Des semaines qu’on ne s’est pas vu. J’ai fait la morte, ne donnant aucune nouvelle à mon entourage et encore moins à cet homme que j’ai rencontré sur Tinder. Beaucoup de choses se sont passés depuis qu’on a passé cette nuit ensemble. Un grand huit d’émotion en quelques heures. L’atterrissage est dur. Un simple appel et c’est tout ce que je lui offre. Je suis bien trop loin au moment des fêtes pour venir le voir et de toute façon, j’suis légèrement séquestré en Norvège avec ce qui se passe dans ma vie. Traqué comme un animal, j’suis enfermé dans une cage dorée pour ma sécurité jusqu’à aujourd’hui. Je peux sentir l’air frais caresser mes joues rosées alors que j’arrive devant ce garage. Je m’arrête net quand mes yeux se posent sur cette chevelure bouclé que je peux reconnaître même dans un café bondé de monde. Je l’observe durant de longues minutes, ignorant cette vague de froid qui m’envahie. Beaucoup de choses défilent dans ma tête. Nos moments passés ensemble, cette nuit, ce silence qu’il ne méritait pas. Tout ça. « Salut… » dis-je en m’avançant jusqu’à lui. Le garage est vite, il redresse sa tête, nos regards se croisent et t’as toujours ce charme fou même avec du cambouis sur le visage. « Je voulais te donner ça moi-même et non par coursier. » je pose la boite de chocolat qui vient de mon pays, de chez moi. Tu peux m’envoyer promener Quito, je ne t’en voudrais pas.

@Quito Lannister

Je passe la journée au garage aujourd'hui. Je suis dans un mauvais mood. Je sais pas ce que j'ai en fait. Y'a des jours comme ça où je veux rester seul et parler à personne. La musique allumée, je sifflote, je me mets même à chanter. Je suis dans ma salopette bleue pas hyper sexy que j'attache à ma taille avec un vieux marcel blanc délavé. J'ai de la graisse un peu partout sur le corps, bref, je suis pas présentable. Je nettoie le moteur d'une vieille voiture sportive d'un client lorsque tout à coup, j'entends une voix féminine et des bruits de talons qui arrivent jusqu'à moi. Je lève la tête et je fais tomber un outil par terre sous l'effet de la surprise. « No-Nova ? » mon palpitant explose. C'est bien elle ? Vraiment ? Je cligne plusieurs fois des yeux, je prends un torchon pour m'essuyer les mains et je m'avance doucement vers elle, tout en gardant une certaine distance. Quand j'y pense, j'avais été un peu froid et désagréable quand elle m'a appelée. Je coupe la radio. Je regarde la boite de chocolat. Sérieusement ? C'est quoi ? Tu comptes m'acheter avec des chocolats de ton pays natal ? Je dirais plutôt que c'est sa touche personnelle, la dernière fois qu'elle m'en a offert, on s'est embrassé, il me semble. « tu penses vraiment pas à mon régime. » j'aurais pu dire, merci, ou lui dire d'aller se faire foutre, mais non, pas avec elle, je préfère une touche d'humour. « c'était pas la peine de venir jusqu'ici, j'aurais très bien pu venir te voir. » mh vraiment, tu l'aurais fait Quito ? Toi et ta fierté, surement pas.

Comment fait-il pour être aussi séduisant même rempli de cambouis un peu partout ? Presque un mois que je ne l’ai pas vu et mon cœur réagi de la même façon que la première fois que mes yeux se sont posés sur son visage dans ce bar. Qu’il le veuille ou non, il a laissé une trace indélébile, impossible à effacer sans avoir mal. Il est surpris de me voir, comment lui en vouloir. Je peux m’en prendre qu’à moi-même et j’attends qu’une chose : qu’il m’envoie sur les roses, refuse cette boite de chocolat que je lui apporte sans contrepartie. Je n’essaye pas de t’acheter Quito, je ne suis pas cette femme que tu penses. Ok, je n’ai pas mis toutes les chances de mon côté en fuyant sans rien dire, mais tu peux comprendre non ? « Si tu en mange un par jour, tu ne risques rien. Conseil du Dr Nova. » Je suis stressé alors que ça ne me ressemble pas. T’avoir au téléphone c’est bien plus facile qu’en face. Au moins, je ne croise pas ce regard qui me fait fondre, là où tout ce que tu penses et ressens défile. « Je suis partie, c’est à moi de venir te voir pour m’excuser en personne… » je baisse les yeux, laisse les doigts s’entremêler entre eux. Une posture digne d’une simple nana des champs et non d’une princesse. « Ce soir-là, j’étais en chemin pour venir à ce garage, mais les hommes de mon père m’ont embarqué sans que j’ai le temps de dire quoi que ce soit ou même comprendre. Je ne cherche pas à me faire pardonné, juste à m’excuser pour ce silence non désiré. » Je ne perds pas le temps avec des banalités, j’en ai gros sur le cœur, je préfère entrer directement dans le vif du sujet.

@Quito Lannister

Nova est là. Devant mes yeux, toute parfaite, très élégante, je peux sentir son parfum d'ici entre mes machines qui puent l'essence et la crasse. Je dois dire que ça fait longtemps que j'ai plus vu une si belle femme. Qu'est-ce que j'ai avec les rousses moi ? Elle est... parfaite. Je le dis pas comme ça mais ça se voit dans mes yeux qu'elle m'a manquée, atrocement. Ne plus la voir depuis cette nuit folle passée ensemble, ça a été un gros coup dur pour moi. Je ne sais pas si je mérite cette boite de chocolats, mais je la prends quand même, parce que je suis gentil. Je ne peux pas lui demander de quitter les lieux et d'emporter son cadeau avec. Je suis le genre de personne qui n'aime pas faire de mal aux gens. Je les respecte trop pour ça, alors eux, ils peuvent me faire du mal. Elle s'excuse une fois de plus, et devant mon nez. En live. Pas par téléphone à l'autre bout de la terre. Je suis touché oui. Je soupire et je fourre ma main dans mes cheveux pour les secouer, pleins de poussière. « ça va Nova, je ne t'en veux pas. » ou plus. Oui, même si mon coeur crie aie, je décide maintenant d'arrêter de me prendre la tête. Je lui donne une chance, une dernière, qu'elle se rattrape bien. « le soir où tu as du quitter la ville, pourquoi tu venais me voir ? » il y a bien une raison ? Avait-elle quelque chose d'important à me dire ? A me donner ? Ou elle voulait juste me voir peut-être. Mais je peux pas m'empêcher d'être intrigué.

Je ne sais pas pourquoi j’ai ce sentiment qu’il m’en veut encore. Qui m’en voudrait pas ? Sérieusement… J’ai quitté la ville du jour au lendemain sans accès à un ordinateur ou même mon téléphone. En plus d’être enfermée, j’ai eu le droit à une cure de technologie. Mon paternel devait être heureux de ne plus me voir pendu sans cesse à mon téléphone. Inconsciemment, je me sens bien. Le voir me procure une sensation de bien-être que je ne peux expliquer. Maintenant, je n’ai plus cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête à cause de ces fiançailles avec Arthur. Je retrouve une liberté dont le goût ne m’est plus familier. « Je voulais te proposer de venir avec moi en Norvège pour les fêtes. » ouais, je le voulais vraiment. On était et on est toujours pas ensemble, mais cette envie, je l’avais. Passer du temps avec toi, te montrer que cette nuit n’était pas juste une nuit pour passer mon temps. Non, c’était magique, intense et rien que d’y penser j’en ai encore des frissons. « Ne pas t’entendre, te voir, ça m’a manqué Quito. » au point que mes yeux ne te quittent plus. Ils essayent de rattraper ces nombreux jours sans te voir. Combler cette absence que j’ai créé à cause de mon passé. « Dès que j’ai eu accès à mon téléphone, c’est toi que j’ai appelé. Pas Arthur, pas Kale, toi… » t’es important pour moi, sache-le.

@Quito Lannister

Mes yeux doublent de volume. Décidément, elle n'arrêtera pas de me surprendre avec ces révélations surprises Nova. En Norvège, avec elle, si... vite ? Spontanément ? J'adore. Cela part d'une bonne intention. Mais je ne sais pas si j'aurai accepté. Son monde royal me fait peur, je ne vais pas dire le contraire. « avec ta famille et tout ? » explique-moi. J'essaye de m'imaginer avec toi là-bas, alors si y'a ta famille, des princesses et des princes partout, il faut que j'essaye de le mettre dans le tableau. D'ailleurs, tu es venue comment jusqu'ici ? Ton chauffeur t'attend au coin de la rue ? Ta limousine va venir te chercher ? Qu'est-ce que tu as Quito à avoir ces pensées si rabat-joie dans ta tête ? J'sais pas. C'est comme si quelque chose s'est brisé entre nous et j'arrive pas à mettre le doigt dessus. Nova me dit que je lui ai manqué, sans vraiment le dire, elle contourne les mots mais je l'ai bien saisi. Je me sens faible putain face à elle. Et dire que quand elle était coincée en Norvège sans nouvelles, j'ai passé une nuit avec Hope. « je pensais que tu voulais plus me voir, que tu m'évitais, que t'avais trouvé un autre mec pour t'occuper, j'sais pas. ou que notre nuit ne t'a pas plu et... » je soupire. Je me déplace jusqu'au fond de la pièce pour me nettoyer les mains et le visage, histoire d'être un peu plus frais, et d'avoir moins chaud surtout.

Il doit penser que c’est précipité, mais doucement. C’est pas une présentation familiale en tant que petit ami alors que j’étais encore fiancé. Non, un ami proche, une personne qui compte pour moi-même si on ne se connait pas autant qu’avec une personne que je peux connaître depuis des années. En y réfléchissant, les moments qu’on a passé ensemble c’est tout comme. « En quelque sorte. Mes parents c’est juste le jour de mon anniversaire, mais sinon tu ne les aurais pas vraiment vu. » Tu sais, le roi et la reine ont d’autres chats à fouetter que de se poser avec leurs enfants durant des heures. Y’a un pays derrière qui a besoin d’eux. « Un voyage, te faire montrer ma ville, les endroits magique que la Norvège peut offrir autre que le froid et l’image de la neige qu’on a en tête. » un léger, mais très léger sourire se dessine au coin de mes lèvres. J’aime mon pays, j’ai les yeux qui pétillent quand j’en parle. J’arque un sourcil en l’entendant me dire que j’ai trouvé un autre mec. J’avoue, je retiens que ça de son monologue… Il me pense vraiment comme ça ? « Tu me pense vraiment comme ça ? Une femme à homme après ce que je t’ai confié ? » Réfléchis bien. Est-ce que je vais m’amuser à coucher avec tous les hommes que je croise ? Non… Je m’avance doucement jusqu’à toi, prenant une serviette à côté de l’évier pour venir la poser avec douceur sur ton visage. Je viens de réduire la distance, j’espère que tu ne m’en veux pas trop. « Il y a aucun autre homme dans ma vie Quito… Toi, il n’y avait que toi jusqu’à ce qu’il me retrouve. J’ai pas eu le choix, pas mon mot à dire. Notre nuit était magique, si j’pouvais arrêter le temps sur ces moments, je le ferais sans hésitation. » Quand ta main se pose sur la mienne pour tenir la serviette, je recule. Tu viens de me donner une décharge, la même que quand on s’est frôlé dans ce bar. « T’as sûrement tourné la page, fait d’autres rencontres, partagés d’autres nuits avec d’autres femmes… Après tout, t’as eu aucun signe de moi. » je lui dis ça, mais j’ai la voix qui tremble. Pourquoi il me fait autant d’effet et pourquoi je me sens mal rien que de m’imaginer le voir avec une autre femme ? Je vais pas mentir, ça va me faire quelque chose.

@Quito Lannister

Plus elle reste dans cette pièce et plus les souvenirs me remontent. Cette chaleur au fond de ma poitrine, elle réapparaît, celle que j'ai réussi à faire taire un peu. Elle a ce pouvoir sur moi et dès qu'elle se rapproche pour rompre la distance, je me replonge dans nos souvenirs partagés. Si je ferme les yeux, je peux très bien sentir ses lèvres sur les miennes, le goût de sa bouche, la douceur de sa peau et son parfum frais qui chatouille les narines. Mais je garde mes yeux ouverts, je l'observe parler, parler et parler. Je suis content, au moins elle se livre. Elle a dû surement cogiter un moment, à penser, toute seule dans son château perdu comme Raiponce. En plus, d'après ce qu'elle m'a dit, elle a fêté son anniversaire sans ses amis. J'affiche une petite moue puis je reprends un air un peu plus détendu, calme. « un voyage c'est... c'est beaucoup trop. je veux dire, bien sûr j'aurais pas pu te dire non, tant pis pour ma famille que je vois trop souvent. mais l'Europe... j'y ai jamais été, jamais j'aurais pu trouver quelque chose pour te remercier. » est-ce qu'elle emmène souvent ses amants là-bas ? Merde, encore une pensée parasite. Mais la belle rouquine trouve de quoi se défendre. Et c'est vrai, j'ai pas pensé à ça, j'étais aveuglé par la colère et la tristesse. J'ai pensé qu'à ma petite personne. « j'ai vraiment espéré me faire de fausses idées. » et oui, j'ai eu de fausses pensées, Nova est une fille bien, vraiment. Quant à moi... Je laisse la princesse essuyer mon visage et je reprends le relais quand elle recule brusquement. Quelque chose la choque tout à coup ? J'aurais pas du toucher sa main ? Je repose la serviette sur le bord du lavabo et je reporte mes yeux foncés dans les siens. Aie, je sens que ça va pas lui plaire, surtout avec tout ce qu'elle me déballe sur le cœur. C'est encore moi qui vais être le méchant dans l'histoire. Quito, tu crains. J'ai pas envie de lui mentir. Etre honnête, c'est primordial pour moi. « j'ai passé une nuit chez une fille, mais... j'ai pas tourné la page non. » surement pas. Si tu savais comme j'ai tellement eu du mal à t'oublier, et maintenant, tu reviens et tu ravives toutes les flammes de mon cœur.

« Je t’invite car j’en ai envie, pas pour avoir quelque chose en retour. » Enlève-toi cette idée de la princesse capricieuse, qui obtient tout ce qu’elle veut en un claquement de doigt. Quito, je ne suis pas cette femme. Ok, j’ai une couronne au-dessus de la tête, mais n’oublie pas que je ne suis pas princesse depuis ma naissance. J’ai eu une vie comme toi, des emmerdes, des soucis d’argent. Je sais ce que c’est que de travailler, se priver d’un tas de choses et de survivre. Ses iris se plantent dans les miennes et je m’y perds. J’en oublie le bruit extérieur comme l’autre fois chez lui. Une bulle, c’est l’impression que j’ai jusqu’à sa révélation. Ce cocon, cette bulle invisible m’explose en plein visage. Je ne contrôle pas, je ne veux rien montrer sauf que mes yeux s’ouvrent en grand, ça me fait mal. Ma poitrine se contracte, pourquoi ? Il ne me doit rien, aucune promesse. « Faut croire que si, après tout t’étais avec elle c’est pas pour rien. » C’est nouveau, maintenant je suis jalouse. Je ne contrôle pas ce sentiment qui m’envahie. Je glisse mes mains dans les poches de mon manteau comme pour me réchauffer. Non, pour ne pas montrer que ce qu’il vient de me dire me touche droit au cœur. « T’as pas à moi, j’ai pas le droit de te dire quoi faire… » je rompt ce contact, posant mes yeux sur le sol. « Peut-être que j’aurais dû faire de la résistance, rester ici quitte à me faire agresser pour ne pas que tu penses que je te fuis. » Mes pensées vont loin Quito, très loin. Tout ce temps, j’étais enfermé chez moi, coupé de toute civilisation et lui, il a passé du bon temps…

@Quito Lannister

J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, de l'avoir trahie. Alors qu'en soit, j'ai juste continué ma vie. Elle ne donnait plus signes de vie, j'en avais marre de m'inquiéter pour elle, de me demander sans cesse où elle était, si j'allais recevoir un message de sa part, ou que sais-je. N'importe quel signe pour me redonner espoir. Je vois que ses traits se durcissent. Elle n'est pas contente. En même temps, si elle s'en foutait, ça m'aurait fait un drôle de choc. ça prouve bien qu'elle tient à moi. « j'étais avec elle pour arrêter de penser à toi. tu vas m'en vouloir pour ça ? alors que je savais pas où t'étais ? » réfléchis bien à ce que tu vas dire Nova, je veux bien tolérer le fait qu'on t'a interdit tout contact, loin dans ton château, mais ne sois pas égoïste à ce point à me reprocher de continuer ma vie sans toi. Hope venait de se faire larguer, j'avais le moral dans les chaussettes, et voilà, c'était une bonne soirée, mais sans plus. Hope, elle restera toujours Hope. Aucun sentiment, aucune attache particulière. Sur ce point, Nova n'a pas de soucis à se faire. Mais du soucis, elle s'en fait. Elle dit des choses qu'elle ne devrait pas dire et ça me fait mal aux oreilles de l'entendre. « non mais tu t'entends là ? » un boulon t'es tombé sur la tête ou quoi ? J'arrive pas à croire qu'elle vient de balancer ça. Elle déraille totalement. « t'as le droit d'être jalouse ou possessive mais t'as pas le droit de parler de ta vie comme ça. » là je suis fâché. Son agression, c'est un truc que j'ai du mal à accepter. Alors qu'elle me sorte un discours comme le sien, ça me rend fou. Je m'éloigne d'elle pour ranger mes outils et le reste qui traîne. Fini journée, puis je vais pas continuer à travailler alors qu'elle est là. Je m'arrête devant la boite de chocolat je l'emporte avec moi. Je quitte le garage par la porte qui mène à un petit appart. Ouais, c'est nouveau, j'ai tout fait là dedans, dans ce deux pièces. Une petite cuisine, une douche et une chambre. C'est ici que je me cache quand je n'ai pas envie d'être avec mes frères et soeurs, et la Winthrop encore moins. « tu peux rester, fais comme chez toi. je vais juste me décrasser. » que je dis encore fuyant, avec ses mots qui passent en boucle. Je retire mon haut et je rentre dans la salle de bain pour faire couler l'eau de la douche.