Ce nom vous intrigue hein ? Vous vous dîtes qu'il s'agit peut-être d'un homonyme, ou un jeune homme bien sous tout rapport qui a eu le malheur de naître sous ce nom maudit depuis plusieurs années. Ce sourire innocent et son visage enjoué tout le temps ne collent pas. Pourtant vous n'y êtes pas. Malheureusement, pas vrai ?

• Leonard est le petit-neveu de l'actuel président des États-Unis. Ça va, direz vous. En fait c'est plus compliqué. Il est le petit-fils du frère aîné de Donald Trump, Freddy Trump. Freddy devait être l'héritier de l'empire des Trump mais ce n'était pas un "tueur" en affaires comme son frère cadet. Beaucoup plus effacé, malgré la proximité entre les deux frères, il sombre dans l'alcoolisme et délaisse sa femme Linda et ses deux enfants Mary et... Fred. Ok c'est pas le plus simple. Freddy subit mal la pression dans l'ombre de son frère et meurt en 1981, en laissant des jeunes enfants derrière lui.
• Fred grandit sans père, loin de son oncle Donald trop investi dans les affaires, avec ses frasques personnelles à lui, ses réussites et ses échecs dans le business. Mais Fred, à l'instar de Freddy sombre très jeune dans l'alcoolisme et enchaîne les femmes. En 1997, il enfante une toxico et reconnaît le môme, Leonard. Fred ne profitera pas de son fils, il meurt dans un accident de voiture, bourré, alors que Leo n'a que deux ans.
• L'électrochoc se produit chez Donald, sa course à la richesse l'a rendu insensible à la chute de son frère puis de son neveu. Il entend parler de ce jeune garçon qui n'a plus rien hormis une mère qui dilapide une partie de la petite fortune qui ruisselait sur feu son mec, en divers opiacés. Donald est impénétrable, il est peut-être réellement touché par l'histoire de Leonard, mais aussi car, pour ce grand nom du business, habitué aux unes dans la presse people, les déboires de cette branche de sa famille va finir par faire tâche. Des avocats en costumes trois-pièces vont lancer une machine administrative pour retirer la garde de Leo à sa mère. Pour ne pas ébruiter l'affaire, elle touche une valise. De quoi se droguer dans un squat jusqu'à ce mort s'ensuive.
• Ses relations avec son grand-oncle sont rares et ambiguës. Leo le voit très peu, celui-ci est occupé à la Trump Tower, gère la Trump Company, se marie, divorce. Leo ne manque de rien, il vit parfois avec les femmes de sa vie, parfois chez les frères et sœurs de Donald. Ce-dernier a parfois des élans de patriarche protecteur, suit un peu ses résultats à l'école. Il veut sa dynastie, celle qui fera des études et fera prospérer les affaires. Il voit en Leo un Trump de plus pour occuper un poste. Un homme. Les rares choses qu'il lui inculque : la volonté et la détermination.
• Pour son équilibre, lui donner un foyer stable et ne pas le perdre dans le rythme de vie débonnaire de la famille Trump, il est envoyé, comme le chef Donald, en collège et lycée militaire. Il doit devenir un bulldozer impitoyable, prêt à combattre, bouffer les autres en entreprise. Il s'en fout que Leo soit brillant, il faut qu'il devienne sportif, athlétique, un mâle alpha américain sûr de lui.
• Leonard est un élève plutôt bon en fait, une intelligence autodidacte, il est bon dans ce qui le passionne. Pas le plus rigoureux, ni le plus à même de supporter ce carcan. Sans de véritables amis, il se fédère pourtant un cercle autour de lui grâce au club de sport qu'il aime plutôt manœuvrer dans l'ombre. Un élève devient trop arrogant et se prend pour le chef de l'équipe de foot ? Une photo d'un polaroïd le montrant en train de sauter la femme du coach tombe malencontreusement survie bureau de ce m-dernier. C'est un meneur solitaire, il a besoin de s'entourer mais n'a pas d'amis. Il n'a que des intérêts. Son sourire d'enfant désarme les méfiants alors qu'il manigance. Le secret, les romans d'espionnage, les intrigues politiques dans les gros journaux c'est ce qu'il aime.
• Ces écoles l'endurcissent, peut-être trop. Il se bat beaucoup, sans pitié, au grand plaisir de ses instructeurs. Il y développe une relation malsaine avec les femmes. Plutôt il ne développe aucune relation avec elles, durant tout son lycée, chaque week-end hors des murs de l'école, passé dans un appartement de la Trump Tower, il couche avec une femme et la jette. Son grand-oncle observe cette évolution avec un sourire. Voilà un winner. Plutôt bon à l'école, sportif, meneur, intrépide et dragueur. Il ne cherche pas à en savoir plus sur son père ni à connaître sa mère. Elle n'était là que pour le pondre et c'est bon. Il était une marchandise, elle en a tiré un bon prix. Le deal était bon. L'amour, ça n'existe pas, pas plus que l'amitié. N'existe que le rapport de force éternel.
• Leo s'imagine un jour au sommet d'une grosse boîte, alors que son oncle se rêve président. Il sort de son lycée en 2015 et veut faire une pause dans les études. La Trump Company c'est bien mais le BTP, les casinos, les trucs foireux ça l'emmerde. En revanche par ses pistons, ses capacités de caméléon, il parvient à être pris en assistant d'un dirigeant de Lockheed Martin. S'il y fait le planning et le café au début, son sens de l'observation, son audace et sympathie (en apparence) lui attirent les bonnes grâces de son patron qui le laisse regarder des dossiers, lui donne des conseils. Il y suit des questions d'espionnage industrielle. Et c'est le déclic, ce sera son milieu. Il se rêve déjà Edgar Hoover ou Allen et Forster Dulles. Il le comprend maintenant, l'argent c'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est le pouvoir.
• Il passe les examens d'Harvard, il a bossé comme un fou pour avoir d'excellentes notes. Car quand il a quelque chose en tête il y va à fond. Il n'hésite pas à rajouter des lettres de recommandations. Il ne s'en cache pas, il s'en fout. La fin importe plus que les moyens. Et il est admis alors même que son oncle en campagne, s'aliène les milieux universitaires de la côte Est. Est-ce qu'il a été révolté par l'élection de son oncle ? S'en est-il réjoui ? Ça vous trotte, parce que ça va changer la façon dont vous allez le voir. On ne peut pas dire qu'il s'en foute, il a suivi ça de près. Mais il a observé ça froidement, force est de constater que le chef de la famille avait très bien joué son coup. Fantasque, inquiétant oui, débile non. Partageait-il les idées du nouveau président ? Peut-être, peut-être pas, les grands idéaux sont comme la morale chez Nietzsche, un outil pour contraindre les forts. Leo est de ceux qui se moquent des idées du moment qu'elles permettent de prendre le pouvoir.
• La scolarité à Harvard se passe bien pour lui, il intègre une confrérie assez élitiste dans laquelle il vit pendant trois ans avant qu'elle ne ferme sur ordre de la doyenne. Il s'installe enfin dans son appartement. Sans être le meilleur élève, il se classe dans le haut du panier de sa promo, suit la vie de son université avec une certaine assiduité. Outre la boxe qu'il pratique depuis ses années dans le lycée des cadets, il fait du soccer, il s'inscrit alors dans l'équipe universitaire. Il ne finira pas en MLS mais son niveau n'est pas dégueulasse du tout.
• La partie scolaire est importante pour Leo, mais les à-côté le sont également. C'est pourquoi, chaque année, il utilise son culot, ses réseaux et le prestigieux nom de Harvard pour gratter des stages. Il a pu en faire un à la NSA, un au FBI entre la division renseignement et la division de la sécurité nationale. Son dernier fut au Department of Homeland Security, le ministère de l'intérieur. Ce n'est pas un espion pour autant, en revanche il a côtoyé les gens du milieu, et Leo est quelqu'un qui écoute et retient.
• Depuis cette année, il a rejoint le staff du maire démocrate de Boston, ce n'est pas un véritable conseiller très important, mais il suit un peu les questions de sécurité dans la ville. Leo n'a pas hésité à charmer un des proches du maire qui était gay pour avoir l'oreille du maire. Alors qu'il n'est pas homo lui-même. Mais la fin justifie tous les moyens. Bon Leonard avait tout de même analysé la situation et avait opté pour le père de famille marié qui n'était pas sorti du placard. Même s'il n'y avait eu qu'un flirt et rien de physique, il préférait assurer ses arrières. Sans jeu de mot bande de cons. Leo a pu suivre alors des événements comme celui du métro.
• Ce parcours de Leo a commencé à intéresser Donald, il y voit un jeune homme prometteur pour sa dynastie. Son beau-fils Jared s'intéresse aux affaires étrangères, un des siens à l'intérieur pourrait lui être utile, surtout aux vues de ses affaires. Alors il n'aura peut-être pas de second mandat, mais croyez bien que s'il a envie d'une chose c'est d'une grande famille à cheval entre les affaires et la politique. Il veut rentrer dans ce cercle composé des Kennedy, des Bush et des Clinton. Leo est dans une fac réputée, bon, plutôt bel homme, il représente un peu l'idéal conservateur d'apparence moderne qu'apprécie Donald. Il est moins sujet à moquerie que son fils Barron. Leonard sait que les coups de téléphone de plus en plus réguliers ne sont pas désintéressés, il s'en moque. Pour cela il est très trumpien, la seule relation c'est celle du profit : "Qu'est-ce que tu m'apportes ?" Donald n'a d'ailleurs pas été outré de le voir dans un staff démocrate, lui-même avait été proche des démocrates avant de voir le filon qui se dessinait dans une partie de l'Amérique profonde. Il n'a aucun doute sur le fait que Leonard soit pareil. Et il n'a pas totalement tort. Leo s'intéresse à la politique, lit, mais en fait il n'a pas d'idée arrêtée sur rien, il n'y voit que des moyens pour obtenir le pouvoir. Ça vous rassure ?
• Leonard arrivant en fin de quatrième année a postulé pour un Joint Degree entre la Harvard Law School et la Harvard Kennedy School, c'est assez select mais il a été retenu. Après cette année à la mairie, durant laquelle il a notamment suivi l'affaire du métro, Le jeune Trump s'interroge sur un nouveau job, peut-être un truc plus en lien avec les affaires du Congrès pour maîtriser un peu mieux l'art de la politique, mais il ne veut pas mettre en péril sa scolarité en s'éloignant trop souvent de Harvard. Il n'aurait pas besoin foncièrement d'argent, depuis qu'il a l'estime du président et du reste de la famille, il a un peu des fonds illimités, mais le jeune homme est très actif et ne supporte pas perdre du temps.
• Pour finir, Leonard a plusieurs vices, les femmes, les femmes mariées, ça il aime bien. Il aime bien empiler des dossiers sur les gens, on sait pas à quoi ça peut servir. Il aime bien faire de la recherche en Open Source, multiplier les VPN et tous ces trucs pour aller sur le darknet, écouter aux portes, mépriser une partie de sa classe sociale qui se complaît dans sa médiocrité en pensant que le monde lui appartient, et surtout avoir l'air gentil, naïf, sensible et un peu bête. Voyez en lui ce que vous avez envie d'y voir. Ayez l'espoir de le changer un jour.