Je pourrais vous dire que j'ai une histoire aussi palpitante ou dramatique que les romans de Nicholas Spark, que j'ai passé à travers tellement d'épreuves difficiles que j'en suis ressortie complètement détruite. Mais ce n'est pas le cas. Oui, j'ai eu des moments plus difficiles si on parle du décès de mon père par exemple, mais j'ai eu une vie plutôt tranquille, suivant le même chemin que la plupart des jeunes de mon âge.
Je suis née le 19 octobre 1996 dans le Connecticut. Vous l'aurez donc deviné, j'ai récemment soufflé mes 22 bougies. Je suis venue au monde dans une famille aimante. Ce n'était que ma mère, mon père et moi. Pour être honnête, on avait dit à mon père qu'il ne pourrait jamais avoir d'enfant. Ça doit expliquer pourquoi il m'a toujours appelé son petit miracle puisque ma mère est tombée enceinte de moi après des années d'essais et de déceptions. Mon père était un grand physicien, un de ceux nommés dans les livres, honorés lors des galas de sciences, convoités par tout les stagiaires qui visaient cette branche. Ma mère, toute aussi passionnée par son emploi, était une avocate en droit de la famille. Malgré leurs longues journées de travail, ils trouvaient toujours du temps pour moi. J'ai été une enfant choyée, comblée par l'amour de mes parents.
Jardins d'enfants, la petite école, le lycée. Une année à la fois, j'ai grandi en même temps que mon intérêt pour les travaux de mon père. Ce dernier, plus que fier de voir sa fille partager sa passion, m'amenait souvent dans les colloques avec lui, dans les expositions. Alimentant sans cesse mon rêve de travailler un jour aux cotés de celui qui était mon héros, mon père.
C'est au cours de ma quinzième année de vie que tout a été détruit, que mon plan de vie a été chamboulé. Ma mère travaillait sur un dossier où il était question de la garde d'une petite fille, Ireland. À peine deux ans et la pauvre se retrouvait coincée entre un père violent, alcoolique, irrationnel et une mère détruite, dépressive, incapable de s'occuper d'elle-même. La petite était d'ailleurs battu par son père devant les yeux vitreux de sa mère, complètement absente. Ma mère avait réussi à prouver qu'aucun des deux n'était en mesure que s'occuper de la gamine et qu'il valait mieux la placer dans une autre famille. S'étant d'ailleurs attachée à la fillette, ma mère proposa de l'adopter vu l'incapacité d'avoir un autre enfant. Quelques semaines plus tard, dans le temps des fêtes, on revenait de chez mes grands-parents paternels en voiture lorsqu'une voiture commença à nous suivre de très près. Mon père pesta contre ce chauffeur inconscient sans en faire de cas. Ce dernier semblait d'ailleurs ralentir à l'approche d'une intersection avec des feux de circulation. Mon père en fit tout autant pour s'arrêter juste derrière la ligne. La voiture derrière nous ne fit pas de même. Au contraire, le chauffeur accéléra de façon à foncer directement sur notre voiture et nous projeter en plein centre de l'intersection alors qu'un semi-remorque arrivait à grande vitesse à notre gauche. Mon père n'eut pas le temps de réagir et le camion nous renversa de pleins fouets. Par simple vengeance envers ma mère, le père de la fillette avait causé cette accident et par le fait même, la mort de mon père. Pour ce qui est de ma mère, d'Ireland et de moi, nous nous en sommes sortis avec quelques blessures mineures.
Je me rappelle avoir pris le relais de ma mère auprès d'Ireland pendant les mois qui ont suivi. Cette femme qui m'avait toujours semblé si forte, combattive était tombé au combat. Une dépression s'était emparée d'elle suite à la perte de l'amour de sa vie. Au départ, elle a eu quelques médicaments et des séances avec un psy. D'où le fait que j'ai pris la relève avec celle qui était maintenant ma petite soeur. Juste avant l'été, son médecin a bien vu que la situation ne s'améliorait pas. C'est pourquoi Ireland et moi avons été envoyé chez nos grands-parents à Milford pendant que ma mère a été hospitalisée. On y est resté pendant environ six mois avant de revenir à la maison. Même si ma mère se porte mieux, je me sens toujours responsable d'elle et d'Ireland.
Comme je voulais suivre les traces de mon père et poursuivre ses recherches, je me suis concentrée sur mes études les deux années suivantes pour obtenir les notes nécessaires à mon admission à Harvard. Quand j'y ai emménagé, ma mère a d'ailleurs mis la maison en vente pour venir avec moi à Cambridge. Sûrement pour ne plus avoir tout ses souvenirs dès qu'elle met le nez dehors aussi. Depuis près de 4 ans, j'habite donc à Cambridge dans une petite maison avec ma mère et Ireland. Cette dernière a d'ailleurs 9 ans aujourd'hui. Je partage mon temps entre mes études, les recherches de mon père, ma famille et mes amis.