J’aurai sans doute mieux fait de ne jamais venir à cette inauguration. Je ne me sentais pas vraiment le bienvenue dans cet endroit et, en plus, maintenant, il fallait que je me retrouve face à @Jagger J. Araùjo après lui avoir foncé dedans sans le faire exprès. Gamin qui n’était pas fichu de faire attention à là où il mettait les pieds. Gosse qui était bien mieux fermé sagement dans son appartement loin du monde et du bruit. J’avais l’impression d’avoir fait une bêtise soudainement parce que c’était mon prénom qui sortait de la bouche de l’homme face à moi. Un prénom qu’il n’utilisait que rarement depuis qu’il s’était mis à m’offrir un surnom. Un surnom qui n’arrivait pas là et je ne pouvais pas m’empêcher de faire la remarque. Ma remarque poussait à Jagger à soupirer et je me tassais encore plus sur moi de peur de l’engueulade qui pourrait survenir. Être humain bien trop angoissé par les mots qui pouvaient tomber. Et ils tombaient me poussant à fermer les yeux et à serrer les poings parce que je n’aimais pas ce que j’entendais. Je n’aimais pas du tout les mots que Jagger laissait tomber entre nous. Il soufflait que je n’avais pas fait de bêtises aujourd’hui comme si… Comme si j’en avais déjà fait une par le passé. Considérait-il nos moments ensemble comme des bêtises ? Je mordillais ma lèvre refoulant le sanglot qui voulait se faufiler. J’entendais à peine les autres mots alors que la respiration s’accélérait un peu trop vivement. Perdu dans le tourbillon de celle-ci, je peinais à entendre la voix de Jagger à mes oreilles. Je peinais à comprendre les mots qu’il me disait. Je peinais même à remettre de l’ordre dans ma tête. Déglutissant difficilement, j’ouvrais les yeux pour jeter un regard derrière moi. Je ne voyais pas @Lukas O. Spritz et je reposais mon regard sur Jagger marmonnant « La… La cabane… En bas… » C’était là où je me dirigeais. C’était loin du monde, loin du bruit. C’était à l’abri des regards. C’était pour les enfants, mais n’en étais-je pas un quelque part ?

L’angoisse semblait vouloir s’inviter dans ce moment. Elle s’était tapie dans un coin de mon être lorsque nous avions franchi la porte du Newbury Comics. Elle s’était glissée dans un coin comme si je pouvais l’oublier alors que ma main était liée à celle de @Lukas O. Spritz. Cependant, les choses s’étaient rapidement bouleversées. La distance d’Anton à mon égard me poussait à ne pas me sentir bienvenue en ces lieux, l’éloignement voulu par Lukas pour un futur moment isolé tous les deux et cette rencontre avec Jagger qui semblait sous-entendre que j’avais déjà fait des bêtises. Des bêtises avec lui. Des bêtises entre nous. J’avais envie de pleurer. J’avais envie de prendre mes jambes à mon cou pour quitter ces lieux. L’angoisse remontait. Elle s’invitait sur le devant de la scène laissant ma respiration m’échapper sans que je ne sache la contrôler. Je ne parvenais même pas à compter dans ma tête pour me concentrer sur quelque chose. Je n’arrivais pas à me raccrocher à la voix de Jagger qui résonnait proche. Je ne trouvais même plus Lukas. Et ça montait. Ça cognait trop fort. Je fermais les yeux déglutissant avant de répondre à Jagger. J’allais à la cabane en bas. C’était là où j’étais censé me rendre. C’était là où je me devais d’aller. C’était la demande de Lukas qui avait glissé. Je devais aller à la cabane en bas. Mes iris sombres se posaient sur @Jagger J. Araùjo et je secouais doucement la tête marmonnant « Je… J’suis désolé de… D’avoir foncé sur toi et de… D’avoir fait des bêtises… Avant… J’sais pas… Je… J’suis désolé… » Je m’excusais sans réellement savoir de quoi je pouvais m’excuser. Je n’avais pas conscience de ces bêtises commises. Murmurant de nouveau une excuse, je m’empressais de reculer et de m’éloigner. Je descendais à toute vitesse le cœur cognant si fort et la respiration courte. Une fois arrivé en bas, j’hésitais. La porte de sortie ou la cabane pour enfants. Mâchouillant nerveusement ma lèvre, je finissais par me diriger vers la cabane pour enfants me faufilant à l’intérieur. Jambes ramenées contre mon torse, je déposais mon front sur mes genoux et je fermais les yeux très forts comme si ça avait le pouvoir de changer les choses et de tout arranger.

Inspirer… Expirer… C’était ce que @Lukas O. Spritz répétait à chaque fois pour faire taire l’angoisse qui s’invitait à l’intérieur de mon cœur. C’était ces consignes que je tentais de suivre pour mieux réguler la situation. En respirant plus calmement, je pouvais me calmer et ne pas laisser l’angoisse me dévorer. Front posé sur les genoux, je gardais les yeux clos et je comptais les respirations qui passaient la barrière de mes lèvres. Plus que cette journée à tenir et après j’allais pouvoir retourner chez moi en Italie. Plus que cette journée à accepter de jouer le rôle que je devais avoir dans cette vie oubliée avant de pouvoir retourner à la vie dont je me souvenais. Plus qu’une seule journée et je ne voulais pas la gâcher avec une foutue crise d’angoisse. Mes bras venaient entourer mes genoux et je me concentrais encore plus sur ma tâche. Il fallait respirer moins vite. Il fallait que le cœur cogne moins fort. Ce cœur qui loupait un battement lorsque la voix de mon plus que meilleur ami résonnait dans la cabane. Je ne parvenais pas à bouger de ma place pour lever les yeux sur lui. Encore moins alors qu’il ne terminait même pas sa phrase. Soudainement, les mots magiques me faisaient réagir. Trouvé des trésors… C’était comme si nous n’étions encore que deux gamins en Italie à chercher les trésors sur la plage. Relevant à peine la tête, je jetais un coup d’œil à ce qu’il venait de déposer devant moi. Des bonbons, une BD et deux billets de tombola. Ce n’était pas comme les trésors de la plage, mais ça convenait. Mon Sunshine se glissait dans mon dos et je le laissais faire. Ses bras passaient autour de moi et je me laissais aller. J’acceptais le contact. Je me détendais. J’étendais les jambes devant moi. Je m’appuyais un peu plus sur mon Sunshine derrière moi. Il déposait son menton sur mon épaule avant de murmurer quelques mots pour lancer cette proposition qui me faisait sourire. Hochant doucement la tête, je soufflais « Oui… D’accord… » Qu’on replonge dans une vieille aventure. Lui et moi. Teokas. Neakas. Juste nous. Au moins aujourd’hui avant que je ne m’efface d’ici. Quelques heures juste lui et moi pour oublier la réalité et se perdre dans notre monde. Quelques heures merveilleuses qui mettront du baume au cœur.