Tu étais plongé dans ton roman, suspendu à chacun des mots avalés par ton iris. Tu es captivé, ailleurs. Perdu dans un autre univers que le tien ou la douleur n’existe pas. Tu enchaines les pages aussi vite que lucky luke tire sur son ombre et tu finis par crier ‘’ Non… Non, mais saute pas du pont sale conne il revient pour te chercher ! Rah, mais c’est quoi ce livre ! ‘’ Tu te laisses à nouveau choir dans le fond du canapé quand tu entends la porte s’ouvrir. Tu jettes un regard à ta montre… Alex est au travail. Il faut peu de temps à Joey pour apparaître devant toi. Tes billes le jauge, tu restes muet comme une carpe. Vu les récents événements, tu préfères largement garder tes distances et fermer ta gueule… De toute évidence, il ne pense pas comme toi puisqu’il se jette littéralement dans ta direction en hurlant une conneries, comme toujours. T’as juste le temps de te dégager suffisamment pour ne pas te faire écraser et tu lèves les yeux au ciel tandis que lui est mort de rire. Ça t’aurait amusé dans d’autre circonstance, mais ces temps-ci tu n’as pas trop le coeur à rire. ‘’ C’est à toi de rentrer plutôt que d’aller au summer camp. ‘’ Dis-tu simplement en refermant ton livre pour gagner la cuisine. Il commence à parler à nouveau et tu fronces les sourcils. ‘’ T’as pas envie d’profiter de ta chambre plutôt ? ‘’ Tu lui tournes le dos le temps de prendre une bouteille d’eau dont tu nettoie le goulot. ‘’ J’ai pas la tête à sortir ce soir. ‘’ Reprends-tu tout en t’asseyant sur un tabouret près du comptoir lunch pour reprendre ta lecture au moment le plus important du roman.

Ton attention divague de ton livre quelque seconde pour mieux y replonger lorsque Joey gagne sa chambre. Tu pousses un long soupir avant de prendre une gorgée d’eau que tu avales de travers lorsqu’il revient dans la cuisine torse nu. Si son tempérament t’énerve en ce moment, son corps lui par contre te fait l’effet contraire. Tu soulèves discrètement ton bouquin au niveau de tes yeux histoire de faire disparaître cette vision enchanteresse qui te rappel à quel point t’es crade de préférer les courbes masculine aux femmes. T’arrive pas a empêcher cette petite boule de se former dans ton ventre chaque fois que ton regard se pose sur ton colocataire depuis cinq ans déjà. Vous avez connu de meilleurs jours, mais il reste un des personnes que tu aimes le plus au monde et pour qui tu éprouves un petit quelque chose que tu ne devrais pas. C’est peut-être ça qui te fait mal au fond? T’a peur de tout gâcher entre vous… sans parler de tes problèmes actuels concernant Zeno, ce qui c’est passé entre vous, le fait que ouais t’es clairement une pute avec lui, car tu le vois uniquement pour baiser… T’as un haut le coeur en pensant à ça. ‘’ C’est rien. ‘’ Dis-tu en le regardant le temps d’une seconde. Il ajoute un petit quelque chose avant de s’éclipser pour de bon et tu soupir à nouveau, soulagé. Il n’a peut-être pas tord, sortir te ferait le plus grand bien… boire comme un trou jusqu’à sombrer dans un coma qui te fera tout oublier des dernières semaine. Tu fermes donc ton bouquin pour gagner ta chambre. Tu prends des vêtements casual, chic, fidèle à toi-même et tu passes une main dans tes cheveux pour les remettre en place. T’es pas à ton meilleur, mais t’es pas le plus moche non plus et tu enfiles tes fameux gants en cuir avant de retourner sur ton banc pour attendre ton coloc. ‘’ J’ai besoin de boire. ‘’ Dis-tu simplement lorsqu’il revient. Tu sais qu’il va te sortir une autre de ses blagues pourries, mais c’est le prix à payer non ? T’es heureux qu’il soit là, de le revoir après tout ce temps, sa présence rafraîchissante dans le loft t’a affreusement manqué.

J’enfiles un jeans noir, une chemise blanche dont je roule les manches aux ¾ et des souliers de cuir. Je n’peux pas être une vedette de la LNH et sortir habiller en plouc, hé! Mes cheveux teint blond éparse ici et là, ma montre, portefeuille et je crois que j’ai tout. Je reviens devant toi et ta réponse me fixe un grand sourire sur le visage « AH! C’que tu m’fais plaisir là! J’avais envie d’une soirée juste avec toi. J’ai l’impression qu’on n’s’est pas vue depuis 10 ans! » Tu es cet ami avec qui automatiquement ç’avait cliqué, on est devenu des meilleurs amis et aujourd’hui on vit ensemble. J’n’ai pas l’intention de changer ça, j’aime vivre avec toi et Alex. Mes boys, ceux qui arrive à me garder humain quand je deviens trop macho causé par trop de temps dans la chambre des joueurs. « De boire et d’voir des femmes. J’crois qu’aller aux danseuses ça t’ferais un grand bien. » peut-être plus à moi qu’à toi, mais au fond c’t’une soirée d’gars non? Je pose ma main sur ton épaule et te souris, tu n’as vraiment pas l’air dans ton assiette Cass et franchement ça m’inquiète, mais j’suis nul pour parler alors j’fais l’bouffon. C’est tout c’que j’connais au fond. J’te donne une petite tape dans le dos, et te serre d’un bras contre moi. « Tu m’as manqué Cass. »

Il n’a pas tord. Votre dernière soirée remonte à tellement loin que tu ne garde aucun souvenir de ce qui s’est passé. Peut-être que t’a trop bu, que t’a fait le con… peu importe. Tu descends de ton tabouret avec ce léger manque d’entrain. Tu ne veux pas aller danser ou faire semblant de draguer… surtout qu’avec Joey à tes côté, tu ne peux pas faire n’importe quoi, car il te croit en couple avec Serah depuis un moment déjà. Il parle de danseuse et ton visage semble se décomposer. Attend… quoi ? Tu te fou de ma gueule là ? C’est encore une de tes putain de blague ça ? Un regard dans sa direction suffit à confirmer ton pire cauchemar, il ne blague pas. Tu hausses les épaules en guise de réponse en ajoutant un faible ‘’ Ouais, j’imagine. ‘’ Avec lui t’es le mec complètement hétéro avec qui il blague à propos des gays et toi ça te tue un peu plus à chaque fois… encore plus lorsqu’il te prend ainsi contre lui. Là c’est ton coeur qui s’emballe, rien de moins. Dans un cri de détresse profonde intérieur, tu fais passer un de tes bras autour de sa taille. ‘’ Tu m’as manqué aussi… ‘’ Et c’est peu de le dire. Pouvoir sentir sa chaleur contre toi, ses blagues pourries, le voir savourer tes repas, être reconnaissant de tout ce que tu fais pour lui, y’a pas à dire, ça te rend complètement dingue. Ce qu’il y a, c’est que ce soir t’es pas du tout dans l’mood. T’es complètement brisé, même respirer te fait mal. T’es complètement perdu, à fond de cale. T’as qu’une envie… boire à t’en faire éclater le foi. T’as l’intention de te faire du mal… souffrir un bon coup pour que ta douleur se transporte ailleurs dans ton corps pour laisser ton coeur en paix. Tu sais déjà comment va se terminer cette soirée… dans les bras de Joey,, dans un coma éthylique … à savoir ou il va te ramener entre chez toi ou l'hôpital. Vous sortez du loft, ton chauffeur personnel vous attends. Tu prends place dans la voiture, bouclant ta ceinture avant de reporter ton attention vers la fenêtre. ‘’ Alors, parle-moi de ce que tu as fait de bon durant ces deux dernier mois. T’as passé du bon temps au summer camp au moins? ‘’ Même si tu ne le démontres pas clairement en ce moment, tu te soucis énormément de lui et tu as envie de l’entendre te raconter ses folles aventures avec son entrain et sa folie habituelle.

Ces retrouvailles sont tellement étranges, comme si nous ne nous connaissions pas carrément. Une tinder date est moins malaisante. J’sais pas vraiment c’que tu as, tu n’parles pas, alors avec tout mon côté macho, j’me dis qu’te sortir ferait surement du bien. « Ouais, d’la bière, des filles, du soleil. J’ai eu mon lot d’nana, j’ai dormi amplement aussi. C’était bien d’avoir de vraies vacances, même si deux mois c’est fichtrement long dude. » Mon attention est sur toi et la tienne dehors. La voiture roule vers notre destination, je pose une main sur ton épaule « T’sais Cass, t’n’as foutrement pas l’air bien. T’es sûr que t’as envie d’sortir avec moi c’soir? » J’ask parce que tu as l’air décomposé, mort littéralement. Tu n’as pas la joie de vivre que tu avais à mon départ. Tu es froid, distant, comme si nous allions vers des funérailles. « Oublie c’qui t’gruge c’soir. Laisse-toi aller, on va s’amuser. » J’suis un gros naze, mais quand j’vois bien qu’les gens n’sont pas à leurs tops, le bouffon laisse place à l’être sérieux qu’j’peux être. J’te souris sincèrement, replaçant mes cheveux au passage. « Oh et toi, t’as fait quoi durant ces deux mois, mh? » Un peu plus j’oubliais carrément d’te le demander. C’que j’peux être idiot parfois!

Tes pensées s’égarent vers un monde meilleur. Tu fixes l’horizon sans rien voir de concret tellement ton regard est brouillé par tes pensées. Joey prend parole et tu l’écoutes simplement, ravis au fond de toi qu’il ait prit du bon temps, il le mérite amplement avec son train de vie euphorique, il lui faut bien un moment pour se détendre, même si ça implique qu’il soit loin de toi. ‘’ Ouais c’est long. ‘’ Marmonnes-tu en appuyant ton front contre la froideur de la fenêtre histoire de te rappeler que t’es bel et bien en vie. Lorsque sa main touche ton épaule, un long frisson parcourt ton échine, tu as ce réflexe de lever la tête pour fixer l’endroit ou sa main touche ton corps, c’est sans doute dû à ton trouble obsessionnel compulsif, après quoi tu reposes ta tête ou elle se trouvait juste avant pour reprendre le cours de tes pensées. ‘’ Ça va, tu sais que si j’avais pas eu envie de sortir, j’l’aurais pas fait. ‘’ T’es comme ça, tu agis comme bon te semble, on aura beau te tordre un bras, si tu n’as pas envie de bouger, tu ne le fais pas. ‘’ Avec quelques verres, tout va bien aller. ‘’ Ouais tu as besoin d’engourdir le mal si tu veux être en mesure de t’éclater, mais encore, tu crois que ça ne sera pas possible ce soir. Le plan, faire semblant pour faire plaisir à ton meilleur ami. Anyway, tu n’as qu’une idée en tête, finir sur son épaule pratiquement mort, lessivé et déchiré et tu ne dérogera pas de cet objectif. À sa nouvelle question, tu fais mine de réfléchir. ‘’ J’ai bossé, j’ai passé un peu de temps avec Alex qui s’est lui aussi trouvé un travail, sinon j’ai considérablement agrandi la bibliothèque, je trouvais qui manquait de livre. ‘’ Tu sais que c’est pas trop le domaine du blond tout ça, mais tu es heureux qu’il ait consenti à te laisser faire ta bibliothèque dans le salon puisque ta chambre n’aurait pas suffit. Vous arrivez finalement, après un trajet interminable. L’insigne du club de streaptease te donne un haut le coeur, t’as vraiment pas envie d’aller dans ce genre d’endroit. Les femmes, c’est pas ton domaine… y’a rien d’excitant dans une paire de sein ambulant qui se trémousse sur une scène, mais tu ne laisse rien paraître, préférant sortir de l’habitacle en t’étirant longuement. ‘’ T’as prit soin de Serah j’espère. T’as pas fait l’con mh ? ‘’ Demandes-tu en entrant dans le bar. ‘’ Elle voudra te tuer lorsqu’elle saura que tu m’as emmené ici. ‘’ Et tu pouffes de rire, première réaction sincère de la soirée et peut-être la dernière.

Tu m’dis qu’si tu n’avais pas eu envie de sortir tu n’l’aurais pas fait. Pas faux, tu es comme ça et c’est c’qui est simple avec toi. Alors que tu m’dis qu’avec quelques bières tout ira mieux, j’espère. Tu m’as vraiment l’air secoué, perdu ou j’ne sais pas quoi. Tu m’dis c’que t’as fait cet été, la bibliothèque que t’as placé dans le salon. Cet immense rac à livre qui prend un mur complet. J’m’en fou bien, le loft est si grand que ça le rend que plus beau au fond! La voiture s’immobilise devant le club de danseuses et on descend. Ta question m’foudroie, pourquoi parler d’Serah? Mh, c’qui serait plus étrange c’est d’n’pas en parler puisque c’est sa copine, logiquement! Ah ouais, j’en ai pris soin, on s’est saouler la gueule sur une plage et nous avons danser coller-serrer. Comme si j’allais t’dire ça, mais j’ne peux pas t’raconter n’importe quoi non plus. « Je l’ai vue que quelques fois vite vite et sinon le soir du party sur la plage. Elle est assez grande pour prendre soin d’elle t’sais! » j’hausse les épaules en bon moi-même, j’ne peux pas t’dire exactement c’qui c’est passé, c’est sûre que tu m’en voudrais. Parce que même danser coller, c’pas bien quand la nana sort avec ton meilleur ami. « On a bu quelques verres et on a dansés un peu. Ensuite j’sais pas, elle est partie. » Faux, je n’sais pas parce que j’étais trop déchiré pour m’en souvenir. Mais je sais que j’n’ai pas fini avec elle dans mon lit. J’n’aurais pas fait ça, pas à toi. J’éclate de rire alors que tu m’dis qu’elle me tuerait d’savoir que je t’ai traîner ici Mh, elle m’fait peur. Ouuuuuh! » Elle a bien danser avec des mecs au SC, pourquoi elle capoterait qu’je t’apporte aux danseuses mh? Nous passons les portes, la musique vient taper nos tympans et les meufs topless nous sourient. J’me dirige vers le bar et m’commande une bière, j’te regarde « T’veux quoi? » que j’te cris pour enterrer la musique très forte.