let the sky fall — J'étais frustrée, vraiment frustrée. J'avais l'impression que je ne pourrais jamais avoir ce que je veux en fait et ça me mettait hors de moi. J'veux dire, j'étais enfin prête à avoir une vraie famille, Alex était d'accord pour qu'on ait un autre enfant et.. Non. Y a rien qui arrivait. C'était échec après échec, rien de positif et ça me donnait envie de péter les plombs. D'un geste rageur, j'envoyais valser le test une énième fois négatif dans la pièce contenant un cri de frustration. Inspire, expire. Fallait que j'arrête de me mettre dans des états comme ça. Et c'était dans le même moment que j'entendais la porte d'entrée. Sans plus attendre, je me dirigeais vers celle-ci regardant le paquet d'enveloppe qu'Alex pouvait avoir dans les mains. Y a quelque chose pour moi ? Y a forcément quelque chose pour moi. Je lui piquais des mains laissant tomber au sol tout ce qui ne m'intéressait pas avant de n'en garder plus qu'une. La réponse était à l'intérieur et là, j'avais clairement mal au ventre. L'ouvrir ? Ne pas l'ouvrir. Lis là pour moi s'il te plait. Ouais, j'pourrais pas le faire moi même en fait. J'ai besoin que tu le fasses pour moi et que tu me dises les foutus résultats.

Let the sky fall — C'était pas la première fois qu'on essayait d'avoir un enfant. C'était au moins la dixième fois. Son dixième cycle. Et à chaque résultat négatif, c'était la même rengaine. Elle le vivait mal Az. Elle le vivait vraiment mal et, au final, moi aussi. Parce qu'on le voulait ce bébé, on y mettait du coeur à l'ouvrage et rien ne se passait. Comme si Hendrix avait été le miracle et qu'à présent, on avait plus droit à avoir une chance de continuer une lignée de descendants. Alors tout ça, ça me minait le moral mine de rien. Au boulot je faisais de la merde, avec mes potes je faisais de la merde. En somme, toute ma vie se résumait à cet échec et j'en avais marre. Alors avec Az on avait décidé de faire des tests. Pour elle, pour moi. Voir quel était le problème. Et c'était en rentrant à l'appart que, dans la boîte aux lettres, je me rendais compte qu'il y avait nos résultats médicaux. J'entrais ensuite dans notre lieu de vie et Az débarquait pour me prendre tout le courrier des mains. Compréhensible, elle était encore pire que moi sur le sujet. Et visiblement il y avait nos enveloppes. La mienne finissait au sol, la sienne dans ses mains. D'ailleurs, elle me la tendait. « Quoi ? J'peux pas non. Et si c'est mauvais ? J'veux pas t'infliger ça moi ! » Il est hors de question que je lise ce résultat. Déjà que j'anticipe vraiment le mien, alors si en plus je dois assumer de lui dire le sien, je risque de faire une syncope sur le champ.

let the sky fall — Non mais j’étais vraiment en incapacité d’ouvrir cette fichu lettre. Et même si je finissais par le faire, je savais que la lire serait une autre histoire. J’avais l’impression de jouer ma vie en fait là. J’avais la sensation que lire ce qu’il pouvait y avoir d’écrit sur ce bout de papier allait tout changer. Et là, c’était quitte ou double. Mais si ça tombait du côté négatif, je savais par avance que j’allais virer folle. J’pouvais pas être stérile, je ne voulais pas l’être et j’espérais sincèrement que la nature ne m’ait pas soudainement privée du don de procréer. « S’il te plaît Alex.. Je ne peux pas lire la mienne. » J’sais pas, c’était plus fort que moi. J’avais pas le courage de lire les mots inscrits dessus. Et je lui adressais un regard implorant pour qu’il cède avant de finalement me baisser cherchant la sienne dans le tas que j’avais laissé tomber. « Je lis la tienne, et tu lis la mienne. » Je préférais encore faire ce genre de deal en fait. De toute manière, tout me convenait à partir du moment que ça ne m’était pas adressée. « Steuplait Alex.. » Non mais regarde, je suis à deux doigt de te supplier alors me laisse pas comme ça. Puis.. Au fond, c’est peut-être mieux que ce soit toi qui me la lises plutôt que je la découvre de mes propres yeux. On ne sait jamais comment je pourrais réagir si la réponse n’était pas celle que j’attendais.

Let the sky fall — Rentrer du boulot, oui. Rentrer et se faire limite agresser... bon, je pouvais comprendre. Az avait besoin de savoir et normalement, nos résultats arrivaient aujourd'hui. Mais pour le coup, c'en devenait maladif. Je comprenais oui, mais dans tous les cas, que le résultat soit lu maintenant ou dans dix minutes, il resterait le même. Du coup, une partie de notre courrier se retrouvait au sol pendant que l'enveloppe contenant ses résultats à elle se trouvait dans sa main. Sauf que voilà, elle ne voulait pas lire son papier, préférant que je le fasse à sa place. Mais.. damn. Moi je pouvais pas, ça signifiait qu'elle sera blessée par moi dans le cas où les résultats prouvent qu'elle ne peut plus avoir d'enfants. Elle se souviendra toujours que j'étais celui à lui annoncer la nouvelle et je refuse. « Az... » Elle jouait la négociation, elle jouait le supplice. Et.. ouais, je finissais par accepter. « Donne moi l'enveloppe » capitulais-je en soupirant, tendant la main vers elle pour attraper l'enveloppe en question. Doucement, j'ouvrais le conteneur en papier afin d'en extraire la feuille marquée à l'encre noire. La dépliant, le stress montait un peu plus à chaque instant alors que mes yeux survolaient les informations, jusqu'à arriver à celle qui m'intéressait le plus. Je perdais alors toute expression sur le visage, me rendant compte de ce que tout ceci impliquait pour le reste de nos vies. « Az.. » Je relevais le regard sur elle, désolé. Je pouvais pas le dire, vraiment pas. C'était au dessus de mes forces.

let the sky fall — Je sais pas si tu sens à quel point j’ai peur là. Mes échecs dans le but de tomber enceinte, c’est en train de me bouffer, littéralement. Et cette réponse ça peut être une libération comme une condamnation. J’ai tellement la trouille des mots qu’ils pourraient y avoir d’écrit sur ce bout de papier. Au final, c’est fou comme une simple lettre comme ça pourrait tout ruiner. Et ouais, j’angoisse. Parce que depuis le début, je ne cesse de me dire que si j’y arrive pas c’est parce que je stress trop, que c’est pas grave et que ça finira par arriver mais.. La vérité est que peut être que c’est pire que ça. Je ne veux pas que ça le soit et j’ai cette boule en ventre qui ne cesse d’enfler au fur et à mesure des secondes. C’est une horreur, t’imagines pas. « S’il te plait Alex.. » M’abandonne pas sur ce coup-là. Je me mets à genoux devant toi s’il le faut mais lit cette lettre pour moi. Et finalement, tu capitules. Au fond, ça me soulage partiellement même si dans tous les cas ce n’est pas la grande forme. Inspirant un coup, je te tendais l’enveloppe croisant les bras sur ma poitrine attendant le résultat final. Et j’me retiens vraiment pour ne pas faire les cents pas dans l’appartement. Je te jure que je me retiens là. J’ai l’impression que je vais tomber dans les pommes d’une seconde à l’autre, c’est l’enfer. Et j’essaie d’analyser les traits de ton visage pour interpréter la réponse sauf que là, y a rien de bon. J’arrive pas à savoir, je suis à deux doigts de pleurer, j’en peux plus. Me mordant la lèvre avec anxiété, j’continuais de te fixer dans l’attente d’une réponse mais ce regard que tu venais porter sur moi cumulé à la manière dont tu avais prononcé mon prénom c’était.. Too much. J’fondais en larmes reculant d’un pas secouant la tête pour refuser l’information. « Faut qu’on refasse les tests, ils se sont trompés. J’suis sûre qu’ils se sont trompés. » Ouais, le déni total là.

Let the sky fall — Je sais que t'y tenais, sûrement un peu plus que moi. Je ne comprenais pas tellement pourquoi d'ailleurs t'y tenais à ce point, mais je respectais tes envies et je faisais en sorte de comprendre pourquoi est-ce que ça ne marchait pas. Après tout, tu n'étais plus sous pilule et ça faisait bien longtemps qu'on avait arrêté de mettre des préservatifs. Alors ouais, pour le coup, je ne comprenais pas pourquoi ça ne marchait pas. Hendrix avait été instantané alors pourquoi est-ce que ça ne fonctionnait pas cette fois ? Le courrier entre les mains, je me fis limite agresser par toi pour que tu puisses voir si nous avions nos résultats de la clinique. Et oui, c'était le cas. Et tu me demandais une chose affreuse au final, parce que je ne supportais pas de te blesser. Mais ton chantage affectif avait eu raison de moi et j'avais donc ouvert l'enveloppe pour répondre à tes attentes. Les yeux se promenant sur le bout de papier, je lisais beaucoup de choses incompréhensibles jusqu'à arriver à la conclusion du laborantin qui avait mis noir sur blanc la raison de notre incapacité à avoir un enfant. Une boule se nouait dans ma gorge et il m'était impossible de prononcer quoique ce soit. Alors comment te dire que tu ne peux pas avoir d'enfant ? Comment te dire que ton corps ne veut pas que tu en aies ? Ton surnom, voilà ce que je disais. Un simple Az. Avec le ton qui n'allait pas avec, mais qui te faisait comprendre la souffrance de lire de tels mots. Avec le regard qui démontre qu'Hendrix sera le seul enfant qu'on aura ensemble. Et te voir fondre en larmes était certainement la chose qui déchirait le plus mon coeur en cet instant. « Bébé » ... mauvais choix de mot. « Mon coeur.. je.. je pourrais pas » Je m'approchais de toi pour te prendre dans mes bras. « Je pourrais pas supporter de te voir souffrir à chaque résultat » Et puis, on avait d'autres alternatives non ?

let the sky fall — Je ne peux pas accepter en fait. Je suis juste incapable de le faire. Parce que c’était le pire des scénarios et qu’il était hors de question que ce soit la réalité. Alors j’préférais croire que c’était une erreur et qu’en refaisant les tests, ils se rendraient compte que ce n’était rien d’autre qu’une erreur. Dans quel monde je ne pouvais plus avoir d’enfant ? J’avais fait quoi pour mériter ça ? Certes, l’accouchement pour Hendrix n’avait pas été le plus facile au monde mais ce n’était pas non plus comme s’il y avait eu des tonnes de complication. Alors je refusais tout bonnement que cela puisse être possible. Je veux dire.. Pourquoi on me faisait ça en fait ? Est-ce que je le méritais ? Pas du tout. Et je fondais en larmes parce que je ne pouvais absolument pas rester forte face à une révélation comme celle-là. Puis Alex il arrangeait rien en m’appelant « bébé ». Fallait quand même souligner le risible de la situation pour le coup. Et moi, j’étais juste au bout du rouleau. Parce que je ne voulais pas croire qu’un truc pareil puisse être possible. « Tu pourras pas quoi ? » J’ai la voix qui s’étrangle, la gorge qui se serre et ses bras qui viennent m’entourer. J’ai l’impression que le sort s’acharne contre moi en fait. Ce n’est juste pas possible qu’un truc pareil m’arrive et je ne suis pas prête à l’accepter. Le pire ? Alex semble déjà s’être résolu à cette fatalité alors que de mon côté j’étais bien loin de le faire.  « Ils se sont peut-être trompés.. » Je veux croire en cette possibilité parce que c’est trop douloureux de se dire que c’est foutu. Que je ne pourrais jamais en avoir d’autre, que c’était terminé et que j’avais détesté chaque partie de cette grossesse. « Toute ma vie est un désastre. » Conclusion fataliste.

Let the sky fall — Lire que tu ne pourrais plus jamais avoir d'enfants, ça me faisait quelque chose, c'est évident. Tu es ma femme et on veut agrandir notre famille. J'étais blessé parce que je savais que c'était quelque chose qui te tenait à coeur, qui nous tenait à cœur. Bordel, je ne pouvais pas te le dire, je ne pouvais pas t'annoncer cette vérité qui fait mal. Je considérais que c'était la vérité ce test. Que c'était pas possible qu'il en soit autrement. Je le digérais, je l'acceptais avec du mal mais je le faisais. Tu n'y arrivais pas et c'était compréhensible. Seulement, je savais que si on faisait de nouveaux tests, tu développerais de l'espoir. Tu voudras toujours y croire et la déception sera d'autant plus grande à chaque fois. Non, je ne voulais pas que tu souffres mon amour, je voulais pas te donner cette mauvaise nouvelle. Je voulais pas te faire vivre cette déception inouïe. « Dis pas ça... tu.. t'as déjà Hendrix. Et on peut.. on peut avoir d'autres enfants » On avait encore du choix. Il suffit de savoir se renseigner, avoir rendez-vous avec notre docteur qui nous proposera les alternatives qu'on pouvait avoir. « Mon coeur, c'est pas une fatalité.. Y'a toujours moyen qu'on ait notre enfant.. on doit juste prendre rendez-vous chez le médecin pour en être fixé » Tout ce que je veux, c'est ton bonheur, tu le sais en plus. S'il te plait.. ne te dénigre pas.

let the sky fall — Mais j’voulais dire.. A quel moment j’avais eu de la chance en fait moi ? Adoptée, replacée en famille d’accueil, bougée de famille en famille sans aucune pour vraiment m’accueillir, battue et terriblement seule. J’avais déjà eu mon lot de désastre en fait. Et même ma relation avec Alex n’était pas de tout repos. On était passés par des tas de phase et quand tout allait finalement bien, quand on arrivait enfin à être heureux, fallait que cette fatalité me tombe sur le coin de la gueule comme pour me remettre les idées en place. Comme pour me rappeler que non, j’avais pas le droit au bonheur et que j’avais été bien stupide d’y croire rien qu’une seule seconde. Alors oui, j’avais tout les droits du monde d’être énervée. J’avais totalement le droit de pleurer, criser et même tout casser si j’en avais envie parce que c’était une réaction normale pour quelqu’un dans mon cas. « Et on les as comment si je ne peux pas en porter ? » Je cherche pas à t’agresser mais je veux mes propres enfants, pas ceux des autres. Je veux une petite fille que j’aurais porté moi-même et j’sais pas ce que t’envisages mais y a rien pour me consoler la maintenant tout de suite en fait. « Je ne peux plus avoir d’enfant ! En quoi c’est pas une fatalité ? » Non mais tu te rends compte de ce que tu dis là ? Parce que moi, je n’arrive vraiment pas à te cerner. Y a pas de solution miracle, je ne peux juste pas en avoir d’autre. « Mais au pire, qu’est ce que tu t’en fiches, c’était mon caprice d’avoir un autre bébé. » Et c’est moche que je m’en prenne à toi, je le sais. J’arrive juste pas à l’éviter.

Let the sky fall — Je ne savais pas trop comment faire en sorte de calmer le désespoir que tu pouvais ressentir en cet instant. Je sais que ça te tenait à coeur d'avoir cet enfant, et que nous deux on y mettait vraiment tout notre coeur. Et qu'à présent, tous ces efforts étaient réduits à néant par le simple fait que tu ne puisses pas avoir d'enfant. Moi ? J'en sais rien non plus. L'enveloppe était encore sur le sol et pour le coup, je ne voulais pas savoir. Après tout, peut-être que de mon côté aussi, ce n'était pas possible. Dans tous les cas, on devait aller voir un spécialiste mon coeur. Peut-être qu'on peut faire une fécondation in-vitro. Ou alors faire appel à une mère porteuse ? J'en sais rien et pour le coup, j'osais pas te dire à voix haute ces options, puisque tu prenais les choses assez.. difficilement. « La science... la science est là pour nous aider » Je n'en dirai pas plus puisque tu ne sembles pas ouverte à ces propositions. Tu voulais refaire des tests, t'assurer que personne ne vienne te mentir. « Tu.. on peut adopter, c'est une solution » Certes, ce ne sera pas la chair et notre sang mais ça sera notre enfant. Notre bébé à tous les deux. Sauf que là, t'en devenais méchante et je n'acceptais tout simplement pas. « Non, tu peux pas me balancer ça à la gueule Az. T'as pas le droit, je le voulais autant que toi ce gamin. J'aurais pas essayé autant ou accepté de faire des tests si je ne le voulais pas ! » Bordel Az, bien sûr que ça m'attriste tout ça mais t'as pas à me balancer ce genre de réflexion à la gueule.