i won't stop 'til i get where you are@Anastasia Miller — 13.04.2024
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— Évidemment que je voulais arranger les choses. Mais sûrement que je voulais tout arranger, quand ce n'était pas forcément de mon ressort. La preuve, j'allais la braquer à force d'insister. Seulement, je n'avais aucune idée de comment faire. Comme avec Brin finalement, c'était compliqué. Sauf qu'on parlait de ma copine et... je sais pas si je réussirai à vivre avec elle qui pourrait être défoncée à chaque fois qu'on se voit. Même si, techniquement, on se verra de plus en plus rarement dans les mois à venir. « laisse moi te poser une simple question alors » que je finissais par demander, la voix posée. Je cherchais quelques instants mes mots, ne voulant pas l'agacer plus qu'elle ne l'était déjà. « c'est quoi mon rôle dans tout ça ? tu attends quoi de moi ? » Parce que clairement, je pouvais pas rester comme ça, sans rien faire, à dire amen à cette consommation de substances illicites qui lui flinguaient sa santé. Impossible. Alors ouais, autant faire par étapes. Mon rôle à ses yeux et on avancera peut-être un peu plus.

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— soulagée d'avoir vidé ton sac, de lui avoir parler à coeur ouvert de ton ressenti actuel. tu gérais la situation mais il fallait qu'il sache à quel point les choses pourraient déraper rapidement. qu'il se rende compte de ce que l'état de manque produisait comme effet. il ne t'avais pas connu lors de ta première prise de codéine. ce n'était que des bribes rapportées, les moins glaçantes, que tu avais bien voulu lui partager. sa réaction n'était pas disproportionnée, elle était saine et rassurante. ton poing se desserait et tu sentais tout de suite une légère douleur dû aux ongles plantés dans la paume de ta main. tu posais de nouveau ton regard sur lui, intriguée par la question qui allait s'en suivre. — que tu sois là.. sans jugement? ton regard s'adoucissait, prise par la peur panique qu'il refuse.

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— Malgré la conversation, l'écoute et l'envie d'avancer ensemble, la peur d'une fin terrible ne cessait de me tirailler l'esprit. Peur de la perdre, de nous perdre. Peur qu'elle préfère prendre ses distances et que ça finisse par nous faire plus de mal qu'autre chose. Mais en même temps, je l'ai envisagé aussi, aidé par ce stage à plusieurs dizaines de kilomètres de Boston. Ne pas être avec elle tous les jours, c'était compliqué. Et possiblement que pour elle aussi. Alors faire une pause... je l'avais envisagé. Mais jamais ça faisait partie des solutions pour notre histoire. « j'suis pas dans le jugement... j'ai peur » C'était une toute autre histoire. Mais peu importe. « imagine le cas inverse. t'es sobre et moi, j'peux pas survivre à une journée sans mes cinq cachetons salvateurs ? tu réagirais comment ? me dis pas rien parce que je me souviens encore de comment t'as flippé quand j'étais moi aussi sous codéine » La douleur dans le bras me revenait et instinctivement, je venais poser ma main dessus.

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— mécontentement largement perceptible sur ton visage. le regard se noircit et tu fronces les sourcils. — parce que je savais à quel point ça pouvait être dangereux de tomber dedans donovan ! le ton haussé, piqué par la comparaison foireuse que brinley avait elle aussi tenté de faire. — je voulais justement pas que tu sois un putain d'addict comme moi ! tu ne cries pas mais tu n'as plus la même énergie que précédemment. — j'aurais du rien te dire et te laisser plonger ? au moins, t'aurais compris ce que c'est sans penser que je peux arrêter en un claquement de doigt ! de nerf, tu retires ta main de la sienne et te lèves pour marcher quelques mètres. les cent pas de gauche à droite, devant le banc, comme un animal en cage. les mains dans tes cheveux, prête à hurler sur le monde entier. prête à t'effondrer de douleur, de peur, de colère, bien trop d'émotions qui te submergent. tu respires profondément et fini par te resaisir et revenir vers lui. — ok, c'est quoi ta proposition là ? si je t'écoute, j'suis censée faire quoi ?! bras croisés sur la poitrine, en attente de sa solution miracle, espérant presque qu'il en ait une révolutionnaire qui te sorte de cet engrenage.

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— Je soupirais, captant qu'elle n'avait pris que la fin de mes mots et non le début. Si les rôles étaient inversés, en ayant mes connaissances de l'addiction, elle ferait quand même tout pour me sortir de là. Mais je me doute que c'était le manque qui parlait plus qu'autre chose là. Comme elle disait, elle serait agacée par la moindre de mes paroles et... on y était. A mon plus grand regret. Je la regardais s'agiter, marcher, faire les cent pas, s'énerver un peu plus avant de finalement se calmer et revenir vers moi. « donne ta main » Parce que non, j'étais contre les bras croisés. Contre le fait qu'on se referme, qu'on se repousse et que la situation soit pire qu'avant. « j'ai pas de solution... j'ai juste peur. tu le comprends au moins que ma peur est légitime ? » Parce que merde, c'est pas comme si c'était n'importe qui qui se prenait des cachetons à longueur de journée, c'est ma copine. Celle que j'aimais plus que tout. « qu'est-ce qui t'a fait tomber amoureuse de moi ? » demandais-je doucement, cherchant alors à puiser dans la nostalgie des premiers jours.

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— c'était volontaire de ta part de zapper la moitié de ce qu'il t'avais dit, pour ne garder seulement ce qui t'arrangeait bien. tu explosais en vol, te levant d'un bond pour aller faire des allers-retours à quelques mètres du banc, le temps de canaliser cette onde négative qui s'était répandue en toi. encore une fois, tu aurais pu prendre tes jambes à ton cou, préférer partir et le laisser en plan, fuir les problèmes et la réalité, mais non, tu reviens vers lui après avoir soufflé un bon coup. tu t'exécutes, tends tes mains pour qu'il les saisissent, le regard se posant sur vos mains entremêlées avant qu'il ne se remette à parler. tes yeux brillaient de tristesse à cet instant. parce que tu sentais à quel point tu réussissais à le briser avec tes propres erreurs, tes comportements toxiques et repoussants. tu hochais la tête. tu n'avais rien à dire et à part acquiescer, qu'aurais-tu pu ajouter? un oui de la tête était suffisant. à sa place, tu serais sûrement dans le même état, voire pire. tes mains serraient les siennes. — il n'y a pas qu'une chose répondais-tu à voix basse. non, il y avait un tas de choses qui t'avais fait t'accrocher à lui, jusqu'à réaliser les sentiments que tu lui portais. subtilement et avec le temps, ils avaient grandi et s'étaient installés à ton insu et tu étais tombée amoureuse de lui sans même t'en rendre compte. — pour la manière dont tu me regardes, pour la manière que t'as de me charmer avec des crêpes ou parce que quand tu dors t'es beaucoup trop.. tu souriais, ton regard s'éclairait un peu — mignon.. tu soupirais. des exemples parmis tant d'autres. tu étais tombée amoureuse de lui pour la personne géniale qu'il était avec toi. la personne qui avait su capter ton attention et te donner de l'attention. — pourquoi tu me demandes ça? questionnais-tu car tu n'arrivais pas à voir le lien qu'il faisait ses mots précédents.

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— Pour certains, l'amour c'était simple. Limpide, clair comme de l'eau de roche. Les choses étaient faciles et les disputes avaient peu de conséquences. Puis pour d'autres... c'était plus compliqué. On a vécu plusieurs mois sans réelle ombre au tableau, avant que ça ne finisse par nous rattraper. Et nous voilà aujourd'hui, à la limite de la rupture quand on regarde les faits. Rien que d'y penser, mon cœur se tordait. Je voulais pas la perdre, encore moins de cette façon. Seulement, c'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Il était sien et de toute évidence, mon avis importait peu. Je récupérais donc ses mains, tentant une nouvelle approche. Déjà, la calmer. Ce qui semblait marcher puisqu'elle était sur le banc, de nouveau avec moi. Son regard sur moi pouvait me faire vaciller de milles et une façon. Je me contentais cependant de rester fixé sur ce que j'avais en tête. « t'es la femme de ma vie... et je pourrais passer des heures et des heures à te dire pourquoi toi et pas une autre... » Serrant un peu plus les mains, je capturais son regard du mien. « j'veux pas que tu l'oublies... parce que je peux être chiant, relou, désagréable même... j'peux être buté, têtu, incorrigible aussi » Puis le visage se baisse, regardant ces deux paires de mains liées. « j'vais t'épauler, te soutenir... et être là quand tu voudras arrêter tout ça. je valide pas ana... j'valide vraiment pas. mais je sais aussi que tu réussiras à t'en sortir que quand t'auras véritablement envie de t'en sortir. et possiblement que tant que je suis "contre" toi, ça sera pas le cas... peut-être que j'vais être maladroit, peut-être que je vais pas dire les bons mots au bon moment... mais oublie pas que tu m'aimes... oublie pas que je t'aime, et on s'en sortira »

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— la pression redescendue, tu réussissais à revenir te poser à ses côtés. ses mains serraient les tiennes et canalisaient ton mal être débordant. présence réconfortante, sécurisante. tu ne te sentais plus trembler et c'était agréable d'oublier quelques minutes, le temps de l'écouter, que tu avais cette envie irrémédiable de consommer. chacun de ses mots venaient colmater la douleur, panser les petites plaies ouvertes, réparer tes maux, comme souvent. les larmes de retour, remplissaient tes yeux bruns et coulaient sur tes joues refroidies par le vent qui fouettait ta peau. — merci laissais-tu passer entre tes lèvres serrées. tes mains lâchaient les siennes pour pouvoir l'entourer de tes bras, se blottir contre lui et le serrer de toutes tes forces. le visage blotti sur son torse, les larmes qui imbibaient son haut. — c'est bête mais je suis soulagée.. tu inspirais puis expirais longuement, — soulagée que tu ne veuilles pas me contraindre à faire ce que tu veux. la contrainte te faisait fuir, les ordres aussi. réminiscence de traumatismes ancrés.

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— Dans le fond, peu importe l'origine de notre crise. C'était sa santé le plus important. A mes yeux en tout cas. C'était sa santé, son bien-être. Et elle n'allait de toute évidence pas bien pour replonger aussi rapidement dans la drogue. Seulement, avec l'état de ses poumons, de ses reins, je flippais. C'était viscéral, me retournant presque l'estomac. Donc oui, je la prévenais, je pouvais être maladroit, peut-être même insistant parfois, mais le fait est que je voulais être là pour elle, l'accompagner dans sa démarche quand elle déciderait d'arrêter. J'espérais simplement que ce ne soit pas dans trop longtemps. L'accoutumance est sûrement la deuxième chose qui me fait le plus peur dans tout ça. Finalement, ses bras venaient s'enrouler autour de moi, dans une étreinte salvatrice. La sentir contre moi faisait renaître les battements de mon cœur, mis en mode automatique depuis près de deux semaines maintenant. « je sais que tu fonctionnes pas comme ça... » soufflais-je, le nez plongé dans son cou, l'odeur parfumant mes narines. « j'veux juste que t'ailles bien... que t'ailles mieux » Et peut-être que ça serait plus le cas avec moi à ses côtés. Un baiser sur sa peau, avant de remonter doucement à ses lèvres. Doux échange amoureux, pour sceller ce pacte fait entre nous. « j'suis désolé.. encore »

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— lovée contre lui, les ennuis disparaissent mais pas le manque. les yeux clos, tu redoubles d'effort pour te centrer sur les battements de son coeur, sur sa voix qui te berce de mots doux. mais tu as l'impression qu'il n'y a rien à faire pour faire réduire cette sensation désagréable qui embrouille ton esprit. ses lèvres retrouvées viennent tout de même apaiser cette angoisse montante alors tu profites de cet instant de répit avant de précautionneusement, aborder un terrain glissant: le début de vos ennuis. — fais plus ça.. souffles-tu — s'il te plait. te faire patienter et stresser, ce n'était pas le bon plan. une faille sombre qui t'as emmené dans une spirale infernale d'insécurité bien trop énorme pour être contrôlée. — je sais pas ce qu'il s'est passé mais.. c'est comme si j'étais seule au milieu de l'océan.. et je me suis noyée parce qu'incapable de nager.. tu vois? ce n'était pas sa faute à proprement parlé et tu lui avais répété plusieurs fois, mais sans le vouloir, il était venu tout chambouler. tu te redresses, lâche son étreinte et le regarde droit dans les yeux. — à l'avenir si t'as un truc à dire, dis le directement.. que ce soit grave ou pas. ou alors me dit rien et attends le bon moment, ok ? tu n'as pas envie de déclencher de nouveau en toi, cette vague que tu t'es pris de plein fouet et sans la voir venir.