Elizabeth sort tout juste de chez sa psychologue et elle doit admettre qu'elle se sent bien. En tout cas, beaucoup mieux qu'avant.

Dès qu'elle a commencé à suivre sa thérapie, Elizabeth a très vite compris que parler à Jade, sa psychologue de l'époque, à Santa Fe, lui confier des choses qu'elle n'avait jamais dit à personne avant, lui faisait le plus grand bien. A Cambridge, avec Louise, sa nouvelle psychologue, c'est la même chose, et elle savait qu'après le fiasco que fut le bal de fin d'année, elle se devait de se confier à quelqu'un. Pendant une heure, les deux jeunes femmes ont parlé d'Erin et de James et même d'Oswald et Elyas, en analysant les différents ressentis qu'Elizabeth avait pu avoir au cours de la soirée, jusqu'à la mettre un peu plus à l'aise avec la situation, avec un esprit un peu plus clair et apaisé.

En bas de l'immeuble, à peine sortie de sa séance, Elizabeth se sent d'humeur légère et propose à Elyas de la retrouver dans un café pas très loin, histoire de se détendre, alors que les vacances commencent à peine.

C'est là qu'elle se trouve, quand une voiture se gare juste devant elle. Elizabeth ne peut que lancer un regard noir à la voiture, une Ferrari qui coûte sans doute plus d'argent que ce qu'elle gagne en un an en travaillant au La Luna Caffe, et qui a elle-seule est sûrement responsable du trou dans la couche d'ozone. Elizabeth est dégoûtée, et ce sentiment ne fait qu'empirer quand soudain elle se retrouve avec les affaires d'une femme qu'elle ne connait pas dans les bras.

Elizabeth est choquée, immobile, alors qu'elle regarde la jeune femme s'éloigner avant de s’arrêter pour l'engueuler, Elizabeth étant apparemment censée la suivre à l'intérieur du magasin. Elizabeth ne dit rien, la regarde simplement, bouche bée, n'en revenant pas de ce qu'elle entend. Quand l'odieuse femme s'adresse à nouveau à elle et critique ses manières, Elizabeth est ramenée sur terre et retrouve l'usage de la parole.

"Euh... Vous devez faire erreur. Je... Je ne travaille pas pour le magasin. J'étais juste... en train d'attendre quelqu'un donc... si vous voulez bien reprendre vos affaire et vous excuser, j'apprécierais." Elizabeth n'a jamais apprécié la confrontation et grince des dents en s'entendant parler.

Elizabeth est agacée et le fait d'être agacée l'agace encore plus vu qu'il n'y a même pas cinq minutes, elle était en train de flotter sur un petit nuage, détendue et relaxée, satisfaite d'avoir pu mettre au clair ses sentiments et ses émotions après un bal de fin d'année éprouvant. mais non. En même pas quelques minutes, cette jeune femme avait réussis à lui casser son délire.

Elizabeth est toujours en train de tenir les affaires de cette personne quand celle-ci se rapproche les les lui prend violemment des mains. Elle ne comprend pas cet excès de force. Ce n'est tout de même pas comme si elle allait les lui voler. Elle fronce les sourcils, en signe de confusion. Sur le visage de cette odieuse jeune femme, Eli peut lire du dégoût. Elle n'arrive pas du tout à comprendre ce qu'il se passe. Elle a sûrement du rater un épisode. Peut être qu'une personne ressemblant étrangement à Elizabeth aurait pu offenser cette jeune femme, de quelque façon que ce soit, auparavant et elle se venge donc sur Eli.

Et la situation ne s'arrange pas. Au contraire, elle ne fait que s'empirer. C'est avec mépris que la fille lui demande si elle est pauvre. Non mais quelle genre de question c'est ça ? Elizabeth n'a jamais eu honte de ses origines. Certes, cela n'a jamais été très facile, mais elle a toujours été fière de ce qu'elle avait réussis à entreprendre avec ses faibles moyens. Etre acceptée à Harvard, survivre une overdose, une cure de désintoxication, et une thérapie, entre autre. Pour Elizabeth, être pauvre n'a jamais été un défaut, une tare, ou peu importe. Un inconvénient, certes, mais jamais quelque chose d'insurmontable.

Avant même qu'elle n'y réfléchisse, Elizabeth ouvre la bouche pour lui répondre. Plus tard, elle sera choquée d'elle même, n'ayant pas pour habitude de se défendre de façon aussi assurée. "Quand bien même je n'ai pas un compte en banque aussi rempli que le tiens, ça ne veut pas dire que je vais te voler tes affaires. Je suis pas une criminelle. Et je te ferais dire que c'est toi qui m'a donné ton sac." Cela ne sert plus à rien de la vouvoyer.

Quand la fille la regarde de haut en bas, son regard toujours hautain et blessant, Elizabeth ne sent rougir puis palir. Les personnes comme elle l'ont toujours mise très mal à l'aise. Il est vrai que dans son jean coupé en short et son t-shirt rose délavé, ses cheveux enroulé vite fait en chignon désordonné, Elizabeth fait tâche à côté de la fille et sa voiture de fille friquée.

Quand elle était petite, Elizabeth avait l'habitude d'entendre son père pester contre le riche, répétant à qui voulait l'entendre qu'ils étaient la raison de tout ses problèmes. Pourtant, Elizabeth n'a grandit avec aucun préjugés concernant les privilégiés. Cela ne l'avait cependant pas empêchée de remarquer que la plus par du temps, c'étaient ceux-là même qui en avaient le plus concernant les plus modestes. Il n'est donc pas difficile pour elle de comprendre le problème qu'a cette fille et ce qu'elle peut bien penser d'Elizabeth.

C'est pourquoi elle est très surprise quand la jeune femme lui explique que ce n'est pas du vol qu'elle a peur. Et quand elle lui donne sa vrai raison, Elizabeth est presque sûre que ses yeux vont sortir de leur orbite, comme dans les cartoons, tellement elle ne s'attendait pas à ça.

"Pa... pardon ?" elle réussit à bafouiller, les yeux écarquillés, persuadée d'avoir mal entendue ou mal compris où la fille voulait en venir. C'est vrai, ça ne pouvait être que ça. C'est impossible qu'elle ait vraiment voulut dire ça, pas vrai ? "Des microbes ? Je... Je suis pas sûre de bien comprendre. Je suis pas malade," elle essaye de s'expliquer, se rendant compte du ridicule de la situation avec cette simple phrase.

Elle est cependant tirée de sa confusion quand elle aperçoit des papiers tomber du sac de la fille sans que celle-ci ne semble vouloir les ramasser. Elle ignore complètement la main qui lui temps le gel antibactérien.

"Excuse moi mais si ta santé te préoccupe tellement, tu devrais peut être faire attention à ton comportement, tu ne crois pas ?" Elizabeth ne se souvient pas avoir jamais parlé ainsi à une inconnue mais c'est un problème contre lequel elle se bat et l'attitude de la jeune femme l'ayant déjà blessée et énervée, elle est incapable de se retenir, pour une fois.  "On ne t'as jamais expliqué que jeter des papiers par terre, ça pollue ? Et que la pollution, c'est mauvais pour la santé ?" Elle tente de rester polie, ne voulant pas créer de scène dans la rue. Elle est déjà assez embarrassée, elle refuse que des gens s'arrêtent pour voir ce qu'il se passe. Elle n'en serait que plus mortifiée. Mais elle ne peut pas laisser tomber. "Alors je sais pas, au lieu de les laisser par terre, tu pourrais les ramasser et attendre de voir une poubelle pour t'en débarrasser ? ça permettra aux générations futures d'avoir une planète décente sur laquelle vivre." Une fois qu'elle est dans sa lancée, Elizabeth n'est plus capable de s’arrêter. Plus tard, elle mettra son élan de courage sur le dos de sa séance chez le psy, qui lui donne toujours l'impression qu'elle peut tout faire. Pour l'instant, elle voit seulement rouge. "C'est pareil pour ta voiture. Ce genre d'engin, c'est très polluant. ça dégage de puissants gaz qui montent dans l'atmosphère et qui détruisent la couche d'ozone. Ce qui déclenche le réchauffement climatique. Donc en plus d’abîmer l'air que l'on respire - ce qui provoque donc les maladies dont tu sembles avoir très peur - ça mets en danger notre planète. La banquise fond, tu sais ? Et ça détruit l'écosystème de la planète. En plus, ça fait monter le niveau des mers, ce qui petit à petit grignote le territoire terrestre. Donc la prochaine fois, au lieu de prendre ta voiture, essaye le bus ou le vélo, peut être ? Ou même de marcher. Je te dis ça, c'est pour ton bien. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui disent que le réchauffement climatique c'est une blague, une invention des chinois, ou je sais pas quoi. Mais c'est un vrai problème et on note déjà un réchauffement des températures. On détruit notre planète à petit feu. Le peu de ressources qu'il nous reste, c'est justement les élites qui se les partagent, qui se battent pour les avoir afin d'en tirer le meilleur prix. Et à côté de ça, on ignore les forêts qui brûlent ou que l'on détruit nous même pour avoir du bois et du papier, alors qu'on se prive de ce qui fait notre oxygène. Et essaye de respirer sans oxygène... Donc avant de t'acharner sur moi et mes soit-disant maladies, regarde toi dans un miroir. C'est toi le problème, ici. Moi j'étais juste en train d'envoyer un sms à un ami."

Dire qu'Elizabeth est très mal à l'aise face à cette jeune femme ne serait qu'un euphémisme. Elle est nerveuse, intimidée, et très embarrassée, regrettant déjà de s'être permise de donner une leçon à une fille qu'elle ne connaissait même pas il y a dix minutes.

Quand elle tente de répondre, Elizabeth bafouille. "Je... Non... Ce n'est pas... Je..." Elle fait une pause et respire un grand coup. Elle déteste se laisser dominer comme ça mais c'est plus fort qu'elle. C'est ce sur quoi Louise, et avant elle Jade, la font travailler mais y a encore du boulot. "Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je parles des papiers que tu as laissé tomber et que tu n'as pas ramasser. Je suis vraiment désolée que tu ais cette peur des microbes, je sais que ça peut être très handicapant parfois, mais je ne vois pas en quoi ça un rapport avec les gens plus modestes. J'ai pas beaucoup de sous mais je suis en pleine santé et je ne risque pas de te... faire tomber malade ou je ne sais quoi." Quand la fille lui dit qu'elle n'est pas concernée, Eli lève presque les yeux au ciel. "Mais tout le monde est concerné par ça ! A partir du moment où tu vis sur cette planète, c'est ton problème aussi."

Elizabeth n'en revient pas de ce qu'elle entend. En sortant du psy, elle ne savait absolument pas qu'elle se retrouverait à débattre sur l'écologie et le réchauffement climatique avec une gosse de riche exécrable. Elle serait bien partie, mais elle ne peut pas laisser tomber ça maintenant. "C'est bien beau tout ces chèques, mais le bien être de la Terre passe aussi par de petits gestes, tu sais ? ça ne va pas te tuer de ramasser quelque papier ou même au moins conduire une voiture moins polluante, si tu tiens tellement à garder une voiture." Quant à la pique lancée par la jeune femme, Eli baisse les yeux. "Et c'est vrai, tu as raison, je t'ai jugé. Je n'aurais pas du. Je suis désolé. je ne te connais pas, tu ne me connais pas. On ne devrait pas avoir des préjugés comme ça, l'une sur l'autre." Elizabeth espère réellement que cela suffise et qu'elles pourront en rester là.

Elizabeth commence réellement à regretter d'avoir dit quelque chose. Elle écoute la fille parler et fait tout son possible pour se retenir de lever les yeux aux ciel. C'était dingue comment certaines personnes pensaient être au dessus de tout...

"Tu fais marcher l'économie de la ville ? Tu donnes des sous aux associations ? Tout ça, c'est très bien, mais ça ne veut pas dire que tu es dispensé de jeter des déchets à la poubelle. Un grand geste ne t’exempte pas de petits gestes simples et respectueux. Il ne faut pas croire que tu peux te permettre ce genre de chose parce que, de toute façon, quelqu'un passera derrière."

C'est bien beau que sa famille ce soit battue. Bravo à eux d'avoir réussis dans leurs carrières. Tout le monde ne peut clairement pas dire la même chose. Mais quand même. Cela n'excuse en rien ses gestes. Elizabeth ne supporte pas les gens qui se trouvent des excuses quand ils sont clairement en tort.

"Je suis très contente pour eux," elle dit, essayant de vraiment le penser. Après tout, les parents de cette fille n'ont rien fait, eux, apparemment. "Mais avec tous ces sous, je suis sûre que tu pourrais t'offrir facilement une voiture qui roule à l’électrique, tu e crois pas ? Le luxe n'est pas nécessairement polluants. Bien sûre que Ferrari est le problème. Mais tu crois pas que ceux qui les soutiennent en achetant leurs produits le sont aussi ?"

Vu de l'extérieur, Elizabeth pouvait sûrement passer pour une grosse relou. mais c'était trop tard, elle était lancée et la fille l'avait tellement énervée qu'elle était déterminée à ne pas la laisser partir comme ça. Elle aurait du temps plus tard pour se rendre compte qu'elle était peut être allée trop loin. Quand elle lui tend son sac à main, Elizabeth est plus que choquée.

"Euh... Tu... Tu me donnes ton sac ?" Elle est tellement choquée qu'elle ne réfléchis pas trop et accepte le sac. "Je... Bien sûr. Va y... J'ai pas envie de te retenir plus longtemps."