Un sms, deux sms. Et voilà qu'elle m'invitait à la rejoindre dans sa chambre. Je ne savais pas si c'était une bonne idée, puisqu'en aucun cas les choses n'avaient changé. Elle était toujours amoureuse et moi, j'étais perdu. Je l'aimais ? Non, non c'était pas possible. Mais j'tenais à elle, assez fort. C'était devenu dramatique mine de rien, à quel point cette rupture m'avait atteint. J'en avais fait des conneries, à tel point que je ne me reconnaissais pas. C'était sûrement pour cette raison que j'avais cédé aux envies de la mather. Ouais, j'étais sorti de ma chambre, celle que je n'avais cessé de squatter depuis quelques jours, et je m'étais dirigé vers la sienne. Je connaissais le chemin par coeur depuis le temps et je me retrouvais face à cette porte. Un moment d'hésitation m'avait pris, je m'étais retrouvé là, face à ce bois sans être capable de frapper. Et puis finalement, dans un élan de courage, je cédais. Je frappais, et j'attendais. Tout simplement, le coeur battant.

Habituellement, je vivais à cent à l'heure, mais ces derniers temps, c'était bien plus que cela. J'étais juste en train de me flinguer la santé. Il y avait des soirs de lucidité où j'arrivais à me dire que tout commençait à aller trop loin et que bientôt j'allais perdre le contrôle. Et, il y avait des soirs où j'étais à deux doigts de la case hôpital, mettant mon corps et mon mental à rude épreuve. Sérieusement, il y a des soirs, je ne savais même plus comment je faisais pour rentrer à la Mather saine et sauve. Ce soir, c'était un soir de lucidité. Un soir où mon corps tremblait à cause du manque de drogue. Un soir où je comprenais que je perdais totalement le contrôle. Et finalement, un soir où je n'arrivais plus à avoir la volonté de laisser Alexander libre. Il me manquait. Ce n'était pas l'amour qui me manquait, c'était sa présence rassurante, celle qui me disait que tout allait bien et que je n'avais pas à m'en faire. Pendant notre relation, il avait été très doué pour m'occuper l'esprit et me faire oublier mes tracas du quotidien. Alors ouais, ce soir, il me manquait et j'avais besoin de... lui. Pas facile à admettre quand on sait que j'avais enfouit mes sentiments pour le jeune homme très très loin en moi. Je ne voulais plus être amoureuse, plus jamais. Je me levais finalement de mon lit quand j'entendis frapper à la porte. Prêt pour le choc Alexander ? Cela fait quoi ? Une semaine ou deux que nous ne nous sommes pas vu ? Un peu plus ? Je n'en sais rien, le temps passe vite. Mais beaucoup de choses ont changé. Mon corps par exemple, j'étais mince, mais avec toutes ses conneries de sevrage, mon corps n'acceptant pas grand chose, j'avais perdu du poids à cause des vomissements à répétition. Mon corps était tremblant et mes cernes sous mes yeux, bien réelles. « Salut » dis-je simplement et doucement en croisant le regard du Mather après avoir ouvert la porte. Je m'étais ensuite décalée pour le laisser entrer.

J'avoue pour le coup être assez stressé de voir ce qui va m'attendre derrière cette porte. Je n'avais pas vu Alaska depuis le jour où elle avait mis fin à notre relation, j'avais pas eu de ces nouvelles et c'était compliqué dans ma tête. J'avais envie de me remettre avec elle, dans le sens où elle me manquait, plus que je pouvais l'admettre, mais quelque part je me dis que c'est bien mieux comme ça. Elle se défaisait d'une présence pas forcément bénéfique pour elle et... elle ne pourrait que mieux avancer comme ça, je suppose. Quoiqu'il en soit, la porte s'ouvrait pour me laisser découvrir une Alaska pas vraiment en bonne forme. Fatiguée, amaigrie. Ouais, c'était pas la joie de vivre visiblement et le pire, c'était sûrement les tremblements qui la secouaient. « Hey » Me pinçant les lèvres, j'avançais pour pénétrer dans la pièce alors qu'elle s'était décalée pour me laisser entrer. J'osais pas pas faire grand chose pour le coup, restant planté là à la regarder. Mon envie première était de la prendre dans mes bras, de la sentir contre moi et de la réconforter comme je pouvais. Mais je voulais pas brusquer les choses, la brusquer elle et pour le coup, valait mieux que ce soit elle qui fasse le premier pas.

« Hey » C'était assez étrange de le voir ici au final. Il y avait un petit moment qu'il n'avait pas frappé à cette porte, habituellement, il rentrait dans ma chambre comme dans un moulin. Je ne savais pas pourquoi il avait accepté de venir me voir... Je lui manquais ? J'avais du mal à le croire. Il n'était pas amoureux, c'était facile de passer à autre chose pour lui. Puis, être sans contact comme ça pendant un certain temps, ça distance non ? Je me décalais de devant la porte pour le laisser entrer et je refermais juste après lui. On ressemblait à deux inconnus qui ne savent pas quoi se dire. C'était assez triste quand on repense à la complicité que l'on avait pu avoir. « Tu vas bien ? » lui demandais-je finalement d'une petite voix. Il me manquait, j'avais envie de me réfugier dans ses bras. Peut-être que ça allait calmer mes tremblements, peut-être que ça allait m'apaiser un peu... Sauf que je n'avais aucune idée de si je pouvais le faire alors je restais simplement plantée là entre la porte et lui.

Me retrouver dans cette pièce était étrange, puisque c'était ici qu'elle avait mis fin à notre relation. Mais je dépassais tout ça, dans le but de palier à ses envies. Je lui manquais, elle me manquait et c'était pour cette raison que j'étais dans cette pièce. Enfin, c'était étrange pour le coup, mais il fallait juste qu'on fasse en sorte que ce soit moins awkward, ça ne tenait qu'à nous en fait. Me retrouvant en plein milieu de la pièce, elle restait plantée entre la porte et moi, et ça me fendait le coeur. « Ça peut aller mieux... mais toi, ça n'a pas l'air d'aller du tout » Je cédais à l'envie de la rejoindre, je pouvais pas rester planté là comme un étranger. Non, je m'étais approché d'elle, glissant ma main sur sa joue que je caressais doucement sa peau, de façon réconfortante. Ça me tuait mine de rien, de pouvoir rien faire. « Tu.. tu essayes de stopper ta conso ? » Enfin rien qu'à voir sa tête, ça se voyait que c'était pas l'idéal.

Le voir dans ma chambre était étrange. J'avais l'impression que nous étions deux inconnus et cela dénotait clairement avec les rires qui avaient pu s'échapper de cette pièce quelque temps auparavant. Où en étions-nous Alexander ? Est-ce que nous avions totalement disparu ? Parfois, je me posais la question avec tristesse. Je ne pouvais pas lui en vouloir après tout, j'avais voulu de tout cela. Avant tout pour son bien. J'étais coincée dans ma propre chambre entre lui et la porte d'entrée. Je n'osais pas bouger, m'approcher de lui ou le rejoindre. La seule chose que j'eus la force de faire fut de lui demander comment il allait. Il semblait en pleine forme, il ne ressemblait en rien à un homme qui venait de subir une rupture. Ce n'était pas plus mal après tout. « Ça peut aller mieux... mais toi, ça n'a pas l'air d'aller du tout » Tu crois ? Tu m'as bien regardé Alexander ? Tu crois que je me porte bien ? Que je suis en sécurité ? Je ne répondais pas pour la simple raison que je crois que je n'avais pas besoin de le faire. Aussi parce que mon cœur venait de s'emballer comme un fou en le voyant approcher dans ma direction. Sa main glisse sur ma joue et mes yeux se ferment instinctivement pour profiter de cette caresse. Que reste-t-il de nous ? Je les ouvre finalement quand il brise à nouveau le silence. « Tu.. tu essayes de stopper ta conso ? » ; « Oui... C'est difficile, douloureux et fatiguant ! » lui confiais-je alors. Cela se voyait à mon physique et à mon corps tremblant. Je ne vais pas bien. Je n'y arrive pas. Je me sens seule face à mes démons et ils vont me bouffer toute crue. Je pinçais mes lèvres avant de soupir et de me laisser glisser doucement contre lui, espérant qu'il n'allait pas me repousser ou se plaindre de ce que je faisais. J'avais besoin de ses bras, de sa confiance et de sa chaleur. « Promets-moi que tu ne diras rien de ce que tu sais sur moi et que tu n'utiliseras rien de tout ça pour me faire du mal... » Je veux qu'il garde mes secrets pour lui, tout comme je le ferais avec les siens et surtout, je ne veux pas qu'il les utilise comme point faible. Un homme l'a déjà fait et je ne suis pas certaine de pouvoir le revivre.

Son état était déplorable. Son visage creusé par la fatigue, les cernes bien visibles.. je me sentais mal de l'avoir abandonnée et j'espérais pouvoir me rattraper là, en étant dans cette pièce avec elle. Moi même j'étais pas au meilleur de ma forme. Je dormais mal et puis même, je buvais plus que de raison, en profitant que Robyn soit avec sa mère pour le coup. Il était même idéal pour elle qu'elle y soit un peu plus longtemps. Au pire, je ferai le voyage jusque chez elle pour la voir, sans forcément l'emmener, prétextant une surcharge de travail. Mais du coup, là, c'était elle ma priorité et à voir son état, c'était sûrement l'arrêt de l'héroïne qui la mettait dans un tel état. C'était pour cette raison que je me rapprochais d'elle, caressant son visage. Et puis elle se glissait contre moi et je refermais mes bras autour d'elle. J'y arrivais pas, à faire le mec pas touché. Bien sûr que je l'étais, je sortais avec elle, montrant bien évidemment à quel point je l'appréciais et je tenais à elle. « Je tiens à toi Al... j'veux pas t'faire du mal » disais-je en resserrant mes bras autour d'elle. « J'm'en veux d'être loin de toi.. de t'abandonner » Mes lèvres venaient trouver le haut de son crâne, y déposer un baiser avant de repositionner ma joue contre celui-ci. Je sais qu'elle a souffert de sa relation avec Hardin et qu'il l'avait blessé bien plus qu'elle ne pouvait l'admettre, mais je n'étais pas Hardin et j'allais pas lui faire volontairement du mal, et je pensais qu'elle le savait.

Mon sevrage était difficile, on n'allait pas le cacher. Je n'avais pas grand chose pour me motiver, pour me remonter le moral, pour me faire vibrer. Je me sentais un peu seule, en même temps, j'étais la seule fautive pour cela. J'avais expulsé tout le monde de ma vie, Alexander le premier. Je crois que cela aurait été un enfer pour lui de devoir me supporter. Il ne m'aimait pas, je suis seulement une ex petite amie. Alors voilà, pourquoi il supporterait quelqu'un de si peu important ? Je ne savais plus qui nous étions, j'étais perdue. Je ne savais plus vraiment ce qu'il pensait de moi ou même, ce qu'il avait pu penser de nous. Je crois que j'avais besoin qu'il me réexplique les choses. Je savais qu'il n'avait eu aucun sentiment pour moi et c'est ce qui m'avait amené à le quitter. S'il en avait eu, je me serais dit alors que peut-être qu'il aurait été assez fort pour me soutenir. Là, je me disais simplement que ça allait trop loin pour nous deux. À force d'y penser, avec mon cerveau de détraquée, j'en arrivais juste à me dire qu'il s'était fichu de moi. Sa main glissait sur ma joue et je n'avais pas pu m'empêcher de venir me caler dans ses bras. Ouais, je ne savais plus ce qu'il pensait de moi, mais pour ma part, je me rappelais très bien qu'il y a quelques jours de cela, j'étais plus qu'amoureuse de cet homme et je ne voulais être nul part ailleurs que dans ses bras. « Je tiens à toi Al... j'veux pas t'faire du mal » Je fermais les yeux, bercée par ses propos. J'espérais bien. Mais en même temps... « Tu ne sais pas... Tu n'as aucune idée de ce qu'il pourrait arriver... Promets-le-moi ! » Ouais, je lui avais demandé et j'attendais toujours, ça me tenait à cœur. « J'm'en veux d'être loin de toi.. de t'abandonner » dit-il ensuite en déposant un baiser sur le sommet de ma tête, avant d'y laisser reposer sa joue. « Je ne vois pas ce que l'on pourrait faire d'autre... Je ne crois pas qu'il y ait d'alternative Alex. Tu ne peux pas supporter quelqu'un qui pète les plombs et que tu n'aimes pas... » dis-je doucement sans le regarder. Être l'un contre l'autre, c'était un bon moyen de se réconforter sans avoir à subir un quelconque regard.

J'ai déjà essayé de me sevrer tout seul et ça ne menait à rien, absolument à rien. J'avais très rapidement replongé... trop rapidement même. Pour le coup, je pouvais comprendre son envie de le faire seule. J'pense juste qu'il allait lui falloir plusieurs soutiens pour le coup. Je voulais en être un, mais elle n'en avait pas envie. Enfin, tout ce que je pouvais à mon échelle, c'était débarquer dans sa chambre, me montrer câlin avec elle pour la soutenir, la réconforter et puis l'aider à continuer dans ce sens. C'était bien pour ça que ma main se trouvait sur sa joue, lui caressant doucement la peau avant qu'elle ne vienne se caler dans mes bras. Ouais, clairement, j'aimais le fait qu'elle soit là. Du coup, je resserrais mes bras autour d'elle, tentant de lui faire le plus de bien pour le coup. « Promis juré » Je n'avais pas envie de lui faire du mal alors je promettais sans hésiter. Malgré tout ce qu'elle peut croire, j'avais encore envie de faire partie de sa vie et si j'avais pas forcément des sentiments amoureux, je tenais énormément à elle et être éloigné me blessait bien plus qu'elle pouvait le croire. « Si j'suis pas là en tant que petit ami.. j'peux être là comme ton ami. J'veux ton bien, j'veux que tu arrives à surmonter tout ça mais tu peux pas le faire seule » Je venais remonter une main à son menton, me reculant pour faire en sorte que son regard croise le mien. « J'veux être là pour toi Al » lui confiais-je doucement, mon regard plongé dans le sien.

« Promis juré » Je préférais cela. Je ne voulais pas subir les foudres de quiconque, juste qu'on me laisse seule parce qu'après tout, je n'avais rien demandé à personne. J'avais rendu sa liberté à Alexander alors qu'il ne m'avait pas facilité les choses et pourtant, ce soir, il était plus que convaincu que nous pourrions être amis. Je ne cachais pas que j'étais perdue avec lui et savoir qu'il voulait toujours être dans ma vie - même si cela n'avait plus rien à voir avec de l'amour - me déstabilisait. « Si j'suis pas là en tant que petit ami.. j'peux être là comme ton ami. J'veux ton bien, j'veux que tu arrives à surmonter tout ça mais tu peux pas le faire seule » Je pinçais mes lèvres sans le regarder puisque j'avais ma tête contre son torse. Sauf que Strudwick en avait décidé autrement. Avais-je pensé trop fort ? Voilà qu'il se reculait un peu, m'obligeant à le lâcher et à relever la tête pour le regarder dans les yeux. « J'veux être là pour toi Al » Et là, j'avais envie de pleurer. J'avais l'impression d'être le boulet qu'il se traîne, comme s'il se disait qu'il avait des responsabilités envers moi... « Je suis perdue... » commençais-je alors doucement. Fallait bien que l'on en parle, non ? « Je ne sais plus comment je dois me comporter avec toi, je ne sais plus comment je dois agir... Cela fait quatre mois que l'on se supporte alors oui, aujourd'hui tu me manques et je pense que c'est une réaction totalement saine. Mais là, je ne sais vraiment plus qui tu dois être pour moi et j'aimerais que tu m'éclaires... » Avant de faire quoi que ce soit. Nous étions amis ? Alors que devions-nous faire pour ressembler à des amis ? On ne devait pas faire l'amour, pas s'embrasser, ne pas être trop tactile, ni trop confident ? Tant que je ne sais pas tout ça, je ne sais pas si je dois lui parler de mes problèmes, du moins... j'en sais rien, je suis totalement pommée.