Une mauvaise blague. Une connerie trop grosse pour essayer de me faire penser à autre chose. Ça ne peut être que ça. Relevant la tête vers ma blondinette, mon regard, mon expression sans doute catastrophé lui fait sans doute comprendre que j'ai finalement fait les liens, assemblé les parts d'un puzzle qui s'avère nettement plus compliqué que prévu et que j'apprécie de moins en moins. Voulant probablement oblitérer tous doutes possibles, elle confirme à voix et mes doigts se resserrent rageusement sur la serviette entre eux, sans même que j'en aie conscience. Grognant mentalement contre le pronom possessif que je ne valide pas même si ce n'est que pour l'utilité de l'identification, mes traits se durcissent, la peur de la vérité s'étant évanouie, remplacer par la colère de voir revenir un problème que je croyais réglé et derrière nous depuis des années. ...Du moins autant qu'il pouvait l'être puisqu'il reste une cicatrice permanente sur le coeur de mon adorée malgré tous mes efforts.

Je ne me souviens plus de tous les détails, je l'admets. Je me souviens des grandes lignes, de ce qui comptait et compte toujours à mes yeux, de ce qui faisait toute la différence. Je me souviens des yeux tristes, puis des larmes de ma soeur. Une faute inexcusable. Je me souviens de ma rage incontrôlable contre lui quand j'avais appris ce qu'il s'était passé, de mon envie de l'envoyer six pieds sous terre pour sa conduite. Ce qu'il a fait, même aujourd'hui, alors que ça revient sur le tapis, je ne le lui pardonnerai jamais.

La voix de Nadia me ramène au présent, me ramène à elle alors qu'elle m'explique qu'ils se sont rencontrés il y a quelques temps et qu'elle a su le lien entre lui et Neal. Une information que j'aurais aimé savoir plutôt, mais j'imagine que ce n'est pas un retour qu'elle a facilement digéré. Ouvrant la bouche pour savoir ce qu'il a bien pu dire à mon sujet, il n'y a pourtant aucun son qui sort lorsque mes yeux accrochent le vas-et-vient de la bouteille sur le comptoir. Expulsant finalement un soupir de mes poumons, je secoue la tête.

- Imbécile..., marmonnais-je, ma voix se perdant peut-être au milieu du bruit ambiant.

Lui. Définitivement. Parce qu'il n'avait pas idée de ce qu'il avait entre les mains à l'époque et ne semble pas plus le savoir aujourd'hui. Moi. Pour ce que je lui fais subir par la bande alors qu'elle n'a rien besoin de tout ça. Alors qu'elle devrait pouvoir sourire tout simplement.

Passant le pied sous le barreau du tabouret où ma soeur est juchée, je l'approche du mien pour passer un bras à sa taille, me penchant pour poser front contre sa tempe.

- Navré de te faire subir tout ça, m'excusais-je en fermant les yeux. J'aurais jamais dû te demander de venir à l'anniversaire de Neal, soufflais-je en me foutant une baffe mentalement pour l'avoir ainsi obligé à se trouver face à lui. S'il t'approche encore, vient me trouver, lui demandais-je en ouvrant les yeux. Ou avertis-moi et je viendrai, indiquais-je en me redressant. Relâchant sa taille, je passe le dos de l'index et du majeur sur sa joue, délicatement. Je ne veux plus qu'il te blesse, je ne veux plus voir une larme sur tes joues par sa faute, laissais-je savoir, mon regard transmettant probablement mon inquiétude de voir un jour un tel phénomène se reproduire. J'ai promis qu'il ne te ferais plus de mal, Nadia.