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w/ Louison ma chewie  — Boston, Janvier 2019
C'était... invraisemblable ce qui avait pu se passer. Un attentat. Le jour du discours du maire. Ça ne cessait de passer aux informations alors que ça faisait quatre jours que les tragiques événements ont eu lieu. Les terroristes étaient pas encore trouvés mais la police les recherchait activement. Après tout, trois lieux ont été touchés. Trois endroits, avec un nombre incalculable de victimes. Dans le malheur de tout ça, on avait la chance d'être sain et sauf, Louison et moi. J'avais pas tout de suite opté pour l'hôpital, ne voulant pas être une charge pour les médecins qui avaient beaucoup à faire mais j'avais malgré tout fait un check-up, pour rassurer ma petite amie. Faut dire, on sait jamais, peut-être que j'aurais pu faire un arrêt en pleine nuit et ne jamais me réveiller. Bon, mon dernier souvenir aura été de faire l'amour à celle que j'aime, mais c'était une fin affreuse, pour elle surtout. S'endormir heureuse, se réveiller aux côtés d'un cadavre. Ugh, no thanks. Alors ouais, l'hôpital avait décelé un léger traumatisme crânien qu'il fallait surveiller, mais sinon tout allait bien. Le sang s'écoulant de ma bouche était simplement dû à une plaie buccale qui s'est résorbée d'elle-même avec le temps. Pas de point de suture, pas d'hospitalisation, tout allait bien. Et je voyais dans les yeux de Louison qu'elle était rassurée, mais pas totalement. Alors en sortant de l'hôpital, j'attrapais ses deux mains, plongeant mon regard dans le sien, comme pour capter pour sûr son attention qui pouvait être disparate à certains moments. « J'ai pas oublié, ton permis... ta volonté de me faire des leçons de conduites, tout ça » Un léger sourire s'esquisse sur mon visage avant que je ne penche légèrement la tête tout en la regardant. « Maintenant que tout va bien, on peut tenter d'aller chercher une voiture, dans un concessionnaire » Non mais parce qu'elle rêve de retrouver son autonomie et plus vite on lui retrouve une voiture, plus vite le sourire regagnera son visage. C'est mathématique, et moi, je peux trouver une certaine logique quand il s'agit du bonheur de ma petite amie.

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w/ Pluton mon namour  — Boston, Janvier 2019
La vie ne tient qu’à un fil. Un fil que nous ne voyons pas. Ce con est invisible. On se croit immortel jusqu’à ce que la mort nous surprenne. Ce triple attentat m’a beaucoup plus atteinte que je le croyais. C’est comme si toutes mes émotions emprisonnées sur l'instant ne jaillissaient que maintenant. C’est l’anarchie en moi. Je me remémore en boucle cette journée jusqu’à l’explosion. C’est permanent. 24h/24. Je vis la peur au ventre. Pas la peur que ça se reproduise et que je meurs comme certains ont pu malheureusement périr. Non, j’ai peur que l’homme avec qui je partage désormais tout de moi me soit injustement retiré. Et toi, tu le vois pas tout ça. Je le masque. Je te décerne toujours mes plus beaux sourires quand je te sens me regarder, mais au fond de moi, quelque chose a changé. Je vois le monde plus terrifiant qu’auparavant. Le moindre bruit me fait sursauter. Mes nuits sont atroces. Je les passe à te fixer. À passer le bout de mes doigts sur ta peau en prenant soin de ne pas te réveiller. À pleurer en silence. J’étouffe des sanglots. Je vis un enfer malgré l’apparence joviale que je maintiens au maximum. Cependant, je n’ai pas pu contenir mon inquiétude sur ton état et c’est pour cela qu’après quatre jours d’obstination, je suis parvenue à te traîner jusqu'à l’hôpital pour un check-up. Bilan ? Un léger traumatisme crânien. À surveiller. Super. Je suis rassurée comme jamais. Faux. Ça ne change rien, pire, ça accentue mes angoisses. Sortant enfin de l’hosto, plongée dans mes tourments, tu m’arrêtes et te places devant moi tout en chapardant mes mains. Je suis alors forcée de te regarder dans les yeux, ce que j’évite depuis un moment. « J’sais pas si c’est une bonne idée » Je hausse mes épaules et détourne mes prunelles congelées par le froid vers le parking au loin. « La dernière fois que je conduisais, j’ai failli te tuer » J’arrive plus à sourire. Je sens que tu fais tout ce que tu peux pour dynamiser l’instant et me regonfler à bloc, mais pour une fois, ça ne prend pas. Ma voix est monotone. Mes mouvements d'une extrême lenteur. « C’est peut-être plus prudent que je continue à prendre le bus ou le métro. Dans le pire des cas, je me fais brutaliser ou violer » Je me rends même pas compte des horreurs que je débite, je suis juste bien trop captivée par l’horreur. Par la mort. Par ton corps qui gisait sur le sol. Ça tourne en boucle .. C'est incessant.

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w/ Louison ma chewie  — Boston, Janvier 2019
C'était pas grand chose dans le fond, un petit traumatisme crânien. Les chocs reçus n'étaient pas forcément idéaux mais j'allais pas en mourir. Il fallait juste faire attention à ma façon de s'exprimer, si je n'avais pas des pertes de mémoire, d'équilibre ou encore de vomissements intempestifs. C'était pas arrivé depuis samedi alors je doute que ça se produise à présent. Au moins, on était passé par la case 'hôpital' alors j'espérais qu'elle serait un minimum rassurée et qu'elle se laisse à présent aller. Non mais parce que j'avais remarqué la fatigue qui s'installait sur son visage, malgré son maquillage pour le masquer. Elle voulait pas m'inquiéter, prétendre que tout allait bien, mais j'avais l'oeil et non, elle n'allait pas forcément comme elle le prétendait et je voulais m'assurer de la rassurer suffisamment pour qu'elle puisse dormir sur ses deux oreilles. « Arrête, c'était pas ta faute... moi aussi j'ai failli te tuer la dernière fois que j'ai conduit » Le soir de la St Valentin. En plus de plusieurs orgasmes, elle avait récolté une bosse sur sa tête alors bon.. Et en plus, elle détourne le regard, ne sourit pas. Ouais, un truc n'allait vraiment pas. Et quand finalement, elle laissait son explication prendre forme par les sons qui sortaient de sa bouche, je restais sur le cul. Choqué presque par de tels propos. Je reculais d'un pas tant c'était assez violent, et l'image qui me venait en tête était affreuse. « Tu rigoles j'espère ? » Je me rapprochais d'elle une nouvelle fois pour attraper son visage entre mes mains pour forcer le contact visuel entre nos regards. « 'Le pire des cas' ? Pourquoi tu veux pas de voiture hein ? Pourquoi tu renonces si... facilement aux plans qu'on avait ? Tu rêvais de voiture y'a encore une semaine »

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w/ Pluton mon namour  — Boston, Janvier 2019
Cette consultation m’a foutu le cafard. Au bout d’un certain temps, j’ai même décroché. La voix du médecin n’était plus qu’un écho. Je n’étais plus vraiment dans cette pièce, assise dans ce siège qui pique les fesses, non, j’étais de nouveau sur les lieux du drame. Si seulement je n’avais pas pesté contre Camille, on ne serait pas là. Tout est de ma faute. Tout peut basculer d’une seconde à une autre, d’une réaction à une autre, d’un mot à un autre. Tout. Il y a quatre jours, j’ai failli te perdre. En sortant de l’hôpital, bien que le docteur nous ait rassuré, mon visage demeure fermé. J’enchaîne les pas comme un automate. Je ne prononce rien du tout. J’ai perdu l’usage de la parole. Je ressemble plus qu’à l’ombre de moi-même. Et tout à coup, tu me fais barrage. Je freine et suis contrainte d’affronter ton regard qui me renvoie tout ce que j’aime le plus au monde. Ta vie. J’aime que tu sois en vie et allumé. Je veux pas t’éteindre et j’ai peur que ça arrive en achetant une nouvelle voiture. La dernière fois, on est vraiment passé tout près de la fin. « Ça, je l’ai cherché. Tu m’avais prévenu et je t’ai forcé. J’étais au bout du bout, tu m’aurais tué, ça m’aurait épargné toutes les souffrances que .. » Je m’arrête, ne souhaitant pas partir dans une revue de toutes les peines que tu m’as infligées. Quand je pense que tout est parti de là, de Tinder, d’une soirée mouvementée et puis d’une succession d’événements toujours plus forts les uns que les autres. Voilà pourquoi je psychote aujourd’hui, parce que je chéris notre histoire plus que tout au monde et je veux pas qu’elle se termine. Je préfèrerai chargée personnellement en prenant des risques plutôt que de t’entraîner dans ma spirale de la malchance. « Non, j’suis sérieuse ». Tes mains encore tièdes encadrent ensuite mon visage et une fois de plus, je suis forcée de jumeler nos prunelles. « J’ai plus envie de rien. Je veux juste que .. que tu restes à l’abri. Je vais finir par te tuer. C’était de ma faute à la fête, si je n’avais pas réagi à la provocation de Camille, tu ne te serais pas éloigné, tu aurais gagné ma peluche et .. et .. » J’ai les larmes qui montent et qui s’accumulent au bord de mes yeux. Ma respiration se saccade. Je respire par à-coups. C’est pitoyable. « Et tu ne te serais pas fait piétiné. Je t’aurais donné un baiser enflammé, un baiser que je n'arrive même plus à te donner. J’ai tellement peur de créer encore plus de souvenirs avec toi et que tu disparaisses sous terre ou autre part, que ça me fasse terriblement mal et que je ne puisse plus jamais me relever. Tu vois, je crois que j’ai compris un truc, Pluton il n’est pas à moi, il est à l’univers. »

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w/ Louison ma chewie  — Boston, Janvier 2019
Je ne comprenais pas trop pourquoi elle réagissait comme ça, renfermée, ne plus vraiment vouloir échanger. Elle n'avait quasiment rien dit de toute la séance avec le médecin, l'auscultation s'est fait dans le plus grand calme, le silence brisé par la voix du spécialiste ainsi que la mienne, pour répondre à ses quelques questions. Autant dire, elle était là pour assister à la scène, sans vraiment en être actrice. Et en me remémorant les quelques jours passés, oui, ça prenait sens. Enfin, elle n'était pas comme d'habitude et je voulais être certain que je n'avais rien fait de préjudiciable pour ma personne ou pour notre relation. Je baissais la tête, fermant même les yeux, quand elle parlait de souffrance. Celle que je lui ai infligé, ouais, je sais. Je.. n'avais même plus d'excuse pour ça. Je préférais rester silencieux, ne pas remuer le couteau dans la plaie. C'était mieux ainsi après tout. Seulement, quand elle me parlait d'agression ou de viol, qu'elle préférait tout ça plutôt qu'avoir une voiture, je prenais peur et surtout, je me rendais compte d'un certain mal qui l'habitait et qu'il fallait que j'exorcise au plus vite si je ne voulais pas que ça s'envenime avec le temps. Et finalement, elle révélait tout ce qui la tourmentait. Enfin, une partie tout du moins. Je comprenais en cet instant que ce qui s'est passé samedi l'avait profondément marqué, plus que ce que j'aurais cru. « Wow, wow, wow... Tu vas pas me tuer, ok ? C'était... ma malchance, le coup du sort. Peut-être qu'il fallait que ça se produise comme ça pour que la suite nous offre encore plus ? Je... J'ai pas besoin d'être choyé, protégé et mis dans une cage en verre » Même si bon, en toute honnêteté, un peu plus de sécurité n'était pas de refus. Son était me brisait le cœur et je finissais par simplement coller mes lèvres aux siennes, fermant les yeux par automatisme, avant d'enrouler mes bras autour d'elle pour la serrer fort dans mes bras. Finalement, je glissais quelques mots à son oreille, comme un murmure, comme un secret entre nous. « Je suis là... je suis là, à te prendre dans les bras, et c'est un instant de plus dans notre histoire. Je veux pas que tu aies peur de la suite bébé, je veux que tu profites comme je profite. Ça aurait pu être pire oui... raison de plus pour profiter de tout ce que la vie a à nous offrir, c'est à dire encore plus de moments privilégiés, toi et moi contre le reste du monde... »

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w/ Pluton mon namour  — Boston, Janvier 2019
Je suis pas si intouchable que ça. J’baisse parfois les bras, mais uniquement pour mieux les relever, seulement, ces attentats ont réveillé une peur insoupçonnée chez moi. Peur de perdre mon prochain. Peur de mourir. Peur de tuer. Volontairement ou involontairement. La perte de mon enfant revient forcément à la charge. C’était un être que j’avais désiré et que je n’ai pas su protéger. Un peu comme toi. Tu es l’être que je désire le plus au monde, mais que j’ai jeté dans la gueule du loup samedi dernier. Je m’en veux à un point. Je crois plus en rien. Tout ce qui m’entoure n’a plus de sens, car tout peut disparaître d’une seconde à une autre, toi y compris. Alors acheter une voiture ? Non. J’y vois plus d’intérêt, à moins de ramener à nous la grande faucheuse. « Moi je voudrais. Je veux te protéger. C’est une de mes missions de base envers toi en étant ta .. copine. Je veux qu’il ne t’arrive rien du tout. Je vais construire ce bunker dont tu parlais la dernière fois. Je le creuserai de mes propres mains s’il le faut et on y vivra tous les deux .. » J’ai réellement pensé à ce plan. Pendant que tu dormais à poings fermés, j’élaborais des scénarios tous aussi fous les uns que les autres pour qu’on ne soit plus jamais confronté à des drames pareils. Et ouais, quand l’insomnie t’attrape, t’as le temps de cogiter. Finalement, après ces élucubrations que je viens de jeter, tu m’embrasses. Un baiser maigre qui précède une étreinte plus puissante. Mon visage coincé dans ton cou, je fixe le paysage dans ton dos, mon émotion resserrant ma gorge. Les sanglots à l'attaque. Je tremblote. Je pince mes lèvres pour réprimer le débordement. Je pose mes mains dans ton dos, juste pour nous assembler un peu plus, mais sans forcément te coller plus fort à moi. C’est comme si j’enlaçais mon frère et encore. Finissant par te repousser pour qu’on se confronte à nouveau, je relève fièrement mon menton tout en croisant mes bras pour éviter un nouveau câlin « Et si la vie ne voulait plus rien nous offrir ? » Je continue. Une bonne louche de pessimisme que je renverse sur ta tronche. Je suis défaitiste, tout ce que tu pourras dire ou faire ne semble plus avoir aucun effet sur mes pensées résistantes. « Je suis paradoxale Pluton. J’ai à la fois envie de me terrer sous Terre et à la fois envie d’aller découvrir le monde, là, tout de suite. J’ai envie de tout arrêter. Je veux aller voir les Massaï en Afrique. Je veux aller voir le Taj-Mahal et bouffer du poulet tandoori. Je voudrais qu’on se fasse la muraille de Chine. Qu’on grimpe l’Everest. Je .. On .. On rate plein de choses. Quitte à crever, autant le faire de façon magistrale plutôt que de se faire dynamiter connement » J’sais que tu vas me dire qu’on le fera plus tard. Je le connais ton discours posé, mais je veux pas l’entendre aujourd’hui. Épargne-moi ça. « Laisse tomber, il faut que je fume, j’ai oublié les cigarettes à la maison » que je souffle en te passant à côté pour prendre le chemin de l’arrêt de bus.

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w/ Louison ma chewie  — Boston, Janvier 2019
Ouais, c'était malencontreux cette histoire de bombe, cet attentat qui avait fait énormément de victimes, d'autant plus que ceux qui ont perpétré tout ça n'ont toujours pas été attrapés, enfermés ou encore tués. Ouais, un sentiment de peur régnait sur Boston actuellement et c'était assez lourd comme sensation. Mais il fallait qu'on continue de vivre, parce que justement, la mort nous a frôlé de près pour certains. Justement, j'avais beaucoup trop perdu cette année pour me laisser abattre, quitte à en perdre la vie en profitant de chaque instant. De toute évidence, ce n'était pas le même raisonnement pour ma petite amie qui était bien plus dans la réserve et la protection. Me protéger, en l'occurrence. « Et ma mission à moi c'est de faire que tu te sentes bien. Je veux pas que tu te sacrifies pour moi Louison. Je veux que tu profites de la vie à côté de moi, main dans la main » Et non qu'elle se fasse un sang d'ancre à chaque fois qu'il m'arrive le moindre truc. Surtout qu'avec la maladresse connue mondialement que je portais sur mes épaules, j'avais un truc tous les jours. Une chute, une bousculade, une légère blessure. Et puis là, le traumatisme crânien n'arrangeait pas les choses. Mais j'étais pas doué pour rassurer, je le voyais bien. Elle se fermait à moi, à mes paroles, à mes projections à ses côtés. Elle avait son idée en tête et impossible de l'en défaire. Alors je l'imitais, reculant d'un pas, croisant mes bras pour lui faire comprendre ce que ça faisait que de faire face à un mur. « Avec des ‘si’, on referait le monde. » que je disais, un haussement d'épaules de surcroît pour illustrer mes mots. Et puis elle déblatérait tout un discours, pour conclure en disant qu'elle doit fumer, alors elle commençait à s'en aller. Wow, j'étais.. énervé. Ouais, c'est le mot, elle m'énervait quand elle agissait comme ça, quand elle ne prenait même pas en compte mon avis, mes volontés, ou qu'elle ne voulait même pas m'écouter en fait. « Le Taj-Mahal c'est le temple de l'amour, forcément que je veux le voir avec toi. Demain si c'est ce qu'il faut pour te faire plaisir. Je veux bien tout t'offrir Louison, mais.. faut que tu me promettes quelque chose en retour » Je ne suis pas fermé à l'idée de tout abandonner pour tes beaux yeux. Je suis prêt à faire ce sacrifice, si toi aussi t'es prête à en faire un. Et de ce que j'entends, je ne suis pas certain que ce soit le cas alors je tente et advienne que pourra. Je n'avais pas bougé de ma place, et j'osais espérer qu'elle avait entendu tout ce que j'avais à dire, des quelques mètres qui nous séparaient. Il était hors de question que je la suive pour le coup.

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w/ Pluton mon namour  — Boston, Janvier 2019
C’est désarmant la mort. Il n’existe aucun bouclier pour la parer. Elle vient et elle prend qui elle veut. Pas de sentiments. Elle peut rappliquer là, tout de suite. Elle peut tout enlever, à toi, comme à moi. C’est pour ça que j’agis aussi étrangement ces derniers jours. C’est pour ça que je panique devant toi, que je remets tout en question. Trop d’optimisme tue l’optimisme. Je veux broyer du noir, peut-être que j’en ai besoin pour mieux retrouver la lumière ? J’en sais rien. C’est pas nouveau. J’ai traversé beaucoup de tunnels obscurs dans ma vie, en voilà un nouveau. Espérons qu’il ne soit pas trop long et que je n’en reste pas prisonnière. « Oh putain, je hais cette phrase. C’est TA phrase par défaut ça. Si le ‘si’ existe, c’est bien pour l’utiliser » C’est quoi cette joute verbale inutile là ? Je sais pas pourquoi je m’emmerde à me justifier sur ce qui me ronge, t’as pas envie d’ouvrir tes oreilles ou plutôt ton sens de la compréhension. Ouais, aujourd’hui t’es le Yang et moi le Yin. J'suis le noir. Les ténèbres. La lune. La fraîcheur. Pourtant, j’suis soudainement frappée par un beau rayon de soleil. Je m’illumine. Je parviens à relativiser, à engloutir un peu d’espoir, mais je m’échappe. La réceptivité n’est pas au rendez-vous. Je t’ai saoulé. Je me barre. Les cigarettes, mon poison merveilleux. Un effacement momentané de la douleur. Je dois retrouver mon paquet à défaut de trouver apaisement auprès de toi. Mais tout à coup, ta voix augmente en intensité pour parvenir à mes oreilles. Je m’immobilise sur ma route. Dos tourné, je pince mes lèvres et fronce mes sourcils. Une promesse ? Mon coeur s’accélère. Je pense à tout et n’importe quoi. Je lève les yeux au ciel et pivote sur moi-même pour t’avoir en visuel. « Quoi ? Qu’est-ce que tu veux en retour ? On revient au bon vieux chantage ou quoi ? » Ravalant les mètres qui nous séparent, je me plante devant toi, à un petit mètre. Mes prunelles habitées par la crainte jonglent entre tes deux billes noisette. Tu me fais peur Pluton, t’insurges pas si j'agis avec agressivité. « Déballe. Je le sens mal, je sais pas pourquoi, mais je le sens mal. Finalement, c'est peut-être toi qui va me flinguer » J'ai l'estomac noué. Plus de salive. Les mains moites. J'fais de la tachycardie. Que des symptômes de mon stress. Un stress que tu me refiles.

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w/ Louison ma chewie  — Boston, Janvier 2019
« Mais parce qu'on sait pas de quoi est fait demain, okay ? Laisse toi porter et avise en conséquences. Je suis là, avec toi, je t'apporte tout l'amour du monde tous les jours ! » Alors ouais, ça m'énervait qu'elle puisse être comme ça, sans comprendre que le destin n'avait rien contre nous. On était ensemble, ça devait être suffisant non ? Faut croire que jamais rien n'est suffisant pour elle des fois. « Et oui, le ‘si’ existe mais pas pour remettre en question notre futur ensemble. » Loin de là. Putain, je suis le seul optimiste vis à vis de nous dans cette relation ? Non mais parce que ça me flinguait ce manque de volonté de sa part. Comme si on était voué à l'échec dans tous les cas. Ça me faisait clairement chier et je crois même que ça se voyait sur mon visage, que je me renfermais sur moi-même, piqué sur ce qui me constituait. Et alors qu'elle s'éloignait, je tentais de la retenir par un moyen détourné qui serait possiblement satisfaisant... ou peut-être pas, vu qu'elle le prenait pour de la provocation, chose qui n'était pas mais bon. « Chantage ? Pourquoi tout de suite l'extrême ? » soupirais-je alors, avant de glisser mes mains dans mes poches, la regardant de nouveau face à moi, les lèvres pincées. Je l'aimais, oh oui, je l'aimais vraiment. Mais elle m'agaçait quand elle était un peu trop dans l'extrême négativité. « Le Spring Break. Le Spring Break, on part pas avec tous les étudiants. On s'en va où tu veux, voir le Taj-Mahal ou un temple d'Asie, qu'importe. Deux semaines où on est juste toi et moi et le lieu que tu veux. On retourne en cours et on recommence cet été » C'est pas le maintenant qu'elle voulait, mais je pouvais tout bonnement pas laisser tomber toutes les responsabilités dans lesquels j'étais embarqué. Les études à Harvard, mon diplôme, la Dunster House. « Et je te promets de faire attention à moi dorénavant, pour que tu me gardes à tes côtés le plus longtemps possible »

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w/ Pluton mon namour  — Boston, Janvier 2019
J’sais pas vraiment pourquoi j’ai décidé d’entrer en guerre contre toi. J’ai failli te perdre, je t’aime et je te veux pour l’éternité multipliée par l’éternité, mais je gueule. C’est peut-être la peur qui cause à ma place. La peur de ne pas pouvoir exaucer tous mes souhaits à tes côtés si jamais je te perdais. Je me laisse alors contaminer par mes émotions qui sont en conflits les unes avec les autres. « N’exagère pas ! » Ouais, je crois bien que c’est ça, je te hurle dessus et je remets tout en cause parce que j’ai eu et j’ai toujours la frousse que tu t’en ailles pour toujours. Je suis littéralement en train de nous détruire à cause de mon légendaire manque de confiance en moi. Par la peur de l’inconnu. Par mon anxiété en état permanent de veille. C’est beau. On se dispute en public, sous le regard des visiteurs et de quelques patients traînant des perfusions. Scène de ménage en direct live. C’est crier pour crier là. Et bordel, qu’est-ce que tu t’en sors bien. Je veux pas non plus qu’un 'si' vienne remettre en question notre futur, je te jure. C’est juste que j’ai besoin de le considérer afin de ne pas prendre pour acquis ce que nous avons. Il faut que j’affronte la réalité, tout peut s’envoler du jour au lendemain. Paradoxalement, je voudrais que le seul truc qui puisse nous séparer soit justement la mort. Damn, c’est pas un peu ce que raconte le mariage ça ? Bref, fin du crêpage de chignon. Je fuis, comme souvent. Au fond de moi, je croyais que tu allais suivre, mais pas cette fois. Tu me prends par les sentiments, par les tripes. Je fais demi-tour, en furie. Je m’imagine le pire. Les conditions, c’est jamais positif. « Parce que je suis toujours dans l’extrême, depuis le temps que tu me connais, tu devrais le savoir ! » J’agite mes bras dans tous les sens. Je serre en étau mon crâne. Je laisse retomber mes bras le long de mon corps et j’attends que le couperet tombe et me tranche. Seulement, ce qui sort de ta bouche n’a rien à voir avec tout ce que j’avais pu m’imaginer de dramatique. L’ascenseur émotionnel que t’a créé en moi m’a carrément décalqué. J’ai les jambes qui peinent à tenir le haut de mon corps à la verticale. La pression retombe, mais j’continue à avoir le coeur qui se déchaîne dans ma poitrine « Qu’est-ce que t’es con, j’y crois pas, attends steplait » Je me retourne et couvre alors mon visage de mes mains. Je relâche tout. Le dos rond face à toi, je laisse les larmes se déverser. Ma respiration se saccade. Les sanglots font convulser ma carcasse asséchée par le stress. N’arrivant plus à m’arrêter, je fais volte-face, mes lèvres englouties dans ma bouche. « Tu peux pas savoir à quel point je t’aime et que tout ce que tu viens de me dire, c'est ce que je voulais entendre. Le truc, c’est que mes intentions ne sont peut-être pas aussi bonnes et pures que les tiennes Pluton » Toujours frappée par des spasmes, je renifle et ravale mon chagrin pour poursuivre du mieux que je peux « Si ça m’arrange de louper le Spring Break c'est parce que .. parce que c’est le temple de la dépravation. Tu pourrais trouver une autre fille là-bas. Avec de gros seins. Un beau cul. Moins chiante que moi. J’veux pas que tes yeux se posent sur une autre. Je suis jalouse, mais si malgré ça, tu n’as pas changé d’avis et que tu veux toujours t'envoler n'importe où, alors oui, oui, j'accepte volontiers. Toi et moi au bout du monde à chaque coupure, c’est juste un de mes rêves »