Riant avec lui, j'hoche la tête. Bien sûr qu'on ira se baigner encore, il peut d'ailleurs y aller autant qu'il veut, je n'en serai pas vexer s'il me laisse sur la plage pour piquer une tête. Et, oui, j'irai aussi, mais un peu plus tard parce que, mine de rien, j'apprécie sentir la chaleur du soleil sur ma peau blafarde.

Me laissant respirer, il s'installe tranquillement à mes côtés pour profiter également de cette journée. L'observant, le sourire collé aux lèvres, heureux sans avoir besoin d'une autre raison que celle d'être en sa compagnie aujourd'hui ou de sortir avec lui tout simplement. Cependant, je vacille un peu lorsque je le questionne à savoir s'il viendrait ou non passé la nuit chez moi si je me prenais un appartement à la rentrée. M'étudiant un instant, il finit par me répondre que je n'avais même pas à demander et que c'est assuré qu'il sera présent. Une certaine inquiétude prends tout de même place sur ses traits et je baisse la tête, un nouveau sourire doux flottant sur mes lèvres, me retenant de justesse de lui dire qu'il est mignon quand il s'en fait pour moi. Relevant la tête pour ne pas aggraver ses sensations, je lui explique mon cheminement de pensées depuis quelques mois.

- Tu peux savoir, biensûr, aquiesçais-je. Avec les deux boulots - même si la galerie, c'est occasionnel -, les deux diplômes et les contrats à l'occas, je ne sais plus si je pourrai m'investir réellement avec la Lowell et je m'en voudrais d'être membre et de ne pas avoir de temps à leur offrir. J'y suis bien : je considère que c'est comme une seconde patrie, mais… y'a aussi qu'en deux ans, j'ai eu une longue brochette de colocataires avec qui j'avais plus ou moins d'affinités et… je sais pas, j'ai envie d'être un peu plus dans mes choses, dans un environnement à moi. Je dis pas que c'était pas sympa, j'ai rencontré des gens géniaux, mais...

J'hausse les épaules, à court d'arguments pour lui faire comprendre sans me répéter et paraître saoulant. J'imagine qu'il comprend ma situation puisqu'il a une chambre solo à la Mather, chose qu'il m'est impossible d'avoir à la Lowell. Le bâtiment est bien moins gros que chez les verts et les espaces logis aussi.

- Jason et Shirley me diront sûrement de que je peux rester à la semaine chez eux, mais autant que je peux dire que c'est "la maison" et que je le penses, autant que j'aurais constamment l'impression de les priver de leur intimité. Dès le départ, quand Jason m'a ramené à Boston, on s'était entendu que je ne voulais pas vivre à son crochet à l'année et c'est un peu pourquoi je me suis retrouvé en fraternité à la base, expliquais-je. Après, je suis fier d'en être membre, mais ...voilà, quoi.

Par réflexe, je lève la main pour la passer dans mes cheveux, butant plutôt sur le tissu de la casquette, je me contente de la bouger comme pour me masser le cuir chevelu avant de finalement devoir l'enlever pour replacer ma tignasse dessous.