Elle m’énerve cette fille. Sérieusement, si je dis blanc, elle va dire noir. Il n’y a jamais de gris et elle ne sera jamais capable de faire des compromis. Elle est comme toutes les autres et crois que tout lui est permis. Il va falloir que tu grandisses ma grande et que tu te rendes compte que tout ne tourne pas alentour de toi. Soupirant à presque en perdre les mâchoires, je commence sincèrement à trouver que ça lui prend du temps aller chercher un foutu manteau. Surtout, que j’me les gèle. J’ai donc décidé de me rendre à la voiture pour aller me chercher quelque chose à enfiler sur mon dos, mais dès lors que je tourne le coin de la bâtisse, en passant par la petite ruelle, qui je ne vois pas en train d’essayer de s’enfuir par une fenêtre ? Eh oui, Serah. Je fais vraiment tout mon possible pour ne pas pouffer de rire. La situation est tordante, vraiment, mais au lieu de cela, je lui demande : « Besoin d’aide mademoiselle ? » Je tends un bras pour lui permettre de la descendre de là. Malgré tout, une fausse manipulation de ma part, fait en sorte qu’elle tombe dans mes bras. Et dès que nos yeux se croisent, elle peut probablement se rendre compte que je ne joue plus. J’en ai assez. Alors dès qu’elle a les deux pieds sur le sol, je lui dis : « C’est beau, va te faire fourrer par le premier crétin qui passe par là, j’abandonne. J’me tire ! » Et sans plus attendre, je me dirige simplement vers ma voiture. Je n’ai vraiment pas envie de la voir se trouver celui qui aura la chance de la baiser ce soir et être impuissant, devant cette scène !

Je dois admettre que là, tout de suite, je souhaite très, très fort que personne n’entre dans la salle de bain. J’ai carrément l’air stupide. Une adolescente dans un mauvais film qui tente de fuguer, rien de plus, rien de moins. Une voix me vient finalement en provenance de l’extérieur. « Besoin d’aide mademoiselle ? » Je n’y pense pas plus avant, pressé de sortir d’ici et d’me barrer avant que tu ne te rendes compte que j’ai disparu. « Ouais, carrément. » Or une mauvaise manœuvre me fait tomber dans… tes bras. Nos regards se croisent et je retiens mon souffle. Eh bordel de merde. J’ai même pas le réflexe de me débattre en fait tellement j’suis surprise. Comment t’as su? C’est quoi ce merdier !? Tu me déposes au sol et je replace systématiquement mes fringues. « C’est beau, va te faire fourrer par le premier crétin qui passe par là, j’abandonne. J’me tire ! » Je cligne des yeux et te regarde partir vers ta voiture. C’est pas vrai… J’vais regretter ça demain, j’le sais. « Silas, attend! » Je tente de t’emboiter le pas, mais mes petites jambes ne me permettent pas exactement d’aller à la même vitesse que toi. Je n’sais pas encore pourquoi je te poursuis comme ça, mais je sais que j’peux pas te laisser partir.

Autant que je trouvais ça drôle voir Serah faire tout son possible pour sortir par la fenêtre de la salle de bain, autant j’en avais déjà marre d’être à ses côtés. Oui, j’en avais marre, parce que c’est clair comme de l’eau de roche qu’elle n’en a rien à foutre de ma présence. Si ce n’était pas le cas, elle n’essayerait pas de me fuir par tous les moyens. Alors, dès qu’elle eut les pieds sur le sol, en sécurité, je me suis dit que j’allais lui facilité la tâche en la laissant tranquille. Qu’elle fasse ce qu’elle veut, je m’en balec les couilles sérieusement. Je ne peux pas aider ou protéger quelqu’un qui ne s’aide pas, après tout. Je me suis donc diriger vers ma voiture afin de me rendre à un autre lieu où une fête battait son plein, mais Serah me demanda d’arrêter. Soupirant, je me retournai pour lui faire face, la tête pencher sur le côté. « Quoi ? » J'avoue, ma voix était plutôt sèche. Je n’avançai pas du tout vers elle, en fait, je ne fais que la regarder. « Tu veux un oreiller peut-être, ou un massage des pieds ? » Je ne resterai certainement pas avec une gamine qui essaye de me semer à tous les secondes. J’suis pas un surveillant dans une garderie, non plus. Je ne vais pas lui tenir la main pour lui montrer le chemin à prendre.

Tu fais volte-face et je regrette déjà d’avoir couru derrière toi. Qu’est-ce que j’vais bien pouvoir dire maintenant hein? « Quoi ? » Ton intonation ne laisse aucune place à l’imagination. T’es blasé par la situation et frustré contre moi. Rien que je n’ai pas déjà vu avant, mais venant de toi, ça pince un peu. « Tu veux un oreiller peut-être, ou un massage des pieds ? » J’esquisse un petit sourire, c’est plus fort que moi. « Non merci, ça ira. » Allez Bushnell, c’est pas comme ça que tu vas réussir à le convaincre de rester ma vieille. Mon sourire se dissipe et je me mordille plutôt la lèvre. « Y’a moyen qu’on prenne un verre sans que tu me fasses chier? » Parce qu’il est là le problème en fait. C’pas ta présence qui me dérange, bien au contraire. Mais j’ai pas besoin que tu joues les grands frères ou les pères, j’ai déjà tout ce qu’il me faut à ce niveau-là.

Je regarde Serah, croisant mes bras contre mon torse. Elle ne semble pas décidée à vouloir me dire ce qu'elle a et de mon côté, je ne suis plus certain de vouloir rester encore très longtemps. « Rester, sans que j'te fasse chier ? J'pense pas que ça soit possible ! » Elle devrait le savoir pourtant. Depuis un moment, on pourrait croit que je suis né pour lui pourrir la vie ou encore pour l'empêcher de se prostituer. Parce que c'est presque ça qu'elle fait, non ? Elle couche avec tout ce qui a une queue ou encore un vagin, non ? Bon, je sais je suis très mal placé pour parler, mais tout de même on comprends, ce que je veux dire. Mais, à bien y penser, si je reste avec elle prendre un verre ou deux, elle n'ira pas se faire mettre par le premier beau parleur à grosse queue qu'elle croisera. En quelque sorte, je la protégerai comme j'ai promis à son père. « Ça marche ma grande, mais à une condition. C'est moi qui choisis ce qu'on boit. » J'hausse mes deux sourcils en signe de défi, attendant de voir sa réponse. Après tout, c'est à prendre ou à laisser.

« Rester, sans que j'te fasse chier ? J'pense pas que ça soit possible ! » Eh merde. Tu vas quand même pas me faire te supplier Silas, si? Parce que c’est peine perdu si c’est ce que tu attends là. Déjà, c’était un énorme effort de ma part que de te retenir quand t’as voulu partir alors que je venais tout juste de me ridiculiser en sortant par la fenêtre de la salle de bain. Si en plus je dois te supplier de rester, tant pis, t’as qu’à aller dormir tout seul, moi je rentrerai avec quelqu’un d’autre. Finalement, comme toujours, tu changes à nouveau d’idée. J’vais commencer à croire que t’es bipolaire comme gars. Ou alors sacrément indécis. « Ça marche ma grande, mais à une condition. C'est moi qui choisis ce qu'on boit. » Je plisse un peu les yeux. « Si c’est alcoolisé, ça me va Rothschild. » Parce qu’il est hors de question que j’aille m’assoir avec toi à boire un Sherley Temple ou une autre connerie de pseudo cocktail sans alcool.

Je n'avais certainement pas l'intention de lui faire boire du "sans alcool". Il n'en est pas question, elle va s'en souvenir longtemps ou alors pas du tout, de cette soirée. Au moment où elle allait franchir le cadre de porte de la boîte, je la saisis par le bras. « Tu comptes aller où comme ça ? J'veux bien boire un verre avec toi, mais je n'ai pas dit là ! » Je lui souris et lui montre ma main pour qu'elle la saisisse. « Il se trouve qu'à mon appart, j'ai une bonne bouteille d'absinthe qui cherche à trouver preneur. » Et de plus, je me retrouve seul à l'appartement, ma coloc ne s'y trouve pas, heureusement. « Si tu ne veux pas la partager avec moi, il y a de l'eau... » Et mon petit sourire cynique refait surface. Je sais très bien qu'elle va accepter. Même si l'absinthe est connue pour induire des effets hallucinogènes, c'est l'un des alcools forts les plus faciles à se procurer et on risque de se faire bien du plaisir avec ce joli joujou.

Puisque c’est décidé, je me tourne pour retourner vers l’entrée du bar, mais tu me retiens au dernier moment. « Tu comptes aller où comme ça ? J'veux bien boire un verre avec toi, mais je n'ai pas dit là ! » J’hausse un sourcil perplexe. Tu souris et me désigne ta main. J’hésite une fraction de seconde avant de m’en saisir. J’aime sentir la chaleur de ta peau contre la mienne et il est surprenant à quel point tu as de grandes mains. « Il se trouve qu'à mon appart, j'ai une bonne bouteille d'absinthe qui cherche à trouver preneur. » Cette fois, tu as toute mon attention. Un sourire étire joyeusement mes lèvres. « Absinthe, mh? De la vraie j’espère? » Pas celle qu’on se procure au marché du coin, celle qu’il faut chercher dans ces liquors stores de fond de ruelle. « Si tu ne veux pas la partager avec moi, il y a de l'eau... » Je secoue la tête et retourne vers ta voiture, ta main toujours dans la mienne. « Non, c’est parfait pour moi, en route! » Quoi de mieux qu’un alcool qui a des effets hallucinogènes? C’est comme de prendre de la drogue en plus de l’alcool, mais en tout en un et sans risquer les mauvais côtés du mélange entre les deux. C’est le meilleur des deux mondes en fait. Puis, j’ai goûté à ce truc une seule fois alors… j’suis carrément partante.

« Comme si j'allais faire boire de la fausse à miss Bushnell. Tu m'prends pour qui ? » Je hausse un sourcil, la regardant une fraction de seconde avant de se mettre en route vers l'appartement. En moins de temps pour le dire, après quelques minutes de route, nous nous sommes retrouver à l'intérieur, au chaud. « T'as qu'à faire comme chez vous, j'vais chercher la bouteille. Les verres sont dans l'armoire à gauche, si t'en veux un. » Personnellement, je préfère boire au goulot, mais je lui propose tout de même ce qu'elle veut. Lorsque je reviens dans la pièce où elle se trouve, j’ouvre la bouteille qui n’est toujours pas entamée et en prend une grosse gorgée, faisant une petite grimace, je l’avoue. « On s’fait un petit jeu avec ca ? On a de l’alcool, autant en profiter. T’en connais ? Parce que j’avoue, même si ça peu être difficile à croire à part le beer pong, j’connais pas grand-chose ! » D’habitude, je ne perds pas mon temps avec les femmes et l’alcool pour leur sauter dessus, sauf que là, je ne vais pas baiser Serah. C’est une amie, enfin... j'me considère pas comme étant dans la friendzone, mais pas loin.

« Comme si j'allais faire boire de la fausse à miss Bushnell. Tu m'prends pour qui ? » Je ris en secouant la tête et tu démarres la voiture, nous conduisant à travers la ville jusqu’à ton appartement. Une fois sur place, je te suis jusqu'en haut et retire mes chaussures et mon manteau avant de te suivre jusqu’à la cuisine. « T'as qu'à faire comme chez vous, j'vais chercher la bouteille. Les verres sont dans l'armoire à gauche, si t'en veux un. » J’hoche la tête, mais ne bouge pas pour m’en prendre un, me contentant de regarder l’endroit où je mets les pieds pour la première fois. Tu vis définitivement avec une meuf, il n’y a pas de doute là-dessus. J’ai vu des apparts de mecs et ça n’a rien à voir. Tu reviens finalement avec la bouteille, en prenant une grande gorgée à même le goulot et je souris en te voyant grimacer. « On s’fait un petit jeu avec ça ? On a de l’alcool, autant en profiter. T’en connais ? Parce que j’avoue, même si ça peut être difficile à croire à part le beer pong, j’connais pas grand-chose ! » J’hoche lentement la tête en te prenant la bouteille des mains pour en prendre une gorgée à mon tour, un peu plus modérée cependant, la grimace tout de même bien présente sur le visage. « Alors on a plusieurs choix.. je connais plusieurs jeux qui nécessite des cartes, sinon on peut se faire un simple action vérité ou un action ou tu bois. » J’hausse les épaules et me laisse tomber sur le canapé avant de replier mes jambes sous moi.