Ahahah normal qu'il la faisait flipper... Le mec avait peut-être pas vraiment la carrure de Hulk... il en avait tout de même la tronche. Enfin, disons qu'il serait pas élu l'plus beau au bal quoi vous voyez. Après avoir bitché sur le barman, je supposai que la jeune femme pouvait potentiellement être intéressée par les crâne dégarni, et la tronche qu'elle fit.. me fit éclater de rire et interpella le barman. On était pas vraiment au top de la discrétion pour le coup, mais à la limite, on s'en fout non ? Je tendis l'oreille quand elle reprit la parole, m'indiquant qu'elle serait attirée par les vieux chauves le jour où j'aurais un oeil différemment sur les animaux m'voyez... Plissant les yeux et arborant mon air le plus mystérieux, haussant les sourcils, je répondis : Qui sait... ptête bien qu'je suis attiré par les chameaux pour de vrai... Me mordant les lèvres pour ne pas rire, puissant les yeux vers mon verre, je le reposai sur le bar. Tu sais quoi, on va faire un jeu. On s'pose des questions à tour de rôle, en buvant une gorgée à chaque fois qu'c'est à nous. Ca m'paraissait déjà plus intéressant qu'me saouler en observant le barman et en commentant ses cheveux. Puis au passage, j'en apprendrais peut-être davantage sur Roxanna... parce qu'au fond, j'savais ses quelques problèmes depuis décembre où on s'était rapprochés, mais avant ça, elle restait une inconnue à mes yeux.

J'voulais pas être méchante envers le barman, mais... Il était vieux. Puis yétait moche. Ouais, en fait, ça pouvait paraître méchant vu comme ça, mais c'était juste de l'honnêteté pure et dure, m'voyez ! Je pensais pas à mal quoi. Je dis donc à Andy que je serais attirée par ce genre de mecs le jour ou il se retrouverait zoophile, et c'est avec l'air le plus mystérieux du monde qu'il me fit donc remarquer : Qui sait... ptête bien qu'je suis attiré par les chameaux pour de vrai... J'éclatais de rire, essayant d'imaginer le vice président Eliot en train de rouler une pelle à un chameau... Même un film d'horreur n'égalerait pas ça. « Désolééé mais j'te crois pas ! On s'demande pourquoi ! » Je ris à nouveau en jouant avec mon verre sur le bar, voyant que de son côté le jeune homme reposait le sien, avant de me suggérer : Tu sais quoi, on va faire un jeu. On s'pose des questions à tour de rôle, en buvant  une gorgée à chaque fois qu'c'est à nous. Je pinçais les lèvres, baissant les yeux sur mon verre, puis je hochais la tête. « Okay dans ce cas j'ouvre la danse ! » Je buvais une rapide gorgée de mon verre avant de demander : « On va commencer soft : Si t'avais du étudier autre part qu'Harvard t'aurais choisi quelle université ? » C'était la première question qui me venait, j'serais peut-être plus inspirée après.

J'éclatai de rire à nouveau en entendant Roxanna me dire qu'elle ne me croyait pas, et haussai les épaules. Tant mieux ! Si tu m'avais cru, j'aurais eu de grosses questions à m'poser et une sacrée remise en question à faire, ajoutai-je dans un rire. C'clair qu'elle m'aurait fait flipper si elle avait cru que j'pouvais m'exciter devant un chameau, même si elle était bourrée. J'lui proposai alors un jeu, jetant un coup d'oeil au barman qui nous surveillait. Quand Roxanna serait applatie sur son comptoir, il arrêterait probablement de nous servir de lui-même. Parce que, si j'finissais bourré aussi, j'tais pas sûr de nous arrêter moi-même. Je restai un moment pensif à la question de Roxanna, penchant la tête et fixant le plafond avant de la regarder de nouveau. J'ai franchement hésité avec le MIT. Mais Harvard, c'est plus général et comme il m'fallait aussi du management pour les hôtels... Je hochai la tête. Le MIT était bien mieux qu'Harvard en matière d'astrophysique et d'astronomie, mais je n'avais malheureusement pas eu trop le choix. C'étaient qui tes parents ? demandai-je sans me douter le moins du monde que cette question était bancale, adressée à Roxanna.

Non, même bourrée j'arrivais pas à imaginer Andy en train d'se tripoter devant des photos de chameau sur son ordinateur. C'était contre nature. Il sembla rassuré de m'entendre dire que je le croyais pas. Seriously, comme si j'allais le faire, tiens, j'aurais du jouer le jeu histoire de le faire flipper un coup. Bref, nous attaquions donc notre question/réponse, et je menais la danse, demandant donc au jeune homme ou il aurait été s'il avait étudié ailleurs qu'Harvard. J'ai franchement hésité avec le MIT. Mais Harvard, c'est plus général et comme il m'fallait aussi du management pour les hôtels... Répondit-il finalement après un bref moment de réflexion. Je hochai la tête tout en l'écoutant, lèvres pincées. C'est vrai qu'avec ses problèmes de santé récents, ses études étaient un peu compromises en plus, heureusement qu'il avait le management pour les hôtels à Harvard. Il enchaîna alors, me demandant à son tour quelque chose : C'étaient qui tes parents ? Je me raidis d'un coup en l'entendant, puis haussais les épaules. L'un des effets de l'alcool : Ça délie les langues beaucoup plus facilement qu'en étant sobre. C'est vrai, je lui avait jamais parlé de mon passé, en fait, avant la période Keanu, bon, on va dire Jude, Andy ne savait strictement rien de ma vie. D'un air parfaitement naturel tout en jouant avec mon verre, je répondais donc : « Ma mère était à la tête de la San Francisco Ballet School, mais je l'ai jamais connue, elle est morte en me mettant au monde. Mon père, lui c'était juste un ivrogne qui me frappait dessus pour passer le temps et pour venger la mort de sa femme. » Parfaitement inconsciente de la lourdeur de mes paroles, j'ajoutais : « Aw, mais avant ça il bossait pour mon grand père, qui est à la tête de Tavistock Group, une grosse boite anglaise. » Et finalement, portant mon verre à mes lèvres, je demandais à Andy : « Tiens d'ailleurs, l'Angleterre ça te manque pas ? »

C'vrai. A cause de mes problèmes cardiaques, j'pourrais pas réaliser. Je pourrais pas aller dans l'espace et j'pouvais juste... pas accepter de passer ma vie à étudier les étoiles en gardant les deux pieds sur terre. J'allais décrocher mon master cette année, et je n'irais pas jusqu'au doctorat. A défaut de pouvoir réaliser mon rêve, il valait mieux que je perpétue celui de ma mère et une réorientation me semblait de fait plus appropriée pour le mois de septembre, même si j'n'en avais encore parlé à personne. Je bus finalement une gorgée de mon verre après avoir posé ma question à Roxanna, qui sembla dans un premier temps la mettre mal à l'aise mais ça ne dura heureusement pas. Elle m'avoua alors qu'elle n'avait pas connu sa mère, que son père la battait... J'étais ptêtre un peu joyeux, j'avais chaud et j'avais bien commencé à boire, mais j'étais encore parfaitement conscient et en mesure de comprendre la gravité de ce qu'elle me racontait. Une enfant battue. Sacrément mouvementé tout ça, dis-je pour tenter de détendre un peu l'atmosphère et nous empêcher de tirer des gueules d'enterrement. J'eus un sourire à sa question, haussant les épaules. Si, énormément. J'aime bien les Etats-Unis, mais mes racines sont pas ici et je pense que je ne m'y sentirais jamais chez moi. J'retourne régulièrement à Londres, souvent quand j'suis dans des mauvaises périodes, ça m'détend et c'est un bon moyen pour se retrouver un peu seul avec soi-même, loin du bordel Harvardien. Et dieu seul savait c'que ça pouvait servir. Je repris mon verre et bus une nouvelle gorgée, avant de m'allonger à moitié sur le bar, posant ma joue sur mes bras et regardant la jeune femme. C'est quoi ton rêve ?

J'avais surement dans mon sang le double d'alcool que ce qu'Andy avait actuellement, sûrement pour ça par ailleurs que je restais indifférente tout en lui expliquant que j'avais été une enfant battue qui n'avait jamais connu sa mère. En temps normal, je ne sais même pas si je lui aurait dit. Sans doutes, vu que ces temps ci je me confiais de plus en plus à l'Eliot. Sacrément mouvementé tout ça, me répondit-il d'ailleurs, visiblement troublé par ce que je venais de dire. « Ouais, on s'ennuie pas dans ces cas là, puis ça va j'avais ma grand mère maternelle pour s'occuper de moi. Enfin, un temps. » Le soucis avec les grands mères, c'est que c'est pas éternel, puis c'est pas les plus fortes pour protéger une petite fille d'un quadra ivre. Changement de sujet, je lui demandais donc si l'Angleterre lui manquais pas depuis qu'il était à Cambridge. Si, énormément. J'aime bien les Etats-Unis, mais mes racines sont pas ici et je pense que je ne m'y sentirais jamais chez moi. J'retourne régulièrement à Londres, souvent quand j'suis dans des mauvaises périodes, ça m'détend et c'est un bon moyen pour se retrouver un peu seul avec soi-même, loin du bordel Harvardien. Je hochais la tête en le regardant. « Je comprends. » Tout comme quand j'avais voulu me cacher du monde après mon agression y a deux ans, j'avais fini dans mon premier studio de danse en Arizona. Rien de mieux qu'un retour aux sources. C'est quoi ton rêve ? Me demanda enfin l'anglais en appuyant sa joue contre ses bras, sur le bar. Je passais une main derrière ma nuque, pensive. « Devenir une aussi bonne danseuse que l'était ma mère, réussir ma vie comme elle l'avait fait. » Elle était une sublime danseuse, le prodige à la tête d'une immense école de danse avec ma grand mère. Certains fuyaient leur héritage, moi je vivais pour. « Y a un coin du monde que t'as jamais vu et que t'aimerais voir ? » "Que t'as jamais vu", parce que bon, quand on est Eliot, on voyage énormément, j'le savais bien.

Tu m'étonnes qu'on s'ennuie pas quand notre père est un ivrogne et passe son temps à nous filer des coups d'pied et des baffe. J'l'enviais pas, j'avais pourtant pas du tout une vie familiale simple moi non plus, j'en avais vu des belles et des pas mûres, mais j'm'étais au moins jamais fait battre et j'pense que y a difficilement pire pour une éducation, quand t'es encore gamin, que de se faire taper dessus par ses parents. De façon abusive, s'entend, parce que j'faisais bien sûr pas parti de ces gens qui considère qu'une gifle à son gosse qui se comporte mal, c'est pas bien. Des gifles je m'en étais pris, et jusqu'à preuve du contraire, j'me portais très bien et j'aimais toujours mes parents. Du moins ma mère, mon père, c't'une autre histoire qu'a rien à voir. Roxanna dévia l'sujet en demandant si l'Angleterre me manquait, j'y répondis et lui demandai quel était son rêve, m'affalant à moitié sur le bar. C'tait pratique comme position, ma tête me paraissait moins lourde, quoique ce n'était pas l'idéal pour ma nuque. Ça va t'as l'air franchement bien partie, tu danses bien mieux que la plupart des gens que j'connais, pour ce que j'en ai vu en tout cas. J'ignorais qu'elle souhaitait vraiment que la danse soit son avenir... au final, j'ignorais beaucoup de choses sur Roxanna. Mmh... Je réfléchis un moment, avant de secouer négativement la tête. Non aucun. Y a bien des pays que je n'ai pas visité, mais globalement, je crois que tous ceux qui me plaisent, j'y suis déjà allé. Me redressant, non sans un peu de difficulté mine de rien, je réfléchis un moment à ma question. C'est quoi le truc le plus débile que t'ais fait ? demandai-je avec un rire, avant de terminer mon verre cul sec. On a tous fait des trucs absurdes dans nos vies et j'étais bien curieux de c'que Roxanna avait pu faire.

La danse, c'était le seul truc qui me rapprochait des deux femmes de ma vie, à savoir ma grand mère, et ma mère, même si je n'avais jamais connu cette dernière. Après tout, à l'origine, je portais son prénom, Alice, même si depuis bien longtemps je demandais à ce qu'on m'appelle par mon second prénom, Roxanna. Alors ouais, si j'avais bien un rêve, c'était celui de percer dans ce domaine, même si j'étais bien partie, en tant que meilleure danseuse de ma promo. Ça va t'as l'air franchement bien partie, tu danses bien mieux que la plupart des gens que j'connais, pour ce que j'en ai vu en tout cas. J'esquissais un sourire en entendant le commentaire d'Andy. Ce genre de choses je l'entendais souvent, mais venant d'un proche ça fait toujours plaisir. « Merci c'est gentil. » Répondis-je finalement avant d'enchaîner sur une question à propos des pays qu'il voudrait encore voir, s'il y en avait. Mmh... Non aucun. Y a bien des pays que je n'ai pas visité, mais globalement, je crois que tous ceux qui me plaisent, j'y suis déjà allé. Répondit Andy en secouant la tête, avant de se redresser - et ce non sans mal - tandis que moi plus le temps passait et plus je m'affalais sur le bar. C'est quoi le truc le plus débile que t'ais fait ? Allez, question suivante. Je fronçais les sourcils, pensive. « Des trucs débiles j'en ai fait des tas, mais pas des trucs marrants. » Le premier truc con auquel je pensais était pas drôle, puisque c'était quand j'avais avalé un cocktail de médocs et que je m'étais offert les sublimes cicatrices que j'ai sur les poignets, à l'âge de 15 ans. Je tapotais des doigts sur la table avant de me redresser avec une illumination. « Ah si ! Un jour pendant une compet de danse, une nana m'a snobée et rabaissé, alors j'ai remplacé son shampooing avec du dentifrice. C'était très beau à voir! » Et j'en suis vraaaiment fière. J'attrapais le reste de mon verre que je terminais cul sec tout en demandant : « Admettons que Coraleen vienne à Harvard dans 18 ans, et elle est Mather. Tu fais quoi ? »

Pas des trucs marrants ? J'fis la moue à cette idée-là, c'était principalement ce que je recherchais après tout. Si j'voulais qu'on déprime, bah... bah j'aurais qu'à parler d'mes problèmes de santé, de ceux d'Aaron, des gens qu'on aimait qu'étaient morts, du nombre de malheurs qui nous étaient tombés sur le coin d'la gueule en somme et dieu seul savait à quel point la liste était longue. Je fis tourner mon verre sur lui-même, hochant la tête. Mais finalement, Roxanna trouva un truc à raconter et je ne pus m'empêcher d'éclater d'rire à ce qu'elle me raconta. Sérieuuux ? Ark, ça devait être tellement dégueulasse, hyper visqueux dans l'genre et... tellement, tellement chiant à laver. Elle avait les cheveux longs j'suppose ? C'est pas drôle sinon, rajoutai-je en riant de plus belle puis à sa question, je grimaçai. Je pense que je la séquestre et je lui fais un lavage de cerveau jusqu'à c'qu'elle ressorte du placard en répétant en boucle "les mathers sont des loosers... les mathers sont des loosers... les mathers sont des loosers...", répondis-je en riant de nouveau. Non vraiment... j'savais pas. J'm'énerverais, à coup sûr, cela dit. Est-ce que... Est-ce qu'au plus profond d'toi, c'est vraiment fini avec Jude ? Ou est-ce qu'il t'arrive d'être nostalgique, de regretter ? demandai-je en rebuvant une gorgée d'mon verre, puis jetant un coup d'oeil à mon téléphone, je sifflai. Vu l'heure j'pense qu'il va pas tarder à nous mettre dehors le barman.

PBaaah, hors de question de se morfondre sur nos innombrables problèmes personnels ce soir, c'est pour ça que j'avais retourné mon cerveau face à la question d'Andy, histoire de lui dégoter ma meilleure anecdote en matières de conneries que j'ai pu faire depuis ma naissance. Parce que si j'avais fait beaucoup d'erreur, j'avais aussi fait quelques coups de pute... Mais celui ci, c'était définitivement celui dont j'étais le plus fière. L'air dégoûté d'Andy fit d'ailleurs redoubler mes rires. « Baaah oui qu'elle avait les cheveux longs, le lendemain j'en trouvais encore dans certaines longueurs, j'crois que le pire c'est quand d'autres nanas lui ont demandé si elle avait fait une couleur ou un soin chelou qui aurait mal tourné, j'en pouvais plus ! » Changement de sujet par la suite, je demandais alors sa réaction si, plus tard, il retrouvait sa fille chez les Mathers. Et sa réponse m'assassina sur place, j'imaginais tellement Andy séquestrer sa fille pour la convaincre que les Mathers sont le mal incarné. « Si ça arrive un jour, comptes sur moi pour te rappeler ces paroles. » J'esquissais un sourire malin, et restais assez bouche bée devant la nouvelle question d'Andy. Je baissais les yeux sur mon verre, l'air pensive. « C'est terminé... J'suis pas nostalgique, même si les moments qu'on a vécu ensemble j'les oublierais jamais. Il m'a fait comprendre c'que c'est d'aimer, et puis... Il m'a apporté deux ptites merveilles, Aylin et Aaron... Mais c'est fini. » Sinon j'me ferais pas autant d'mal à propos de Demyan. Andy fit remarquer d'un sifflement que vu l'heure on allait pas tarder à se faire virer, et après un bref coup d'oeil vers ledit barman, je rattrapais mon verre. « Ouaaais t'as pas tort... Allez une dernière ! » Je terminais d'un coup mon verre, et, le plus sérieusement du monde, je demandais à Andy: « Est-ce que t'es heureux avec Briony ? » Non, ce n'était pas une critique comme on pourrait le penser vu que son ex femme est ma meilleure amie. Nan... j'voulais surtout savoir si mon ami était satisfait de son choix, si Briony lui apportait ce qu'il cherchait. Si elle le faisait sourire de la même façon qu'Apple a pu le faire.