Cher TaeJoon,

    Cela fait maintenant plusieurs jours que je songe à écrire une lettre à moi-même. Ça peut paraître ridicule aux yeux de certaines personnes mais moi ça me plaît bien et en plus ça change des journaux intimes où on a du mal à tenir le rythme d'un compte rendu par jour. Enfin bref, dans tous les cas j'attendais un événement marquant pour pouvoir enfin écrire cette lettre (que tu recevras dans quoi.. 5 ans ? 10 ans ? Je vais y réfléchir plus tard.) et la lettre d'acceptation d'Harvard est un bon déclencheur car elle me fait prendre du recule sur ma vie. C'est vrai quoi, j'ai l'impression que le temps passe vite, trop vite, et j'ai besoin de faire une rétrospective de ma vie. D'ailleurs, cela me permettra de ne pas oublier ses petits aspects dont je me souviens et que tu ne te souviens plus. Alors, nous allons commencer par le commencement.

    Je suis né à Séoul, en Corée du Sud le 12 décembre 1993 dans une bonne famille. Mon enfance a été heureuse, celle de ma sœur aussi mais mon grand frère devait subir une grosse pression de la part de notre père. Et oui, c'est ça d'avoir le prestige d'être le premier né, il doit être à la hauteur afin de montrer qu'il est apte à reprendre l'entreprise. Contrairement à ce qu'on peut penser à cause de mon ironie, je ne l'envie pas.
Je t'ai parlé de notre fratrie mais est-ce que j'ai évoqué Maman ? La pauvre. Cela se voit qu'elle n'est pas heureuse et pour cause, elle a abandonnée son amour de jeunesse pour ce mariage arrangé. L'argent, les bijoux et le succès n'achètent pas le bonheur, ni l'amour et ça, Maman le prouve. Ses sourires de façade m'ont toujours pincés le cœur. Par ailleurs, je ne compte même plus le nombre de fois où mes yeux d'enfants m'ont montrés à quel point elle était cocue.

Mise à part ces détails, mon enfance a été simple. Certes, ma vie était ponctuée de voyage autour du monde grâce à l'entreprise familiale mais comme tout le monde je suis allé à l'école et comme une grosse majorité je passais mes soirées à prendre des cours de soutien afin d'être le meilleur.
Et puis, l'âge con est arrivé.
Je commençais peu à peu à tenir tête à Papa. Je n'avais plus envie d'être le gentil fils, je voulais me la jouer rebelle. Je me souviens avoir tenu tête car je voulais devenir artiste alors j'ai donc débuté mes cours de guitare. Mais autre chose m'a fait tenir tête à mon père : elle.

J'avais rencontré cette fille sur une application pour échanger avec des étrangers. A ce moment-là je voulais améliorer mon anglais et aussi tuer le temps lors de mes instants d'ennuis.
Nous avons alors commencés à dialoguer. De temps en temps pour ensuite passer à tous les jours. Je devenais accro à elle malgré la distance et puis un matin du mois de mai, j'ai décidé de déclarer mes sentiments. Nous nous sommes embarqués dans une relation longue-distance de deux ans et c'est moi qui a tout fait foiré. Je traversais un moment difficile et je me suis laissé séduire par les belles paroles du gourou d'une secte. Qu'est-ce qu'on peut être con lorsqu'on est jeune. Ce gourou m'a renfermer sur moi-même, il m'a coupé de tous mes amis et surtout d'elle. A l'époque, j'essayais de la faire devenir membre et puisque je n'y arrivais pas, j'ai demandé conseil à ce connard qui m'a demandé de couper tous les ponts avec elle. Et vu qu'elle était à l'étranger, c'était encore plus simple. Alors c'est ce que je fais. Lorsque j'y pense j'ai vraiment envie de me cogner, je me hais. L'un de mes objectifs dorénavant c'est de la retrouver. Qu'importe si elle a trouver l'amour, qu'importe si elle m'a oubliée, je dois la retrouver et la rencontrer ! J'espère que lorsque tu liras cette lettre, tu auras atteint cet objectif.

J'ai retrouvé mon esprit critique lorsque le gourou se plantait à chaque fois dans ses prédictions d'apocalypse mais aussi lorsque j'ai découvert tous ses mensonges. Je me sentais ridicule et sali.
Après m'être fait pigeonné aussi facilement, j'ai décidé de me consacrer à la science. J'ai passé mon temps à étudier les sciences et l'astronomie qui est devenu ma nouvelle passion, avec la musique. C'est pourquoi je n'ai pas hésité à choisir ces matières pour mes études lorsque Papa m'a poussé à aller à Harvard. Et maintenant, me voilà, la lettre d'acceptation à côté de la lettre que je t'écris.

    Voilà notre histoire. J'espère que tu continues de vivre une vie mouvementée car tu sais que je n'aime pas la monotonie. Et j'espère que tu as réussi certains de nos objectifs.

Je compte sur toi.