Je me mordis la joue, j'étais nerveuse. Qu'est-ce qu'il attendait de moi? J'avais l'impression qu'il parlait en chinois ou qu'il essayait de lire un livre à l'envers. Je veux bien l'aider, je suis toujours là pour aider les autres, mais à partir du moment où je ne comprenais pas ce que je devais faire, c'était mort. Il ne voulait pas que je le pousse à changer, d'accord, mais encore? Je me pinçais les lèvres. « Et bien, explique-moi. » ouais je sais il devait un peu creuser mais c'était aussi ça la vie, savoir oser mettre des mots et des verbes sur ce que l'ont voulait dire le plus explicitement possible. Marshall n'y arrivait plus, me confia-t-il. Je me trompais ou je sentais un peu de peine? Il fuyait mon regard préférant regarder le sable. Je venais de comprendre. Il parlait de lui-même. Je déglutis. « Tu te sens bien? C'est Leyna qui... » je soupirais, arrêtons de parler d'elle, parlons plutôt de lui. « Efface une bonne fois pour toute cette réputation que tu as et laisse-toi vivre un nouvel air. » je parlais qu'un philosophe mais voilà, je n'avais que ça à lui dire. « Si tu es attiré par moi, c'est parce que je suis ton seul souvenir du gentil Marshall? » pour voir si j'étais sur la bonne voie ou pas.

« Eh bien, explique-moi. » Je voulais bien lui expliquer, mais c’était difficile quand moi-même je n’avais aucune putin d’idée de ce que je disais ou faisait. Rare étaient les fois où j’avais eu ce sentiment de perte de contrôle totale sur moi-même. Jamais ou presque auparavant n’avais-je ressentis ce genre de sentiment. Peut-être une ou deux fois quand je m’étais totalement ouvert à Leyna, sans plus. Même pas une fois avec Lara alors que je l’aimais réellement… Seigneur. Qu’est-ce qu’elle me faisait hein? « Tu te sens bien? C'est Leyna qui... » Sa phrase demeura en suspens et je la regardai sans rien dire, content qu’elle ne s’aventure pas à nouveau sur cette pente raide. Leyna était très importante pour moi, irremplaçable. Mais là, je ne voulais pas qu’on parle d’elle et de leur amitié et de tout le mal que je lui avais fait. J’en avais suffisamment sur les épaules. « Efface une bonne fois pour toute cette réputation que tu as et laisse-toi vivre un nouvel air. » Réputation? C’était carrément devenu une deuxième peau pour moi. Qu’est-ce que j’étais censé faire? Muer comme un serpent? Ce n’était pas aussi facile à faire qu’à dire! Je regardai à nouveau le sol, cherchant un grain de sable bien intéressant dans cette lumière blanche que diffusait la lune. « Si tu es attiré par moi, c'est parce que je suis ton seul souvenir du gentil Marshall? » Je relevai brusquement la tête pour la regarder en face. Quoi? Non. Oui? Non. Merde… « C’est…. Non. » Je lâchai finalement sa main. Complètement vidé de mon énergie tout à coup. Je me pris la tête à deux mains et tournai sur moi-même, lui montrant mon dos. Heureusement qu’il n’y avait pas d’arbre tout près, j’aurais bien pu le faire tomber à force d’y planter mes poings. J’étais frustré par cette situation. Frustré d’avoir autant parlé, de m’être ouvert comme ça alors que j’aurais préféré faire comme d’habitude, sourire et balancer des blagues et des sous-entendus à tout va. Mais ce n’était pas possible. Je ne pouvais plus faire marche arrière et m’enfuir ne servirait à rien non plus. « Pas que pour ça… » murmurai-je finalement en laissant tomber mes bras.

Est-ce que Marshall a eu le déclic lorsque nous avions couché ensemble? Je n'en sais rien. Est-ce que c'est parce que je lui ai mis la pression avec Leyna avant qu'ils se séparent? Puré, j'étais terrifiée d'entendre la suite. Marshall parlait avec son coeur, pour une fois! Je pouvais pas faire l'indifférente, c'était pas tous les jours qu'il se confiait autant à moi. J'aimais bien quand les choses étaient claires, c'est pour ça que je le saoulais de questions, c'était bien mon genre. Je fus étonnée d'apprendre que je me trompais. Marshall n'était pas attiré parce que j'étais un vieux souvenir. Mais quoi alors? Je le vis se braquer et se retourner, me faisant face à son dos. Uh? Je l'avais vexé? Merde j'en sais rien mais je me sentais mal, je m'en voulais pour quelque chose mais j'arrivais pas à savoir quoi. J'avais l'impression qu'il se dégonflait. J'avais ma petite idée, oui il m'aimait bien, mais moi j'étais totalement perdue depuis ma rupture avec Ethan. Il m'arrive encore de penser à lui en passant mes nuits à pleurer comme un bébé. Mais je ne dis rien, je cache mes larmes en donnant l'image de la fille studieuse qui ne pensait qu'à dévorer ses bouquins. J'étais détruire de l'intérieure et je sentais que Marshall essayait de faire quelque chose qui accentuait mes douleurs. Sans doute inconsciemment. « Je peux pas faire ça... » je ne bougeais pas, je tentais juste de garder mes larmes. Je jouais nerveusement avec mes mains. « C'est peut être en partie aussi à cause de Leyna, mais... je ne veux plus m'attacher à quelqu'un et souffrir comme à chaque fois. Ethan me manque... je ne veux pas vivre un conte de fée puis me retrouver enfermée dans ma tour à pleurer parce que mon prince décide de se barrer. » je mettais une petite touche d'humour mais j'avais pas la force de rire en fait. Merde, repenser à Ethan me donnait envie de pleurer, j'avais mal au coeur.

Un silence lourd pesait sur la plage, brisé seulement par le bruit des vagues qui venaient s’échouer sur celle-ci. Je ne savais pas quoi dire et Juliet ne disait pas un mot. Finalement, c’est tout de même sa voix qui s’éleva derrière mon dos. J’avais presque cru qu’elle était partie. « Je peux pas faire ça... » Ça? M’aider? Elle ne pouvait pas ou ne voulait pas? Parce que pour moi, il y avait une différence majeure entre les deux. « C'est peut être en partie aussi à cause de Leyna, mais... je ne veux plus m'attacher à quelqu'un et souffrir comme à chaque fois. Ethan me manque... je ne veux pas vivre un conte de fée puis me retrouver enfermée dans ma tour à pleurer parce que mon prince décide de se barrer. » Je soupirai doucement avant de me retourner, relevant les yeux vers elle. L’expression sur son visage me fendit le cœur, elle avait l’air à deux doigts de pleurer. Voilà ce qui arrive quand je fais l’imbécile. J’essaie de m’ouvrir et, au final, j’arrive encore à blesser les autres. J’avançai tout de même vers Juliet, muer par un besoin intense de la réconforter, ne serait-ce qu’un peu. Je levai la main vers son visage, hésitant, posant finalement mon pouce sur sa joue, essuyant une larme invisible en ne quittant plus son regard. « Je… J’voulais pas raviver tes blessures… » Je baissai les yeux un instant, avalant difficilement ma salive. Lorsque je les relevai, je caressais encore sa joue alors je laissai tomber ma main le long de mon corps à contre cœur. « J’aurais mieux fait de garder tout ça pour moi.. pardon. »

J'avais l'impression de parler dans le vide car je croyais que Marshall ne s'intéressait pas à ce que je disais. Il m'avait tourné le dos, ça voulait dire qu'il coupait la communication? C'est lui qui me saoule à parler de choses tabous et c'est lui qui râlait? Je soupirais en levant les yeux au ciel. Je me montrerais désagréable et froide tant qu'il ne m'aura pas fait comprendre les choses en détails. Je ne savais pas sur quel pied danser, c'était... déstabilisant. Finalement, le rouge se retourna et il posa le bout de ses doigts sur ma joue. Je retenais mes larmes comme je pouvais mais mes yeux étaient tellement humides que je commençais à voir flou. Je fermais les yeux pour les laisser couler, tant pis s'il me voyait pleurer, ça ne sera pas la première fois. « C'est pas le moment de me parler de ça. » peut être plus tard, mais là j'étais pas prête. « Tu m'embrouilles le cerveau. » repris-je en essuyant moi m-même mes larmes en souriant faiblement. C'était peut être le décalage horaire qui me mettait dans un état pareil, je sais pas.

« C'est pas le moment de me parler de ça. » J’hochai lentement la tête. Elle avait raison, ce n’était pas le moment. Ni pour moi, ni pour elle. Et comme je l’avais pensé plus tôt, ce ne serait jamais le bon moment. « Tu m'embrouilles le cerveau. » Je croisai à nouveau son regard, totalement désolé et mal à l’aise. J’aurais vraiment dû fermer ma gueule. Et pourtant, j’avais encore cette envie de la tenir contre moi. Je n’aimais pas la voir pleurer et ce, même si elle esquissait un petit sourire se voulant rassurante. Je secouai lentement la tête. « J’aurais pas du te dire tout ça. J’suis qu’un connard égoïste. » Tellement, tellement égoïste.. Je fis un pas vers elle pour me rapprocher encore plus que je ne l’étais déjà et prit son visage à deux mains avant de poser une long baiser sur son front, mes lèvres s’attardant sur sa peau aussi longtemps que possible.

Ca m'emmerdait de pleurer sérieux, c'était tout le temps. J'en avais marre d'être la fille que j'étais moi aussi, mais pourtant il fallait bien vivre avec alors Marshall ne devait pas chercher à redevenir ce qu'il était. Cela faisait partie du passer, on ne pouvait pas refaire marche arrière. Il fallait qu'il pense à autre chose, c'était ce que je me tuais à essayer de lui faire comprendre. « Arrête de t'enfoncer, ça ne résoudra rien de s'apitoyer sur son sort. » il se rapprocha ensuite de moi et déposa un long baiser sur mon front. Je me laissais faire, je restais calme même si à l'intérieure j'explosais. Je fermais les yeux en me mordillant la lèvre inférieure. Je glissais ma main jusqu'à la sienne en entrelaçant mes doigts aux siens. Marshall me regarda et je restais silencieuse. C'était l'attirance qui parlait là. J'aimais pas faire les choses en cachette, je devais sans cesse mentir à moi-même. Je glissais mon autre main derrière sa nuque pour caresser le bout de ses cheveux. Mon regard se posa sur ses lèvres que j'hésitais à embrasser.

Voilà, c’était terminé. Maintenant j’allais foutre le camp et m’apitoyer sur mon sort une fois de plus. Parce que j’avais tout fait foiré. Parce que j’avais osé m’ouvrir et que c’était ni le bon moment ni la bonne personne pour le faire –du moins, je suppose. Maintenant, je lui offrais cette dernière marque d’affection et elle me disait d’un ton dur : « Arrête de t'enfoncer, ça ne résoudra rien de s'apitoyer sur son sort. » Elle avait raison. Alors je pourrais toujours me saouler dans mon coin et faire semblant que tout allait bien, comme toujours. Mais alors pourquoi est-ce qu’elle glissait sa main dans la mienne? Une décharge électrique parti de mes doigts jusqu’au reste de mon corps. Je plongeai mon regard dans le sien, ma main toujours posée sur son visage. Doucement, sa main libre remonta vers ma nuque et je me figeai alors que son regard balayait mes lèvres. Je fis de même, regardant les siennes, roses et douces. J’avais une envie folle de l’embrasser, mais je ne pouvais pas, ce serait stupide. Elle m’avait clairement fait comprendre que c’était trop tôt et qu’elle ne voulait plus rien savoir des Winthrops –donc de moi. Je serai un peu plus ses doigts entre les miens et glissai mon autre main par-dessus la sienne, hésitant à la retirer de là.

C'était souvent moi qui devais donner des conseils aux autres, fais pas ci fais pas ça. Mais maintenant c'était moi qui avait besoin qu'on me conseille. Je soupirais. Si je donnais encore ma confiance à un mec, je risquais d'être encore déçue. J'avais tellement peur. Puis d'accord Marshall avait une sale réputation, il m'avait fait du mal par le passé, mais je gardais quand même des bons souvenirs de lui. « Je ne sais pas quoi faire, je suis pas prête pour toi. Tu penses encore à Leyna, j'en suis sure. Mais tu me plais, je suis bien avec toi. Je veux pas que tu te moques de moi en allant voir des autres files, c'est vraiment ça qui me fait peur.  » je déglutissais. Jamais je n'avais été cocue et j'espérais pas l'être un jour.

Je déglutis doucement, mais difficilement, comme si j’essayais d’avaler alors que je n’avais aucune salive de disponible et que je venais de bouffer la moitié du sable sur cette plage. Mon regard ne quittait plus celui de Juliet que pour se poser sur ses lèvres que j’avais une envie folle d’embrasser, sans toutefois céder à la tentation. « Je ne sais pas quoi faire, je suis pas prête pour toi. Tu penses encore à Leyna, j'en suis sure. Mais tu me plais, je suis bien avec toi. Je veux pas que tu te moques de moi en allant voir des autres files, c'est vraiment ça qui me fait peur. » Voilà, c’était dit. Au moins, elle était enfin honnête avec elle-même… et avec moi. Alors pourquoi est-ce que ça me faisait cette impression? C’est moi qui l’avais poussé à faire ça et maintenant, j’avais la trouille. Elle était attiré par moi et avait peur que je la blesse en allant avec d’autre fille… c’était tout à fait compréhensible puisque c’était ce qui risquait très fortement d’arriver. Merde. Pourtant, si j’allais en voir d’autre, ce n’était certainement pas pour me moquer d’elle. Plutôt pour oublier à quel point j’avais peur. « Eh bien on a peur tous les deux.. » Je retirai lentement sa main qui trainait sur ma nuque, laissant retomber nos bras le long de nos corps alors que je tenais toujours ses doigts entre les miens de l’autre main. Je ne pouvais pas tout bonnement la lâcher, j’avais besoin de la toucher. « Je te mentirais si je disais que je ne pense plus à Leyna… mais je te mentirais aussi si je disais qu’elle a une place plus importante que toi dans mon esprit présentement. Vous êtes si différentes toutes les deux… » Je pris une pause, j’avais l’impression que mes paroles ne faisaient aucun sens. « Vous ne me touchez pas de la même manière… » Leyna c’était la réalisation de mes fantasmes, du bon sexe à toutes heures du jour et de l’amour inconditionnel. Juliet, c’était la tendresse et la possibilité d’être moi. Le vrai, moi. Non pas que Leyna risquait de s’enfuir face à ce mec-là. Au contraire. Personne ne pourrait fuir face à lui de toute façon. Mais plutôt que Juliet le faisait ressortir. Pas les autres….