J’avais un peu perdu la notion du temps. Après le quatrième ou le cinquième verre, je ne savais plus vraiment quand, mais les faits étaient là : c’était le milieu de la nuit, il caillait, mais bien échauffé par l’alcool, je n’avais même pas zippé mon manteau, grand ouvert malgré le froid ambiant, j’avais raté le dernier bus et je venais de lâcher Wade, nos chemins se séparant au croisement de cette rue. Je terminai le petit bout de chemin à pied, avec l’impression étrange que le sol tanguait étrangement. Boston serait-elle en proie à des secousses sismiques ? Peut être que je ne tenais plus vraiment la route. Entre mon incarcération et mes dix mois sous bracelet à ne plus pouvoir sortie, j’avais sûrement perdu un peu. Mais bordel, ce que ça faisait du bien. Fumer, picoler, se vider la tête, ne plus penser à rien… Oui parce que j’avais des trucs que j’avais bien envie d’effacer de mon esprit, genre la soirée de la veille. Arrivé au loft, et bien qu’elle m’avait dit qu’elle ne se rendormirait pas, je marchais quand même à pas de loup pour traverser la salle. Inutile, hein, quand on avait entendu le barouff que j’avais fait lorsque j’avais introduit la clé dans la porte d’entrée, réussissant finalement à déverrouiller la porte avec un mal de chien. Et ne voulant pas allumer la lumière, marchant sur la pointe des pieds, l’inévitable arriva : je me cognais contre l’une des commodes du séjour, faisant trembler le meuble, et au passage le vase qui était présent dessus, vase qui fit plus que trembler, se fracassant au sol dans un tapage sonore, mon manque de réflexe évident m’ayant fait rater de plusieurs secondes l’objet dans ma vaine tentative pour le rattraper. « Bordel… » ronchonnai-je en commençant à me pencher pour essayer de ramasser les morceaux de porcelaine qui s’étalaient désormais au sol.

Denys sans bracelet électronique, évidemment qu’il allait en profiter pour sortir, faire la fête, boire, fumer et rentrer à pas d’heure. T’avais attendu ce moment avec impatience toi aussi, pour pouvoir à nouveau faire la fête avec lui, comme avant. C’était comme ça que tu l’avais connu, c’était ces points communs qui vous avait rapprochés. Sauf qu’à cause de ce foutu bal, ce foutu enlèvement, tu n’avais plus goût à faire la fête, à boire et t’amuser. T’avais passé des mois à sortir sans lui, à ce qu’il t’attend, et voilà que les rôles s’inversaient. Inquiète que ce qui t’étais arrivée, ne se passe pour lui aussi, y avait cette vidéo qui avait fait surface la veille. Ces images qu’il n’avait pas à voir. Celles que tu pensais détruisent, enterrées. Il était boudeur et il refusait que tu viennes le chercher. Même s’il tentait de ne pas le dire, même s’il avait la bonne foie de te prévenir, il boudait et tu le sentais. Souhaitant aucune dispute à venir le chercher de force, ne sachant même pas où il était en plus, tu l’attendais, au chaud dans son lit. Le sommeil n’étant pas là depuis des jours, il l’était encore moins avec un Denys probablement bourré, rentrant à pieds en plein froid et pleine nuit. Tu fus soulagé en entendant la porte du loft s’ouvrir. Un peu moins quand le son d’un meuble se fit entendre, accompagné d’un vase qui s’écrasa au sol. Te levant d’un bond, les pieds nus, en pyjama, tu sortis de la chambre pour aller voir le bazar qu’il venait de mettre. Pas de super humeur, plutôt prête à le pourrir, à la fois pour le bordel qu’il faisait et parce qu’il osait te bouder pour quelque chose dont tu n’étais pas responsable, ni au courant, tu te mis plutôt à sourire, le voyant essayer de ramasser les dégâts. Même bourré, même en mode pas doué, tu lui trouvais son charme. Touche pas, je m’en occupe que tu dis t’avançant vers lui et le vase brisé. Faisant attention pour ne pas marcher sur du verre, tu étais plus en état que lui pour ne pas te couper malgré que tu sois les pieds nus. Direction la cuisine pour prendre le balai et la balayette. C’était bien ? que tu tentes de demander, de faire la discussion, de voir s’il est vraiment décidé à faire son boudeur, à voir si va mieux falloir que tu finisses la nuit dans ta chambre plutôt que la sienne.

Accroupi devant les débris qui s’étalaient suite à ma maladresse, j’entendis des pas approchés. Je relevai la tête pour découvrir la silhouette de ma petite amie, affichant aussitôt une moue désolée de gosse pris en faute : « Je t’ai réveillée ? » Genre comme si c’était surprenant, avec le raffut que je venais de faire. Elle annonça se charger du vase brisé alors que je me redressai en servant une excuse bidon : « Je pense qu’il va y avoir un tremblement de terre : le sol tangue, les meubles bougent… Puis de toute façon, il était moche ce vase non ? » Et quand Ash réapparut avec ce qu’il faut pour réparer mes conneries, j’ajoutai : « Tu le diras pas aux gars hein ? Qu’il y a eu un mini séisme… » Parce que j’étais quasi sûr qu’il était pas à moi ce truc, ni à elle. Donc c’était soit à Max, soit à Nate, et je ne voulais pas m’attirer les foudres de nos colocs. Accolant alors deux gros morceaux de faïence que j’avais en main, j’essayais de les accoler en poursuivant : « Peut être qu’on peut réparer ça non ? » Mais ma réflexion de mister bricolo ne dura pas, ramené à la réalité par la question de la jeune femme. Comment était ma soirée ? « Mieux qu’hier… » répliquai-je d’abord, peut être un peu trop agressif, m’en mordant la langue la seconde suivante en voyant son regard alors qu’elle était là, en train de me dépatouiller de mes bêtises… « Désolé. » ajoutai-je précipitamment. « Ca aurait été mieux si tu étais venue avec moi... » me rattrapai-je ensuite.

T'avais dû vous porter la poisse, l'autre fois, à évoquer des disputes futures quand il avait proposé que tu viennes officiellement dans sa chambre pour ainsi libérer la tienne. Ca avait été un critère contre de base, puis t'étais vite revenue sur tes propos. T'aurais mieux fait d'accepter et te taire. Car là t'allais sûrement finir la nuit sur le canapé. T'avais pas le cœur à être à côté de lui, en mode froids tous les deux. Okay il avait vu des images moches. Tu n'osais pas imaginer ta réaction devant une telle scène de lui et ses exs, mais il avait vu et lu ta surprise devant la vidéo que tu pensais aux ordures. Il avait vu que tu t'en étais prise à Max, que t'avais désapprouvé. Ca n'avait rien changé, tu étais celle qui en payait les frais, qu'il boudait et ignorait. Alors t'allais à reculons voir les dégâts qu'il a causé. Un vase en morceaux et un Denys alcoolisé. Génial, ça promettait. Il avait quand même ce don, cette capacité à te faire sourire, à le trouver beau, adorable, même saoul, même alors que tu le sais en pétard contre toi. Je leur dirais rien. T'es pas une balance, puis ils remarqueront bien vite le vase manquant, y en a pas cinquante chez vous non plus. Tu trouveras juste une excuse bidon, mais non tu ne le balancera pas. Commençant à assembler les morceaux avec le balai, tu le voyais avec deux pièces et essayer de les recoller. Te mordant la lèvre pour ne pas rire, ne pas te moquer, ni empirer les choses s'il venait à trouver cette excuse pour s'énerver contre toi, tu lui conseillais juste : pose les, laisse, je vais m'en charger, manquerait plus que tu te coupes. Si tu devais toujours lui faire changer d'avis sur les blouses blanches, ça aurait pas lieu ce soir vu qu'il a refusé que tu le récupères. Tu préférais lui demander pour sa soirée, pour ne pas laisser les mouches voler dans ce silence qui te déplaît. Et entendre les mouches étaient peut être une meilleure solution quand il répliqua agressivement. C'est pas grave que tu réponds à son désolé. Puis si, c'était grave. Prête à lui faire savoir, t'es coupée par lui se reprenant sur ton absence qui lui a déplut. Etonnée. C'est pas l'impression que j'ai eut. Cette fois c'est toi qui est non agressive mais sur la défensive. Il a rien dit, il n'a pas cherché à insister, et par message, il a montré tout l'opposé. Tu peux comprendre qu'il a eut besoin d'effacer ces souvenirs, de digérer la chose, mais tu ne te voyais pas comme responsable. Cette vidéo avait eut lieu bien avant que tu ne saches qu'un Denys Zacharias existe, et tu l'avais de ton côté viré dès que tu avais voulu faire de lui ton petit ami. Je préfère que tu fasses comme si je ne suis pas là, que tu m'adresses aucun regard, ni me parle, que te savoir sous les effets de l'alcool, des joints et rentrer à pieds. C'est un mec mais loin d'être bagarreur. Puis il lui suffisait de pas marcher droit, de trébucher d'un trottoir, qu'une voiture passe et qu'il lui arrive un malheur. Alors oui, tu le réprimandais un peu. T'étais protectrice avec ceux que tu aimes. Il savait que si tu venais à le perdre t'en mourrais...

Déblatérant des bêtises, sur un séisme à venir, sur la mocheté du vase, tout ça pour finalement réclamer, moue suppliante à l’appui, à la jeune femme son silence quant à ma responsabilité dans cette casse accidentelle, silence qu’elle concéda avant d’arriver pour m’aider avec un balai, alors que moi j’essayais en vain d’accoler deux bouts de l’objet. Elle n’eut pas à insister beaucoup pour que je pose raisonnablement les deux débris tranchant. Oui, l’évocation d’une potentielle coupure suffit à me convaincre, imaginant direct’, mon esprit embrumé par l’alcool aidant, le sang qui jaillissait en jet, le samu, l’hélico, l’hémorragie massive… Je déglutis difficilement avant de revenir à la réalité avec sa question sur ma soirée et d’aussitôt retrouver mon côté bougon. Ma réponse sèche, je la regrettais tout de suite, je tâchais de me reprendre, mais sans la convaincre apparemment. « Ash, excuse moi. J’allais pas te laisser sortir seule, prendre ta voiture, tout ça pour venir me chercher alors que bon, c’est ma faute si j’ai raté le bus. » C'était pas à elle de jouer les taxis. Et puis j'avais bien l'intention qu'elle revienne avec moi un jour pour sortir, même si ce soir je n'avais pas insisté, voyant bien qu'avec les enlèvements elle n'avait pas à la tête à arpenter les bars avec moi. Et lorsqu’ensuite elle expliqua clairement son avis sur ma soirée, mon état et surtout sur la façon dont j’étais rentré, je répliquai à mon tour, tout fier, pensant avoir trouvé la solution : « La prochaine fois, j’irai en vélo. Ou en roller tiens… » J’en remarquais même pas le regard désapprobateur de ma petite amie, poursuivant toujours à fond dans mon idée : « Ca doit être drôle de rentrer de soirée en rollers, ça irait plus vite en plus. Faut que j’en parle à Wade… Et que j’apprenne à faire du roller aussi… »

Le silence serait gardé concernant le vase. T'étais prête à ramasser les dégâts et le couvrir, sachant que demain il s'en souviendrait pas d'avoir causé la mort précoce de cet objet, sauf s'il venait à se couper. L'interdisant de toucher quoique ce soit sur le sol et de couleur transparente, ça s'annonçait efficace. Sa phobie des hôpitaux, des blouses blanches, c'était radicale. T'en profitais donc pour nettoyer, assemblant les morceaux éparpillés dans le périmètre, tout en lui demandant sa soirée. Fâchée qu'il fasse du boudin, qu'il soit froid, distant, quand t'avais tout sauf besoin de ça, tu savais quand même que ça lui faisait du bien. Il en avait bavé d'être coincé au loft, à voir ses amis faire la fête, toi aussi, et ne jamais pouvoir en faire partie sauf à l'appart. Il avait besoin de ça, de prendre l'air, de s'éclater, renouer avec le monde nocturne, les alcools, les soirées. C'était important pour lui et déjà que tu ne partageais pas ça avec lui, clairement bloqué avec ce monde là pour le moment, il était pas question de ne pas le partager au moins en discussion. Mais comme on dit, chassait vite le naturel, il revient au galop. Le Denys mécontent faisait vite surface, tentant de se rattraper, malgré que tu n'y croyais pas vraiment. A ton tour tu te défendais et l'attaquait légèrement. Tu mettais un peu les points sur les i. Qu'il fasse la tête c'était une chose, qu'il prenne des risques quand tu peux venir le chercher, une autre. Y a pas de c'est ta faute ou c'est pas à moi de me déplacer. Tu ferais pareil si c'était le cas inverse. T'aurais probablement roulé dans tout Boston même pour être sûre que je rentre pas seule. Et c'est ce que tu aurais dû faire pour lui toi. Faire toutes les ruelles des bars que tu sais qu'il a l'habitude de fréquenter, même les nouveaux, et le forcer à grimper dans le véhicule. Hélas, une discussion sérieuse avec un Zacharias bourré, c'était comme parlé à un mur. Demain il aurait tout oublié. Ou là il prenait la chose à la légère, faisant presque le clown. Ouais, t'as déjà du mal à tenir sur tes deux pattes, je te vois bien sur un vélo ou des rollers. Levant les yeux au ciel, t'avais l'impression d'être une maman qui dispute son ado de 17 ans qui a prit sa première cuite et agit inconsciemment. Je suis sérieuse, je préfère te servir de chauffeur que te savoir ainsi sur les routes. J'ai pas envie de retrouver un lit vide au réveil ni de recevoir un coup de fil qui va me déplaire. Par là tu entends un coup de fil des flics pour t'annoncer sa mort. T'es peut être trop à voir le pire mais avec ce qui a eut au bal de Thanksgiving, il ne peut pas s'attendre à ce que tu sois aussi inconsciente que lui. Et lui qui a eut à affronter plusieurs fois ça, ton absence, tes disparitions, il peut savoir le trou que tu ne veux pas ressentir si quelque chose lui arrive. T'as besoin de profiter, je comprends, mais ne le fait pas en te mettant en danger que tu demandes, plus posément, presque comme une promesse, la voix plus adoucie. Ramassant le tas empilé devant toi, prête à le jeter à la poubelle, tu te stoppes en chemin, posant ton pied gauche sur le droit : aïe, j'ai dû oublier un bout. Marchant sur le talon tu jettes le tout dans la poubelle, y laisse la pelle et le balai, prend le sopalin et te dirige sur le canapé pour tenter d'en sortir le petit bout. Tu veux un doliprane et te coucher ? Voyant déjà le réveil demain et les tambourinements qu'il va sentir dans son cerveau...

Le ton changea, un peu par ma faute d’abord, quand on évoqua ma soirée. Si d’abord, j’étais celui qui ronchonnais, j’avais bien vite ravaler ma mauvaise humeur, surtout devant les efforts que la jeune femme faisaient pour m’aider. Sauf que ce fut son ton à elle qui changea, se faisant plus sévère, plus réprobateur, quant aux risques que j’avais pris selon elle en rentrant dans cet état à pied. « Je te laisserais surtout pas sortir sans moi. » répliquai-je, quand elle imaginait la situation inverse, celle où elle, elle aurait raté le dernier bus. Dans ma tête, c’était impensable depuis Thanksgiving de la laisser se rendre en soirée seule, seule ou pas d’ailleurs, sans que je ne sois dans les parages. Si même à un event organisé par le campus ce genre de drame se produisait, on ne pouvait vraiment pas avoir confiance et être serein. Puis peut être que ça me faisait une excuse en or pour être le pot de colle que j’étais véritablement au fond de moi. Ces six mois à la voir sortir, faire la fête, rentrer à pas d’heure, ou parfois ne pas rentrer, ça m’avait bouffé, même si je m’étais appliqué à ne rien en laisser paraître, peur de l’étouffer oblige. Et pour mes futures sorties à moi, mon esprit alcoolisé avait LA solution. Je pensais aux rollers, délirant déjà en imaginant des retours sur roulettes avec mon acolyte de soirée. J’en entendais même pas le sarcasme dans sa voix ou le sérieux, les craintes de ses propos. Alors quand elle se posa pour réclamer doucement que je ne me mette pas en danger, mes yeux se perdirent dans les siens, et je souriais oubliant un instant le sujet de notre discussion pour laisser échapper un simple : « Tu sais que t’es belle ? » complètement gaga. Avant de me reprendre : « Mais oui, promis, je ferais attention… Je prendrais des rollers à frein. » Et nouveau regard désespéré de la demoiselle qui se relevait ensuite avec mes bêtises, direction la poubelle, se blessant en chemin. « C’est dangereux viens là… » La rejoignant en quelques pas une fois qu’elle s’était débarrassée des débris, je glissai une main sous ses genoux, une main derrière sa nuque et je la soulevai aisément dans mes bras, en mode princesse. « En plus en vrai, quand on emménage dans un nouvel endroit c’est comme ça qu’on doit passer la porte… » rigolai-je en prenant la direction de la porte… Enfin, en vrai, c’était peut être plutôt un truc de jeunes mariés ça normalement non ? Oops, j’allais peut être la faire flipper, mais faut croire que bourré comme ça, je me posais nettement moins la question, beaucoup plus loquace et plus spontané. « J’ai mal nul part et j’ai pas envie de dormir… » répondis-je à sa question ensuite, en la posant doucement sur notre lit. Me glissant ensuite au dessus d’elle, laissant mes lèvres parsemer des bisous au creux de son coup, je repris : « Tu sais ce qu’on devrait faire, puisque toi non plus tu ne dors pas ? » Nouveau baiser sur sa peau et je lâchai, très sérieusement : « Une sexe tape. »

Si pour lui c'était rien, pas grand chose, tu voyais les choses d'un autre angle de vue. T'avais été celle enlevée, enfermée, forcément tu voyais les soirées et l'alcool d'un œil plus dangereux, plus risqué. Tu ne voulais pas que ça lui arrive aussi. Tu savais que les disparus n'avaient pas été que des femmes, alors il fallait qu'il soit méfiant, mais le Denys que tu connais est parfois immature, insouciant, naïf, qui pense que tout le monde est gentil. Mais c'était pas réel ça. La preuve en était tous les jours avec les disparitions d'enfants, les viols, les agressions, les attentats. Y a des personnes mal intentionnées, mauvaises, dangereuses. Tu tentais de lui faire comprendre, faire voir les choses en sens inverse, comment il réagirait si les cas sont changés, si toi t'es dehors seule et lui au chaud chez vous. Réaction immédiate. Il compte pas que ça arrive à nouveau. Ce qui te rassure, qu'il soit pas si inconscient, ni trop serein. Qu'il veuille ta sécurité, te protéger. Alors met toi à ma place. Tu ne pouvais pas l'obliger à rester au loft, à ne pas sortir, profiter, pas alors qu'il en a bavé pendant des mois. Ca serait égoïste et ça vous éloignerez sûrement plus qu'autre chose, alors tu prends sur toi, mais qu'il comprenne que tu n'es plus à l'aise de le savoir dehors en soirée. Et tu ne peux pas jouer le chaperon, à le surveiller, à te faire chier, à tirer la tronche et lui pourrir sa soirée, juste pour t'assurer qu'il ne lui arrivera rien. Tu ne veux pas être la petite copine chieuse, insupportable, qui demande des comptes. Tu lui fais confiance, entièrement, t'es pas jalouse, tu sais qu'il te fera pas souffrir mais au moins qu'il t'inflige pas des peurs inutiles. Tout en rangeant les dégâts du vase brisé, tu continues de lui faire comprendre ce que tu ressens. Mais monsieur sous l'alcool est à moitié dans la raison et à moitié dans la folie. Sa réponse est totalement à côté de la plaque. Un compliment qui te fait plaisir vu que jusqu'à présent il avait préféré bouder. Tu lèves tout de même les yeux au ciel, remuant la tête, devant son visage d'enfant qui tente d'amadouer. Tu sais que t'es saoul ? D'une voix douce, gentille, ce n'est absolument pas un reproche. Plus pour lui dire qu'il dit n'importe quoi. Chose vraie quand il parle de roller à freins, comme si c'était la solution miracle. Prête à jeter le tout à la poubelle et retourner au chaud dans le lit, c'est sans compter un bout de verre qui te rentre dans le pieds. Faisant sortir le petit bout de verre, tu vois alors le grec te prendre par les jambes et le cou pour te soulever. T'agrippant à lui soudainement, par réflexe, peur de tomber également. On va tomber... que tu dis un peu inquiète. Il a du mal à se gérer seul, avec toi dans les bras n'en parlons pas. Le doliprane n'était pas dans ses plans, mais peut être dormir vu qu'il allait vers la chambre... On a pas emménager ailleurs Den' que tu rigoles un peu devant ses pitreries. Mais il compte pas dormir le coco. Il est en forme, super en forme même. Déposée dans le lit sans trébuchement ni gamelle, il n'attend pas plus pour se positionner au dessus de toi, logeant son visage dans ton cou. La douceur de ses lèvres sur ton cou te font oublier ton mal sous le pieds. Puis, même bourré, il arrive à déclencher des frissons, à te donner des envies... Mais il est pas en état, c'est pas le moment, que tu essayes de penser raisonnablement pour trouver de quoi lui résister. Denys... que tu souffles devant sa proposition à venir que t'as déjà toute comprise. Ou presque. Si tu pensais qu'il allait simplement proposer que vous faites des galipettes, t'avais pas vu venir l'idée de la sexe tape. Ce qui avait le don de te raidir d'un coup. De supprimer les effets érotiques de ses lèvres sur ta peau. Comme un glaçon, il venait de te refroidir. C'est pas drôle. Te redressant sous lui pour remonter, prendre un peu de hauteur, tu ne comprends pas pourquoi relancer le sujet juste maintenant. Pourquoi cassé l'ambiance. Je pensais que... Tu pensais quoi au juste ? Qu'il avait compris que c'était pas vraiment ta faute, que c'était y a longtemps, que ça signifiait rien. Tu pensais que la page était tourné. C'est lui qui s'est montré si avenant ce soir alors tu pensais qu'il avait choisi de laisser ça derrière. Bêtement. Mais t'allais peut être en manger encore un peu des remarques sur cette sexe tape... Je suis désolée je t'ai dit... Désolée qu'il ait dû voir ça, désolée qu'il se soit senti si gêné, mal à l'aise, désolée de l'avoir blessé involontairement.

Impossible de discuter avec un Denys bourré. J’avais pas véritablement conscience d’avoir encouru un quelconque danger, puis après tout j’étais rentré en un seul morceau ? Le seul qui avait morflé dans l’histoire c’était ce pauvre vase ? Et c’est avec mon insouciance légendaire que je perdais le fil de notre discussion pour me mettre à la contempler, à la dévorer des yeux amoureusement, lâchant combien je la trouvais belle, récoltant une réplique au même son de cloche mais sur mon état plus qu’alcoolisé. « J’ai juste un tout petit peu trop bu… » minimisai-je en plaçant mon pouce et mon index l’un contre l’autre, devant mon visage, pour mimer la minuscule dose de trop que j’aurais soit disant ingurgitée… On était d’accord que c’était en vrai surement en verres, si ce n’est en bouteilles que cela se comptait. Puis je clôturais le sujet de mes futurs retours avec la promesse d’opter pour des rollers à frein, comme si ça allait suffire pour rassurer complètement la demoiselle. Et je fondis ensuite sur elle pour la soulever dans mes bras, direction la chambre, soulignant que c’était la tradition après un nouvel emménagement, chose qui la fit objecter. « T’as déménagé dans ma chambre, donc c’est un nouvel endroit pour toi. » Et en quelques pas, j’avais passé le pas de la porte de l’endroit pour venir ensuite la poser doucement sur le lit, me glissant quasi aussitôt au dessus d’elle pour laisser mes lèvres se perdre au creux de son cou. Je n’avais absolument pas sommeil, en fait j’avais une idée d’un coup, surement à cause de la soirée de la veille que je ne digérais pas. Et c’est tout à fait sérieusement que je proposais donc qu’on se lance dans la réalisation d’une sexe tape. Elle se braqua directement, se redressant sur le matelas, me stoppant dans mes baisers. « C’est pas une blague… » Fronçant les sourcils, je me laissais rouler sur le côté pour me retrouver allongé sur le dos à côté d’elle, en soupirant, ronchon : « Donc avec lui, tu fonces tête baissée et tu fais ce truc et par contre avec moi, il en est pas question. » Moue boudeuse, contrariée, bouffé par la jalousie, accentuée encore plus par mon état d’ébriété. C’est en vrai gosse boudeur que j’ajoutai : «Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? »

Tu l’avais déjà vu plus d’une fois saoul. T’avais eut le Denys rigolo, foufou, même le Denys jaloux puissance 10 quand il s’était fait des films sur Darren et toi. Mais là tu pensais que tu allais avoir un Denys en colère, ce qui c’était un peu fait ressentir avec son pique sur sa soirée. Il c’était finalement adoucie. Trop. Du coq il passait à l’âne. Changeant le sujet en te complimentant. Venant même à te soulever et avoir envie de faire des galipettes. Tu le savais plus entreprenant, plus sauvage sous l’alcool, c’était tentant, sauf quand il proposait de faire une sexe tape. Vu ce qui avait eut la veille, d’un c’était pas drôle de sortir ça, de deux tu comprenais pas le but. Pourquoi alors qu’il était là, au dessus de toi, à te dévorer le cou dans l’optique de plus ? Impossible de faire abstraction. Tu te raidis, lui faisant part de ce que tu penses sur cette proposition. Et tout naturellement il annonçait que c’était pas une blague. Sous l’incompréhension, tu le regardais, cherchant à deviner. Est il sérieux ou te test t-il ? Tandis qu’il se posait à côté de toi, tu te relevais, t’appuyant sur la paume de ta main. Subjuguée, tu fronces les sourcils en l’écoutant. Encore plus à sa question finale qui te fait rouler des yeux. Vraiment ? Il doute encore ? Il a rien de plus que toi, Maxime c’était une seule fois Denys, je te l’ai dit. Y a eut rien de plusque tu expliques pour la centième fois. Juste une fois. Y a pas eut d’autres fois, ni de sentiments. Alors il avait rien de plus que le grec, mais ça devait pas être assez convaincant pour qu’il remette ça sur le tapis. Tu savais aussi qu’il n’avait pas confiance en lui et qu’il se voit pas comme toi tu le vois. En toute honnêteté j’ai eut l’idée, l’envie, d’en faire une avec toi mais, je savais que tu risquais de mal le prendre sachant que j’ai des antécédents... Et il pouvait demander à Lucky, tu lui en avait parlé, tenté d’avoir son avis si tu en parlais à Den’ pour faire une vidéo. Tu t’étais vite rendue compte que ça allait te mettre des problèmes inutilement. C’était avant de te connaître, avant de connaître tout le monde ici. Ça aurait pu être Pierre, Paul ou Jacques. Il a eut cette vidéo, toi t’as eut bien plus... Ton amour, ton cœur, ta fidélité, ta confiance, ton incapacité à vivre sans lui. Il a eut tout de toi, même un je t’aime. Il était temps qu’il se rend compte qu’il avait été le seul capable à réaliser tout ça. Qu’il était l’unique chanceux qui pouvait se vanter de t’avoir fait tourner la tête, et pas que. Et tu venais encore de te justifier, de te dévoiler à lui, c’était pas assez ? Arrete de faire ton boudeur, t’es beau mais n’en n’abuse pas que tu dis pour qu’il arrête.