Aucun spectacle n'est plus doux que celui des lueurs nocturnes de Boston et de tes doigts virevoltant sur le nacré d'un piano. T'as joué ce soir parce que tu deviens un Autre le soir venu. Le Musicien, l'Excessif et le Tourmenté. Aussi volage que le crépuscule, et léger que tu peux l'être. Tu oublies. Le poids des affaires et des obligations. Tu as désormais terminé ta contribution musicale et tu laisses la place à d'autres. Il est temps pour toi de profiter. Comme cet alcool fort qui résonne dans tes veines. La chaleur se diffuse et t'es bien. Tout ce monde, toutes ces femmes, ces rires et la fumée. Tu ondules doucement de la tête alors que le brin se consume à tes lèvres. T'as pas d'objectif particulier ce soir, juste vivre et exister. Et puis tu la vois Elle. Les souvenirs italiens viennent résonner à tes oreilles. Son rire doux et son regard trop pâle et pure pour tes yeux las. Tu souris en coin. Parce que tu sais qu'elle partage ton sol désormais. T'as vu ça y'a quelques semaines sur son insta. T'as pas pu t'empêcher de suivre la petite étoile, comme un espace trop affamé. Mais t'en dis rien. Tu te tortures à pas vouloir en savoir davantage sur Elle. T'aimes ce mystère qui se dégage sur sa personne. T'aimes imaginer le goût que peuvent avoir ses lèvres, la douceur de sa peau sous tes doigts. Sans jamais passer le pied dans le réel. T'aimes ce rêve étrange entre vous. Elle s'approche de ta personne et tu l'aurais puni de l'affront averse. “ Ciao Stella.” que tu dis d'un regard un peu plus doux qu'à l'accoutumée. “Tu as traversé l'océan pour me retrouver?” Tu étais là en premier, et tu vas pas te priver de lui rappeler.

Les talons qui claquent, les voiles de ta robe qui frissonnent, tes perles qui brillent, tes yeux qui séduisent. T'arrivais au milieu de la soirée, rythmée par les octaves d'un piano. Entre tes mains un gin tonic, entre tes lèvres une cigarette, au bout de ton regard un italien. Tu le reconnaissais, lui et ses iris trop clairs qui cachaient un félin. Il était certain que le crépuscule lui allait si bien, et l'étonnement de le revoir n'était pas enclin. Tu l'avais vu sur les réseaux sociaux, comme une cinglée qui voulait le traquer. Tu cherchais pas à tout savoir, simplement t'aimais revoir les courbes de son visage pour te rappeler à quel point tu t'étais sentie menacée. La provocation qui avait émané lors des nuits passées en Italie n'avait cessé d'intensifier le mystère qui planait. Il était beau, il était élégant, il était mystérieux, il était riche, il était cultivé, il était passionné, il était libéré. Tu l'voyais, tu le désirais. Mystère non solutionné, ça te titillait, ça te prenait là, au fond du ventre. Tu terminais ton verre, tu riais, tu fumais. Stella t'étais la reine de la nuit, c'était ce qu'ils se disaient en Italie. Le yin et le yang, l'obscurité et la lumière. De tes yeux tu le voyais vagabonder entre les américains, le gratin de la ville dont tu avais rapidement fait connaissance. Ils étaient en territoire conquis, seulement ce soir, tu ne le laisserais pas échapper à vos souvenirs italiens. Vous étiez loin des mondanités de votre pays de naissance, et toi le destin tu préférais le provoquer plutôt que d'attendre qu'il se manifeste. Alors sans patienter un instant, ton corps s'aimantait au sien. Tu souriais, les lippes félines et arrogantes. "J'imagine que voir la plus belle créature italienne vient égayer ta soirée". Tu tirais une cigarette, lui offrant au passage le loisir d'en tirer une. "Tu aurais pu m'envoyer ton jet privé, j'ai dû me contenter d'une première classe sans personne à mes côtés". Ultime gorgée, tu allais bientôt être assoiffée.

Les charmes féminins sont ton talon d'Achille Enzo, et le sien particulièrement. Elle brille trop et sa voix est trop douce. Ta fossette se creuse alors qu'elle se vante la Malheureuse. Tes yeux se font plus certains, tu aimes tellement ce petit jeu entre vous. “ Tu ne sais pas à quel point.” Mes heures sont pleines et creuses en même temps et mon cœur est aux abonnés absents. Elle extirpe une cigarette tout en proposant, tu déclines poliment alors qu'elle vient embraser le feu à ses lèvres. Toi tu viens de terminer la tienne et tu ne veux pas être trop gourmand. “ Un Jet privé doit être mérité.” que tu rétorques avec un petit sourire aux lèvres. Tu t'octroies ce luxe toi naturellement et pour être honnête elle n'aurait pas grand chose à faire pour le mériter à son tour. “ T'es là depuis longtemps?” Que tu lui demandes en la détaillant finalement. Ses courbes sont toujours aussi parfaites et tu te demandes quel mystère elle représente. Elle était Reine là bas dans votre pays, de ces égéries nocturnes que les mâles s'arrachent, elles ne récoltaient que des soupirs masculins au gré de ses mains victorieuses, dominante sur son piédestal malgré son jeune âge. T'aimes ce pouvoir qui se dégage de son âme fragile. L'innocence dans un corps d'Amazone. Tu te demandes parfois si elle a seulement conscience de son potentiel. “ Un nouveau territoire à conquérir peut-être mia principessa?” Elle est ambitieuse et tu le sais. Tu sens cette force qui anime son corps gracile, tu la sens parce que tu as la même.

Toi Stella Cavalero, du haut de ta vingtaine d'année, tu ne craignais pas les loups nocturnes, même les plus âgés. Toi Stella, tu cherchais même à les dompter. Ces hommes de la nuit dont la gentillesse n'égalait que les flammes des enfers. T'avais ce besoin irréprochable de te saisir de l'intouchable, tu avais besoin de montrer que tu pouvais obtenir tout ce que tu voulais. Lorsque la nuit tombait, ton masque s'emparait de tes traits de poupée. C'était lors de ces nuits à l'envolées que la chasse commençait. Tu connaissais les hommes, même les femmes. Tu n'étais pas si facile à envoûtée, une nuit à tes côtés ça se méritait. Stella l'étoile, si brûlante que les anges se fichaient bien d'y brûler des ailes. Feu qui se consumait, passion qui t'imprégnait. Il était d'un jeu dangereux que d'imaginer que rien ne pourrait te faire tomber, c'était sans aucun doute ton plus grand défaut. Et la partie que tu prenais soin d'entamer aux côtés du brun ne faisait que commencer, tous les coups seraient permis. Quel serait le prix à emporter ? Tu ne l'avais pas déterminé. Il t'arrachait un sourire, tu lui accordais sans précédent. "On sait tous les deux que c'est déjà mérité". Tu le savais dans le fond que vous en rêviez, tous les deux, d'une nuit partagée pour visiter les cieux. Le rêve allait durer, encore, encore, encore. Tu tirais sur la nicotine, affamée par la fumée. "J'étais passée il y a de ça quelques semaines, je devais choisir le futur investissement immobilier". Ton index tournait sur le bord du verre, lentement, signe d'un désir occultant. "Mais je me suis installée définitivement il y a quelques jours". Tu ne savais pas encore pour combien de temps, mais Boston était ton nouveau point de repère. Tes doigts se saisissaient de la cigarette, ta fumée s'échappait lentement. Le temps s'arrêtait, les secondes s'écoulaient si lentement. Tu regardais autour de toi. "Le territoire américain est bien plus simple. Le temps fera les choses". Tu souriais, après tout conquérir c'était bien quelque chose que tu connaissais. Autour de toi ils étaient tous vêtus pour la plupart de textile qui provenaient de l'entreprise familiale. C'était peut-être ça, Stella, qui t'aidais à régner si aisément. La confiance en soi, la domination, l'ambition. "Et toi, pourquoi les États-Unis ?". Tu le regardais, fort, charismatique. Il méritait mieux que ce pays. A vrai dire, Stella, tu méprisais peut-être trop ce pays pour y vivre. Ils manquaient de classe ces américains, et ça, tu en étais certaine. "Ne me dis pas que c'est pour une américaine, je ne te croirais pas". Tu souriais, les lèvres arrogantes. T'écrasais ta cigarette au fond de ton verre vide, la soirée était ennuyeuse.

Tu observes attentivement le charme émanant de sa délicate personne. Il y a un contraste saisissant entre son apparence et son caractère et c'est ce que tu aimes chez elle, une véritable madone au caractère de fer. Ton sourire se fait complice lorsqu'elle te dit qu'elle le mérite déjà. Tu ne vas pas polémiquer sur ce que tu considères comme acquis. Elle t'apprend qu'elle ici depuis quelques semaines. Enfin apprendre c'est un grand mot puisque tu l'as su dès qu'elle a posté sur les réseaux. “Et finalement, tu as opté pour quel territoire immobilier?” ça t'intéressait, de savoir si elle était proche ou éloignée et pourtant tu ne désirais pas lui rendre visite. Et pourtant, tu ne désirais que ça. Tu la vois déjà investir le territoire, s'élever telle une reine, précieuse et délicate parmi ces vulgaires copies, et tu ne peux t'empêcher de la titiller un brin de la voir si assurée. “ Mais il est bien plus vaste aussi.” Et plus puissant, cela va sans dire. C'est ici que se joue le réel pouvoir des puissants de ce monde même si l'Europe et plus précisément n'a rien à envier de leur élégance ou bien même e leur prestance. Tu la regardes avec défi lorsqu'elle te questionne sur ta venue ici. Comment un Ferrari peut-il échouer ici? “C'est une étape.” que tu lui dis doucement. Tu ne vois ce sol que comme un passage, une marche qui permettra de t'élever durablement et au plus haut rang. “ Ensuite, je récupère l'ensemble de la firme.” Car bientôt ton père cessera son activité, mais avant cela, il veut être certain de confier l'entreprise entre de bonnes mains quitte à te harceler. Tu es patient et certain de ta victoire Enzo, parce que c'est une chose dont tu n'as jamais douté. Et oui ce n'était sans doute pas pour une italienne que ton dos se courbait ici là. Tu souris avec complicité à sa remarque. “Tu sais bien que j'ai toujours préféré les charmes latins.” Tu n'aimes pas les femmes vulgaires et bêtes, et pour toi les américaines sont souvent catégorisées dans ce tiroir, faut être honnête. “ Et toi, pourquoi es-tu là?” Tu ne peux pas t'empêcher de demander, un peu trop curieux et téméraire sans doute car votre relation a toujours été superficielle mais tu te demandes si elle travaille ou bien si les études l'ont amené ici. Et alors tu l'imagines tomber dans les bras de prestigieux étudiants comme peut l'être ton frère, et alors tu n'apprécies pas vraiment de la savoir là, prête à t'échapper durablement tout en étant si près de ta personne.

Vous vous étiez déjà croisés auparavant, à quelques milliers de kilomètres d'ici. Aux antipodes d'une soirée, à vous reluquer, les sourires éveillés. Et vous tourniez, toujours si éloignés l'un de l'autre. Vous étiez là à vous toiser, à vous regarder. Chaque geste, chaque mouvement. Et vous jouiez, en silence. Il te plaisait Stella, tu ne pouvais pas le nier. Et ce soir, tu sentais encore ce jeu vivace s'éveiller en toi. C'était sûrement ses yeux, ouais c'était à cause d'eux que tu sentais tes trips bouillir. Et pourtant, ton visage semblait si paisible, si certain. Tu l'observais, parce que tu prenais plaisir à l'observer. "Beacon Hill, un charmant duplex dans le centre historique de Boston". Tu avais trouvé à l'intérieur de ce quartier un semblant d'histoire, un peu de charme, un peu de Stella. Tu te sentais pas chez toi, bien évidemment, mais tu faisais tout pour qu'il en soit ainsi. Tu ne savais pas combien de temps tu resterais sur le territoire américain, alors autant fournir tous les efforts nécessaire pour que cela se passe bien. Tu te demandais cependant ce qu'ils avaient tous à venir dans ce pays qui ne te plaisait pas tant. Et tu étais certaine que le champ serait facile à conquérir, peut-être vague, mais beaucoup plus simple. "Ils finiront tous par savoir qui est Stella Cavalero". Tu souriais, malicieusement. Le cercle du gratin était toujours la partie la plus fine et croustillante, mais également la plus refermé. Mettez un pied, votre vie entière y sera aspiré. Il n'était pas difficile d'y entrer lorsqu'on régnait sur un pays européen. En l'occurence, tu étais reine en Italie, tu seras adulée ici. Sans un doute. En revanche Enzo quant à lui avait sans doute déjà conquis le pays. "Une étape qui se fait longue". Tu faisais référence aux innombrables années d'absences au sein des soirées italiennes. Tu souriais face à sa détermination, face à sa conviction. Vous étiez pareils, tous les deux. Prêts à rouler sur le monde. Vous n'aviez besoin de personne à vos côtés pour régner, duo parfait. Et tu ne pouvais t'empêcher de lui accorder un énième sourire, les cils battants le luxe et la beauté. "Rien ne peut nous égaler". Tu plantais ton regard dans le sien, te perdre dans le bleu de ses yeux, cherchant à déceler une vérité qu'il cherchait tant à cacher. Et la question fleurissait, le mensonge reprenait. "Le prestige d'Harvard, ma meilleure amie, changer d'air, toutes ces choses". Ton frère. Mais tu te retenais bien de dire la seule et unique vérité. Mais le tout restait plausible, après tout, l'Italie avait assisté à la souffrance familiale dont tu avais fait preuve. D'ailleurs, ta démarche en témoignerait à vie. Et ça, Stella, ça te bouffait. La femme parfaite boitait, c'était si léger mais perceptible. Tu reprenais ton corps en mouvement, tournant autour de lui, ta main caressait sa veste sur mesure. Ton souffle chaud s'écrasait contre sa peau. Tes lèvres approchaient son oreille, tu murmurais... "Tu veux pas qu'on aille s'amuser ailleurs ? Ils sont ennuyeux ici". Et tu partais Stella, tu posais ton verre. T'espérais que la soirée s'enflamme, t'espérais découvrir un monde de la nuit plus festif, qui respirait la vie. Et surtout, t'espérais être accompagnée par lui.

Tu veux préserver le mystère et tu veux tout savoir d'elle. Tu aimes nourrir ce paradoxe qui s'installe insidieusement en toi la concernant. Alors tu n'a pas pu t'empêcher de lui demander dans quel endroit la Princesse s'est amarrée. “Beacon Hill, vraiment?” Que tu répètes de tes billes bleutées, un brin amusé par ce choix d'un quartier typique et à la fois aisé. Mais tu ne doutes pas qu'elle parvienne à ses fins la petite Étoile. Parce que de sa lumière, elle brille de milles feux et brûle tout sur son passage sans même s'incliner. Elle est de ces graciles qui se faufilent au port altier. On s'écarte, on ne leur refuse pas la priorité. Aussi discrète qu'efficace. Brillante que stratège. “ Je n'en doute pas une seconde.” Que tu rétorques finalement d'une voix plus sulfureuse. Tu souris lorsqu'elle souligne la longueur de ton étape ici en Amérique. “ Je t'ai tant manqué là-bas?” Que tu provoques avec ce petit sourire machiavélique aux lèvres. Oui désire-moi Stella, tu sais je suis faible quand tu prononces  mon prénom de ta bouche un peu trop rosée pour mes sombres années. Mais elle te flatte finalement en arguant que rien ne peut vous égaler. Tu ne peux que partager son opinion. Souvent imités, jamais égalés. D'ailleurs quelques regards se posent sur votre duo, c'est inévitable, vous avez ce magnétisme en commun. De celui qu'on explique pas mais qu'on subit. Tu viens tout de même l'interroger sur sa venue ici. Tu es sans doute un peu trop curieux mais tu t'exposes malgré toi. “ Harvard, forcément.” Que tu rétorques en souriant. Elle va donc sans doute côtoyé Noah et toute sa bande de riches amis. “ Tu vas opter pour une confrérie?” Que tu demandes d'une voix douce. Elle ne mérite que l'Elite mais va savoir, elle lui préfère peut-être son indépendance. Tu n'en serais pas surpris. Elle vient s'approcher de toi, en posant ses phalanges sur le tissu noble de ta veste, tu peux sentir la chaleur de son souffle venir là se loger dans ton cou et ton regard s'assombrit un instant alors qu'une main assurée vient se loger au creux de ses reins. Tu la rapproches à ton tour pour venir la coller davantage de ton ombre et tes lèvres s'amusent de la provocation en répondant à leur tour. “ Suis-moi “. D'un geste ample et mesuré, tu la retournes pour la glisser à tes côtés, astre nocturne accompagné de son étoile, vous partez d'un pas assuré de cette fête un peu trop clinquante. Tu veux l'emmener pour des frasques plus sombres, au goût de tabac et d'asphalte, de ces rires plus absents et de mouvements plus lascifs. De ces endroits où on refuse l'entrée aux plus populaires mais où on permet aux plus puissants. La véritable Elite des heures nocturnes.

Le problème avec toi Stella, c'était que t'étais toujours sûre de toi. Tu détestais que l'on remette en question tes paroles, tes choix. C'était sans doute à cause de ces années où tu avais dû assumer ta destinée, persévérer, danser sans jamais t'arrêter. Tu avais dû redoubler d'effort pour faire accepter ta passion, c'était pour cela que tes parents t'avaient laissé. Et cette force, elle bouillonnait toujours en toi. Son air amusé t'agaçais, tu perdais tes sourires et artifices. "Un problème ?". Seulement la tigresse se laissait attendrir par les strass et les paillettes, appâtée par l'idée de régner. Au moins, vous étiez deux à connaître l'ultime vérité. Stella Cavalero allait tout terrasser dans ce pays de générés. Et tu soufflais à l'entente de ses mots, dévoilant trop d'assurance. "J'ai trouvé de quoi m'amuser pendant tout ce temps". Tu sous-entendais, tu laissais son esprit vagabonder sur ce qui t'avais animé durant ces années. Tu voulais faire naître en lui un besoin de te posséder, de t'obtenir. Le laisser s'imaginer à quel point tu pouvais être désirable et désiré, démontrer que tu étais si libre que l'idée de jouer de tes charmes ne te faisait pas rougir. Tu étais une femme assumée, Stella, et tu défiais quiconque oserait t'empêcher de le clamer. Et rien ne changerait ici, l'étoile continuerait de briller sans se soucier des mentalités arriérés. C'était ce qui te rendait charmante, Stella. Et tu savais si bien doser tes charmes que la doyenne n'avait pu que t'adorer. Harvard, ce n'était pas ton rêve mais c'était devenu ta nouvelle réalité. "En toute honnêteté, je n'ai pas encore décidé. Si je me dois d'intégrer un quelconque groupe, j'opterais pour l'élite, sans aucun doute". Tu sous-entendais la Eliot House, parce que tu ne te voyais pas intégrer une quelconque autre confrérie. Les Cabot ne sont qu'un attroupement de filles mal élevées, les Dunster ne te seraient d'aucune utilité. Tu pourrais t'épanouir chez les bleus saphir, seulement, tu préférais encore t'élever seule au milieu de la foule. Tu te laissais jusqu'à la rentrée prochaine pour te décider. Tu finissais par t'approcher de lui, murmurant suavement les mots qui allaient dessiner le restant de votre soirée. Tu avais besoin de champagne, de musique, de lumière tamisée, de paillettes, de talons qui claquent, de coke qui jonchaient les tables. T'avais besoin de sentir l'argent, le luxe, la décadence. Tu voulais te sentir vivante, extérioriser l'illusion parfaite et pourtant réelle que tu étais. Sa main au creux de tes reins t'arrachait un sourire, malicieux, désireux. Et vous partiez, tout deux, comme deux êtres parfaitement imparfait. L'ange et le démon, le règne italien. Tu sentais les regards se posaient sur vos corps gracieux, sur votre démarche conquérante. T'appréciais le spectacle, t'appréciais te montrer. Qu'ils observent et apprennent, parce que ce soir, c'était vos étincelles qui enflammeront la nuit. Arrivée à la hauteur du voiturier, le fils de la grande lignée Ferrari se voyait attribuer ses clés. La voiture était arrivée, tu t'installais à ses côtés. "Où as-tu décidé de m'amener ?" que tu demandais, l'excitation qui frétillait au fond de ta voix.

Tu provoques, tu joues. Cette partie de toi, au moins, elle doit la connaître. Alors quand elle évoque ce quartier prisé où elle a décidé de poser ses valises, tu souris, un brin moqueur de son choix. “ Aucun.” Que tu rétorques de tes yeux pales en venant les mêler dans les siens. Elle peut bien choisir le territoire duquel elle deviendra Reine. Et lui demandes un brin trop curieux sans doute, si ses nuits sont venues à manquer de ta présence. Sa réponse t'agace. Naturellement, elle a trouve de quoi s'occuper. Et ton sourire disparaît, homme trop capricieux auquel on a cassé le jouet. “ Certains occupations sont plus ennuyeuses que d'autres.” Façon de dire qu'aucun homme n'atteindra la supériorité de ta personne. Tu n'aimes pas être classé au même rang que les autres. Harvard fait partie de son choix d'ascension naturellement et si elle doit opter pour une confrérie, elle rejoindra celle de l'élite. Tu ne l'imagines pas à une autre place effectivement mais tu n'aimes pas cette idée de la savoir si proche de ton frère. “ Je t'aurais bien conseillé la Winthrop mais ils n'acceptent que les hommes.” Ton petit sourire réapparait, puis que ce fût ton choix pendant toutes ces années d'études et tu ne l'as pas regretté. Finalement, vous commenciez à ressentir l'ennui dans cette soirée trop lisse et trop calme. La Reine te demande une sulfureuse ambiance et toi naturellement tu t'inclines. Main sur sa taille, tu te prends pour quelques instants le Roi de la soirée. Tu lui ouvres finalement la porte de ta Ferrari que tu as choisi noire pour plus de sobriété, et vient te glisser derrière le volent. Le moteur vrombit d'une langoureuse puissance, et les lumières de la vie nocturne viennent se refléter et danser sur vos peaux d'aventuriers de la nuit. “ Patience.” tu lui murmures en venant poser ton index sur sa bouche offerte. C'était trop tentant et tu ne peux pas résister à son contact, ce feu sournois qui vous consume et auquel vous ne cédez pourtant jamais. Tu arrives devant une demeure victorienne et classique, aux allures ombrageuses et prestigieuses. Lui laissant le passage vers la sortie, tu la conduis finalement vers un jardin à l'architecture classique et étudiée, illuminée ça et là de lampions et d'une musique bien plus sulfureuse que la précédente. L'agent de sécurité s'incline aussitôt qu'il distingue ton visage et vous glisse deux loups. “ Prête à me suivre en enfer, princesse?” Que tu demandes en lui tendant le bout de tissu et en venant l'appliquer sur ta peau pâle, ne laissant deviner que l'azur de tes yeux. Bienvenue en Amérique.

Il te provoque, il joue. Tu lui accordes et lui promets une partie comme il n'en aura jamais connu. Parce que ça aussi, c'était ton domaine, Stella. Lancer les dés, tricher, comploter, manipuler, rigoler, charmer, gagner. La nuit t'allait si bien au teint, on pourrait en oublier à quel point tu brillais également le jour. La femme double face, la femme volte face. Tu rigolais à ses mots, parce qu'il savait très bien que vous deux, vous étiez faits pour jouer. Vous étiez façonnés par les mêmes envies, les mêmes ambitions, les mêmes forces. Il était évident que vos routes allaient se croiser, c'était peut-être même écrit entre les astres. "Et l'ennuie c'est pour les autres", mais pas pour nous, pas pour vous. Parce que vous, les deux solitaires solidaires, sculptés dans l'or, vos corps se calaient sur les mêmes accords. Une musique si douce et violente, à l'image de vos tempéraments. Il était étrange d'imaginer que vous ne vous étiez pas rencontrés plus tôt. Seulement vous aviez laissés au temps le désir, l'imagination, la chasse. Vous étiez deux félins, cherchant en l'autre une proie. Un amusement, quelque chose de dangereux qui vous ferez vibrer sous les lueurs des étoiles. Parmi les astres luisants, tu étais celle qui s'illuminerait à ses côtés, sourire aux lèvres, prête à jouer. Tous les coups étaient permis, toutes les tensions étaient accordées, et tu voulais voir cela perdurer. Tu l'savais que ce loup se détachait de sa meute pour bâtir son propre empire, et ça te faisait de l'effet. Un homme, puissant, intelligent, cultivé, ça te faisait quelque chose, juste là, au fond de toi. T'adorais ça. Vos chemins se traçaient, étroitement liés. "Régner parmi les hommes, ça serait beaucoup trop simple". T'en étais persuadée, Stella, car toi tu savais bien que les personnes les plus difficiles à faire vaciller étaient bel et bien les femmes. Et ses regards sur vous, et vos démarches rythmées par l'idée d'une soirée bien plus animé. Notamment toi, Stella, comme une enfant à qui on offrait un nouveau jouet. Ce soir, t'étais sa poupée. L'illusion parfaite que tu lui appartenais, le temps d'une soirée. Tu suivais cet homme de goût dans sa voiture, témoin de l'empire familiale. Tu t'installais à ses côtés, la partie allait réellement commencer. Tu t'impatientais, silencieuse, les yeux observateurs. Son contact t'arrachait un sourire, vous traversiez la ville. Tu le suivais parmi la nuit noire, tu savais pertinemment que ce soir, c'était juste pour vous. Loin des frasques italiennes, t'allais découvrir son monde à lui, ici. Tu saisissais le loup qu'il te tendait, tu prenais soin de lier la soie autour de tes yeux fiévreux. Tu ne connaissais pas encore ce qui t'attendais, mais t'étais certaine que t'allais raviver la flamme dominante des soirées de tous les péchés. "Nous y sommes déjà, n'est-ce pas ?". Ton regard se plantait dans le sien, l'excitation à l'unisson, tes talons carmin foulaient le sol. Tes yeux admiraient autour de toi, et les gens n'étaient pas bien différentes de l'Italie. Des rires champêtres, du champagne et du bourbon, des clopes et de la coke. Les barrières étaient levés, l'élite était de sortie, ce qu'il se passerait ici restera à jamais enfermé. Tu saisissais une coupe, bras tendu vers l'homme du navire. Tu buvais une gorgée, tu souriais. Malicieuse, sournoise, joueuse. Ton corps se mettait à balancer, ici et là, au rythme de la musique qui te transportais. La danseuse qui sommeillait depuis des années venait te posséder, ta grâce n'égalait que ta fortune. Tu fermais les yeux, les mains à l'envolées, le corps qui frétillait. Tu l'attendais.