Présentement, je deviens ce petit animal fragile. Cet agneau qui face à un lion tremble de tout son poids quand il voit la mort arrivé face à lui. Cette part de moi, je la cache au monde entier. Faiblesse qui m'habite depuis toute petite. Je crois qu'on m'a doté d'un coeur pas assez grand pour aimer, mais surtout pour affronter ce putain de karma. Les barrières que j'ai érigé autour de moi se sont lentement fissurés au point de tomber. Qu'est ce que j'aurais fait ce soir si tu n'avais pas été là ? Que tu ne m'aurais pas offert cette protection ? Je pense sincèrement que les vagues m'auraient emportés et que je me serais éteinte paisiblement. Mais tu es là, l'ancre qui m'accroche encore à la vie. J'accepte sans hésiter de partager ta chambre ce soir. Je n'ose pas répondre à tes mots. Le genre de paroles qui ferait fondre n'importe quelle fille. Sauf que moi, je reste muette mais j'imagine que tu arrives à lire mon remerciement dans mes yeux. Je m'agrippe toujours autant à ta main et me laisse guider par toi jusqu'à l'hôtel. Je regarde mes pieds pour éviter le regard des autres qui doivent bien sûr penser que je suis une épave humaine. Ce n'est pas une nouveauté mais je pense surtout qu'ils doivent dire de toi que tu es fou de vouloir me sauver. On ne peut ramener à la vie une cause perdue. Ta main à ma taille me pousse à entrer dans ta chambre, et je reste planté tel un piquet au milieu de celle-ci alors que tu me fournis de quoi me changer." Merci. " Je suis totalement ailleurs que j'ai bien du mal à faire des phrases, à avancer. Mon regard posé sur ce vêtement que tu m'as donné, je relève la tête uniquement quand tu me mets en garde. En boxer, face à moi, je fais un quart de tour avant que tu te retrouves dans le plus simple appareil. J'ai perdu ce droit il y a longtemps." Oui la salle de bain. " J'avance péniblement jusqu'à celle-ci, ferme la porte, créant un mur entre nous. Ma robe tombe au sol, mes sous vêtements aussi. J'enfile ce t-shirt mais reste nue en dessous de ce dernier. Je suis du genre à penser que les sous vêtements ne se partage pas. Fébrile, je reviens jusqu'à la chambre, enfin plus précisément le lit dans lequel je m'allonge rapidement. J'ose enfin te regarder, partiellement vêtu." T'es vraiment sûr de vouloir le canapé ? " Deux amis ont le droit de partager le même lit. Mais sans doute que c'est trop te demander de juste veiller sur mon sommeil. Une fois, rien qu'une seule fois.

Je n’aime pas te voir comme ça. Ça ne te ressemble pas. Rare sont les fois où j’ai pu te voir dans cet état. L’Asia que je connais ne se serait pas laissé envahir par ses émotions comme tu es en train de la faire. Elle se serait battue et aurait envoyé sur les roses tous ceux qui se seraient dressés sur son chemin. Et là, tu ne réagis même pas lorsque je te donne les vêtements pour te changer, ni lorsque je commence à me déshabiller devant toi. C’est une preuve, en te voyant aussi faible, que cette énième rupture, tu l’as mal vécu. Elle t’a fait beaucoup plus de mal qu’elle ne le devrait. Et de mon côté, je suis impuissant, je n’ai aucune idée de quoi faire afin de t’aider dans ta quête à la guérison de ton cœur. Tout ce que je peux faire pour l’instant est de te garder à mes côtés et de veiller sur toi comme je le peux. C’est ce que je comptais faire ce soir. Dès que tu es entrée dans la salle de bains et que je me sois changé de boxer, je me suis laissé tomber sur le lit, en position étoile. Dans quel pétrin je me suis mis ? Certes, je pourrais agir en ami, comme je suis supposé le faire, mais lorsque des sentiments plus forts que de l’amitié ouvrent une douleur passée, ce n’est pas si facile. Je crains que je ne sois pas en mesure de dormir, cette nuit. Je me relève après à peine quelques secondes pour commencer à préparer l’endroit où tu allais dormir. C’est lorsque je suis près du mini bar afin de te servir un grand verre d’eau, que tu sors de la pièce pour finalement reprendre la parole. Je me retourne, tout en me pinçant les lèvres te voyant à l’endroit où je dors depuis un moment. « J’dormirai tout d’même pas par terre. Et j’veux que tu sois à l’aise pour bien te reposer. » Je suis beaucoup trop gentil. N’importe quel homme se serait fait une joie de sauter sur l’occasion et pourtant, j’hésite. Je ne suis pas des plus à l’aise de dormir à tes côtés, sachant ce que j’éprouve pour toi, mais en même temps… « J’espère que tu ne bouges pas trop, dans ton sommeil. » J’ai dit ça sur le ton de la plaisanterie, même si tout mon corps se trouve à être nerveux à l’idée de passer la nuit à tes côtés. Je pose les verres d'eau sur la table de chevet et je grimpe sur le lit pour finalement me cacher sous la couette me positionnant sur mon flanc, de sorte de pouvoir te regarder. Dans un élan de protection, je me rapproche de toi et passe mon bras sous ta tête, de sorte que tu viennes te coller contre moi, ne me doutant pas une seule seconde que tu ne portes rien sous mon T-shirt. « Tu peux dormir, t’es en sécurité et rien ne t’arriveras. » Non, c’est plus de mon côté que tout risque de mal aller.

Je suis complétement ailleurs, déphasée c'est le mot. D'ailleurs j'ai bien du mal à te parler avant d'entrer dans la salle de bain. J'économise mes dernières forces avant d'aller dormir pour me déshabiller. Mon corps est lourd, je peine au moindre geste. Les émotions fortes ont de mauvais effets sur moi, surtout quand l'alcool vient s'y mêler. Je suis en train de revivre l'enfer d'il y a six ans et encore ce n'est là que le début. Je peux toucher encore plus le fond, si je me retrouve à être seule. J'aurais très bien pu finir noyer si tu n'avais pas été présent, parce que les pensées suicidaires se font de plus en plus présentes dans mon esprit. Une décision que je sais égoïste, une action que tu ne me pardonnerais pas si un jour je vais vraiment jusqu'au bout des choses. J'aimerais tellement être forte, mais je crois que c'est au dessus de mes moyens et surtout j'ai trop peur de me battre face à cet ennemi qu'est le karma. Jamais il ne me laissera tranquille, jamais il ne m'offrira ce que je désire le plus au monde: le bonheur. C'est avec ces pensées sombres en tête que je vais aller me coucher dans ce lit qui est tien. Tel un animal apeuré, je me glisse sous les draps avant de te proposer de dormir avec moi. Tu as déjà beaucoup subi ce soir à cause de moi, je ne voudrais pas non plus te voler une bonne nuit de sommeil. Beaucoup trop attentionné tu déclines mais c'est sans compter sur mon air de chien battu qui finalement te fait revenir sur ta décision." Non je serais sage. " Bien que de nature violente, je ne le suis pas dans mon sommeil. Je te laisse la place nécessaire pour me rejoindre et laisse échapper un merci dans un murmure. A t'avoir près de moi, je suis plus en paix. Proximité renforcée lorsque tu décides d'envelopper mon corps avec ton bras, et j'en profite pour nicher ma tête sur le haut de ton torse et me blottir contre toi, gardien de ma nuit, de mes cauchemars." Je te crois. " que je réponds sincèrement en relevant le regard une dernière fois vers toi avant que je ne plonge dans le sommeil en restant accrochée à ton corps toute la nuit.

Dormir avec toi à mes côtés ? Je ne pense pas que ce soit la meilleure idée qui soit pour ma santé mentale, mais l’expression du visage que tu me fais, je n’ai pas pu résister très longtemps à mes désirs. Oui, j’ai craqué, une fois de plus… Ce qui n’est pas étonnant en soit. Je me suis glissé à mon tour sous les couvertures avant de te prendre dans mes bras. Ta tête sur mon torse, j’avais presque envie de ronronner de plaisir. Ce n’est pas tous les jours que je peux partager ce petit moment en ta compagnie, alors aussi bizarre que ça puisse paraître, j’en profite. Dans ce temps, je sais que tu te sens un peu plus en sécurité et je me sens comme un prompt chevalier, au secours de la grande dame. Alors que tu relèves le visage vers moi, me mentionnant que tu me croyais sur la protection que j’allais t’apporter durant les prochaines heures, je t’ai donné un baiser sur le front. Tu t’es endormie par la suite et j’ai passé un long moment à contrôler ma respiration, tout en caressant tes cheveux, pour que tu sois le plus détendue possible. « Repose-toi bien Asia et fais attention à toi, je ne pourrais supporter qu’il t’arrive quelque chose. T’es trop importante à mes yeux... » Dis-je finalement après plusieurs minutes de silence. Ces derniers mots n’étaient que soupire, tout juste avant que je m’endorme à mon tour, emporté dans les bras de Morphée.

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