i won't stop 'til i get where you are@Anastasia Miller — 13.04.2024
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— J'étais crevé. Des poches sous les yeux, l'envie de rester dans mon lit encore des heures se faisait ressentir. Mais il m'était impossible de repousser ce moment. J'aurais voulu le faire avant, mais c'était pas tellement réalisable dans les faits. Et la soirée d'hier n'a fait que rajouter une couche. Même si j'suis fier de mon pote et de ce qu'il a pu accomplir, il n'empêche que mon sommeil en avait pris un coup. Après un jogging d'une heure dans un parc de Cambridge, j'étais rentré. Douche, révision, appel avec la matriarche Joyner qui a bien vu qu'un truc n'allait pas. J'aurais aimé lui dire, sûrement qu'elle m'aurait donné des conseils, comme elle savait si bien le faire. Mais je ne voulais pas l'inquiéter d'avantage. Je me contentais de lui dire que je lui en parlerai quand je serai prêt, un sourire se voulant réconfortant en guise de merci. Le plus dur était à venir. Je me préparais - après une séance câlins de trente minutes avec Weasley - et j'étais parti pour aller la rejoindre, Ana. Carson Beach, sous un soleil qui se voulait timide, vedette volée par le vent frais qui passait encore par là. Je me garais sur le parking, encore bien vide à cette période, et j'attendais qu'elle débarque à son tour. Une semaine qu'on s'était pas vus... J'espérais quand même que la situation allait s'arranger.

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— la nuit passée avait été agitée. tu avais sûrement mal dormi, l'appréhension de la journée à venir à son apogée. tu n'avais pas pu empêcher l'envie, plus forte que la raison, et avait pris un cachet de codéine au réveil. les effets ayant le temps de s'estomper d'ici à la fin de la journée, tu n'avais pas vraiment de crainte sur ton état, seulement sur l'effet de manque. tu n'avais pas fait grand chose de cette journée, préférant procrastiner et te reposer de ta semaine. l'heure venue, tu t'étais préparée et tu avais rejoins le point de rendez-vous. un peu en retard, tu voyais la voiture de donovan déjà garée. une grande inspiration pour te donner du courage à traverser la rue et affronter un moment sûrement peu agréable. tu ressentais déjà le manque de stupéfiant et ça te paraissait dés lors insupportable. arrivée à sa hauteur, tu te postais bêtement devant sa portière, lui faisant simplement un petit geste de la main derrière la vitre.

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— Évidemment que je me sentais stressé. Sûrement même que les passants qui regardaient dans ma voiture, voyaient les deux pouces tapoter le volant, attendant qu'elle arrive. Patiemment, impatiemment? J'en savais trop rien. C'était tellement flou entre nous depuis quasi deux semaines que j'avais cette impression de n'être qu'un étranger pour elle maintenant. Est-ce qu'elle voulait réellement faire une pause ? Tout stopper ? Je sais que j'étais pas non plus facile tout le temps. Elle non plus ne l'était pas. Jusqu'ici, on avait su gérer comme il fallait. Mais le fait qu'elle soit retombée dans la codéine. J'flippais. Peur de la perdre, peur qu'elle change du tout au tout, que je ne lui convienne plus. Que je sois trop chiant avec mon envie qu'elle décroche. Ouais, la période était compliquée et... Et je n'avais plus besoin de réfléchir à tout ça parce qu'elle était là. De l'autre côté de la portière de ma voiture. Un sourire, un soupir discret et je sortais avant de claquer la portière et verrouiller l'auto. « hey... » Glissant mes mains dans mes poches, y laissant tomber dedans mes clés, je l'invitais à me suivre sur le sable encore frais. « comment tu te sens ? » que je demandais, marchant lentement vers un objectif non fixé.

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— quelques mètres seulement te séparaient de lui. tu hésitais quelques secondes et te lançait enfin, prenant ton courage à deux mains, prête à affronter le bordel que tu avais foutu. encore une fois. tu te sentais minable de faire foirer la moindre chose sur ton passage. les séquelles trop lourdes de ta relation passée venait encore agitées ton présent. tu te sentais guérit pourtant, mieux dans tes baskets, mais il avait fallu qu'une insécurité vienne briser tout ce que tu avais construit. donovan sortait de sa voiture, te saluant à peine. il semblait plus fermé qu'autre chose avec ses mains enfouies dans les poches de sa veste. puissant sentiment de rejet qui t'envahissait. ta gorge se nouait immédiatement et tu peinais à le suivre. durant une poignée de secondes, ton coeur s'affolait et tu si t'étais écouté, tu serais partie en courant. tu prenais finalement sur toi et le suivait, sans savoir vers où il se dirigeait. tu ne savais pas comment répondre à sa question, si tu devais jouer la carte de l'honnêteté ou si tu devais garder la face, juste au moins un instant. tu soupirais, réfléchissant à une réponse qui pourrait être convenable. — mal. tu ne t'efforçais pas à cacher quoi que ce soit de la vérité. tu aurais pensé qu'il ferait un pas vers toi au moins, qu'il t'enlace ou qu'il te fasse même une bise. mais rien de tout ça. et c'était violent pour toi de te prendre cette réalité de plein fouet. — et toi? murmurais-tu en regardant tes pieds.

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— Ne pas savoir réagir avec sa propre copine, c'était difficile à digérer. Mais c'était un fait. Elle était là, face à moi, et je savais pas si je devais l'enlacer, l'embrasser, lui tenir la main... Alors je n'en faisais rien. Peut-être tout à l'heure, si on arrivait à apaiser les choses entre nous. En attendant, on marchait. Vers où ? Je sais pas. J'voulais juste ne pas rester planté là, à sentir le vent tenter de me déshabiller d'une façon ou d'une autre. Je finissais par retirer mes mains de mes poches, trouvant que c'était sûrement pas le moment d'être si “fermé”. Puis s'en suivait la question fatidique de "comment ça va" et la réponse était pas si étonnante. « pas beaucoup mieux » Mais quand même, toujours mieux qu'elle je pense. Fallait juste espérer que ce face à face allait faire un peu de bien, et qu'on saurait se retrouver par la suite. Ne plus agir comme deux étrangers, c'était sûrement ce que je voulais le plus.

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— sa réponse était aussi évidente que la tienne. les yeux s'emplissaient de larmes que tu laisses s'écouler le long de tes joues et s'échouer les unes après les autres. tu n'étais plus à une fois près lorsqu'il s'agissait de pleurer devant lui, tellement c'était arrivé. qu'il s'agisse de colère, de tristesse ou de joie, tu es le genre de personne à avoir les larmes faciles. plusieurs mètres à marcher sans qu'une parole ne soit prononcée. ni lui ni toi ne savait visiblement quoi dire. paradoxal lorsqu'on sait que vous vous étiez donné rendez-vous pour parler, mais briser la glace n'était pas si facile que ça. — on s'assoit? disais-tu faiblement alors que tu avais eu le temps de sécher tes larmes. un banc à proximité, c'était l'occasion à saisir. — on est censé se dire quoi.. ? balbutiais-tu en t'essayant enfin face à la mer et au soleil qui se couchait derrière la flopée de nuages.

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— C'était bizarre. C'était... pas nous. Deux personnes qui s'aiment ne doivent pas réagir de cette façon. Et pourtant, on en était là, elle et moi. À agir comme deux inconnus, gênés de se retrouver ensemble, ne sachant pas quoi se dire. Pendant plusieurs longues minutes, nos pas foulaient le sable durcit par le froid, sans qu'aucun mot de vienne rompre le silence. Seul le bruit du vent, des vagues, se faisaient entendre. Je hochais la tête à ses mots et m'installais avec elle, sans espace entre nous, sur le banc indiqué. « j'vais commencer... » avouais-je, trouvant enfin le courage de vouloir lui parler, lui confier ce que je ressens. « je t'aime... et j'veux pas que t'en doutes. et t'es... possiblement la deuxième personne la plus importante de ma vie » J'attrapais sa main, tentant le premier contact depuis des jours maintenant. « j'ai pas assuré... puis j'me suis braqué. ça s'est empiré et... on a atteint un point... j'sais même pas comment on peut revenir en arrière » La consommation de drogues, le fait qu'elle est pas prête à arrêter maintenant, mettant en péril sa propre santé. J'avais du mal à accepter tout ça. « j'ai peur... peur de te perdre. peur d'avoir un appel qui me dit que... » Impossible de finir ma phrase, je baisse la tête, soupirant.

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— tu t'asseyais sur le banc en pierre, refroidi par la température peu élevée à cette heure ci. tu te lançais, maladroitement, pour tenter de lancer la conversation. tu ne savais pas vraiment quoi dire, ce qu'il fallait aborder ou non, tu lui lançais plutôt une perche et il la saisissait. tu l'écoutais avec attention et lorsqu'il prit ta main, ton regard se fixa sur celles-ci. entrelacées. le premier contact depuis la semaine passée. ton coeur battait à la chamade et tes mains tremblaient légèrement, mélange entre le froid et le manque. — j'ai jamais vraiment doutée du fait que tu m'aimes tu sais.. ta voix était faible. tu n'avais pas l'envie ni la force de parler sur un autre ton. tu soupirais, blasée de ses mots. — recommence pas sur ce terrain là.. tu étais consciente de cette possibilité. tu savais que la codéine te bouffait très certainement à petit feu mais la réalité était autre. l'addiction, plus forte que tout, rendait ta consommation impulsive. tout était dénué de sens lorsqu'il s'agissait de sombrer pour avaler un nouveau cachet. tout était bien plus agréable quand la molécule faisait effet. mais là tu étais sobre et tu te rendais bien compte qu'il avait raison et qu'aucun argument que tu donnerais ne serait viable. — le problème était pas là avant que tu le saches.. c'était beaucoup plus simple de retourner sur un sujet sur lequel tu étais plus à l'aise.

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— J'déballais ce que j'avais à dire, parce que mine de rien, j'en avais un peu trop sur le cœur. Mon amour pour elle était... incalculable. Il était partout, tout le temps, et ne faisait que expandre comme l'univers. Mais c'était pas forcément facile tout le temps, surtout quand les obstacles se mettaient sur notre chemin. Alors je tentais de prendre sur moi, je faisais en sorte de rester objectif quant à la situation. « je sais mais je veux le repréciser » Parce que je ne me lasserai sûrement jamais de lui dire que je l'aime. Un soupir avant de la regarder. J'avais pas le choix que d'aller sur ce terrain là. Sûrement parce qu'il était miné dans tous les coins et que ça pouvait exploser à tout moment. Et une explosion d'une telle envergure, elle était forcément fatale. « il était pas là, mais il s'est rajouté sur la pile. et il est plus important que tout le reste à mes yeux, si tu veux tout savoir » Serrant un peu plus ma main dans la sienne, je finissais par chercher son regard. « j'vois un futur avec toi, ana. il est... pas parfait mais il est là et on sera ensemble... j'le veux ce futur avec toi, faire des projets sur la comète et imaginer à quoi notre vie ressemblera dans dix ans »

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— tête qui dodeline doucement de haut en bas. tu sais qu'il t'aime, tu n'en a jamais douté et tu ne douteras sûrement jamais de ça, sauf peut être dans des moments de faiblesse et d'insécurité. un de ces moments qui t'as conduit à remettre tout en question il y a quelques jours de cela. tout a été chamboulé, sans que tu ne le vois arriver. — d'accord réponds-tu froidement. tu te braques littéralement, préférant ne pas donner suite à cet échange. il pourra te déclarer sa flamme des milliers de fois que la situation ne changerait pas. il y a quelques choses en toi qui bloque, quelque chose de si profond que tu ne peux expliquer. ta main se serre sur elle même, dans la sienne. — c'est pas si simple. arrêter. combattre ses démons, les affronter, résister à l'appel de la prise de substance, c'est loin d'être aussi facile qu'il semble le penser. — tu vois là, je suis en manque depuis quelques heures et ça commence à être difficilement gérable, ta main libre à plat devant vous tremble, — un des symptômes, tu repositionnes ta main sous ta cuisse, — et je commence à être agacée, irritée et tout ce que tu vas me dire va être pris... puissance dix mille.. tu soupires, marque une pause et prends une grande inspiration avant de continuer. — ça m'obsède. je suis là mais pas totalement. puis je vais commencer à angoisser, terriblement.. ton regard fuit le sien, honteuse de verbaliser ton état. peu fière de dire que tu ne sais plus faire sans, à nouveau.