Il  se tut.
Ou alors… Il attendait que je parle, et je l’avais pas fait.
J’avais perçu la douleur dans ses dernières paroles, me demandant qui il avait pu perdre, de quel douleur parlait il, et quel fantômes se cachaient derrière ses pupilles bleu.
Ensuite, et comme à chaque fois qu’une conversation devenait trop sérieuse, j’essayais de la changer, en sortant une blague, un trait d’humour, un changement de sujet tellement flagrant que mon vis à vis s’en trouverait complètement surpris et oublierais le sujet initiale. Mais je ne pouvais pas, sa douleur était beaucoup trop présente, et je me dis que … peut être si je lui posait des questions…
Jona’.
C’est la voix dans ta tête qui te parle : Tu ne connais pas le mec alors change de sujet.

Oui ben, tout le monde se rappelle des bombes à part moi qui y était.

Bon début de changement de sujet.

C’est une bonne chose tu ne penses pas ? Je n’ai aucune idée de ce qui est arrivé ce jour là, ni du pourquoi.

Me grattant la tête en ramenant mon regard vers la mer.

J’avoue que je n’ai même pas pris la peine de voir ce pourquoi les attentats ont été effectué.

coulant un regard dans sa direction je lui demandais.

Toi tu le sais?

Jona’ c’est encore la voix dans ta tête… t’as bien fait.

Jaysaël me répondais, pendant que je regardais les quelques vagues s’écraser sur le sable, la météo avait changé, devenant plus fraîche. Et je l’écoutais. Parler de l'incompréhension qu’il ressentait sur les événements qui m’avaient  mené à ce point précis: Sous ce parasole, le cerveau à moitié lobotomisé, nageant dans mes vêtements, avec un sens de l'hyperbolisme et de l’autodérision super prononcé.
Ce dernier point n’étant pas le résultat des bombes.

Et puis il me parla de ce jour la.
La ou il était: A la Bibliotheque.
Intérieurement je ressentis mes entrailles se contracter, une sorte d'excitation, de peur, de dégoût, et d'excitation encore une fois, se disputaient l’usage de mes hormones. Pour qu’au final la pilule d’adderall fasse son effet et que j’arrive à me concentrer sur ce que j’allais dire.

Moi aussi.

Une phrase courte, et pas le blabla dont j’avais l’habitude.
Au fils des années, vivant avec un déficit de la concentration, j’avais appris à me gérer en faisant des exercices que je m’étais moi même créé. Rien que pour éviter le genre de pilules que mère adorait me faire avaler, et qui provoquaient en moi de plus en plus d’effets secondaires et de moins en moins d’effets souhaité.
L’un des exercices consistait en l’utilisation du plus petit nombre de mots pour dire quelque chose. J’en suis arrivé à faire des phrases contracté incompréhensible pour la personne qui m’écoute, mais que j’arrive facilement à étayer.
Aussi j’ajoutais

D'après ce qu’on m’a dit, j’étais aussi à la Bibliothèque quand les bombes ont explosé.

Beaucoup mieux.
Je le regarde, l’excitation que je ressentais d’avoir trouvé quelqu’un d’autre qui a vécu la même chose, revenait en charge.

On m’a raconté que j’avais reçu une étagère sur la tête. ça semble drôle quand j’y penses, parce que je n’arrive à voir ça qu’en cartoon.

Un frisson me parcourut le corps, maintenant que la frayeur se frayait un chemin dans mes veines. Maintenant que j'essayais de m’imaginer la scène réelle de ce qui s’était passé.
J’en eu la nausé.

Je ne veux pas te faire revivre cette journée. Je sens, que pour ceux qui s’en rappellent ça doit être un cauchemar.

Conclus je en le regardant à nouveau.

Je laissais planer un autre moment de silence. Il se cala sur sa chaise, et je fis de même sur la mienne, coulant en biais, un regard vers Sydney qui avait mis ses lunettes, et s’était allongé elle même. Peut être était elle entrain de somnole ?

Jay quand à lui, avait parlé d’un incident qu’il avait "provoqué". Et je devinais que c’était le même qui avait fait passer un trait de tristesse dans l’expression de son visage, plus tôt dans la conversation …. Ou pas d'ailleurs.
J’allais, cette fois, lui demander ce que c’était. Puisque, s’il l’avait évoqué 2 fois, il devait vouloir étayer le sujet...

Je suis désolé

commençais je

Peut importe ce que tu crois avoir fait pendant cette “affaire”, je suis désolé que tu te sente responsable. Je suis sûre que tu n’avais pas autant d’implication que tu le penses.

Ajoutais je

Mais je me rends compte que tu ne dois pas avoir assez de recul pour le voir.

Je ne lui demanderais pas d’en dire plus, cependant je lui faisait comprendre que s'il le faisait j'étais la pour l'écouter.
Ne dit on pas que la meilleur des confessions est celle que l’on fait à un inconnu… Peut être pas non … je venais de l’inventer.

Le sujet de la bibliothèque depuis longtemps oublié.

Je l’écoute parler. Et le laisse terminer. Chacune des ses paroles éveillant en moi un sentiment que je voulais caché…

Qu’aurais je pu répondre à cela?
Que tout ce qu’il disait, était la raison principale de cette peur sourde qui ne m’avait pas quitté depuis mon réveil?
Que le manque de visibilité sur la personne que “J’ai été” me semblait plus effrayant que n’importe quel autre moment de ma vie?
Que je montrait un Jonathan heureux et avide de redécouvrir sa vie, mais qu'à l'intérieur, j’avais envie de m’enlever la peau de l’avant bras… Cette peau qui contenait un tatouage dont je ne connaissais pas la signification?
Que je me rappelle chacune des phrases que mère avait utilisé pour me “remettre dans le bain”, chacun de ses termes utilisé, mais qu’aucunes d’elles ne m’avaentt semblé vraie? Aucune de ses affirmations n’étais moi… Rien de ce qu’elle disait n’avait de sens.
Je n’étais pas le fils à papa qui voulait avoir une montre en héritage pour être entré à une confrérie préstigieurse. Je ne voulais pas passer toutes mes vacances au manoir familiale avec mère et son valet. Je n’aurais jamais commencé à fumer … n’est ce pas?
N’est ce pas?
Lentement j'essayais de contenir le tumulte que les paroles de mon nouvel “ami” avait, sans le savoir, provoqué en moi.
Et comme à chaque fois, je repris une façade enjoué. Ou du moins je l'essayais.
Si je faisais assez semblant que ça allait bien… Si je me mentais assez bien à moi même… je réussirais à garder pour moi les vrais sentiments d’incapacité que toute cette situation m’inspirais.

Tu as raison

Ma voix avait changé. J’avais beau essayer de l’adoucir et d’y insuffler ce ton léger qui me caractérisait… toute mes forces étaient dirigé vers la stabilisation de mon rythme cardiaque.

Je suis sûr que tu ne te blame pas sans avoir une bonne raison de le faire

dis je en le regardant.
Puis ramenant mon attention vers les vagues devant moi j’ajoutais

J’ai juste dit ce que j’étais “supposé” te dire. Quelque chose pour te remonter le moral… ou autre ..On nous apprends à mentir dès notre plus jeune âge. “White lies” qu’ils disent. Des mensonges qui font du bien à celui qui les entends…

J'eu une hésitation avant d'ajouter

Et j'ai peur qu'on me réserver le même traitement. .

Mon poing était encore crispé, mes ongles me faisaient mal.
Ma tête aussi.  

C’était bien un étudiant en sociologie. Avec peut être un background psychologue, ou alors je me faisais seulement des idées, et il était juste super cultivé et bon avec les mots.
Son expérience avait du l’endurcir, son ami l’attendrir.
Oui je fais des rimes, dans ma tête ça me calme … apparement.

Ou alors c'est ce qu'il disait qui me calmait : Mon moi de tout de suite était ce qui comptait le plus dans toute cette histoire. Mon moi du future aura à vivre avec les conséquences de mon moi du passé, parce que la tout de suite, je n’ai pas à me soucier de ce que j’avais fait pendant les 6 dernières années. Jaysaël s’en foutait. Sydney était payé pour s’en foutre. Et les vagues continuaient à s'écraser sur le sable devant moi.

Graduellement je repris mon calme.
Bizarrement ma tête n'arrêta pas de me faire mal….
Du bout de l’indexe je me massais la tempe, tandis que Jay’ continuait à me conseiller sur l’attitude a prendre face à ma situation.

Ce n’est pas simple. Je ne sais pas si ça l’a été pour toi, mais me connaissant, je vais essayer de savoir ce qui s’est passé quelques années plus tôt. Je vais me focaliser sur ça pour des raisons toutes bêtes, comme par exemple pourquoi je suis coincé avec un piano sur l’avant bras … alors que je n’ai jamais joué d'aucun instrument et que je n’en ai jamais eu envie auparavant.

Je lui montrais mon tatouage puis ajoutais,

Tes paroles me réconfortent, puisque ça part de ton expérience personnelle et que tu as vécu quelque chose de similaire.

je laissait retomber mon bras tatoué , pendant que mon autre main massait de plus en plus frénétiquement le point douloureux que je ressentait au coin de mon crâne.

Moi … même si j’ai vraiment envie de le faire, je ne vais pas pouvoir lâcher prise