J’expliquais rapidement à Louve que je n’avais rien à lui cacher, mais sa réponse fut assez clair. Je lui devait rien et elle me devait rien. Si lors du voyage j’avais eu quelques doutes à ce sujet, aujourd’hui je comprenais bien que tout était redevenu comme avant, des amis avec bénéfices sans plus. J’acquiesçais donc d’un signe de tête ne laissant rien paraître de ce que sa réponse avait pu me faire.  « Non c’est vrai t’as bien raison. » Je pouvais déjà me considérer chanceux qu’on continue à se voir alors je n’en demandais pas plus. Quand Louve accepte la séance photo pour qu’elle puisse mettre des affiches de son célibat un peu partout en ville j’éclate de rire.  « Je suis dispo! Et t’inquiète je saurai te rendre à ton meilleur et même sans avoir à rembourrer ton soutif! » J’éclatais de rire réalisant à quel point on était rendu un peu loin dans le délire et sachant pertinemment que je n’allais pas vraiment prendre Louve en photo pour qu’elle en fasse des affiches – même si l’idée de la prendre en photo ne me déplaisait pas vraiment.

On s’installait bien tranquille dans mon sofa tout en rediscutant de notre fameux voyage au Bahamas qui nous avait tout de même permis de ramener un beau petit teint à Boston. Quand je mentionnais vouloir y retourner l’an prochain Louve renchérit en insistant qu’il était hors de question qu’elle attende jusqu’à l’année suivante. Je riais doucement tout en étant un peu mal aisé par ses propos. Faut dire qu’on avait pas le même budget elle et moi et que si pour elle c’était évident qu’elle comptait y retourner, pour ma part je savais que j’en aurais pas les moyens.  « Je comprends.. dans ce cas oublie pas de me dire quand tu comptes repartir histoire qu’on puisse se voir avant… » J’allais quand même pas lui en vouloir de partir dans le sud, c’était son argent, fallait bien qu’elle profite! La pizza finit enfin par arriver et je m’occupais d’aller répondre et de régler le montant. Lorsque je revins vers Louve je nous servis chacun une pointe mentionnant qu’elle n’aurait pas le droit à plus que la moitié.  « On va quand même pas commencer à faire une course de mangeage de pizza? » lançais-je en riant alors que Louve prit une grande bouchée de la sienne.  « T’es pas croyable toi!! » Souriant je goûtais à mon tour la pizza qui était comme un orgasme culinaire. Heureusement que Louve avait bien voulu qu’on prenne le temps de commander à manger sans quoi j’aurais probablement pas survécu à ma soirée.  « Ah merde j’allais oublier le vin! » lançais-je entre 2 bouchées avant de me relever pour aller chercher le tout et de nous servir chacun un verre.  « Ok j’ai juste eu le temps d’aller chercher le vin et t’as presque finis ta pointe de pizza? » lançais-je en prenant un air totalement outré avant de me rapprocher un peu plus de Louve.  « Faut que tu m’en laisses quand même assez sinon je devrai trouver autre chose à manger… » ajoutais-je d’un ton plus doux avant de venir lui voler un rapide baiser. Ça avait bien un sous-entendu… et c’était le but.

L’idée de retourner en voyage avec Louve me faisait totalement rêver, d’accord on avait eu quelques mésententes, mais globalement j’avais sincèrement apprécié chacun des moments passés en sa compagnie.  « On verra bien dans ce cas! » répondis-je lorsqu’elle suggérait de me cacher dans sa valise si j’étais suffisamment sage. Je savais que le critère de la sagesse ne comptait pas vraiment et qu’au final c’est mon budget qui me permettrait de me joindre à elle, ou non. La pizza arrive et il ne faut pas 5 minutes de plus pour que se retrouve la bouche pleine. L’idée de faire une course pour manger la pizza était clairement mauvaise, mais je ne pouvais m’empêcher de rire parce qu’au final j’étais convaincu qu’elle aurait été partante – elle était toujours partante pour toute. C’est probablement une des raisons pour laquelle elle me plait tant et d’autant plus depuis le voyage au Bahamas où j’ai vraiment pu découvrir son côté spontané. Son sourire me fait totalement et craquer et c’est assez dur de le nier vue comment j’ai du mal à détacher mon regard d’elle. Je profite de l’occasion pour aller chercher la fameuse bouteille de vin que j’allais totalement oublier et à mon retour Louve a déjà presque terminée sa première pointe. Je m’offusque en blague lui soulignant qu’elle avait déjà presque terminé et celle-ci s’éclate de rire passant proche s’étouffer avant d’ajouter qu’elle n’avait pas de temps à perdre. Je secouais négativement la tête tout en riant avant de me prendre une première gorgée de vin.  « T’exagère 3h15, c’est que je suis indispensable à ta vie alors le temps te parait plus long en mon absence. » lançais-je avec un grand sourire niais avant de m’attaquer à nouveau à ma pointe de pizza. Je rajoute aussitôt, que si elle ne me laisse pas assez de pizza il me faudra trouver autre chose à manger et sa réponse me fait sourire de plus belle.  « On verra bien à la fin du repas dans ce cas… » J’avais aucun mal à me remémorer de notre petit moment sur la yacht et j’étais totalement pas contre l’idée de recommencer quelque chose du genre. Louve lève son verre, me sortant de mes pensées, pour venir trinquer.  « À la notre… » répondis-je avant de prendre une nouvelle gorgée du vin.  « Ah ouais tu trouves? Ravis que le vin te plaise. » dis-je avant de redéposer mon verre sur la petite table du salon.  « Alors, tu comptes rester ici ce soir? Je veux dire pour la nuit? » C’était pas le genre de chose qu’on avait l’habitude de faire, mais disons que comme elle buvait du vin ça faisait une bonne excuse pour qu’elle reste ici plus longtemps.

Mes lèvres s’étirèrent en un sourire lorsque Louve mentionna que j’étais peut-être indispensable pour elle. Elle semblait amusée, impossible de savoir quel était son véritable avis sur le sujet, mais au final juste d’entendre ses mots sortir de sa bouche me faisait du bien. C’était toujours flatteur de savoir que quelqu’un tenait à nous, mais venant de Louve ça m’apparaissait encore plus important. Quelques sous-entendus se glissèrent dans notre conversion, mais on restait sage – du moins pour le moment. Chaque bouchée de pizza était un vrai délice et accompagné de ce vin je ne pouvais rien demander mieux. D’ailleurs le choix de vin semblait plaire à Louve ce qui me fit à nouveau sourire.  « Tant mieux. » répondis-je alors que je n’arrivais pas à détacher mon regard de Louve. Son petit sourire qui me faisait craquer, qui ne la quittait presque jamais et son regard qui arrivait à bouleverser n’importe qui. Elle s’empare d’une deuxième pointe de pizza et je profite pour lui proposer de rester dormir… on ne sait jamais. C’était assez rare en soi qu’on partageait le même lit après un moment intime, mais quelque chose avait changé entre nous au Bahamas et de dormir à ses côtés me paraissait presque naturel. Elle accepta plus au moins, soulignant que ça ferait changement à d’habitude et j’acquiesçais d’un signe de tête alors qu’elle renchérit. Elle voulait d’abord me parler… et dès qu’elle eut prononcé ses mots je sentis mon cœur s’accélérer dans ma poitrine. Vue l’air sérieux que Louve venait de prendre j’avais comme le sentiment que c’était pas forcément bon signe alors une part de mon cerveau tentait de me faire garder mon calme.  « D’accord oui on verra y’a pas de souci… » Je déposais ma pointe de pizza que je n’avais pas encore terminé joignant mes mains ensemble pour l’écouter attentivement mon regard ne la quittant pas. Pour sa part elle ne me regardait même pas, ce qui m’inquiétait d’autant plus.  « De quoi est-ce que tu veux discuter exactement? » finis-je par demander d’une voix légèrement nerveuse. Nos dernières discussions tournaient dans ma tête, je cherchais à comprendre en tentant d’assembler des morceaux de casse-têtes qui n’allaient pas ensemble. J’hésitais puis me risquais à prendre la main de Louve dans la mienne attendant toujours de savoir de quoi elle souhaitait tant me parler.

Tout était devenu tellement sérieux d’un coup alors que deux secondes plus tôt je faisais des allusions sur comment je comment je comptais m’occuper d’elle plus tard. Le fameux « faut qu’on parle » n’est jamais forcément bon signe, mais comme on ne forme pas un couple je ne savais pas trop ce qu’elle comptait m’annoncer à moins qu’elle ne veuille mettre un terme à notre relation d’amitié avec avantages. Je tentais de ne pas laisser paraître mon stress lui laissant d’abord le temps de s’expliquer un peu plus. Je prenais sa main dans la mienne comme pour lui signifier qu’elle pouvait tout me dire. Je voyais bien que la nervosité c’était emparé d’elle, son regard était fuyant, son visage figé comme si elle appréhendait la suite. Elle rompit finalement ce silence qui m’avait paru interminable et je fronçais légèrement les sourcils lorsqu’elle mentionna l’île ainsi que l’avortement… comme quoi ça lui avait fait quelque chose. Finalement peut-être est-ce qu’elle souhaitait simplement en reparler et que comme c’était un sujet sensible pour elle ça l’a stressait. Du moins c’est l’impression son début de phrase me donnait, mais avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit elle poursuivit. Ce qui la troublait tant ce n’était pas l’avortement… mais nous. Mon cœur fit quelques ratés dans ma poitrine comme si ça semblait impossible qu’elle puisse penser ainsi. Pourtant Louve n’était pas du genre à plaisanter à ce sujet, d’ailleurs elle était bien trop sérieuse pour être en train de faire une blague. Quand son regard se pose dans le miens je reste figé sur place mais j’exerce une petite pression sur sa main pour lui signifier de poursuivre. Je veux qu’elle termine de me dire sa façon de penser, je veux être certain de bien comprendre là où elle veut en venir et ne pas me tromper. Ma tête ne sait plus quoi penser, quand je repense à comment les choses se sont terminés avec Rosalie j’ai envie de reculer, mais une autre partie de mon cerveau me rappel à quel point chacun des instants passés en compagnie de Louve était plaisant et à quel point les choses pourraient être bien si on se donnait au moins une chance. Si j’étais nerveux à l’idée qu’elle puisse vouloir mettre un terme à notre relation je l’étais encore plus de savoir qu’elle voulait peut-être quelque chose de plus officiel ou du moins c’est ce que j’avais l’impression de comprendre.  « À moi aussi tu m’avais sincèrement manqué Louve.. » finis-je par avouer également comme pour appuyer ses propos. Comme pour lui indiquer que moi aussi j’avais ce sentiment qui m’habitait. Elle prit une grande inspiration et je lui laissais le temps. Elle m’avoua ne pas vouloir rester que pour une nuit et je n’avais pas besoin de plus que ça pour comprendre.  « Et si… je te disais que tu pouvais rester autant que tu voulais. » On parlait tout les deux en sous-entendus, probablement parce que c’était plus facile que de mettre de vrais mots sur ce qu’on pensait.  « La discussion qu’on a eu au Bahamas a changé bien des choses en moi… » J’avais d’ailleurs cru devoir refouler le tout parce que j’avais eu l’impression que de parler de nos émotions faisait fuir Louve.  « Et même si tout ça me fait un peur, j’ai envie de nous donner une chance Louve. finis-je par dire alors que je baissais mon regard sur nos mains. On en était quand même pas rendu à se dire des je t’aime et tout, mais à partir de cet instant précis on ne pouvait plus considérer que notre relation était limitée à de l’amitié.

C’était pas un non, mais c’était pas un oui. Elle accepterait peut-être qu’elle venait de dire. En même temps je pouvais comprendre que c’était déjà beaucoup de s’être ainsi ouverte à moi. La dernière fois qu’on avait eu une discussion autant sérieuse je l’avais fait fuir… et c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’étais jamais revenue sur le sujet. Je lui avais laissé du temps et peut-être qu’au final c’était la meilleure décision puisqu’elle se tenait aujourd’hui devant moi à m’ouvrir son cœur. Lorsque Louve m’avoua qu’elle avait la trouille, je ne pouvais m’empêcher de penser que le même sentiment m’habitait, et ce, depuis tellement longtemps. Je lui souris gentiment, ses mots me faisant du bien et je savais qu’elle était sincère, car au final moi aussi je lui faisais confiance.  « Moi aussi ça me fait un peu peur, mais on peut y aller doucement et apprendre à se faire confiance un peu plus chaque jour. » Louve n’avait pas un passé amoureux facile et moi non plus alors je savais que le mieux était d’y aller doucement Je sentis sa main se poser et caresser ma joue ce qui me fit aussitôt sourire. Ce simple geste me rassurait m’enlevant un stress qui n’avait même pas lieu d’être. Un rapide baiser volé avant que Louve ne me dise qu’elle était toute à moi ce qui me fit un drôle d’effet dans tout mon corps avant d’ajouter que j’étais pire qu’une drogue. Là-dessus je pouvais la comprendre, les journées avaient été interminable à mon retour des Bahamas et je n’étais pas convaincu que le boulot en était la cause.  « Pire qu’une drogue hein? Ça veut dire qu’il te faudra ta dose de moi à tout les jours? » ajoutais-je avec un petit sourire en coin. Ouais vite comme ça on aurait dit un sous-entendu sexuel, mais c’était pas que ça. C’est aussi parce qu’au final j’avais bien envie de passer plus de temps avec elle, et ce, même si ce n’était pas forcément à tout les jours.  « Mais du coup.. au vue de la discussion qu’on vient d’avoir je vois pas trop pourquoi tu passerais pas la nuit ici… au contraire. » C’est vrai, qu’importe comment la soirée se terminait – avec ou dans vêtements – je ne voyais par pourquoi elle repartirait.  « Ça me ferait plaisir que tu restes… et puis, il se pourrait même que je sois assez gentil pour te préparer quelque chose pour le petit déjeuner demain matin. » Je lui souris avant de venir à mon tour lui voler un baiser qui se voulait un peu plus langoureux que le précédent.  « Du coup est-ce que tu manges encore ou bien t’as déjà finis t’as pizza? » ajoutais-je en jetant un coup d’œil vers la pizza puisqu’il en restait encore pas mal.