de ses crises. Son frère la craignait, quand elle cherchait son amour, son attention. Trop protectrice… Incomprise surtout.

Les petits talons de ses babies, claquaient contre les marches qui menaient à l’entrée. Ses mains seraient fermement celle de son père et celle de sa mère. Elle jetait un dernier coup d’œil en arrière, échangeant un dernier regard avec sa copie, sa deuxième partie d’elle-même. Ruby, elle avait le ventre noué, le cœur déchiré, qu’elle ne sentait même plus la larme perler au coin de son œil. Elle subissait ses actes, sa jalousie, mais n’était-ce pas un prix bien trop fort qu’elle payait là ? Le regard lubrique, elle était émerveillée par la beauté de Beau Soleil, mais la lueur, elle avait disparu. Elle était mise de côté, loin de son pays, loin de sa famille, mais pire encore, on la séparait de sa jumelle. Du haut de ses onze ans, elle savait la brunette, que c’était pour protéger chaque membre de cette famille, d’une possible implosion de cette petite. Elle ne voyait pas l’acte d’amour de ses parents, juste le négatif. Elle était déstabilisée, désemparée..

— VILLARS-SUR-OLLON, SUISSE

» C’étaient les larmes aux yeux, qu’elle fermait la valise. Elle avait plus de souvenirs ici, qu’à Stellenbosch. Un comble, pensait-elle. Elle y était retournée le temps des vacances pourtant, mais elle avait ce goût amer dans la bouche à chaque fois qu’elle réduisait l’espace qui la séparait de ses proches, le long du tarmac. Ils semblaient heureux, sans elle.

— STELLENBOSCH, AFRIQUE DU SUD

» Dix-huit ans, un vol plus tard, ses yeux se posaient sur sa chambre d’enfance, inchangée. La femme de ménage lui désignait une nouvelle pièce qui était parfaitement à son goût, mais où régnait une atmosphère étrange. C’était celle de sa sœur, là où elle se réfugiait à chacun de ses retours ici, mais sans elle. Installée au bord du lit, elle avait feint d’être heureuse devant ses parents, mais rebroussait chemin, pour retrouver son petit lit. En boule, elle s’installait et quand elle attendait le retour de sa sœur, bien trop occupée par son amoureux, pour prendre la peine de l’accueillir, c’était finalement son petit frère qui venait à son chevet. Surprise, Ruby se redressait, quand lui passait délicatement sa main contre sa joue. « Papa, cachait tes lettres, mais je les ai trouvés. » Elle n'en parlait pas, lors de ses vacances ici, des milliers d’excuses qu’elle avait couchés sur le papier à l’intention du benjamin de la famille. Il l’avait prise dans ses bras ce jour-là, il l’avait serré si fort, que brunette, même en manque d’attention, avait dû calmer les ardeurs de son frère. Et dans un murmure, elle annonçait à son frère, qu’il était temps pour elle de retrouver sa famille et qu’elle espérait, qu’un jour, il viendrait la retrouver. .

— MADRID, ESPAGNE

» Elle était bien sous le soleil espagnol. Au vu de ses bonnes notes, elle avait eu l’accord de ses parents pour prendre une année sabbatique, à condition qu’elle l’utilise à bon escient. Beau Soleil avait fait d’elle une jeune femme responsable et respectable, elle avait appris à leurs côtés, l’entraide. Elle avait donc passé 6 mois de son année à faire plein de petite missions humanitaires dans le nord de l’Afrique, puis avait décidé d’aller sur les traces de ses origines. Elle avait visité plusieurs endroits clé de l’Espagne, mais avait aussi passé pas mal de temps en Italie. Les contacts avec sa sœur, se résumaient à quelques messages de temps en temps, quand elle passait la majorité de son temps en face time avec son petit frère. Il s’excusait pour Topaz, bien trop souvent au goût de Ruby, mais Beryl comprenait, dans le fond, la peine de l’ainée.  

— SERRA MALL, STANFORD, ETATS-UNIS

» Sa première année d’université à Stanford se passait bien, elle appréciait la Californie, mais préférait la première place. Son choix d’études était porté uniquement sur la découverte de l’humain et du comportement de ce dernier. Elle cherchait à avoir des réponses sur son passé au travers de ses cours. Marquée par son enfance bouleversante et les liens qui l’unissaient à sa famille, elle avait toujours ce sentiment d’insécurité. Elle cherchait l’amour auprès de tout le monde et elle débordait tellement d’amour, qu’elle était vite séduite. Trop d’amour à donner pour se contenter d’une personne, elle réalisait vite son côté polyamoureuse, mais gâchait ses relations à jongler entre plusieurs. Difficile à accepter, elle se sentait rejeter par tous Ruby. Alors après plusieurs catastrophes, elle était rentrée brièvement dans sa ville natale, sans voir sa sœur qui avait quitté le nid familial et avait annoncé à ses parents, qu’elle repartait pour Harvard. C’était bien la première fois, qu’elle voyait de la fierté dans le regard de son père.

— CAMBRIDGE, ETATS-UNIS