J'étais fébrile de tout. Je m'inquiétais de tout et n'importe quoi, je devenais maniaque à remettre les choses à leur place à la pourrir sous les surprises et les cadeaux. Je ne voulais pas non plus paraître coupable, mais je l'étais. J'avais fait une crise de jalousie qui n'avait ni queue ni tête vis à vis de son ancien sex friend devenu ami... et moi je m'étais retrouvé les lèvres collées à celles de mon ex... et je trouvais ça légitime de lui faire mordre la poussière ? De la faire culpabiliser de me rendre triste quand moi même je franchissais les limites du respect. J'étais un salaud.
Alors comme d'habitude, je prépare une surprise. Pour me repentir, me faire pardonner de toutes les fois où j'ai perdu le contrôle... car là si je la perds, ce ne sera pas parce qu'elle est volage mais parce que j'ai seulement fait le con. Et je ne pourrai que me mordre les doigts. A croire que je suis une bombe autodestructrice mais qui détruit tout autour d'elle...
J'arrive devant sa classe mais il n'y a pas trace de ma blonde. J’interpelle une élève qui me dit qu'elle n'est pas venue en cours et je ne comprends pas. J'espère qu'elle ne l'a pas appris... J'espère que Neal n'a pas ouvert sa gueule. Qu'il ne mettra jamais en péril la seule relation qui ne m'ait jamais fait autant de bien. Pas après un mois de relation où les dernières semaines se sont vues chaotiques. On avait besoin de calme... d'amour.
Mais là, c'est le stresse qui s'empare de moi et je lui envoie un sms. La conversation est froide de prime abord puis elle se détend très rapidement... Tout va bien.
Je l'invite donc à l'observation de la voie lactée dans le planétarium de la ville avec l'intervenant et astronome John Johnson, professeur également à Harvard. J'avais hâte de l'entendre parler des dernières trouvailles et d'explorer l'univers comme si nous y étions.

A 6pm, je suis devant le labo des physiciens, en plein débat sur le nucléon quand des mains se posent sur mes yeux. je les reconnaîtrais entre mille, toutes fraiches du au temps d'hiver. Je souris en coin. « Désolée j'attends ma femme. » que je dis en riant. Je me retourne pour l'embrasser, avant de la laisser déposer quelque chose dans ma poche. « Salut, toi. » Je finis par dire au revoir à mes potes avant de la trainer jusqu'au planétarium où nous nous installons sur des sièges de cinéma légèrement penché en arrière pour mieux observer le plafond rond.
On est déjà quelques uns présents et je choisis un rangé au milieu la laissant s'assoir en premier.
J'enlève mon manteau marron pour n'être qu'en chemise orage et slim noir. Mes doigts s'entrelacent automatiquement aux siens et je pioche dans la poche, le morceau de papier qu'elle y a glissé. « Qu'est-ce que c'est ? » que je demande avant d'ouvrir.

J'ouvre le papier en lisant les premières lignes m'octroyant un bref instant de curiosité dans tout ce paragraphe qu'elle avait enfin décidé de livrer. C'est une belle écriture, excessivement poétique, je suis déjà sous le charme dès la première ligne mais je replie le papier pour éviter les gens curieux et me tourne vers elle en faisant mine de ne pas voir où elle veut en venir. « Absolument pas. Tu aurais parler d'un brillant italien qui aime sa chérie plus que tout, là oui, je connais. » que je dis en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
Ah là, je me sentais dans mon élément et bien mieux intégrer. J'ai l'impression d'avoir retrouvé ma place dans le monde. A ses côtés, je ne suis plus partagé entre la honte, la peur et le doute... Je suis simplement sûr de mes sentiments et de l'amour que j'ai pour elle. Et je m'en veux... je m'en veux tellement, si tu savais. De garder ce terrible secret enfoui et de te laisser dans l'ignorance totale... par pur égoïsme.
Une nouvelle fois, elle interrompt le fil de mes pensées, s'excusant de ne pas avoir été présente lorsque j'ai voulu faire ma surprise, mais je hausse les épaules. « Y en aura d'autres. » que je dis instinctivement, croisant les jambes pour regarder le Pr. Johnson prendre place. « Tu étais où d'ailleurs ? » mais je n'ai pas le temps d'avoir une réponse qu'elle m'embrasse pour signifier la fin des questions et d'écouter la conférence. On aura le temps de se poser toutes les questions après... On avait toujours pas aborder le sujet de ma bisexualité.
Le Pr. Johnson se présente, présente également son métier... Je me rends compte de pourquoi on me trouve pompeux parfois, bien que je boive ses paroles, je me rends compte que beaucoup commencent déjà à décrocher, surtout quand il parle de mécanique quantique observer grâce à l'univers.
Il lance le projot au plafond et l'univers s'étend sous nos yeux dans cette demi-sphère creuser. On plonge au cœur de notre voie lactée et il se met à parler des planètes une à une. De ses composants, de ses planètes, de sa masse, de sa formation...
Je suis si captivé. J'observe tout et retiens tout également. Les nouvelles informations sur les planètes sont incroyables. Le nombres d'impacts, la couche d'atmosphère, leur masse, leur composition, les nouveaux matériaux... les plus grosses tempêtes jamais enregistrer. Quand on sait que Neptune a des vents soufflant jusqu'à 2000km/h, on se doute que nous ne pourrions vivre sur cette géante gazeuse... il n'y a de toute façon aucune couche pour nous recevoir.
Et vient Jupiter. Je serre les doigts de Veïa en écoutant les nouvelles informations, observant la planète qui grossit pour une meilleure observation. Je suis comme un gosse devant un super héro. Il se trouve que Jupiter n'est plus la planète contenant le plus de satellites lunaires... Saturne la détrône avec des lunes nouvelles trouvées. Et il se pourrait qu'on trouve la vie sur Io. Je n'en reviens toujours pas. « C'est incroyable... » que je souffle en continuant de regarder ma planète fétiche, bouche bée.

Les étoiles au dessus de nous dansent dans une valse des plus maîtrisée. Tout est à sa place avec un brin de mystère, les découvertes du professeur Johnson me laisse pantois, je prends toutes les informations et les récoltent avec beaucoup trop d'enthousiasme par rapport à une salle curieuse mais pas forcément passionnée. Il finit sa présentation et comme un gamin, je me lève pour aller lui demander quelques explications supplémentaires. Nous sommes trois futurs astrophysiciens à lui poser quelques questions. Il est agréable et apprécie d'aider la jeunesse à se faire dans ce milieu passionnant mais compliqué par ses nombreuses théories parfois rapidement réfutées.
On échange une bonne dizaine de minutes avant qu'il ne montre du doigt une personne dans les sièges qui semblent endormie. Avant d'écarquiller les yeux et de me rendre compte que cette personne, ce n'est autre que ma petite femme. « C'est ma copine. » que je dis en riant. Ce n'est pas rare de trouver des personnes endormies, l'espace a cet effet magique sur beaucoup de monde. Malgré tout, ils me charrient un peu sur le fait que ma copine doit être narcoleptique mais je contrecarre en disant que ce doit être la voix soporifique du pr. Johnson qui l'a plongé dans ce sommeil profond.
On se quitte tous en riant, et prévoyant même de se revoir avec certains élèves. le pr. passera une nouvelle fois dans l'année, mais dans les classes cette fois-ci.

Doucement, je pose ma main sur l'épaule de ma future et lui embrasse le front. « Chérie, on doit y aller. » que je dis le plus calmement et doucement possible. Son réveil me fait rire mais je pince les lèvres pour ne pas éclater de rire. « Depuis plus de vingt minutes. » que je dis en essayant toujours de ne pas exploser de rire. « Je discutais avec le professeur et quelques élèves... on en a profité pour te laisser te reposer. » que je dis en lui tendant la main avant de l'attendre dans les escaliers de la sortie. « La voix du professeur était soporifique, c'est à lui que tu dois t'en prendre. » que je dis en lui donnant un léger coup d'épaule avant de fermer mes doigts sur les siens. « Tu dors mal en ce moment ? » que je m'enquiers de demander, inquiet.
J'ouvre chaque porte qui nous mènent à l'extérieur où le froid nous mord le nez et le visage sans sommation. « Tu veux qu'on aille diner ou qu'on rentre ? » que je demande en m’emmitouflant dans mon écharpe.
Malgré moi, presque inconsciemment, je cherche Teo des yeux avant de souffler et de me rappeler que je n'ai pas besoin de faire ça. Je dois faire mon deuil, maintenant.

L'air est frais, les élèves et les spectateurs se dissipent petit à petit. Elle ne répond pas à ma question sur son sommeil qui semble manquant, et je pars du principe que ce doit être le cas. Qui ne dit mot, consente. J'espère que ce n'est pas à cause de toute cette merde avec Andrew et Teo. Nous n'avions pas de chance, en ce moment... Et tout ça, ça ne venait que de moi. Je voulais me faire pardonner... Je ne voulais pas qu'elle se sente délaisser ou pire, qu'elle pense que je veuille la quitter.
J'ai du mal à faire mon deuil, mais je suis persuadée de l'aimer, elle et personne d'autre. Même si j'enchaine les bêtises, les tromperies... les cachoteries. Je veux juste pouvoir mettre fin à tout ça sans blesser son cœur qui saigne déjà beaucoup trop... L'aurais-je accepter si c'était à elle de faire ça ? certainement pas. C'est ce qui me rend encore plus pitoyable... Je suis prêt à la détruire pour quelqu'un qui m'a déjà détruit. Je rampe comme un chiot pour avoir l'attention de ce type qui m'a délaissé... au prix de sa vie, au prix de la mienne.
Et pourtant, je me donne à cet imbécile alors que ma femme s'inquiète chaque nuit, chaque minute... à s'en bouffer la santé.
Elle ne saura jamais le mal que je fais derrière son dos... Et je me le jure, après noël j'oublie tout.
Pourquoi noël ? Parce que je compte bien offrir un cadeau d'adieu à Teo. A lui dire au revoir... maintenant que j'ai retrouvé ses lèvres, ses bras... il m'a manqué, mais il ne me manque pas autant que me manque Veïa quand elle est loin de moi.
Mon cœur est certain, ma tête hésite. Et j'ai besoin de frapper fort pour en sortir...
Et elle répond comme en écho à mes pensées après avoir décidé qu'on dinerait, et je la regarde, plein de culpabilité dissimuler dans mon regard. « je suis désolé. » que je murmure alors qu'elle décide d'occulter pour qu'on aille manger, feignant la rigolade en entrant mais je ne me sens pas digne d'elle... Est-ce que je devrais lui dire ? Nan, je la briserai en mille morceaux. Hey, salut chérie, j'ai couché avec mon ex, mais je t'aime. Jamais de la vie. C'est mon secret, et je porterai ce poids tout seul.

On s'installe à une table et je l'aide à retirer son manteau en tirant la chaise pour l'assoir avant de m'installer à mon tour. « Je te laisse le soin de commander pour moi, je ne suis pas très coutumier de la cuisine végétarienne. » que je dis en parcourant la carte des yeux. « J'aime le chèvre chaud. » que je dis en haussant les épaules. « Tu veux venir dormir à la maison ? » que je demande de but en blanc , n'arrivant pas à m'enlever sa révélation de la tête. « Tu dormiras peut-être mieux dans mes bras. » que je balance sans humilité, mais un léger sourire en coin, malicieux. « On passera chercher Hermès. » que je dis en reprenant la carte pour me cacher derrière... le regard anxieux, la boule au ventre. Il faut donner le change, Milo.

La cuisine veggie c'était mon dada, j'étais clairement un viandard et j'aimais la bonne cuisine alors ça me perturbait toujours de devoir me contenter de légumineuses en guise de protéines. Comme dirait Jayson, il faut se méfier de ceux qui mangent de la salade... même si j'aime la salade malgré tout. Qu'il est bête, je suis content de savoir qu'il est de retour en ville... Il pourrait peut-être m'aider à y voir plus clair dans tout ce merdier... Là où Jane a essayé mais que je n'ai pas osé avouer mes fautes. En soi, j'espère vraiment que ma blonde ne se doute de rien et qu'elle mise tout sur un simple chamboulement. Car clairement, je suis plus que chamboulé. Je suis complètement retourné, et je vis avec une telle douleur que j'aimerais la libérer... malheureusement, je ne peux pas en parler... même pas à mon meilleur ami. Car si une vérité est dite, elle finira toujours par circuler jusqu'à ses oreilles... peu importe comment, elle le saura. Et je le refuse. Son cœur doit être préservé... et plus égoïstement, mon couple doit survivre. Je l'aime à en mourir et gâcher ça à cause Teo, je ne m'en relèverai pas.
C'est purement alchimique, c'est nostalgique... c’est l'amour du passé qui se confronte furieusement au présent.
Non, en vrai, je suis simplement bête.

Je la regarde, et fronce les sourcils. Je ne suis pas nerveux, je suis inquiet pour elle nuance. Mais elle rebondit sur le fait qu'elle serait contente et que si notre fils est là, elle ne peut pas refuser et je souris légèrement alors que je consulte la carte sans trop rien y comprendre... Je ne sais même pas ce que je veux vraiment. Elle opte pour les burgers et j'opine du chef. « Y en a un au chèvre ? » que je demande en essayant de comprendre les intitulés.
Posant la carte devant moi je la regard droit dans les yeux, le regard légèrement sévère. « Je m'inquiète pour toi, surtout en ce moment. » je croise les bras et prends appui sur mes coudes. « Qu'est-ce que tu n'oses pas me dire ou me demander ? »
Même si je ne doute pas que tout a un lien avec mon passé, mon attitude plus détaché... ma culpabilité se ressent, et peut-être qu'elle sent que j'ai du mal à m'investir en ce moment. Notre amour m'est plus que précieux... Mais j'ai cette voix au fond de moi qui me conjure de la libérer... et de ne pas la faire plus souffrir.