Je ne sais pas ce que je recherche en lui disant cela, peut-être que c’est ma part de masochiste qui s’exprime pour moi. Avoir la confirmation orale que oui, les filles défilent dans son lit depuis décembre dernier, que oui, sur son compte je me suis absolument trompée. A croire que je voulais le changer, mais les vieux démons sont toujours plus puissant que n’importe quel sentiment. " Elles l'étaient. Mais les meilleures choses ont une fin. " Ok. Les meilleures choses, oui, et je pensais que pour moi, c’était toi cette chose là. C’est douloureux, mais je me promets de ne rien laisser transparaître, de ne pas vouloir de nouvelle guerre, puisque ce soir, c’est mon soir, autant ne pas dépasser les limites sous peine de voir cet événement gâché.Puis renchérir servirait à quoi ? Mis à part le fait de provoquer encore bien des tortures, cicatrices qui ternissent mon intérieur, qui affaiblissent mon coeur et galvanisent mes erreurs.

Il boit son verre, et ses façons m’exaspèrent. Cette sensation qu’il se pense roi de l’endroit, alors que c’est tout le contraire. Bien que … le client l’est, forcément, je le sais, et lui aussi c’est pour cela qu’il se le permet, qu’il continue dans sa lancée. " Pour ce prix exorbitant, tu peux bien assurer le service aussi. " Bien évidemment. Fulminante, j’en serre la mâchoire alors qu’entre mes doigts je prends la bouteille afin d’accéder à sa requête, lorsqu’il se met en tête de faire autre chose, de tirer de sa veste un bout de papier qu’après un regard, je reconnais. " C'est toi.... qui l'a déposé chez moi?" Défroissé et posé entre nous deux sur le comptoir, il est détaillé d’un simple coup d’oeil, avant que je n’en revienne à ma tâche première. C’est à dire, lui remplir son verre.

Je ne saurai dire comment ce flyers est arrivé jusque chez lui, et presque j’en accuserai Sarah, peut-être qu’elle a cru me faire plaisir ou quelque chose comme ça. Ma paume toujours serrée sur le récipient à présent rempli d’alcool, je ne me résigne pas encore à le lui tendre, le problème c’est que c’est le bordel complet dans le court sinueux de mon esprit et de ses méandres. « Non. » Cependant il est peut-être de mise de préciser. « Mais je n’ai jamais interdit à personne de le faire. » Une façon de lui montrer, que même si dans un premier temps j’ai été perturbée de le voir à nouveau fouler ce sol, à présent c’est plutôt l’inverse, à ma manière. Il y a, cependant, quelque chose que j’entrevois, sa volonté de savoir, ou tout du moins je l’espère, si oui ou non je veux toujours de lui dans ma vie, si j’accepte à nouveau qu’il vienne se faire une place dans mon paradis aux allures d’enfer. Si je l’ai invité, pourquoi j’ai voulu le joindre, si j’ai … besoin de lui. L’évidence s’en devient presque palpable, parce que oui, c’est le cas, et j’ai cru qu’il l’avait comprit le jour où je me suis retrouvée chez lui lorsque l’année venait de s’achever. Je ne t’ai pas convié, je t’ai attendu en sachant que tu ne viendrais pas, pour finalement me retrouver frappée  par ta présence et ton arrogance. Je suis lasse, Clay, lasse de croire que tu vas finir par t’excuser, et que tu vas le faire comme je l’espère à longueur de journée. Le plus souvent, dans ces expectatives, je me perds. Ton orgueil a bafoué le mien, il n’est plus belle impasse. Pourtant ce serait si facile de te dire à quel point tu comptes pour moi. Mais au lieu de cela ? « Evites mes employées. » Faute de mexicaines, j'aimerai arrêter de trouver tes exs dans les filles qui travaillent pour moi. La fierté, la rancoeur c'est plus fort que l'amour, parfois.

@Clay Fitz. Cooper

Sur ses traits je vois ce voile, presque imperceptible se déposer, un sentiment qui s’éprend de sa personne et que je connais pour avoir vécu à ses côtés plusieurs mois d’affilés. C’est l’énervement, rien de plus, rien de moins, une colère qui s’écrit suite à mes paroles qu’il doit trouver déplacées. Mais le fait est que j’en ai marre, tu sais. J’en ai marre de te découvrir des exs à chaque coin de mon club. Des femmes que t’as apprécié et avec lesquelles tu pourrais recommencer. A croire qu’il ne voit vraiment pas à quel point cela peut me torturer. Et quand je voudrai qu’il comprenne, que ces mots n’ont été prononcé que parce que je souffre et que je l’aime, il s’exclame de plus belle. " Tu crois t'adresser à qui? " A l’homme qui compte le plus pour moi, au père de mon fils, à celui dont les exploits charnels viennent sans cesse heurter mes oreilles. " Tes putains, j'en ferais mon affaire " C’est ce soir, tu vois. Ce soir que l’espoir meurt, parce que tu ne te bats toujours pas. J’en clos les paupières, peut-être pour mieux entrevoir le fait qu’un jour, tôt ou tard, il me faudra tirer un trait sur sa personne. C’est douloureux, c’est vide en mon intérieur, incroyablement creux.

Et en un mouvement théâtral il sort de sa poche son porte feuille, me balance des billets, j’en ai des envies de dégobiller. Je ne sais même plus ce que j’ai cru, je regrette d’avoir contré mon videur, de ne pas avoir comprit plus rapidement, qu’une autre altercation avec lui aller autant me bousiller. C’est a pensé que ce côté masochiste je l’ai et pas seulement dans l’âme, c’est un trait de caractère marqué. Il termine son verre, parachève mon naufrage, me tourne le dos, et je ne réplique pas. Parce que de toutes les manières je pourrai faire quoi ? Lui dire de ne pas partir, que je vis dans le noir depuis que de ma vie j'ai voulu le chasser, que je suis paumée, que j'ai besoin d'être réanimée ... Je le laisse partir, par pur orgueil parce qu’il n’est plus aussi intacte qu’avant, et que Clay Fitz. Cooper l’a bien trop amoché.

C’est sans lui que se terminera cette soirée, en essayant de ne pas trop ressasser le passé. En gardant ce sourire factice, mais qui prouvera aux autres personnes conviées, comme je suis fière d’avoir réussi à organiser une telle soirée, comme je crois que le monde de la nuit m’appartient, alors que de son amour, je n’en garderai que le venin.

@Clay Fitz. Cooper