Ce n’est qu’une petite pause durant ses heures de renforcement mais il a trouvé le moyen de faire rimer distraction avec un autre besoin : toujours se muscler, s’entretenir dès qu’il en a l’opportunité. Par un flyer laissé à l’abandon sur l’un des nombreux postes abandonnés à son travail, le mammouth a pris connaissance de cette étrange activité qui a cours depuis plus d’une semaine dans un local un peu plus loin, à la périphérie de la ville.

Dimanche, jour de repos pour la plus grande majorité des citoyens et lui n’est pas en reste, puisqu’il a décidé de s’y attarder durant son seul jour de congé, le temps d’une heure ou deux histoire de se comparer aux brutes venues parader. Le but étant de lancer sans manquer sa cible une hache à la façon des canadiens, de ses bucherons qui excellent au maniement de cette arme blanche, un art presque perdu sauf pour ceux errant dans ces montagnes reculées. Il y a du monde et pourtant dès qu'il pénètre à l'intérieur un silence s'impose parmi les murmures naissants lorsqu'il arque la tête vers les différents couloirs. Un gringalet s'y entraine d’ailleurs, ou plutôt fait du gringue à la recrue des forces armées venue elle aussi s'y essayer. D'une main ferme le titan s'est approché, sa large paume s'enroulant autour du manche de l'une des armes sur l'étal et de dos, il les écoute un bref instant avant de sourire face à la niaiserie des paroles qu'elle peut boire. « Vaut mieux être sourd que d'entendre ces conneries. » L'équipement roule dans le creux de sa main, se love tendrement, épouse la moindre de ses callosités et quelque part, il retrouve un plaisir depuis trop longtemps oublié avant de tenter sa chance, s'approchant de la marque limitant la distance autorisée.

Je ne sais plus vraiment comment ou plutôt pourquoi, mais le fait est que même sans le savoir, du coup, actuellement, je me trouve là. Avec une hache à la main- autant dire que j’ai foutrement aucune idée de comment on se sert d’un tel machin – face à une jeune brunette, le genre qui donne des envies de perdre la tête, que l’on cherche à embobiner sans même le réfléchir ou y penser, c’est une question d’instinct… Un peu comme pour les chiens. Je ne dis pas que je vais lui promettre la Lune, pas même un lendemain, d’ailleurs une soirée semble compliquée plus j’y réfléchis et plus j’essaie de la convaincre que c’est l’homme parfait que je suis. Le baratin devient vite délicat quand dans l’inconscient une femme se trouve déjà.

Néanmoins s’amuser reste toujours permis, alors plutôt que de me blesser avec la chose que j’assure savoir manier, je préfère m’entendre lui dire encore une fois, que lorsqu’on est espagnol on est doué pour tout et n’importe quoi. « C’est inné, chez moi. » C’est dans les gênes, un truc que je traîne. L’adrénaline latine qui bouillonne dans mes veines. Bon, et je me dois d’être honnête, je me dis que si elle y croit, c’est qu’elle est plus belle qu’intelligente, cela va de soi. De ma méchanceté, Dieu me pardonnera. « Vaut mieux être sourd que d'entendre ces conneries. » Merde, Dieu ? C’est toi ? Mon regard se détourne en biais, observe le commentateur de cette technique que j’utilise depuis des années ; ses preuves, elle les a faites. Et personne n’est devenu sourd, je suis prêt à le parier. J’ai deux mains que l’on peut couper.

Cela dit, dans mon bavardage, je marque un arrêt, d’une parce qu’elle paraît si intéresser, au tas de muscles qui vient de faire son entrée, et de deux parce que j’ai toujours été d’un naturel très curieux. Et entre l’amusement et l’agacement, je trouve qu’il n’y a qu’un pas. De fait, je suis toujours prêt à faire joujou, moi. La hache est lancée, pour peu, j’en aurais retenu mon souffle tant elle était bien partie, seulement quand elle retombe sur le sol, comme un con, j’en souris. Sourire qui s’efface rapidement quand elle me propose, provoque, « A ton tour… » Finalement, je crois que ce n’est pas mon jour. Du coup je m’approche, moins fanfaron qu’à mon habitude, à côté du lanceur, et lui balance l’air rieur, « J’vous paie un verre si vous me laissez gagner. » Dans l’optique qu’il soit ok pour accepter de jouer.

MADE BY @ICE AND FIRE.

La hache fond sur la cible sans même se donner le temps de la réflexion puisque ce n’est qu’un tir d’essais, une mise en bouche pour mesurer sa force et pour, en quelques sorte, mettre en garde les autres participants. Pourtant la puissance mal dosée ne parviendra pas à lui tirer une once de satisfaction puisque l’arme percute la mire de plein fouet et s’écrase en contrebas. Un loupé qui incite le freluquet à venir tenter sa chance et briller mais seulement après y avoir été poussé. Un orgueil qu’il faut visiblement gonfler pour le voir un peu se bouger. Il serpente donc jusqu’au pas de tir pour s’armer de courage et prendre possession à son tour d’une hache. « J’vous paie un verre si vous me laissez gagner. » Celle-là il fallait l’oser mais cette proposition entretient bien ce qu’il pense de ce nouvel arrivant : un pétochard qui use de la ruse pour gagner.  D’un regard glissant sur cette silhouette venue le défier, il ne peut s’empêcher de le jauger de haut en bas avant de lâcher un rire gras. « Te foules pas l’poignet dès l’premier lancer. »  Il est évidemment hors de question de le laisser gagner si facilement et pour si peu. Alors lorsqu’il se décide à initier son second tir, il choisit, jauge et juge les différentes armes disposées d’une main survolant les manches avant que son choix ne s’établisse.  « Mon amour propre vaut bien plus qu’un verre. » Il soupèse la chose de mouvements répétés, d’un balancier léger et se place derechef à distance respectable des cibles accrochées à l’autre bout du couloir qu’ils ont choisi d’occuper. « Si je gagne. Son numéro. »  Le freluquet ira le chercher pour lui afin de lui donner. Une façon comme une autre de s’amuser avec très peu d’efforts pour un rendement maximisé.

Je ne suis pas très manuel, on ne va pas se le cacher, autant éviter de construire un mythe, je crois que c’est la première fois que j’ai une hache entre les doigts. Mais bon, je suis du genre à croire en la chance du débutant, après tout, elle a toujours souri à mon caractère insolent. Et même si je vois bien dans ses manières qu’il est en train de me prendre pour le clown de service, je ne me vexe pas, parce que bon… C’est un tantinet ce que je suis quoi. Il me jauge, de haut en bas, juge de la marchandise avant de se mettre à rire, je l’appellerai presque papa. « Te foules pas l’poignet dès l’premier lancer. » Aïe, c’est mon égo que le molosse est en train d’égratigner, on est tout de même ici pour nous amuser.

Mais bon, d’un autre côté… Je suis bidon, c’est vrai. Suffit de me regarder lancer. Cela dit, il semble enclin à jouer, parce qu’il commence et annonce le fait qu’il veut les faire grimper, les enchères. « Mon amour propre vaut bien plus qu’un verre. » Ah, c’est-à-dire qu’elle est jolie mais qu’elle ne mérite pas que je me ruine quoi. Ma curiosité piquée, je l’observe, attends qu’il traduise ce qui se trame dans ses pensées, tandis que lui se contenter de contempler sa hache, comme s’il la comprenait. « Si je gagne. Son numéro. » Les lèvres pincées, les sourcils froncés, je lui décoche un regard de biais, avant de le décaler vers celle que je baratinais.

Pour sa proposition, je fais semblant de peser le pour et le contre, bien que je sois déjà en train de me dire qu’après tout, elle ne me plaît pas tant que ça. Elle n’est pas assez blonde, pas assez étudiante, pas assez Pfo… Probablement pas assez chiante aussi pour raviver mon intérêt. « Deal. » que je finis par articuler, lui laissant le temps de lancer et d’être silencieusement attentif à son raté. Alors c’est tout à fait déconneur que je lui souffle, « Peut-être qu’aucun de nous deux ne l’aura. » Le numéro, s’entend. Et je lève ma prochaine hache tout en riant.

MADE BY @ICE AND FIRE.

Si celui qu’on surnomme mammouth se lance dans ce pari, c’est qu’il y trouve forcément un intérêt personnel parce que loin de lui l’idée de le faire pour la postérité ou pour l’amour du risque, autrement dit : cette agente des forces de l’ordre lui plait. Et bien qu’il réitère son essai, c’est un tic sur ses traits qui prend vie lorsque l’arme foule le sol dans un bruit métallique à peine couvert par les autres qui ratent à leur tour aussi. « Peut-être qu’aucun de nous deux ne l’aura. » Le numéro et donc la fille par conséquent mais il ne parierait pas là-dessus parce qu’à un moment donné la chance va bien finir par tourner, que ce soit pour lui ou pour le gringalet qui doit à présent tirer. Il s’en couperait la … s’il venait à le devancer sur ce coup-là alors oui, le mercenaire s’avoue un peu tendu lorsqu’il aperçoit le bras rachitique soulever la chose pour la lancer. Pourtant, c’est bien un sourire de satisfaction qui doucement se dessine lorsqu’il comprend qu’avec cette trajectoire, il va se louper et ça ne rate pas d’ailleurs parce que la tranche d’acier se plante à côté, un zéro pointé. « Ce n’était que l’échauffement. »

A présent il s’arme d’une assurance presque surjouée en allant chercher de quoi retenter, observant la jeune femme avec une avidité qu’il ne peut cacher. A force, il lui trouve de plus en plus d’attrait faute de ne pouvoir tout de suite chez lui la ramener. « je ne m'fais pas de souci, elle a l'air d'avoir bons gouts, »en matière d'hommes. Armé d'un sourire à cette idée, le citiz revient s'installer, ses doigts s'arrimant fermement autour du manche avant de vivement la projeter, son bras se dépliant avec une vive vélocité. Au pire des cas, il prétextera se foutre complètement du résultat puisque quelque soit le score, ce n'est certainement pas avec ce qui - à ses yeux - ressemble à un prépubère qu'elle s'en ira.