Je savais que ma soeur verrait d'un mauvais oeil ce tatouage. Je pense que je l'avais fais ici, aux Etats Unis, elle l'aurait mieux prit, parce que les conditions d'hygiènes sont mieux. Mais au final, je me suis renseigné avant d'y aller. J'y ai embarqué Allie quand même comme première rencontre. Donc j'allais pas l'embarquer dans n'importe quoi. J'ai fais mes recherches sur le salon, sur le tatouage. J'ai vu que c'était clean et surtout que le cas faisait du beau boulot, donc j'y suis allé et clairement je ne suis pas déçu quand je vois le resultat. Evidemment ça m'a fait mal. Ca reste une cicatrice, c'est fragile, mais j'ai serré les dents. Mais maintenant ça fait un mois et je n'ai pas eu de réaction ou d'infection. J'applique encore de la crème dessus, mais vraiment je n'ai pas à me plaindre. Et au moins ça me fait sourire de découvrir ce tatouage orner mon torse meurtri. C'est bien le seul truc qui me fait sourire quand je suis torse nu devant mon miroir. Au moins maintenant je vois le prénom de ma fille tous les jours. Ma fille, mon rayon de soleil. Autant ma relation avec Carter a été un désastre, autant elle m'a donné la plus belle chose au monde. Et désormais on partage uniquement quelques mots lorsque je lui ramène Thais ou quand je vais la chercher. " Non je te rassure, je vais pas me faire un autre tatouage, de toute façon je crois que la dernière cicatrice, je peux pas vraiment la cacher. " Elle est bien trop grosse. Ils ont du me retirer ce barre de fer et ensuite ils ont du m'opérer. C'était loin d'être facile. Une semaine dans le coma. Je pense que j'ai eu de la chance. Comme lors de la fusillade il y a un an. J'ai eu de la chance. Il y a tellement de balles perdus, qu'une aurait pu atteindre ma tête ou mon coeur. " Non... Disons que avec Hope on s'aidait mutuellement... " Mais elle n'est plus là. Peut être que je devrais aller en voir un ? Aucune idée. avant j'avais Hope. On a vécu cette fusillade ensemble. On a tous les deux été traumatisé. On est dans les deux tombé accro à quelque chose. Hope à la morphine et moi aux anti-douleur et somnifères. On s'est aidé. Je l'ai vu dans des crises de manque, et inversement. " Oui t'as raison... " Que je finis par lui dire. Les cacher ne m'aidera pas. Je le sais. Je dois d'abord accepter toutes ces cicatrices avant de pouvoir faire quelque chose contre celles-ci. Je souris quand Ella entremêle nos mains ensemble. Je sais que ma soeur sera toujours là pour moi, qu'importe les mauvais choix que je prends dans la vie. " Bon je peux remettre mon t-shirt ? " Que je dis en souriant. Pour le moment j'ai encore du mal à accepter mon torse. Je me détache un peu de ma soeur pour pouvoir remettre mon t-shirt. " Thais va certainement trouver ça gnian-gnian quand elle sera en pleine crise d'adolescence. " Oui c'est sûr même.

Je sais que toutes ces cicatrices sont le souvenir de terribles choses pour Dimitri mais il va falloir qu'il passe par dessus un jour où l'autre. Il ne peut pas vouloir vivre sous un tshirt toute sa vie et cacher tout cela. Elles font parties de celui qu'il est aujourd'hui. Aurait-il arrêté ses conneries s'il n'y avait pas eu tout cela ? Et puis, moi, ces cicatrices je les remercie tous les jours. Certes, son corps est meurtri et marqué à jamais mais il aurait pu n'en avoir aucune et être entre quatre planches à l'heure actuelle. Je serre les dents quand il me dit qu'il ne voir de professionnel et qu'il s'est essentiellement confié à Hope. Cette garce est partout et je comprends un peu mieux pourquoi il a tant de mal à passer par au dessus de ce petit manège de relations qu'ils avaient. Putain. Jusqu'au bout, celle ci ! Elle ne pouvait pas juste tirer son coup et se faire la mal comme Aubrey ? Je ne me préfère même pas réagir là dessus parce que je sais que nous partirons dans une dispute et je viens de retrouver mon frère après un mois alors non. " Tu devrais demander l'aide de professionnels. Y a aucune honte là dessus. Je peux te passer le numéro du mien, si tu veux " Je ne parle pas ouvertement de ce que je fais de ma santé mentale ni comment j'essaye de ne pas être submergé par absolument tout et n'importe quoi. Je suis un iceberg, il y a beaucoup sous la surface mais j'essaye de contrôler les eaux qui m'entourent pour ne pas inverser la chose. " J'ai toujours raison " Que je souffle doucement avec un clin d'oeil. Il est l'heure de détendre l'atmosphère avant de devenir complètement fou. Les moments avec mon frère sont précieux et je voudrais le protéger de tout, le câliner pour qu'il oublie ces mauvaises choses. Seulement, c'est impossible. Ce lien, aussi bien émotionnel que physique est ce que je chéris le plus au monde. Je presse ses mains dans les miennes et éclate de rire à sa question. " Oui allez, rhabilles toi beau gosse ! " Parce qu'il l'est, beau. Et je ne le laisserais jamais douter de cela et penser l'inverse. Je me penche pour attraper la bouteille de Tequila et bois une petite gorgée à la bouteille. Une grimace et j'acquiesce. " Elle va t'en vouloir comme jamaiiiiis ! " Que je ris. " Ja la vois déjà pleurnicher sur la plage 'papa garde ton t-shirt !!' " Oh, ma petite princesse, que j'ai hâte de la voir et de lui faire les plus gros câlins du monde. " J'ai décidé de refaire toute sa chambre. Elle est trop grande pour ce lit de bébé là " Que je souffle à Dimitri en lui tendant la bouteille de Tequila. Beaucoup de gens trouveraient ça étrange que j'ai une chambre pour Thaïs alors que je ne passe qu'un jour par mois avec elle. Mais c'est ma petite nièce chérie et je ferais tout pour elle. Et puis, quand elle en aura marre de ses parents, elle pourra toujours venir faire la fête chez tata Ella, il y aura toujours de la place pour elle.

Ma soeur a certainement raison quand elle me dit que je devrais parler à un professionnel. Disons que j'en avais jamais eu le besoin. Avec Hope on a vécu cette fusillade ensemble. On a tous les deux été très blessés. On en parlait des fois et ça nous faisait clairement du bien. Sauf qu'elle ne fait plus partie de ma vie. On s'échange par moment des messages, mais clairement ce n'est pas l'amour fou. Je ne pense pas qu'on pourra un jour être amis, donc j'ai juste préféré effacer notre conversation avec Hope. Au moins pas de tentation, parce que j'ai tendance à craquer de temps en temps. " Du tien ? " Que je demande à ma soeur. Comment ça ? Je l'ignorais. Mais elle a raison. Je devrais en parler à quelqu'un, juste parler et dire ce que je pense. Je sais que je dois apprendre à vivre avec les marques sur mon corps, mais ce n'est forcément facile. Y a des moments où ça va, mais il y en a d'autres où je repense à tout cela, et au fait que Cléolya a aussi failli perdre la vie dans ce métro. On était ensemble et c'était vraiment stupide de ma part de monter dedans. Mais que ma soeur se rassure je ne compte pas remonter dans un métro. Ca c'est mort. Je préférerai alors marcher plutôt que de monter dans un métro. Enfin je lui demande si je peux remettre mon t-shirt maintenant qu'elle a vu mon tatouage. Je me lève pour pouvoir remettre mon haut et cacher de nouveau ces cicatrices face à ma soeur. " Oui je l'imagine déjà... Mais bon c'est une belle preuve d'amour quand même, elle comprendra quand elle sera plus grande. " Que je dis en rigolant. Et quand elle me dit qu'elle a fait refaire la chambre de Thais, je peux m'empêcher de sourire et de rire légèrement. Ma soeur, ça doit être la seule soeur au monde a avoir une chambre pour sa nièce. " T'es folle, mais elle a va adorer, j'en suis sûr. " Que je dis en rigolant. " Deux chambre de princesse, franchement quel enfant à ça, sérieux ? " Pourrie gâté quand c'est ma semaine.

Chaque personne gère ses sentiments comme il le sent, comme il en a envie et comme il le peut. Certains sombres dans des saloperies, d'autres s'occupent l'esprit avec des heures de bénévolat et certains font appel à des professionnels. Même si je déteste le dire, je fais partie de cette dernière catégorie de personne. J'ai toujours réussi à mener ma vie comme je l'entendais, à garder les pieds sur terre, ne quittant jamais mon objectif de vue. Seulement, quand notre père est décédé, mon monde s'est écroulé. Je ne vivais pas que par lui mais je vivais pour lui, en grande partie. Je voulais qu'il soit fier de moi, qu'il voit que je la méritais aussi, cette putain d'entreprise pour laquelle je me défonce jour et nuit. Et le chagrin m'a submergé quand il est parti. Je n'ai pas vraiment eu d'autres choix que de consulter. Ça n'a pas été facile de trouver la bonne personne, celle qui me donnerait assez confiance pour laisser filer mes plus sombres pensées. Mais je l'ai trouvé. Et je le paye de nombreux billets pour ce qu'il fait. Je pense que sans le Dr Phil, je ne serais pas aussi posée. C'est pour dire la tornade que j'étais il y a trois ans de cela. " Oui. Je vois un psy depuis la mort de Papa. Je ne suis pas infaillible " Même si ça serait mon désir le plus fou. N'avoir besoin de personne pour aller bien. Toujours être forte, inébranlable. Je pourrais résister à la pire des tempêtes sans soucis. Un jour peut-être. Nous avons tous nos façons de gérer la peine, de gérer les souvenirs - douloureux ou  non - et Dimitri l'avait fait à sa façon : en se tatouant le prénom de sa fille sur la poitrine. L'encre est encore bien noire. " Franchement, je payerais pour voir sa tête déconfite. Tu l'imagines toi, à douze ans, la tête entre les mains à soupirer ? " Cette gamine est un ange mais elle a aussi son caractère. Il faut dire qu'elle est pourrie gâtée par notre famille et surtout par moi. Je ne peux rien lui refuser et j'ai hâte de passer encore plus de temps avec elle quand elle grandira. Je souris aux paroles de Dimitri et hausse les épaules quand il me dit que je suis folle. Je n'aurais jamais d'enfant alors je la traite un peu comme la mienne. " Ce n'est pas n'importe quel enfant… C'est une Marriott-Wildingham " Que je souffle sur un ton qui se veut réprobateur. Il s'attend à quoi ? Que je lui achète des bijoux chez 7/24, des trucs en plastique où il y a des tonnes de merdes dedans ? Non, non. Elle aura le meilleur ou rien. C'est ma Princesse à moi aussi. Je suis bien heureuse d'être si proche de mon frère, il n'y a pas à dire. Et pendant de nombreuses heures, nous discutons, faisons les idiots et nous baladons sur "memory lane". Des souvenirs d'enfance. Heureux, pour le plus part. Une bonne soirée entre Marriott-Wildingham comme on les aime.

THE END.